Elle venait d'ouvrir les yeux sur le néon du plafond. La lumière aveuglante avait fini par la réveiller péniblement. Parfois, elle se surprenait à rêver de voir un jour un lever de soleil, sur n'importe quelle planète, tant qu'il était réel, car la vie sur les destroyers était parfois bien monotone et sans saveur. La terre ferme lui manquait souvent.
Enael n'avait pas beaucoup dormi cette nuit-là, son esprit ne lui avait laissé aucun repos.
« Avez-vous vraiment fait ça, Madame ? »
Elle avait sursauté lorsque la voix de Lewis s'était élevée dans la pièce. Le regardant l'air halluciné, elle se rendit compte qu'elle s'était endormie sur une banquette du poste de commandement et que la lumière du néon n'était pas celle de sa chambre. Se relevant un peu trop vite, elle avait vu défiler dans ses yeux une nuée de petites étoiles et elle se frotta la tempe pour essayer de les atténuer.
« De quoi parlez-vous Lewis ? » souffla-t-elle ayant du mal à s'acclimater à la lumière.
« Vous ne vous souvenez pas ? La fatigue fait des ravages chez vous bien davantage que l'alcool.» Plaisanta-t-il avant de poursuivre.
« Vous êtes revenue ce soir-là, exténuée, vous avez voulu que l'on discute du sens de la justice. »
Enael chercha au fond de son esprit, quelques jours s'étaient déjà écoulés depuis sa confrontation avec Hux et depuis son esprit n'avait pas trouvé le répit. Elle avait la sensation d'avoir vécu dans un état second, noyée dans un flot de sentiments différents, passant du soulagement à l'inquiétude, de la fierté à la honte.
« Ensuite, vous vous êtes enfermée dans votre bureau pendant presque deux jours. Et je vous retrouve ici ce matin. »
Elle se souvenait alors que pendant ces deux jours elle était parvenue à pondre le rapport final de l'affaire Cardinal. Elle y avait noté tout ce qu'elle savait au sujet du fameux Stormtrooper, mais elle avait cependant décidé d'omettre certains détails.
Notamment le fait que Hux soit impliqué dans la mort de son père.
Elle avait du mal à ne pas se sentir coupable de manquer d'honnêteté, mais après sa conversation avec Lewis et avec sa conscience, elle avait su qu'elle était parvenue à trouver le juste milieu entre sa loyauté envers le Premier Ordre et ses propres valeurs.
De plus, elle n'avait pas été la seule à manquer d'honnêteté.
Pryde avait-il vraiment osé l'utiliser à des fins personnelles ? Dans le but d'atteindre Hux de surcroît ? Cette simple pensée l'avait rendue malade, car elle s'en voulait de ne pas avoir pris conscience de cette situation bien plus tôt. Mais d'un autre côté, ne pas avoir eu accès à l'affaire Cardinal l'aurait empêché d'en savoir davantage sur son supérieur direct.
« Avez-vous consommé des épices ? » lança le capitaine en penchant sa tête vers elle. Elle lui lança un regard choqué.
« Lewis, bon sang... » commença-t-elle. « Pensez vous réellement que j'ai besoin de ça ? Cette affaire m'a juste...épuisée !
- Cette affaire ou votre petite discussion privée avec le général Hux ? »
Elle tiqua, évidemment elle avait probablement dû mentionner sa visiter sur le Finalizer à Lewis durant leur conversation. Mais ce n'était pas le genre de pique auquel son capitaine l'avait habitué.
« Je sais que vous ne portez pas Opan en haute estime, mais il s'agit d'un collègue de longue date, et il est plutôt loquace avec moi. Vous comprendrez aisément qu'il m'ait demandé si j'étais au courant que mon petit amiral enragé avait fait des vagues sur son vaisseau. »
Elle n'en revenait pas, mais qui devait finalement rendre des comptes à qui ? Levant les yeux au ciel, elle haussa les épaules.
« Il exagère, j'ai suivi vos conseils Lewis, à la lettre et non je n'ai pas fait de vague ! Je voulais juste m'assurer d'une chose importante.
- Qui est ? »
Elle marqua une courte pause. Puis lança.
« C'est Hux qui a glissé le traceur dans ma veste sur Jakku !
- Voilà une chose à laquelle je ne m'attendais pas de lui... » souffla-t-il. « Et en avez-vous saisi la raison ? »
Elle fit mine de l'ignorer. « Probablement car il avait une dette envers moi depuis Kijimi ! »
Lewis leva les yeux, ce qui eut le don de l'agacer souverainement.
« Cela m'a permis également de tirer les choses au clair. Pas toutes, c'est vrai ! Mais une chose est sure, c'est qu'il y a ici une histoire de règlement de compte ! On avait raison sur toute la ligne Lewis ! Mais Pryde est également concerné. Et...Je me demande si tout dire est une bonne chose. »
Lewis posa une main sur son menton, pensif, écoutant avec attention les explications de l'amirale.
« Vous avez donc omis des choses dans ce rapport ?
- Comment pourrais-je avoir confiance en ce type alors que...j'ai la conviction d'avoir été manipulée ? » s'exclama-t-elle. « Vous m'avez toujours dit que je devais faire ce qui est juste, n'est-ce pas ? »
Lewis hocha la tête. « A condition évidemment que cela vienne de votre propre chef ... »
Enael eut un hoquet, elle venait de comprendre où Lewis essayait d'en venir.
« Qu'insinuez-vous capitaine ? » lança-t-elle l'air sévère.
« Eh bien, rien du tout ! Je me demande simplement en quoi l'information que le général Hux vous a donnée a un quelconque intérêt dans cette affaire, si ce n'est de sauver sa peau à lui !
- Je pense qu'il cherchait surtout à ce que la vérité soit sue de tous ! »
Lewis resta assis en face d'elle, croisant les jambes. Il percevait qu'il percutait un mur et que l'amirale n'était peut-être pas en mesure d'accepter ce qu'elle entendait. Mais il savait aussi que s'il voulait s'assurer du libre arbitre de son supérieur, il devait la tester et vérifier qu'elle était bien au clair avec tous les points de vue. Y compris de son point de vue à lui et, probablement, à son objectivité.
« Il pourrait très bien vous manipuler lui aussi.
- Tsssst ! » souffla-t-elle en se levant d'un bond. Il avait touché la corde sensible, non pas qu'elle n'y avait pas songé, que du contraire, mais cela avait tendance à la renforcer dans sa méfiance. Même si elle avait jugé les réactions – et les siennes- sincères quelques jours auparavant, elle n'était pas à l'abri de cette éventualité.
Et cela, même si elle était incapable de le reconnaître, lui provoquait un pincement au cœur.
Face à son silence, Lewis se sentit obligé de poursuivre.
« Madame, le général Hux est un personnage ambitieux. On n'arrive pas si haut dans l'armée à un si jeune âge sans avoir du sang sur les mains. »
Elle avait tourné la tête sans vraiment le regarder, dissimulant son trouble, ne le savait-elle pas tout ça ? Pensait-il vraiment qu'Hux ne lui en avait pas parlé ?
« Je vous signale que je ne suis pas plus âgée que lui... » avait soufflé Enael, sous-entendant qu'elle pouvait aisément être mise dans le même sac. Lewis se leva à son tour, passant ses mains derrière son dos.
« Votre parcours est différent, croyez le vieil homme que je suis. Il a peu à envier à votre défunt grand père. Ils partagent cette éternelle insatisfaction, cette soif de pouvoir insatiable. »
Il marqua une courte pause.
« Et ont bons nombres de projets communs. »
Enael lança un bref regard à Lewis. Le fait que ce dernier ait comparé Hux à Wilhuf Tarkin lui laissait une étrange sensation. Elle avait beau ne jamais avoir connu son grand-père maternel, sa réputation lui avait été contée telle une légende. C'était un héro pour le Premier Ordre, il correspondait en tout aux valeurs qu'ils véhiculaient. Mais c'était aussi un homme intransigeant et déterminé. Prêt à tout pour obtenir ce qu'il désirait.
C'était un homme impitoyable en toutes circonstances, c'est ce qui faisait sa force.
Comme Hux.
Mais était-elle comme ça, elle ?
« Vos remarques sont pertinentes Lewis... Mais n'est-il pas mieux d'aplanir les choses ? Je veux dire, n'y a-t-il pas suffisamment de troubles ici ? Nous devons être soudés sous une seule bannière, la bannière du Premier Ordre et ne penser qu'à cet intérêt-là. »
Lewis hocha la tête.
« Je suis désolé de vous malmener comme cela, Madame, je voulais juste m'assurer que vous aviez pris votre décision en toute connaissance de cause.»
Elle resta un instant, l'air songeur, un bref instant elle avait cru que Lewis discutait son choix et elle fut soulagée de voir qu'en réalité, il avait simplement endossé son rôle d'avocat du diable.
« Évidemment que j'ai réfléchi Lewis, j'ai suivi ce que vous m'avez toujours dit. Faire ce qui est juste. »
Un instant, son regard s'arrêta vraiment sur le capitaine du Donnagher. Pas de manière superficielle comme elle l'avait fait durant la totalité de la conversation, cherchant surtout à se défendre, mais plus en profondeur. Elle n'avait pas remarqué, avec tout cela, les traits de son capitaine marqués par l'inquiétude.
« Mais pourquoi me dites-vous tout cela maintenant ? » lança-t-elle, réalisant alors que ça cachait quelque chose. Lewis resta un instant immobile, l'air grave.
« J'ai reçu votre convocation. Pryde veut vous voir... Il veut vous voir devant le conseil des officiers. »
Enael était abasourdie. A peine le rapport remis et déjà les hostilités commençaient ?
« Quand ça ? »
L'expression sévère de Lewis s'accentua davantage.
« Tout de suite. »
Elle avait eu l'impression que cette scène s'était déroulée dans un rêve très étrange. Pendant toute la durée de la conversation, il y avait eu cette sensation d'être entre deux mondes, une espèce d'irréalité que l'on a uniquement lorsqu'on discute avec sa propre conscience. Elle pensait d'ailleurs que celle-ci avait pris les traits de Lewis pour apporter plus de poids.
Mais ces mots, venaient de la faire descendre sur la terre ferme.
« Merci Lewis. » lança-t-elle le regard éteint, elle s'était alors levée sans un mot. Son esprit était déjà dans cette salle où l'attendait probablement Pryde et des officiers prêts à juger ses actes. Et alors qu'elle se levait, Lewis ne put s'empêcher de lui proposer son aide.
« Permettez-moi de vous accompagner. »
Elle hocha la tête négativement, adressant un sourire empreint de tristesse.
« Non, pas cette fois. J'irai seule.
- Je ne doute pas que vous serez plus maligne que lui, amirale, mais si je peux vous suggérer une chose... Pryde n'a pas que des amis au sein des officiers gradés, tel un soldat sur un champ de bataille, repérez vos alliés. Ils pourraient peut-être vous sauver la vie. »
Et c'est songeant aux paroles sages de Lewis qu'elle se dirigea sans attendre vers la salle de réunion.
Elle avait fait aussi vite qu'elle put pour se rendre à la convocation de Pryde et si souvent elle avait la sensation d'être regardée de haut par ses interlocuteurs, rien ne semblait pire que ce qu'elle vivait en ce moment même. Probablement qu'être devant un peloton d'exécution ne devait pas être pire tant l'angoisse lui serrait la poitrine. Et c'est avec le regard d'un gibier guettant ses chasseurs qu'elle fit rapidement le tour de la salle. Évidemment, Pryde siégeait au centre d'une longue table dont les chaises avaient toutes été disposées sur même côté dans l'attente de sa venue. Il y avait encore trois autres personnes face à elle, et si elle ne connaissait pas l'homme aux cheveux noirs qui siégeait juste à côté de Pryde, elle reconnut cependant très vite les deux autres.
Elle se concentra sur l'inconnu assis à la droite de Pryde. Son sens de l'observation aiguisé n'avait pas loupé l'amicale accolade qu'il avait adressé à Pryde lorsqu'il était arrivée. Le tout avait été agrémenté d'un sourire chaleureux, et d'une bonne poignée de main qu'on échangeait uniquement entre bons amis. Ce qu'il était probablement.
Ce n'était donc pas en lui qu'elle allait trouver un allié fiable, comme le lui avait suggéré Lewis.
Mais rien ne fut pire pour elle que de découvrir la personne de l'autre côté de Pryde.
Elle était vêtue d'un uniforme immaculé, celui-là même que portait les grands amiraux. Ces hommes et ces femmes avaient servi aux périls de leurs vies l'empereur Palpatine et avaient bâti le Premier Ordre des cendres impériales. Il était incontestable qu'ils devaient conserver ce statut privilégié dans cette nouvelle organisation pleine d'espoir.
Mais ce grand amiral là, elle le reconnaissait entre mille et elle ne put retenir un hoquet de surprise en réalisant qu'elle était là, bien réelle.
Rae Sloane se tenait là, en face d'elle.
Le sol s'était dérobé sous ses pieds, elle avait eu l'impression d'être aspirée tant l'idée de sa présence l'oppressait. Elle allait devoir se défendre devant cette haute autorité militaire, cette femme qu'elle avait toujours admirée et considérée avec respect. Elle l'avait reconnue par sa prestance que le temps n'avait jamais su atteindre et il rayonnait autour d'elle un charisme qui poussait au respect. La grande amirale était une figure de proue de l'empire, ayant acquis ses galons au combat et était aussi devenue une des principales icônes de la propagande impériale. Enael ne l'avait jamais admis, mais elle vouait pour Sloane une grande admiration et elle aspirait, un jour, à lui ressembler un tant soit peu.
Et alors que les grands yeux noisette de l'amirale Sloane s'étaient posés sur elle, elle ne parvenait pas à soutenir son regard. Ne sachant pas trop où poser ses yeux, elle avait fini par détourner le regard vers le seul visage familier qu'elle espérait compter de son côté.
Hux était bel et bien l'occupant de la quatrième chaise. Il était là, la mine tirée par ce qui lui semblait être de la fatigue. Ses cheveux roux étaient coiffés en arrière, mais semblaient bien moins stricts qu'à leurs habitudes et une mèche d'entre eux s'était glissée sur son front. Son cœur fit un bond dans sa poitrine quand ses yeux verts virent se planter dans ses yeux. Il semblait impassible et son visage demeura fermé comme un coffre-fort.
Que pensait-il à ce moment précis en la regardant comme ça ?
Pourquoi était-il là ? Pryde lui tendait-il un piège à lui aussi ? Ou était-il là pour garder un œil sur la situation.
A moins que la raison soit tout autre...
« J'espère que ça ne sera pas long général Pryde ! Je ne suis pas ici pour assister à l'un de vos procès d'intention... » avait sifflé Rae Sloane en s'adressant au général Pryde.
« Ceci n'était peut-être pas prévu dans votre visite, grand amiral, mais croyez que votre...regard extérieur nous apportera probablement une solution... » lança Pryde d'un ton extrêmement mielleux, il avait avec Sloane un comportement détestable, à la limite de l'hypocrisie. Le genre d'attitude qu'un enfant gâté pouvait avoir pour pouvoir obtenir son jouet préféré auprès de sa mère.
Sloane continuait de dévisager l'amirale Spencer de la tête aux pieds, lui procurant l'étrange sensation d'être passée au rayon X. Toutefois, cela ne devait pas l'empêcher de garder la tête froide, si elle était ici c'était pour gagner contre Pryde et l'envoyer sur les roses. Elle était farouchement décidée à lui en faire baver.
« Amirale Spencer, est-ce bien vous ? » lança Sloane sur un ton très posé. Il n'y avait ni mépris ni agressivité dans la voix de Sloane et cela lui procurait une vague de réconfort.
« Oui, Madame. » lança-t-elle, accompagnant la parole d'un salut militaire.
« Ou préféreriez-vous que je vous nomme Tarkin ?...
- Spencer est ce qui est écrit sur mon identification Madame. » lança-t-elle. Sloane hocha la tête et pris les notes posées sur le bureau à côté de Pryde, les parcourant d'un œil méticuleux. Puis, elle se tourna vers son collègue général.
« Et donc, Pryde, vous suspectez l'amirale Spencer d'avoir faussé ses résultats ? » lança Sloane, visiblement très surprise.
« Je ne le suspecte pas ! Je l'affirme ! Comment peut-on être si près du but et ne fournir qu'un résultat si approximatif ? C'est à n'y rien comprendre.
- Peut être que l'amirale Spencer était-elle réellement incompétente, comme nous l'avons toujours pensé. » Hux avait soufflé ses mots, les mains soutenant son visage sous son mentor. Enael ne put retenir un regard inquisiteur à son attention. Comment osait-il ?
« Je n'ai cure de votre avis général Hux ! » pesta Pryde visiblement très agacée.
« Et lui avez-vous laissé l'occasion de s'expliquer avant ce conseil ? » lança Sloane créant avec le dossier une espèce de tube qu'elle s'amusait à balancer à gauche et à droite dans sa main.
« Je me disais que j'allais faire d'une pierre deux coups ! » lança-t-il visiblement très irrité.
« Si je puis me permettre... » lança Enael, prise d'un soudain élan de confiance. « Je trouve cela bien ...culotté de m'accuser de la sorte. J'ai pourtant été claire et limpide dans ce rapport...
- Limpide ???
- Poursuivez » avait coupé Sloane visiblement très agacée par l'attitude de Pryde.
« Je pense en effet avoir été des plus honnêtes. J'ai d'ailleurs mentionné l'existence de Vi Moradi dans ce rapport, or cette dernière n'avait jamais été stipulée dans les rapports intermédiaires. Je me demande simplement s'il s'agit là d'une distraction ou de tout autre chose.
- Vous êtes une petite effrontée ! » s'exclama Pryde visiblement très agacée. « Vous essayez simplement de faire diversion pour qu'on ne remarque pas votre cuisant échec ou votre énorme mensonge ! »
S'il était facile de déterminer l'état émotionnel de Pryde, Enael avait bien plus de mal d'en faire autant avec Hux et Sloane. La remarque que le premier avait lancée à son attention l'avait vexé et elle avait bien du mal à l'admettre. Mais le silence de Sloane la perturbait tout autant, car elle ignorait toujours de quel côté elle allait se situer.
« Vous vous rendez bien compte amirale, que si vous savez ce qui est arrivé au capitaine Cardinal et que vous ne le mentionnez nullement dans votre rapport, cela peut être considéré comme de la haute trahison ? » avait lancé Sloane, Enael n'avait senti aucune pointe de jugement dans ses propos, elle avait plutôt l'impression d'être coincée au fond d'un énorme puits.
Et que Sloane venait de lui lancer une corde.
« Comme je l'ai dit dans mon rapport, Madame, je n'ai aucune certitude quant à la destination finale de Cardinal. A mes yeux il nous a trahi ou il est mort, tout simplement. »
Sloane resta silencieuse, le regard perçant. Mais Enael avait décidé de jouer franc jeu avec elle, et même si elle n'avait pas tout dit dans son rapport, elle ne mentait pas sur la situation de Cardinal.
« Vous mériteriez d'être démise de vos fonctions pour votre manque de résultat Spencer ! » lança Pryde d'un air triomphant. S'il n'avait pas été capable de prouver ce qu'il avançait, le vieux général avait toujours un plan B pour nuire l'ennemi.
« Probablement Pryde, mais avons-nous vraiment le temps de jouer à ce petit jeu ? » lança Sloane d'une voix monotone. « Le suprême Leader m'envoie ici pour m'assurer du bon déroulement de son projet, et ...je constate que vous êtes bien plus occupé à vos chamailleries.
- Bien...Bien sûr que non ! Mon désir...Est ... »
Sloane se tourna alors vers Pryde, lui coupant net la parole
« Vous comprendrez général que le suprême leader est particulièrement occupé en ce moment. Il m'a demandé de garder un œil sur le projet de l'Arme, c'est pour ça que je suis ici.
Il a beaucoup à faire avec son... jeune apprenti. »
Hux tourna les yeux vers Sloane d'un air méprisant, comme si la mention de cet apprenti ne lui seyait guère. Pryde quant à lui, adopta un air faux, feignant l'étonnement.
« L'avez-vous déjà rencontré ? » lança le général Pryde, surpris.
Elle hocha la tête gravement.
« Oui... Ce jeune garçon bel et bien le petit fils du ....Seigneur Vador... Cela me rend presque...Nostalgique. » Sloane marqua une pause, regardant son interlocuteur gravement.
« J'espère qu'il en sera digne.
- Oh, aucun doute que si le suprême leader a senti quelque chose en lui, c'est qu'il le sera. » lança Pryde sur un ton dépourvu de doute.
« De ce fait, je souhaiterais m'entretenir avec cette jeune amirale. J'ai peut-être trouvé pour elle une nouvelle...Occupation. »
Pryde en eut le souffle court, à ses mots on aurait dit que Sloane venait de lui offrir le plus beau cadeau de sa vie.
« Assurément ! Si nous pouvons lier l'utile et l'agréable, cela me convient ! »
Sloane lui fit alors signe de quitter la pièce tout en se levant et, sans même saluer ses semblables, elle partit suivie de très près par Enael, intriguée par la façon dont Sloane avait coupé court à cette mascarade.
--
« Prenez un siège. »
Face à elle, Sloane semblait absorbée par les nombreux rapports qu'elle avait sous les yeux, le grand amiral n'avait d'ailleurs pas regardé Spencer lorsqu'elle était entrée dans le bureau. Sans un mot, elle avait donc pris place en face de Sloane et avait attendu que cette dernière prenne la parole.
« Vous ne vous souvenez pas de moi, mais je me souviens très bien de vous... » Avait-elle commencé. « Vous avez toujours été un cas...Particulier ! »
Enael ne répondit pas, ne comprenant pas ce à quoi faisait référence l'amirale Sloane. En vérité, elles s'étaient déjà rencontrées il y a bien bien longtemps. C'était d'ailleurs grâce à elle qu'elle était là aujourd'hui, mais évidemment, elle n'en avait aucun souvenir.
« J'aimerais que l'on mette les choses au clair, voulez-vous ? » lança Sloane en posant cette fois-ci le rapport sur la table. « Je ne pourrai pas indéfiniment vous sauver la mise, mais je dois vous avouer que le fait que vous ayez mis Pryde dans cet état m'a procuré un étrange sentiment de satisfaction. »
Enael eut un rictus amusé.
« Je suis ravie de savoir que je partage ce point commun avec vous, Madame. »
Sloane sourit, son visage prit presque des airs maternels, le conseil et son lot d'angoisses appartenaient désormais aux mauvais souvenirs.
« Il y a bien quelques zones d'ombres dans votre rapport, n'est-ce pas ? »
Elle fut soufflée par cette question, Sloane savait réellement plus de choses qu'elle ne le prétendait ou si elle bluffait dans le but de connaître la vérité ? Mais au fond d'elle, elle était persuadée que jouer franc jeu avec cette femme lui attirait davantage de louanges que de sanction.
« Rien sur Cardinal, si ce n'est que l'objet de sa fuite est la découverte d'une vérité...
- Laquelle ? »
Elle hésita un bref instant.
« La mort de Brendol Hux. »
Sloane resta silencieuse, son regard noisette semblait fixer un point fixe dans son bureau, mais Enael fut incapable de déterminer lequel.
« Oui ... Ce qu'on raconte sur sa mort est donc bien vrai alors ? »
Enael hocha la tête et Sloane ferma les yeux, pensive.
« Et j'imagine que vous avez jugé que les coupables devaient restés impunis ?
- En effet... J'ai pris ce risque. » lança-t-elle faussement sure d'elle.
Sloane s'appuya sur le dossier de sa chaise de bureau, considérant l'amirale Spencer du regard. Il était difficile de savoir ce qu'elle pensait à ce moment-là. Enael hésitait entre de la colère ou de l'admiration.
« Nous sommes donc d'accord sur cela aussi... » lança-t-elle à Spencer sans la quitter des yeux. « Au final, c'est lui qui a eu ce qu'il méritait depuis toujours. »
Spencer eut l'impression alors que la masse qui retenait son cœur prisonnier venait de se briser en mille morceaux, libérant sa conscience et son âme. Depuis l'instant où elle avait remis son rapport, elle vivait dans la crainte de ne pas avoir fait les choses comme elle le devait, mais les paroles de Sloane l'avaient profondément soulagée.
« Je commence à vous apprécier, Spencer, mais j'aimerais m'assurer de ma première impression. »
Elle lança alors les dossiers sur la table, ceux-ci comportaient des noms en lien avec la protection. « Forteresse », « Rempart » ... Pouvaient d'ailleurs y être lus écrit à l'encre noir sur les premières pages.
« La station de combat est en marche, » commença Sloane. « Elle est supervisée par plusieurs stations qui permettent l'acheminement rapide de matériaux et d'hommes sur place. Néanmoins, les délais avancent et j'ai la sensation que le travail ralenti. J'aimerais vous envoyer sur place.
- Moi ? » lança l'amirale Spencer, surprise.
Sloane hocha la tête.
« Vous êtes la petite fille du Grand Moff, personne ne l'ignore. J'aimerais que votre présence apporte à ses soldats le coup de fouet dont ils ont besoin. Qu'ils aient l'impression de poursuivre l'œuvre de votre grand père. Vous voyez ce que je veux dire ? »
Était-elle en train de lui dire qu'elle se servait simplement de son nom et de son héritage ? Elle resta un instant sans dire mot, à regarder les dossiers devant elle, avait-elle le choix que de servir de porte drapeau à la cause du Premier Ordre ?
Au fond, n'était-ce pas pour cela qu'elle était ici, pour servir la cause ? Elle prit les dossiers et y jeta un rapide coup d'œil, elle savait que l'Arme était un projet important et que le Premier Ordre avait repris une très vieille méthode impériale constituant à ne distiller qu'un certains nombre d'informations aux personnes concernées. Elle avait ici les dossiers détaillant les différentes stations de soutien qui avait été installées autour de l'Arme. C'était là, au niveau de la bordure extérieur, qu'elle allait devoir se rendre.
Sloane se leva, estimant qu'elle avait dit le nécessaire, laissant l'amirale Spencer à ses recherches d'informations.
« Vais-je m'y rendre seule ? » Lança Enael à l'attention de Sloane qui était sur le point de quitter le bureau.
« Bien sûr que non. » s'exclama-t-elle alors qu'elle était déjà près de la porte, elle se retourna alors vers elle.
« Vous y accompagnerez le Général Hux. »
Et les petites remarques sur Kylo, le jeune apprenti, m'ont bien fait rire haha. Je me demandais s'il allait être mentionné quelque part haha x')
Un nouvel endroit et équipage, on peut faire ce qu'on veut, non ?
Ne t'inquiètes pas, tu m'as dit que tu débutais alors c'est normal de ne pas tout voir d'un coup. En tant qu'auteur, il y a des sujets qu'on ne voit pas la peine d'exploiter et au final, le lecteur attend ça. C'est nouveau, mais tu t'y feras ! Le problème est que la mort de son père permet d'avoir un avis sur Armitage et de savoir si Enael peut avoir confiance en lui, pour le lecteur c'est important surtout dans la romance.
De rien, même si je ne pense pas que mes commentaires soient constructifs vu que je ne parle que de l'histoire elle-même. Lol.
Oui, c'est la première fois que je construis quelque chose d'aussi long. Avant, je me contentais de petites histoires, puis je suis restée très longtemps sans écrire. C'est ma réconciliation avec l'écriture ;)