Il n'y avait rien qui comptait plus désormais que de se rendre sur le Finalizer. Elle avait annoncé l'atterrissage de son vaisseau et avait été accueillie par le capitaine Tritt Opan. Ce type était assez austère et mystérieux, mais Enael avait rapidement compris son rôle sur le vaisseau. Souvent, il talonnait le général et était chargé du commandement du vaisseau lorsque ce dernier était absent. Elle savait aussi que leur relation ne s'arrêtait pas là : elle les avait déjà surpris en pleine discussions et il était évident qu'Opan était la principale source de renseignements de Hux. Il aurait été facile de comparer Opan à Lewis, mais l'amirale était définitivement convaincue qu'Opan était bien moins sympathique et ouvert d'esprit que son capitaine.
« Bonsoir Amirale. » commença-t-il en la saluant d'un ton mielleux, il se balança doucement sur ses pieds en ramenant ses mains derrière son dos. « Que nous vaut votre visite si...tardive ? »
La jeune femme répondit à son salut d'un hochement de tête, ne relevant pas de suite le sarcasme d'Opan.
« J'aimerais voir le général Hux, et comme vous l'avez si bien fait remarquer, Capitaine Opan, ça ne peut pas attendre. »
Il fit une étrange moue en secouant la tête négativement.
« Eh bien...Je crains que ça soit impossible... »
Enael avait vu la satisfaction sur son visage quand il lui avait annoncé la nouvelle. Opan ne la portait pas vraiment dans son cœur. Il faisait partie de ceux qui le considérait comme une pure opportuniste et dont les mérites n'étaient attribués qu'aux noms des Tarkin. A moins bien sur que la réelle raison de son inhospitalité était le fait qu'il avait jugé son général bien plus proche d'elle qu'il n'aurait dû l'être.
« Et je peux en connaître la raison, capitaine ?
- Il est en réunion de commandement à l'heure qu'il est...Et cela risque de s'éterniser...Nous avons...Tellement de choses à régler en ce moment ici. » Continua Opan sur un ton mielleux.
« Eh bien, je vais l'attendre dans ce cas ! »
Elle poursuivit son chemin sur la passerelle pour rejoindre les couloirs principaux. Opan se retourna outré. Comment cette petite écervelée pouvait oser ainsi s'imposer sur son vaisseau ? Mais alors qu'il mâchait sa colère, il emboîta rapidement le pas à l'amirale, craignant que cette dernière n'aille chercher le général Hux par la peau du dos.
« Vu que vous êtes bien obstinée, je vous propose d'aller attendre dans son espace privé. Suivez-moi. » lança-t-il vaincu. Le capitaine avait dû rapidement improviser face à l'impatience de la jeune femme, d'autant qu'il avait eut comme consigne claire de ne déranger Hux sous aucun prétexte. Ainsi avait-il jugé bon de la faire attendre là plutôt qu'elle ne se fasse remarquer au poste de commandement.
Car en plus d'être une nantie, cette gamine avait hérité de la détermination et de l'instabilité des Tarkin et par conséquent, il préférait qu'elle ne fasse de vague sous aucun prétexte.
Aucun mot ne fut échangé entre eux jusque-là. Alors qu'ils traversèrent le Finalizer, Enael put se rendre compte à quel point ce vaisseau ne dormait jamais. A chaque instant, quelques choses bougeaient çà et là : qu'il s'agisse de soldats ou de techniciens, les équipes de jours jonglaient avec les équipes de nuit et rien ne semblait vraiment s'arrêter.
Tout était en ébullition, exactement comme son esprit.
Plus elle avançait, plus elle se demandait si avoir accouru ici était la meilleure des idées. Qu'allait-elle lui dire ? Comment allait-elle lui présenter la chose ? Alors qu'elle avait glissé le lecteur et la micropuce dans sa poche, Enael se demandait encore s'il fallait le lui faire écouter. N'était-ce pas là un acte de pure méchanceté ? N'était-ce pas enfoncé un couteau dans une plaie béante ? L'amiral ne voulait pas se l'admettre, mais elle craignait réellement la réaction de Hux. Que devrait-elle faire s'il cherchait à la tuer ? Ou pire encore ?
Au moins cinq fois en traversant ce couloir derrière Opan, elle eut l'idée de faire demi-tour et de retourner au Donnagher.
Mais elle était là, c'était un risque, et elle devait le prendre.
Elle devait en avoir le cœur net.
L'amirale avait fait fit de ses jambes de coton et du plomb dans son estomac, mais alors qu'elle se trouvait devant la fameuse porte, elle se sentît nauséeuse.
*Que vais-je lui dire ? * Pensa-t-elle soudainement, ses pieds semblaient refuser d'avancer davantage.
« Eh bien, Amirale. Vous avez vu un fantôme ? » La voix sinistre d'Opan derrière elle la sortit de sa torpeur. Bien sur que non, mais l'idée de confronter Hux de cette façon et d'entrer dans ses appartements privés la terrifiait. Elle lança un regard glacial à Opan et fit non de la tête vivement.
« Merci Capitaine, je vais attendre ici ! » se contenta-t-elle de répondre avant d'entrer d'un pas sûr.
Et lorsque la porte de referma derrière elle, elle prit conscience qu'elle venait d'entrer dans les appartements privés d'Armitage Hux.
Et qu'ils étaient comme elle se les étaient imaginés.
Tout était dans un ordre presque impeccable, rien ne dépassait des étagères disposées ça et là dans la pièce principale. Le bureau, qui se trouvait presque dans la même disposition que le sien, proche de la fenêtre, était rangé d'une manière irréprochable. Elle voyait qu'il était régulièrement utilisé à certaines petites choses, comme un carnet ouvert et des stylos disposés en ligne sur le côté. La chaise n'était pas non plus rangée correctement, ce qui semblait prouver qu'il avait dû partir hâtivement.
Elle s'avança doucement, divisée entre l'envie d'en découvrir davantage et l'impression de violer l'intimité de quelqu'un. Touchant du bout des doigts le métal des meubles, elle avait cette impression de sentir l'ambiance apaisante des lieux, attardant son regard sur l'un ou l'autre détails. Mais rien ne semblait trahir Hux ici. Pas une photo, pas un détail qui aurait pu dévoiler un peu de sa vie privée. Rien de personnel en somme, si ce n'est un ordre presque militaire.
Qu'attendait-elle de lui finalement ?
Alors que son regard semblait perdu dans le vide, elle eut un sursaut quand, soudain, une masse rousse apparut devant ses yeux, là, sur le buffet. Elle cru d'abord à un monstre, mais réalisa très vite qu'il s'agissait d'un chat.
Elle rit de sa propre surprise, comment avait-elle pu avoir peur de cette si belle créature ? L'animal la regarda en miaulant, son pelage roux contrastait avec ses grands yeux jaunes.
« Salut toi... » souffla-t-elle. « Je suis désolée de t'avoir dérangé, vraiment... Je ne suis pas là pour ça. »
Elle tendit doucement la main vers l'animal, se demandant comment il allait réagir. Celui-ci s'avança doucement et elle put entendre un léger ronronnement lorsque celui-ci, ayant fini par renifler sa main, venant glisser son museau contre elle, se frottant affectueusement.
« Eh bien ! » S'exclama-t-elle amusée. « T'es plutôt sympa en fait ! » elle se détendit doucement, n'hésitant plus à gratter le chat derrière les oreilles alors qu'il la remerciait à coup de ronrons. Cet animal appartenait-il vraiment à Armitage Hux ? Elle avait du mal à l'imaginer, lui, avec un chat aussi adorable.
« Et j'imagine que tu as un nom n'est-ce pas ? » Fit-elle en s'adressant au chat.
« Elle s'appelle Milicent... »
Elle sursauta ! Elle avait été bien trop distraite par la présence du chat pour entendre la porte s'ouvrir, et lorsque la voix du général Hux s'était élevée derrière elle, Enael n'avait pas su contenir sa surprise. Il était là, le regard sévère, appuyé sur le rebord de la porte avec les bras croisés.
« Vous vous introduisez souvent chez les gens comme cela, amirale ? » lui lança-t-il sur un ton sarcastique.
« Plaignez-vous à votre cher capitaine Opan qui a jugé bon de me faire attendre ici ! » siffla-t-elle agacée par l'accueil.
Il souffla comme simple réponse et s'avança vers le bureau en lui faisant signe de le suivre.
« Eh bien, maintenant que vous êtes-là, installez-vous ! » grogna-t-il. Enael ne releva même pas le ton sur lequel il s'adressait à elle, et lui emboita le pas. Et alors qu'elle était à peine installée, elle fut surprise de voir que le chat l'avait suivie et s'était empressé de s'installer sur ses genoux. Il réclamait déjà de l'affection en se roulant en boule et en frottant son museau contre ses mains, sous le regard étonné de son maître. L'amirale, elle, ne put contenir un rire amusé. Puis releva les yeux vers le général qui semblait la dévisager.
Alors qu'elle avait posé ses yeux sur lui, elle vit la profondeur de son regard d'un vert bleuté intense. Elle en rougit presque.
« He bien ? Qu'est-ce qu'il y a ? Ce sont mes cheveux ?! Vous...Vous n'aimez pas ? » avait-elle lancée très maladroite. »
Hux sursauta.
« Euh , non, non, ils sont très bien ! » Commença Hux, réalisant qu'il l'avait regardé avec un peu trop d'insistance. « Enfin, non ! Je veux dire... Je m'en fiche ! » Lança-t-il alors en essayant de contenir le rouge qui lui montait aux joues. « Je regardais juste...le chat ! »
Enael posa un regard sur l'animal. Celui-ci avait effectivement décidé de s'installer paisiblement sur elle, il la regardait avec ses grands yeux jaunes et fermaient de temps à autre les paupières.
« Millicent est un chat Arkanien.... J'imagine que vous ne connaissez pas ce genre d'espèce... » souffla Hux posant son regard sur un carnet de notes posé sur son bureau.
Elle fit non de la tête, bien trop occupée à regarder ce chat très affectueux.
« On dit que lorsqu'ils ont un maître, ils sont fidèles à lui toute leur longue existence... » commença-t-il. « Millie ne s'est jamais montrée lorsque quelqu'un d'autre que moi était ici. »
Spencer leva les yeux vers Hux, en lui souriant, amusée.
« Alors ton maître te surnomme Millie ? N'est-ce pas vraiment adorable...
- Oh ne commencez pas vos provocations! » lança-t-il. « Ce que je veux dire, c'est que c'est la première fois que je la vois agir de la sorte avec quelqu'un d'autre. Ce chat... A toujours vécu caché... dans la peur. »
Enael avait perçu que la voix de Hux s'éteignait au fil des mots qu'il prononçait.
* Comme son maître peut être... * avait-elle pensé sans avoir le courage de le dire.
* Comme moi, certainement...* Pensa-t-elle encore en observant le chat.
« Mais je suppose que vous n'êtes pas là pour discuter du chat... » finit-il par lui dire avant de relever ses grands yeux verts vers elle. Elle plongea un instant son regard dans le sien et ne répondit rien, un silence pesant régnait dans la pièce.
Elle glissa une main dans sa poche et posa sur la table le lecteur et la micropuce, Hux lui lança un regard interloqué.
« Qu'est-ce que c'est ? » lança-t-il, intrigué.
Enael haussa les épaules, ayant du mal à maintenir son regard, elle avait détourné les yeux et observait désormais le bureau. Comment lui présenter les choses ? A dire vrai, elle n'y avait pas réfléchi du tout
« Je ne sais pas... J'ai hésité. » souffla-t-elle doucement. « Je pense qu'il est mieux que vous le découvriez par vous-même. »
Il lui lança un regard méfiant avant de prendre le lecteur et de l'enclencher. A ce moment, la voix de Cardinal résonna à nouveau dans la pièce.
Elle n'avait pas réécouté l'enregistrement depuis, emportée dans la précipitation des évènements et lorsque les mots de Cardinal s'échappaient du lecteur, elle avait l'impression de les entendre pour la première fois tant ils n'avaient rien perdu de leur violence. Au fur et à mesure que les secondes passaient, Spencer sentait que l'atmosphère s'alourdissait autour d'elle, ayant l'impression que le plafond descendait d'un étage à chaque fois qu'elle le quittait des yeux. Mais ce n'était pas ça le plus perturbant.
Elle avait l'impression que cela avait le même effet sur Hux et même pire encore.
Elle avait lu dans ses yeux d'abord de l'intrigue et de la méfiance, puis de l'inquiétude quand la voix de Cardinal s'était fait entendre dans la pièce. Dans ses yeux verts, Enael avait cru percevoir un éclat de peur traverser ses pupilles, mais elle n'en était pas certaine. Était-ce possible que, pendant un court instant, Hux ait cru que le stormtrooper à l'armure rouge était présent avec eux ? Et que cela ait engendré de la peur en lui?
Elle ne le saura probablement jamais.
Un flot d'émotions se mêlaient dans les yeux du rouquin, Spencer contemplait impuissance sa descente aux enfers et avait un instant regretté de lui avoir balancé ça à la figure. Elle avait vu son visage se fermer et son air s'assombrir à chaque moment de cet enregistrement, jusqu'à cet instant où il fit mention de son père.
Hux attrapa l'enregistreur et le lança violemment contre un mur. L'objet s'écrasa violemment contre la paroi et tomba sur le sol et la voix de Cardinal fut coupée nette par l'impact.
Enael avait sursauté lorsque Millicent avait pris peur et était partie se réfugier sous le meuble à côté du bureau. Dans la pénombre, elle distinguait encore ses grands yeux jaunes dont les pupilles s'étaient dilatées de terreur. Lui lançant un rapide coup d'œil, elle essaya de faire passer à travers ses yeux un message rassurant.
Mais le poing de Hux vint s'abattre sur le bureau et la fit sursauter, coupant son contact visuel avec le chat.
« Comment il ose ? » siffla-t-il. Enael était désemparée. L'avait-elle déjà vu en colère ? Oui, des dizaines de fois elle avait pu apprécier sa hargne lorsqu'il était en colère. Nombre de fois elle l'avait vu abattre ses foudres sur des soldats qui n'avaient pas suffisamment travaillé à ses yeux. Elle l'avait vu aussi, lorsqu'il était plongé dans une grande frustration, celle du moment où il réalisait que son projet n'avançait pas comme il le souhaitait, celle d'une mission qui lui passait sous le nez.
Mais ce n'était rien de tout cela qu'elle voyait à ce moment précis.
C'était une colère mêlée à un profond sentiment d'injustice.
« Désolée... » Avait-elle soufflé, comme dans un soupire, et sans vraiment s'en rendre compte, elle avait posé sa main sur le poing encore serré de Hux. Elle avait senti toute la tension à travers lui, car il serrait ce poing tellement fort que ses ongles devaient rentrés dans sa paume.
Hux releva les yeux vers elle et elle fut surprise de voir que, probablement, il avait retenu des larmes.
Et pendant un instant, ils étaient restés silencieux, se regardant mutuellement. Seul le bureau les séparait, mais Enael s'était légèrement penchée vers lui et leurs visages n'étaient séparés que d'une grosse vingtaine de centimètres. La situation était tendue, mais Hux avait l'impression que le contact qu'elle avait installé par sa main l'apaisait, face à la colère et à la frustration. Le simple fait d'entendre la voix de l'amirale et d'avoir sentit sa main délicate se poser sur la sienne lui avait permis de sortir de ce tourbillon d'émotions dans lequel il était prisonnier. Il avait plongé son regard dans ses grands yeux bleus et il se demandait comment elle avait su éteindre le feu de sa colère aussi rapidement.
Et pourquoi il n'avait pas retiré sa main.
« Cardinal et votre père avaient bien plus qu'une relation de collègue, n'est-ce pas ? »
Hux avait cligné des yeux avant de détourner le regard vers le côté de son bureau, il semblait être captivé par le vide, comme enfouit dans ses pensées. Avait-il le choix de lui dire tout, à elle ?
Il estima que les choses pouvaient être pires.
« Mon...père » avait-il commencé en prononçant ses mots avec un tel mépris qu'elle en eut des frissons. « Le voyait comme un fils.
- Son deuxième fils ?
- Non, son seul et unique... » Hux avait soufflé ses mots, fermant les yeux pour dissimuler ses émotions. Enael avait ressenti tellement de tristesse et de frustration dans ses mots qu'elle préféra ne rien dire, le laissant continuer son explication. Il s'était écarté d'elle pour se lever et se diriger vers la fenêtre, lui faisant désormais dos, il la contemplait dans le reflet de la fenêtre.
« Il avait mis tellement plus d'espoir en lui qu'en moi. Il en avait fait...Son parfait petit soldat. Celui qu'il voyait lui succéder à l'académie. » continua-t-il.
« Et vous ? »
Il se retourna doucement et planta ses yeux dans les siens.
« Vous savez ce qu'on dit de moi non ? Votre capitaine doit vous en avoir parlé. » lança-t-il avec sécheresse. Enael grimaça, que venait faire Lewis dans cette histoire ? Pourquoi Hux en parlait-il en ses termes?
« Vous n'êtes pas un enfant légitime...Un bâtard, mais vous étiez tout de même son fils... »
Hux haussa les épaules.
« Je portais son nom, rien de plus, rien de moins.
- Vous le détestiez, n'est-ce pas ?
- Comment ne pourrais-je pas le détester, Spencer ? Il... » il voulu continuer mais s'arrêta, l'amirale était suspendue à ses lèvres, attendant la suite.
« Il m'a tout pris. » se contenta-t-il de dire, sa voix s'était éteinte sur ses mots et Spencer savait que cela voulait dire bien plus que ce qu'il ne laissait sous-entendre.
Après un bref silence, Hux se décida de poursuivre.
« Je ne sais pas ce qui est arrivé à Cardinal. » commença-t-il. « Sans doute ce qu'il a toujours mérité. Mais... Pour ce qui est de mon père, j'ai fait ce qu'il fallait que je fasse, ou plutôt, Phasma s'en est occupé pour moi.
- Est-ce pour cela qu'elle a cherché ma mort ?
- Elle craint peu de chose, mais s'il y en a bien une qui la terrifie, c'est qu'un jour on découvre qui elle est vraiment. » conclu le général alors qu'Enael se pencha sur le dossier de sa chaise et ferma un instant les yeux, laissant échapper un profond soupir.
« Suis-je un monstre, Spencer ? »
Elle tourna son regard azur vers le général Hux. Venait-il vraiment de lui demander ça ou s'était-elle laissé aller à la rêverie un bref instant ? Mais lorsqu'elle vit les yeux vert pâle du rouquin posé sur elle avec insistance, elle su qu'il lui avait bel et bien posé cette question. Son avis comptait donc pour lui ? Que lui répondre ? Elle avait conscience de ce que ses aveux lui avaient coûté, mais devait-elle mentir pour autant ?
Elle se leva finalement, s'approchant de lui en commençant sa réponse.
« Vous savez, je me suis toujours demandé ce qu'il y avait de pire en ce monde. » Finit-elle par dire. « Était-ce de grandir sans parents, où de vivre aux côtés d'un parent qui n'en est pas vraiment un. » Elle marqua une courte pause en arrivant à sa hauteur.
« J'ai au moins résolu cette énigme là... » Souffla-t-elle.
Hux la regarda et lui lança un sourire timide. Elle avait répondu à sa question d'une manière très intelligente et cela lui convenait parfaitement. Finalement, il ne l'avait pas si mal jugée. Ils étaient très différents, ils n'avaient pas vécu les même choses.
Mais il était convaincu qu'elle le comprenait mieux que personne.
« Et il y a d'autres énigmes sur lesquelles vous travaillez en ce moment ? » lança-t-il en regardant par la fenêtre.
« Une, en vérité... » lança-t-elle presque amusée, en l'imitant. Après un court instant, elle se décida enfin à lui poser la question, pour laquelle en vérité, elle était venue ici sans réfléchir.
« Le traceur dans ma combinaison...C'était vous, n'est-ce pas ? »
Hux ne répondit pas de suite, fendant ses lèvres en un rictus amusé. Elle su alors qu'elle avait trouvé celui qui lui avait sauvé la vie durant cette mission.
« Vous vous souvenez de ce que vous m'avez dit ce jour-là Spencer ? »
Enael s'en souvenait très bien, elle se rendait compte en y repensant qu'elle avait été très dure avec lui, même beaucoup trop à son goût et elle s'en voulait terriblement.
« Avez-vous...Vraiment pensé ça de moi ? »
Enael le regarda un instant sans trop savoir quoi dire, puis détourna les yeux pour regarder l'espace parsemé d'étoiles. Il n'avait pas oublié ce qu'elle lui avait dit et pire encore, elle avait l'impression que cela l'avait touché plus qu'elle ne l'imaginait. Mais cette question sortie de nulle part, elle ne se l'était jamais posée à elle-même.
Avait-elle vraiment cru qu'Armitage Hux était un monstre ?
Bien sûr, ses émotions étaient parvenues à fausser son jugement, oui, elle avait ressenti de la colère, de la déception et de la tristesse. Mais à cet instant, alors qu'elle était là, debout à côté de lui, elle comprit que tout ça n'avait été qu'un leurre et qu'en réalité, elle n'y avait jamais cru.
« Au fond de moi... Jamais... » Avait-elle soufflé, sentant des larmes lui monter aux joues, elle les ravala presque aussi vite, ne voulant pas se trahir, par fierté.
A cet instant, Hux sentit un poids énorme s'extirper de ses épaules sans trop comprendre d'où il était vraiment venu. Il se sentait à nouveau magnétisé par les yeux azurs de la jeune amirale, et comme à son habitude il ne pouvait s'en détacher. Tous deux semblèrent irrémédiablement attirés l'un vers l'autre, mais bien incapables de comprendre ce qu'ils vivaient.
« Merci... » Souffla-t-elle. Désemparée, elle se disait que si elle restait encore quelques minutes ici elle ne savait pas vraiment comment elle allait réagir, se sentant étrangement bien là, à côté de lui.
« Je ferai mon rapport au plus vite et ... ça sera fini. » Conclut-elle, sur le départ.
Hux hocha la tête, mais alors qu'elle était sur le point de se diriger vers la porte, elle sentit une main attraper la sienne sans pour autant être brutale. Sa prise était douce, mais l'empêchait de partir sans pour autant l'attirer à lui.
Elle se tourna vers Hux, surprise de cette réaction, mais demeurant silencieuse. Ils étaient alors face à face et sa main était toujours dans la sienne.
Ce moment rappela à Hux le soir où ils avaient dansé ensemble et la façon dont cette soirée s'était terminée. Aujourd'hui, il était de nouveau main dans la main avec elle et elle le regardait à nouveau avec ce regard qu'il était incapable de décrire. Un regard hypnotisant qui le fit revivre en lui la même chose que ce soir-là.
Il n'arrivait pas à s'expliquer ce moment d'hésitation, ce moment de creux où il resta là, devant elle, absorbé par ses magnifiques yeux bleus et par la douceur de sa main. Le général était incapable de s'expliquer pourquoi il avait envie de l'attirer vers lui, de réduire l'espace qui le séparait d'elle et de la sentir contre lui. C'était tout ce qu'il voulait à ce moment précis.
« Pryde... Était un très grand ami de mon père... » avait-il doucement soufflé en baissant les yeux au sol.
Il voulu lâcher sa main à ce moment-là, mais ne put s'y résoudre.
« Pour moi, c'est important que vous le sachiez. »
Enael resta un instant à le regarder sans un mot. Cette déclaration avait été un choc pour elle, mais beaucoup moins que la minute qui la précédait. A ce moment là, elle avait sentit la main d'Armitage Hux attraper la sienne et un bref instant elle n'avait pas su prédire ce qu'il allait faire.
Ni ce qu'elle allait faire, elle.
Au fond d'elle, elle aurait aimé qu'ils finissent ce qu'ils avaient commencé ce soir-là. Mais elle était bien incapable de l'admettre et encore moins de l'exprimer.
Enael hocha la tête gravement. Cette déclaration avait tout son sens, en lui avouant cette relation entre Pryde et son père, Hux lui envoyait un message clair.
Pryde cherchait à lui nuire par pure vengeance personnelle, pour venger un ami qu'il a perdu trop injustement à son goût. Il avait probablement utilisé l'affaire Cardinal pour arriver à ses fins, ne se souciant guère, en réalité, de son sort.
Et il l'avait certainement utilisé elle aussi, dans le même but.
Elle comprit alors que ce qu'elle avait découvert importait peu, que tout se jouait en réalité entre Pryde et Hux. Depuis toujours.
Et qu'elle n'avait été qu'un pion.
Un pion qui avait envie de renverser la tendance.
Elle serra délicatement sa prise sur la main de Hux, son contact n'avait décidément rien de déplaisant. Plantant son regard dans le sien.
"J'en ferai bon usage..." souffla-t-elle.
Hux cligna des yeux pour acquiescer, leurs mains se séparèrent alors, presque à contre cœur.
"Bonne nuit, amirale..." murmura-t-il doucement en la laissant partir.
Et en quittant les appartements privés d'Armitage Hux ce soir-là, Enael su qu'elle devait choisir son camp, que le choix qu'elle ferait entrainerait des conséquences importantes pour le Premier Ordre, mais aussi pour elle.
Car cela allait bousculer tout ce en quoi elle croyait, ses propres valeurs.
Mais alors qu'elle sentit encore la douce pression de la main de Hux sur la sienne, tout semblait plus clair que jamais dans sa tête.
Son choix, elle l'avait déjà fait depuis bien longtemps.
Mais aujourd'hui, elle était prête à en assumer les conséquences.
Puis la tension entre Armitage et Enael, au top ! Je me doutais que ça serait trop simple/rapide qu'il se passe quelque chose à ce moment-là, mais rien que cette petite tension est trèèèès plaisante à lire. :3
Et maintenant, on rentre dans un autre bordel ! Je me demande bien qu'est-ce que ça va engendrer tout ça :p
Pour les corrections :
- "Et lorsque la porte de referma derrière elle" > se*
- "il voulu continuer mais s'arrêta" > voulut*
En même temps, ce serait trop simple haha :')
En tout cas, j'aime bien la relation qui s'installe entre eux, le fait qu'il était presque content qu'elle soit dans son appartement et surtout la confiance qu'il y a entre eux.