« Merde ! »
La jeune femme venait de cogner sa tête contre la tuyauterie de son espace de travail, captée par une anomalie dans un des capteurs sensoriels, elle n'avait pas remarqué qu'elle s'était levée un peu trop vite et beaucoup trop haut.
Frottant sa chevelure noire attachée en queue de cheval, elle avait posé ses lunettes sur son nez pour regarder la petite pièce qu'elle tenait en main, satisfaite d'avoir trouver d'où venait la source du problème.
« Cadette Everson ?
- Ha ! » s'écria-t-elle surprise, elle sursauta et la puce lui glissa des mains.
« Mais merde bon sang ! » S'exclama-t-elle en regardant le sol déjà jonché des pièces détachées.
« Est-ce là une façon d'accueillir son capitaine ? »
Elle tomba à la renverse en reconnaissant soudainement la voix qui s'adressait à elle, gênée, elle se redressa aussitôt et se raidit comme un piquet.
« Capitaine Lewis ! Je...Pardon...Enfin je ne vous parlais pas à vous mais à...
- Vos pièces détachées ? »
Elle ne sut que répondre, se demandant si le capitaine plaisantait ou s'il la prenait réellement pour une folle.
« C'est cela Monsieur ! » fit-elle finalement en hochant vivement la tête.
Lewis afficha un sourire réconfortant.
« Repos, je ne suis pas ici pour une inspection.
- Ah, ouf, tant mieux ! Enfin, je veux dire...je n'ai rien à caché mais j'aurais aimé ran...
-Cadette...
- Oui capitaine, à vos ordres, je vous écoute. »
Elle avait toujours tendance à parler beaucoup, surtout lorsqu'elle était nerveuse et c'était bien évidemment le cas compte tenu de la situation.
« Vous êtes demandée par...Les hautes sphères. »
La jeune femme fut soudain saisie de panique.
« Quoi ??? L'amirale veut me voir, moi ? Mais mais...
- Non jeune fille, c'est le général Hux qui vous demande. »
Un bref instant, Roberta Everson eut l'impression que la vie s'échappait de son corps.
« Mais mais... Je... J'ai fait un truc mal ? Je veux dire, avec lui, on sait bien comment ça se passe, un petit coup de blaster dans la poitrine et on en parle plus et...
- Cadette Everson.
- Oui, pardon capitaine. Je vous suis. »
Elle traversa le long couloir du Donnagher tête baisser, pensant à ce qui l'attendait de l'autre côté, s'imaginant peut-être qu'ils avaient découvert qu'elle avait piqué des pièces dans l'atelier de ce crétin d'Howard, elle préparait déjà son excuse toute faite.
« Cadette...
- Capitaine Lewis ?
- Pourriez-vous juste respirer de temps à autre ? J'aimerais vous amener vivante auprès du général Hux. »
« Général, voici la cadette Roberta Everson. »
Hux considéra un instant la jeune femme, ses cheveux dégagés en arrière dévoilaient un visage arrondi et une peau mate tandis que ses grands yeux noisette l'observaient avec effroi. Alors qu'elle lui tendit la main pour le saluer, elle se rendit compte que celles-ci étaient encore pleine de graisse mécaniques noires.
« Euh, pardon, j'ai...je n'ai pas pensé à me laver les mains... Si vous voulez on peut se faire la bise ? »
Roberta se mordit la lèvre, comment pouvait-elle parler avant même de penser à ce qu'elle allait dire ? Faire une bise à un général, et pourquoi pas se teindre les cheveux en rose.
Hux, déconcerté, lui fit simplement signe de la suivre, Lewis quant à lui, levait les yeux au ciel tout en secouant la tête, se demandant où elle avait appris la diplomatie.
« J'ai entendu dire que vous étiez bonne mécanicienne, cadette.
- Probablement Monsieur, en tout cas, c'est ce que j'ai toujours aimé faire et ...
- J'aimerais que vous observiez ces pièces pour moi. » coupa-t-il en dévoilant l'une ou l'autre pièce du fuselage des chasseurs droïdes.
Elle regarda un instant le tas de ferraille posé sur la table, plus rien ne semblait désormais compter plus que ce petit trésor. Elle n'en revenait pas, le général Hux en personne lui avait-il vraiment demander d'analyser des pièces des vaisseaux qui avaient attaqués sentinelle ?
« J'ai déjà fait un tri, j'ai cru comprendre que vous n'étiez pas une mécanicienne conventionnelle... » commença-t-il alors. « J'aimerais que vous me trouviez un détail qui nous permettrait de savoir d'où viennent ces chasseurs droïdes. »
Roberta se pencha doucement vers son trésor, à ses yeux les machines avaient toujours été une meilleure compagnie que les humains et elle semblait alors oublier tout ce qui se passait autour d'elle.
« Cadette ? »
Elle sursauta, Hux lui lança un regard sévère.
« J'attends une réponse.
- Pardon, je, euh, oui bien sûr, mais je suppose que des recherches ont déjà été faites non ?
- En effet, et nous n'avons rien trouvé de concluant ni avec les numéros de fuselage, ni en analysant la composition des pièces.»
Roberta regarda dans le vide, l'air perplexe, elle se disait que visiblement les principaux tests avaient déjà été réalisés et qu'ils n'avaient rien apporté, alors que pouvait-elle faire de plus ? Pourquoi Lewis était-il venu la chercher ?
« Cadette, je connais votre expérience et vos raisons pour lesquels vous êtes sur notre vaisseau » commença Lewis. « Je pense que le général Hux sera plutôt...disposé à fermer les yeux, si vos compétences nous permettaient de trouver une solution rapidement. »
D'abord dans l'incompréhension, Roberta compris enfin les raisons pour lesquelles elle avait été convoquée ici. Autrefois, bien avant cette vie-là, elle avait longtemps assemblé des vaisseaux clandestinement. En vérité, elle se fichait de qui était son client, ce qui comptait alors c'était qu'on la paye et qu'elle puisse survivre dans le milieu hostile où elle vivait.
La « faim » justifiait les moyens.
Elle ne savait que dire, lançant d'abord un regard à Lewis qui l'encouragea d'un hochement de tête, elle tourna la tête vers Hux.
« Au vu de vos recherches, Monsieur, je pense que d'un point de vue surface nous avons fait le tour.
-Êtes vous en train de me dire que nous n'en tirons rien du tout ? »
Roberta sourit alors, pas de limites donc ? Dans ce cas, on était loin d'avoir fini.
« Vous, n'en tirez rien comme ça, c'est certain... Mais j'ai peut-être une idée... »
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Il y avait eu le choc
La poussière
Et la sensation que le temps s'était arrêté.
Elle ouvrit les yeux et vit apparaître une lueur rouge à l'arrêt au-dessus d'elle. Pensant d'abord à la lueur aveuglante d'un des soleils de Bonadan, Spencer avait cru avoir rêvé tout ce qui s'était passé alors.
Mais elle ne rêvait pas.
Couchée sur le sol, elle observait le laser rouge à l'arrêt, le temps s'était-il vraiment arrêté ?
Elle lança un coup d'œil sur le côté.
Ren tenait la main tendue vers l'horizon, et toutes les lueurs rouges dans la salle avaient cessées d'avancer. Il fit tourner son poignet, plaçant alors la paume de sa main vers le haut et elle eut du mal à croire ce qu'elle vit.
Chaque lueur rouge s'éleva vers le ciel et vint s'échouer sur le plafond faisant neiger des débris poussiéreux sur son visage.
Voici donc la Force... Pensa-t-elle, regardant le vide à nouveau, prenant conscience qu'elle respirait toujours et captée par ce qui venait de se passer, Spencer n'avait pas réalisé qu'elle était au sol.
Pourquoi ?
A côté d'elle l'armure d'un Trooper semblait se relever péniblement puis lui tendre la main.
« Vous n'avez rien Amirale ? »
Elle lança un regard vers le trooper, s'était-il interposé pour prendre le coup à sa place ? C'était ce qui semblait le plus plausible. Saisissant sa main, elle hocha la tête en lui adressant un sourire reconnaissant avant de se relever, elle aussi.
Marchant vers Ren, elle regarda autour d'elle les impacts et les soldats se relever doucement, Brant y compris.
« Vous pensez toujours qu'il s'agit là d'un tour de passe-passe, Spencer ? »
Ren lui avait adressé ses paroles sur le ton du sarcasme, l'amirale ne releva pas de suite la provocation, demeurant impassible.
Il fallait admettre que sans ce pouvoir, elle ignorait ce qui aurait pu arriver.
« Dans certaines circonstances, ils peuvent en effet être utiles, mais le courage de ce trooper doit être salué, si vos pouvoirs n'avaient pas été là il...aurait risqué sa vie pour moi.
- Ils sont là pour ça. » lança sèchement le seigneur noir, totalement indifférent.
Alors qu'elle le voyait s'éloigner Spencer ne voulait pas arrêter là cette conversation.
« Ils ne sont pas là pour nous servir de bouclier humain, est-ce donc comme cela que vous considérez vos soldats, comme de la chair à canon ?
- Ils sont conditionnés comme cela depuis l'enfance.
- Ils sont humains, Ren, ce ne sont pas des machines. »
Il s'arrêta un instant, son masque impénétrable fixa l'amirale Spencer.
« Nous avons tous un rôle à jouer amirale, le mien est un jour de succéder à mon maître, le vôtre est de suivre mes ordres et de garder vos opinions pour vous. »
Et sans même lui laisser le temps de répondre, Ren fit volteface et s'éloigna vers l'autre côté de l'entrepôt. La colère qu'elle éprouvait à ce moment-là lui serrait la gorge et ne pas avoir su lui répondre quoique ce soit la plongeait dans un état de grande frustration.
Enael se dirigea vers le trooper qui essayait péniblement remettre la ceinture de son armure, il n'était certes pas évident pour eux de rassembler des pièces d'uniformes une fois qu'elles étaient tombées.
« Comment allez-vous ? » lança-t-elle sur un ton inquiet.
« Amirale ?
- Avez-vous mal quelque part ? » continua-t-elle en ignorant l'étonnement du trooper. Celui-ci resta coi un instant, était-ce bien un amiral du premier ordre qui lui adressait la parole ?
Qui lui demandait comment il allait ?
« Tout va bien, amirale Spencer. »
Elle hocha la tête et lui adressa un sourire soulager et sincère.
« Vous m'avez sauvé la vie, merci.
- Vous savez, c'est le seigneur Ren qui a utilisé la force et ...
- Ce que vous avez fait était extrêmement courageux... » souffla-t-elle, son regard semblait plein de reconnaissance et le trooper frémis à travers son casque. Jamais un officier n'avait été aussi respectueux envers lui et ses actes.
« Quel est votre matricule, trooper ?
- FN 2187, Madame. »
Spencer lui sourit alors et posa une main sur son épaule.
« Je m'en souviendrai... » souffla-t-elle avant de se retourner pour rejoindre le reste de la troupe.
Et ce soldat avait eu la sensation qu'effectivement, il allait recroiser son chemin un jour.
« Il est plus que nécessaire de fouiller ce dépôt en étant prudent, il se peut qu'il n'y ait pas que cet endroit qui a été piégé. »
Pour une fois, Spencer ne put qu'admettre que le chevalier noir avait raison. Mais tout semblait ne pas encore coller suffisamment, quelque chose ne tournait pas rond. Repensant à ce qui lui avait été dit à leur arrivée sur Bonadan, elle se rappela que le bâtiment avait été mis en surveillance depuis déjà plusieurs semaines.
L'idée qu'il soit piégé fit émerger en elle de nombreuses hypothèses.
Soit, le bâtiment avait été piégé bien avant la surveillance des gardes du Premier Ordre, à ce moment-là, la question qui suivait était de savoir à qui s'adressait ce piège. Était-ce une méthode de protection ou visait-il un groupuscule en particulier ?
L'autre possibilité était que les personnes qui avaient posé ce piège, l'aient fait dans le dos des gardes, sans qu'ils ne s'en rendent compte. Dans ce cas cependant, c'était clairement l'efficacité de leurs soldats qu'il fallait remettre en cause.
« J'aimerais d'abord me charger des dispositifs de piège » lança-t-elle froidement à l'attention de Ren. Elle devait être fixée sur cette question une bonne fois pour toute, et écarter d'autres hypothèses farfelues qui tournoyaient dans sa tête.
« Très bien, je vais me charger de ce dépôt pendant que vous menez votre enquête, mais ne perdez pas votre temps, amirale. Vous risqueriez peut-être d'être déçue. »
Elle était certaine que non, pire, elle avait la conviction que c'était là que résidait tout le problème, elle prit Brant par le bras et l'écarta du reste de la troupe tandis que Ren ordonna aux troopers de prendre garde aux éventuelles autres mauvaises surprises.
« Un souci, amirale ?
- Je sais que nous sommes partis sur de mauvaises bases, mais je pense que vos connaissances en mécanique et en dispositif de sabotage vont peut-être vous racheter. »
Brant haussa les sourcils, un sourire espiègle apparu sur son visage tandis que ses yeux bleus brillaient d'une lueur étrange.
« Vous voulez me racheter une conduite Madame ?
- Disons que j'ai toujours entendu que pour faire avancer un âne, il fallait une carotte. Montrez-moi que je peux avoir confiance en vous en m'aidant et peut-être que je ne parlerai pas de mes soupçons à Ren.
- En dehors du fait que vous me prenez pour un âne, c'est quoi le plan ? »
Ses lèvres se déformèrent d'un grand sourire, ce sourire carnassier qu'elle pouvait avoir avant de commencer à chasser sa proie.
« Les dispositifs de piège, je veux tout savoir d'eux, et particulièrement la date approximative de leur mise en place.
- Et vous voulez savoir ça comment ? » Brant fit la moue, visiblement, celle qu'il prenait pour une petite amirale de pacotille semblait savoir ce qu'elle voulait, mais pas la façon dont le faire.
« On doit trouver le mécanisme de programmation, celui dont tout découle, avec cela on pourra déterminer à partir du numéro de série à quel moment le matériel a été créer.
- Il peut avoir été créé à une époque et installé à une autre... » Souffla Brant négligemment, mais même s'il avait raison, rien ne semblait décourager Spencer.
« Vous avez raison, j'y ai pensé aussi, mais il y a une chose ici qui ne nous trompera jamais.
- Et quoi donc ? »
En guise de réponse, Enael posa son doigt sur le rebord d'un mur proche d'elle, montrant ensuite son index aussi noir que l'abîme.
« La poussière Brant, il faut parfois une heure pour qu'elle se pose, mais lorsque vous voyez l'état de mon doigt, ça fait un bout de temps qu'on a plus fait le ménage ici, n'est-ce pas ? »
Le lieutenant sourit tandis qu'elle s'éloignait déjà armée d'une source lumineuse à la recherche du dispositif, posant ses mains sur ses hanches, il la regardait s'élancer d'un air déterminé.
Elle était bien plus futée qu'elle en avait l'air cette petite.
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Elle récitait la même chanson en boucle tandis qu'elle scrutait avec attention les pièces posées en tas sur son bureau. Cela faisait des heures désormais qu'elle planchait et rien ne semblait suffisamment concluant pour faire un rapport au général Hux, frustrée de ne pas avoir obtenu ce qu'elle voulait, Roberta Everson s'appuya sur le dossier de sa chaise et réfléchissait à ce qu'elle pouvait encore faire de mieux.
Elle avait passé en revue les fuselages de manière approfondie, regardé également les pièces détachées et les mécanismes en miettes cherchant la moindre trace d'un indice comme une caractéristique de fabrique, en vain.
« Bon, calme toi Bobbie... » se murmura-t-elle en se frottant le front. « T'es surement passée à côté d'un truc, faut que tu sois plus concentrée. » elle fit rouler sa chaise vers un autre point de l'atelier qu'on lui avait affecté et dans sa légendaire maladresse cogna trop violemment la table et le titillement des pièces détachées qui tombaient sur le sol lui fit grincer des dents.
« Génial...Manquait plus que ça ! » siffla-t-elle. « T'es vraiment un boulet Bobbie, un boulet ! »
Elle se mit à genoux pour ramasser les dégâts, rassemblant le tas de métal comme elle put en glissant sous la table, ses lunettes avaient tendance à fuir de son nez, mais elle les redressa rapidement.
C'est alors qu'elle la vit.
Elle était étrange, cette pièce, étrange car elle eut soudain l'impression d'être passée à côté, de ne pas l'avoir vue ni touchée.
Elle était différente de toutes les autres.
A quatre pattes sous la table, elle attrapa ce qui ressemblait à un morceau de métal provenant de la carapace d'un chasseur droïde, la portant aussi proche de ses yeux qu'elle sentit sa froideur sur le bout de son nez. Captivée par la pièce, elle essaya de se relever en oubliant qu'elle était sous une table et se cogna violemment la tête. Roberta poussa un cri et, se frottant le crâne, glissa hors de sa cachette pour revenir à son bureau.
Elle n'en revenait pas, comment avait-elle put passer à côté de ça?
Se levant brutalement, elle glissa la pièce dans sa poche et se rua dans les couloirs du Donnagher. Les consignes étaient claires, elle ne devait en aucun cas entrer en contact direct avec Hux et passer automatiquement par Lewis et au vu de l'heure qu'il était, celui-ci était probablement au poste de commandement.
Mais lorsqu'elle y arriva enfin, Roberta chercha partout, en vain.
« Où est le capitaine Lewis ? » Demanda-t-elle, soudainement inquiète. Un sergent leva la tête de son tableau de bord.
« Il fait un rapport au poste de commandement de sentinelle, cadette. »
Le rouge lui montait aux joues, contrariée et frustrée elle s'exclama qu'elle devait absolument le voir pour un problème urgent.
« Eh bien, il faudra attendre, jeune impatiente, le capitaine sera là d'ici une heure ou deux ! »
Sans même répondre ou remercier le sergent, elle fit volteface la mine boudeuse et sans vraiment réfléchir se rua vers Sentinelle.
Lorsqu'elle entra dans la salle de commandement de la station, une ambiance pesante lui écrasa le cœur, elle avait l'impression que chaque personne ici faisait en sorte de faire son travail de peur de mourir sur le champ à la moindre erreur.
Lewis se tenait là, devant elle et sans se soucier d'autre chose elle s'avança vers lui.
« Capitaine Lewis ! » s'exclama Roberta heureuse de l'avoir enfin trouvé.
Mais la femme face à lui, lui lança un regard aussi sombre qu'elle crut plonger dans l'abime de l'enfer instantanément.
« Vous êtes qui vous ?! » pesta Jenkins visiblement très agacée par la présence de la jeune femme.
« Cadette Roberta Everson mon amirale, je...Je...
- Silence ! Vous vous rendez compte que vous venez de nous déranger sans même attendre qu'on vous donne la parole? »
Lewis demeurait silencieux, le regard neutre, il semblait très mal à l'aise face à la situation dans laquelle il se trouvait.
« Amirale Jenkins. » Commença-t-il finalement lorsqu'il s'aperçut que la cadette était sur le point de se faire humilier ou pire encore. « Mes cadets ont consignes de venir me voir en cas d'affaire urgente et... »
Jenkins lança un regard électrique à Roberta, ses fines lèvres se pincèrent d'un air suspicieux.
« Et que peut-il y avoir de si urgent sur le Donnagher pour nous interrompre de la sorte ? » siffla-t-elle comme une vipère. Elle eut alors soudainement envie de devenir transparente, cette amirale n'avait rien à voir avec la sienne. Du peu qu'elle avait vu Spencer, elle avait rapidement compris que derrière son air froid se cachait une personne profondément juste et humaine.
Celle-ci semblait plutôt être le mal incarnée.
« Répondez Everson, si vous êtes là c'est pour une bonne raison, n'est-ce pas ? » Lewis semblait insistant, tant dans la voix que dans son regard. Roberta se souvint alors qu'elle avait aussi reçu l'ordre de ne parler de ses recherches à personnes d'autres qu'à Lewis.
« Un problème en salle des machines, c'est plutôt ennuyeux, l'ingénieur de service a demandé à vous voir de toute urgence ... » souffla-t-elle sans quitter le sol des yeux.
Lewis lança un regard malicieux à Jenkins. « J'ai bien peur de devoir prendre congé le temps de donner mes instructions à mon équipage, Madame. A moins bien sûr que vous ayez autre chose à me dire. »
Roberta sentit la colère de Jenkins si fort qu'elle en avait la nausée, et tandis qu'elle suivit Lewis elle avait l'impression qu'elle était observée. Se pouvait-il qu'elle ait éveillé les soupçons de cette étrange femme?
« J'espère que vous avez une bonne raison de me mettre dans cette situation Everson. » siffla Lewis en marchant si hâtivement qu'elle avait du mal à le suivre.
« Pa...Pardon capitaine. Mais qui est cette femme ? » se contenta-t-elle de dire essoufflée.
« La personne qui ne doit absolument pas savoir ce que vous trafiquez dans mes ateliers » répliqua-t-il calmement avec d'ajouter qu'il n'avait pas eu réponse à sa question.
«Oups...» se contenta-t-elle de dire en grimaçant.
«Alors Everson, où est vraiment le souci ?
- Je dois absolument voir le général Hux, je... Je pense que j'ai trouvé quelque chose de capitale. »
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Rien ne semblait concluant dans les recherches de Ren. Spencer avait entendu au loin les troopers signaler que le matériel de communication présent ne correspondait en rien aux données qui avaient été envoyées sur Sentinelle. Cette mission, ressemblait davantage à un piège qu'à un succès.
En une heure seulement, Brant et elle étaient parvenus à saisir l'ensemble des mécanismes de piège et à les relier entre eux, le lieutenant avait d'ailleurs trouvé le premier dispositif et s'était montré extrêmement fier.
« Vous aviez raison Spencer » fit-il en braquant une source lumineuse sur le dispositif. « Tout le dispositif a été placé récemment.»
Le tout était de savoir si le "récemment" était proche ou éloigné de leur venue. Pour ça, Spencer releva la quantité de poussière sur le dispositif et fut bien étonnée de voir qu'il n'y en avait pour ainsi dire aucune trace.
Alors que le dépôt en était, quant à lui, intégrablement recouvert.
« Ce n'est pas un mécanisme de protection du dépôt. » commença-t-elle doucement. « C'est un piège clairement adressé à nous, je n'en ai plus le moindre doute.
- Bien vu ma p'tite dame ! » s'exclama Brant tout aussi intrigué qu'elle par la situation. « Reste à savoir qui serait assez fou pour défier le Premier ordre de cette façon. Attirer l'apprenti de Snoke ici dans le but de le descendre c'est...
- C'est là que vous vous trompez Brant, ce n'est pas Kylo Ren qui a été visé. »
Le lieutenant mourrait d'envie de savoir ce qu'elle avait en tête, mais ils furent interrompus par l'arrivée d'un trooper.
« Madame, le seigneur Ren veut un rapport.
- Qu'il me laisse encore un délai ! » sa voix avait paru plus forte encore « Il manque une pièce à mon puzzle... »
Brant avait finalement relié l'ensemble du système et, sans difficulté, était parvenu à mettre la main sur le boitier principal. C'était de cela dont elle parlait, la source de toutes ses inquiétudes étaient là. Et tandis qu'il ouvrit le dispositif, Brant sembla abasourdi.
« Merde, si j'avais cru à ça... » Brant avait soufflé ses mots d'une voix presque éteinte, ses lunettes sur le nez, il avait retourné le mécanisme dans tous les sens et ce qu'il y avait découvert semblait l'avoir plongé dans un état de choc.
Il indiqua du menton à Enael ce qu'il avait vu, celle-ci se pencha alors sur le boitier et écarquilla les yeux. Était-ce bien possible ? Lançant un regard à Brant elle s'attendait à ce qu'il la rassure, mais ce ne fut pas le cas, son air grave ne faisait qu'aggraver ses craintes.
Sans un mot, elle saisit le boitier et se dirigea vers Kylo Ren, la colère pouvait aisément se lire dans ses yeux.
Comment cela était-il possible ?
« Je déteste qu'on me fasse attendre amirale... » la voix glaciale du chevalier noir s'éleva dans l'entrepôt tandis qu'elle se tenait face à lui. Elle était incapable de sortir un son de sa bouche sans qu'il soit venimeux, aussi se contenta-t-elle de lui présenter la boîte qui maintenait le mécanisme principal du piège.
« Vous avez pris autant de temps...Pour une boîte ?
- Vous êtes peut-être un sith, seigneur Ren, mais ce domaine-là est le mien et celui de mes soldats. » siffla-t-elle. « En ouvrant cette boite nous y avons découvert quelque chose de...surprenant.
- Vous éveillez presque ma curiosité Amirale...Et quelle est donc cette chose qui va m'empêcher de vous sanctionner pour votre impertinence ? »
Elle ouvrit brutalement le boitier.
« Brant ! » s'exclama-t-elle. « Montrez-lui »
Aussitôt le lieutenant s'exécuta, il désigna alors une pièce du mécanisme bien étrange, mais très particulière. Ren prit possession du boitier pour l'observer de plus près avant de lancer un regard à Spencer et son lieutenant.
« Arrêtez-vous ! » s'exclama-t-il alors à l'attention de son équipe. « Nous changeons nos plans. »
Il posa le boitier dans la main tendue de Spencer et fit volteface.
« Monseigneur ? Quels sont les ordres dans ce cas ? » lui demanda le stormtrooper principal.
« Je veux rencontrer mes informateurs présents ici. » Commença-t-il d'un temps lugubre. « J'aurais quelques questions à leur poser...»
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« J'espère vraiment que vous avez une bonne excuse pour ...
- On a tout faux depuis le départ...Mon général, enfin si je puis me permettre, vos équipes ont fait fausse route. »
Il la regardait d'un ton dédaigneux, elle avait pris le risque d'aller chercher Lewis dans la fosse aux lions et au vu de ce qu'elle lui présentait comme personnalité, Hux avait du mal à se fier à la cadette. Sans un mot, il fit un geste de la main pour l'autoriser à poursuivre ses explications.
« Eh bien, je fouillais les pièces détachées quand je me suis retrouvée sous la table...Enfin, pas ce que vous pouvez croire général, disons que j'ai été maladroite et....
- Abregez ! » siffla-t-il agacé.
« Pardon pardon ! Eh bien, je suis tombée sur une pièce des plus intéressantes. Vos équipes n'auraient pas pu la voir simplement car il s'agit d'une pièce de réserve. Le genre de pièce qu'on a, mais dont on ne se sert pas nécessairement dans un vaisseau. Des trucs de dépanne.
- Et en quoi cela nous avance, cadette ? » Hux semblait perplexe. Il ne voyait pas en quoi ce genre de pièce allait être différente.
« Regardez ça ! Vous avez déjà vu ce genre de pièce quelque part vous ? Non...Je suis sûre que non. Mais moi, oui ! Ils ont su vous tromper avec l'extérieur, mais quand on fouille davantage, on découvre la vraie nature de la machine...Comme de l'être humain ! »
Lewis se pencha également sur la pièce qu'elle venait de poser fièrement sur le bureau, elle était hors du commun, semblant sortir d'un autre monde, d'un autre univers.
« Ce type de pièce est fabriquée dans le système Hosmenien, la République règne, mais des groupuscules de pirates s'y amusent toujours à trafiquer des vaisseaux sous la protection des républicains qui ferment les yeux. Beaucoup de rebelles de l'ancienne guerre en font partie. »
Hux lui lança un regard plein d'espoir. Il semblait enfin avoir gagné une longueur d'avance sur Ren et sur Jenkins et cela fit tressaillir sa fierté.
« Et j'imagine que vous savez exactement où ce type de pièce a été construite n'est-ce pas ? »
Roberta hocha la tête, fière pour une fois de son étrange parcours.
« Évidemment ! »
Sans un mot, Hux lui fit signe de tête de la suivre et se leva.
« Lewis, nous partons avec la cadette et quelques-uns de vos hommes dans le système hosménien.
- Êtes-vous bien sérieux ? Si Jen....
- Je suis tout à fait convaincu que vous trouverez quoi lui dire, je vous suggère un appel urgent du suprême leader. »
Lewis resta un moment médusé.
« Pourquoi dois-je rester ici Monsieur ? » lui lança-t-il. Hux s'arrêta net, le regard dans le vide.
« Surveillez Jenkins et faites moi un rapport en privé de ce qui se passe sur Sentinelle. Si je doute encore de vous, je dois bien reconnaître que vous êtes le seul ici à qui je puis me fier. »
Lewis ignora s'il s'agissait d'un compliment, mais acquiesça tandis qu'il vit le général s'éloigner.
Si ce que Hux avait présenté à Lewis pour se justifier était pertinent, il était au-dessus de ses forces d'admettre qu'il souhaitait surtout la présence de Lewis pour veiller sur le retour de l'amirale Spencer.
Pour qu'il s'assure que tout aille bien pour elle.
Et pour la première fois depuis bien longtemps,il partit en mission sur le terrain.
Cela ne lui avait pourtant jamais manqué.
Mais serait-ce un Finn sauvage que j'ai vu passer ? :o
Surtout qu'avec cette phrase "Et ce soldat avait eu la sensation qu'effectivement, il allait recroiser son chemin un jour.", je suis bien intriguée. :o
Qu'est-ce qu'il y a dans cette boîte ?????? (ui je suis impatiente, mais j'attendrais quand même et je continuerais ma lecture pour avoir les réponses haha)
Corrections :
- "je n'ai rien à caché mais j'aurais aimé" > cacher*