Ça faisait une éternité qu’il était là. …
Contrée inconnue – An 10 après la bataille de Yavin
Armitage était là, attablé à son bureau depuis ce qui lui semblait être une éternité. Lorsqu’il rentrait de sa formation, il avait l’obligation de s’enfermer dans sa chambre et de lire les ouvrages que son père lui imposait.
Comme tous les enfants de son âge, ce n’était pas de gaité de cœur qu’il adoptait cette attitude studieuse. Mais il savait que s’il venait à faillir à sa tâche, son père le remarquerait directement à son inspection du soir.
En effet, si Armitage voyait son père quotidiennement, c’était parce que celui-ci venait l’interroger sur ses lectures pendant plusieurs heures. Et il avait tout intérêt à connaître toutes les réponses.
Car sinon il abattait son courroux.
Il sentait encore sa joue meurtrie par la gifle qu’il avait pris la veille. Alors qu’il l’interrogeait déjà depuis des heures, Armitage avait eu le malheur de se tromper. Non pas parce qu’il ne connaissait pas la réponse, mais simplement parce qu’il tombait de fatigue.
Son père était devenu fou et la gifle qu’il avait reçue l’avait fait tomber de sa chaise. Son père avait ensuite détaché sa ceinture pour lui assigner un coup dans les côtes.
« Misérable imbécile ! » Avait-il hurlé « Tu es un Hux, et un Hux n’a pas le droit à l’erreur. Est-ce bien toi qui va hériter de mon statut ? Tu n’es même pas capable de répondre à ce que je te demande ! »
Il avait lancé un dernier regard méprisant sur le garçon, désormais seul avec sa douleur. Allongé sur le sol, les larmes lui montaient aux yeux.
Il faisait pourtant tout pour satisfaire son père. Depuis son plus jeune âge il travaillait d’arrache-pied pour être digne de lui.
En vain.
Au lieu de ça, son paternel préférait largement former cet autre jeune homme qui avait été évacué à ses côtés lors de la chute d’Arkanis. Alors qu’il était encore au sol, sanglotant, il sentit une légèrement pression sur sa main, une douce caresse aussi tendre que celle que sa mère lui faisait jadis. Il leva les yeux pour tomber nez à nez avec de grands yeux or.
« Millicent… »
Il tendit la main pour atteindre le chat qui ronronnait en recherchant le contact de son maître. Délicatement, elle vint se lover prêt de lui et Armitage avait pris le chat dans ses bras, contre lui.
« Toi au moins, tu ne m’abandonneras jamais, pas vrai ? » souffla-t-il alors que le chat redoublait de ronrons.
C’était justement ce même ronron qui vint le sortir de ses pensées.
-Millicent… Souffla-t-il doucement. « Tu veux bien ne pas te coucher sur ce livre ? Si je ne l’ai pas fini ce soir…père va… »
« Armitage !!! »
Il sursauta, c’était la voix de son père qui l’appelait.
« Ici ! » hurla-t-il.
Lorsque son père l’appelait il était toujours saisi de peur. Qu’avait-il encore à lui dire ?
Ou à lui faire.
Il se leva directement et se précipita dans la salle principale. Il y vit son père assis au côté d’un autre homme haut gradé.
« Va donc chercher à boire pour moi et l’amiral Caspian ! » hurla-t-il alors que son invité lui lançait un regard narquois.
Il hocha la tête et s’exécuta. Posant deux verres sur un plateau, il y versa le whisky que son père avait l’habitude de faire servir aux invités, puis se hâta d’amener le plateau. C’est lorsqu’il arriva dans la salle que Millicent avait décidé de se glisser dans ses jambes et essayant de se rattraper il fit chuter le plateau.
Devant son père.
Qui lui lança un regard noir.
« Ce bâtard a une cuisinière comme mère et n’est même pas foutu de nous servir à boire ! » Siffla son père.
« Pourquoi avez fait tomber le plateau ? » hurla-t-il alors qu’il s’était approché de lui. Le jeune garçon pouvait sentir le souffle glacé de son père sur son visage. Il savait que s’il lui disait la vérité, son père s’en prendrait à Millicent... Et il savait de quoi son père était capable …
« J’ai…j’ai été distrait père… » mentit-il.
« Distrait ?! » s’exclama Brendol excédé.
« Je suppose qu’il va ramasser » souffla Caspian en le regardant de haut.
« Non…. Qu’il lèche le sol ! »
Il resta un instant silencieux.
« Père ? »
Et face au regard sévère de son paternel, Armitage baissa les yeux et se mit à genoux, face au sol.
« Espèce de faible ! » hurla Brendol Hux en empoignant son fils. Son bras le brulait alors qu’il était littéralement trainé dans sa chambre où il fut jeté comme un déchet.
« Que je ne vous voie plus avant demain matin !! » hurla-t-il « Et si j’entends le moindre bruit venant d’ici, vous le payerez cher ».
Il éteignit la lumière et verrouilla la porte, alors que le petit rouquin rassembla ses forces, ignorant la douleur, pour se réfugier dans son lit.
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Supremacy - An 28 Ap. Yavin
Plusieurs semaines étaient passées depuis l’incident de Kijimi…
A chaque fin de cycle était dressé le bilan des différentes unités. Il avait été coutume de terminer cette importante charge de travail par une soirée où chaque membre du Premier Ordre étaient conviés, sans distinction de grade.
Une soirée qui se finissait toujours en musique.
Ce genre de soirée qu’Hux ne supportait pas, mais qu’il était contraint de subir au vu de son grade militaire.
Il avait vêtit l’uniforme et avait coiffé ses cheveux roux en arrière et à peine avait-il franchit le seuil de la salle que le brouhaha des bavardages l’agaçait. Tous étaient là un verre à la main en train de discuter de choses et d’autres. Il captait des phrases çà et là regardait les visages déjà rougis par l’alcool.
« Aaah, général Hux » il avait distingué la voix du général Caspian qui lui tendait déjà un verre de champagne, qu’il refusa sèchement. Voilà que cet enfoiré était devenu général ? Il se souvenait très bien du vieil ami de son père. Lorsqu’il eut évincé ce dernier, Hux s’était assuré que Caspian puisse couler des jours heureux à s’occuper d’un secteur de la galaxie le plus éloigné possible de lui. Pour éviter toutes discordes, et le sachant très orgueilleux, il lui avait fait miroiter un titre de général dans l’armée, sans savoir que Pryde accéderait à sa demande.
Mais lorsque Caspian commença avec lui une grande conversation, Hux n’en avait déjà plus rien à faire. Son regard avait été capté par tout autre chose.
Elle était là.
Elle était arrivée avec le capitaine Lewis à ses côtés. Comme certains amiraux avaient coutume de le faire. Il avait remarqué que le vieil homme avait pris l’amirale sous son aile et semblait beaucoup la respecter.
Mais ce n’était pas ce pour quoi ses yeux étaient rivés sur elle. Elle avait en effet troqué son uniforme habituel par une robe longue noir d’un tissu délicatement scintillant et avait redressé sa chevelure auburn dans une coiffure rangée dont seules deux tresses sortaient pour entourer ses oreilles. Ses grands yeux bleus étaient dégagés de ses mèches rebelles et elle ne portait que peu d’artifice si ce n’est une bronche en forme d’orchidée et des boucles d’oreilles en argent.
Hux n’arrivait pas à comprendre pourquoi il n’arrivait pas à détacher son regard d’elle alors qu’elle s’avançait pour saluer certains des officiers. Il était comme hypnotisé.
« Vous m’écoutez général Hux ? »
Il revint à sa réalité en entant Caspian le rappeler à l’ordre.
« J’étais distrait, poursuivez. »
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« Vous êtes observée »
Les mots que Lewis lui avait susurré à son l’oreille l’avait fait sursauter. Elle lui lança un regard dubitatif.
Il désigna d’un signe de tête le général Hux qui était déjà en train de discuter avec un de ses collègues.
« Tss, Lewis vous m’faites marcher ! »
Oh non il ne la faisait pas marcher. Il l’avait vu dès l’instant où ils avaient franchi l’escalier. Il avait vu comment Hux ne l’avait pas lâché des yeux et le regard qui lui adressait était loin d’être un regard de mépris.
Enael avait demandé à Lewis de l’accompagner ce soir. Elle était terriblement angoissée de se retrouver là, seule, avec autant de monde.
« Je ne voudrais pas gaffer ! Imaginez-vous ? Si je rencontre l’amirale Sloane et que je manque au protocole ! Pitié … » avait-elle insisté auprès de Lewis. Il était vrai qu’Enael craignait autant qu’elle n’attendait de revoir cette dame. Elle avait entendu dire qu’elle serait peut-être là ce soir et elle s’était enflammée. Sloane était son modèle, elle avait entendu ses faits militaires et ses nombreuses campagnes l’avaient fait rêver. Mais Lewis n’avait pas parié sur sa présence.
Enael se sentait nerveuse pour ce soir, son agoraphobie avait tendance à prendre le dessus et elle ne supportait pas ce genre de soirée guindée. Elle avait été ravie de pouvoir laisser son uniforme au placard lorsque Lewis lui avait expliqué que beaucoup de dames gradées le faisaient, contrairement aux hommes qui manquaient parfois cruellement de bons goûts.
« Amusez-vous ce soir amirale, et évitez de boire trop de champagne, vous savez que ça risque de vous jouer des tours. »
L’amirale lui lança un regard espiègle, elle lui avait expliqué que lorsqu’elle était trop anxieuse dans ce genre de parade sociale, elle avait tendance à noyer son stress dans l’alcool et que le champagne n’était pas vraiment la boisson qui lui réussissait le mieux.
« Oui, père » taquina-t-elle.
« Et le sarcasme aussi, vous pouvez l’éviter. » lança-t-il en souriant.
La soirée avait suivi son cours. Tous se régalaient des différents mets proposés et Enael semblait beaucoup plus à l’aise. Jusqu’au moment où la musique se fit entendre.
Cette horrible musique était synonyme de danse. Et elle détestait ça.
Allant rapidement se réfugier dans un coin de la salle, sa tranquillité ne fut pas de longue durée avant que Lewis ne vînt la chercher.
« L’amirale Spencer m’accordera certainement sa première danse. »
Il vit dans les yeux de la jeune femme qu’elle le détestait profondément.
« Puis-je vous tuer sur le champ ? » lui lança-t-elle avant de saisir sa main.
Et tandis qu’il dansait, Lewis lui lança.
« Combien de coupes de champagne avez-vous bu ?
- Aucune ?
- Vous ne duperez pas un vieil homme.
- Une seule ! Oh pitié, je ne suis pas un chameau, je dois bien m’hydrater »
Il éclata de rire.
« Vous avez bien changée Amirale depuis votre prise de fonction. Vous me semblez plus confiante et je dois admettre que je suis fier de vous.
- Merci Lewis. Il faut dire que c’est un peu grâce à vous et à vos précieux conseils. »
Mais alors qu’ils dansaient une ombre se dressa sur le côté, Enael tourna la tête.
C’était Hux.
«Capitaine Lewis. » lança-t-il sur un ton glacial. « Puis-je vous emprunter l’amirale pour une danse ? »
Elle était estomaquée. Avait-elle bien entendu ? Lewis acquiesça avec un sourire et lui laissa prendre sa place. L’amirale le regarda d’un air paniqué tandis que Lewis lui adressa un clin d’œil. Elle saisit alors la main tendue de Hux et se laissa emporter par la danse, plus méfiante que jamais.
Il y eu un bref silence, elle ne l’avait pas eu si proche d’elle depuis son intervention sur Kidjimi et les circonstances étaient différentes alors comment expliquer que son cœur battait si vite ?
« Je voulais vous remercier pour Kidjimi. » Lui lança-t-il finalement.
« Mieux vaut tard que jamais … » Siffla-t-elle
« Je vais faire comme si je n’avais pas entendu cette remarque. » lui lança-t-il. « Je voulais savoir aussi si vous aviez compris ce que j’ai voulu vous dire ce jour-là. Vous avez compris en quoi c’était nécessaire ?»
- Oui et non » commença-t-elle. « Je dois bien reconnaître que ce qui s’est passé ici là-bas impardonnable et mérite ce genre de traitement…
- Mais ?
- Mais peut être sommes-nous trop sévères.
- Ou vous trop indulgente.
- Probablement. »
Enael se tut, elle réalisait que si le ton n’était pas des plus chaleureux, elle discutait avec Hux sans animosité et cela lui plaisait.
« Ou peut être est-vous qui êtes trop sévère » Ajouta-t-elle en souriant.
« Si nous commençons comme cela cette danse durera une éternité. »
Pourquoi pas ? Pensa-t-elle sans jamais oser le dire. Elle lui lança un regard espiègle, puis ne put retenir un rire.
Un sourire se dessina sur le visage de Hux, et cela lui donnait un petit quelque chose …d’attendrissant.
Qu’il était beau quand il souriait. Ses traits s’adoucissaient et il semblait apaisé. Finalement, ils n’étaient pas si différents. Ils se cachaient tous les deux derrières un masque. Bien qu’elle admît que celui de Hux était difficile à percer.
« Aurais-je eu la chance d’apercevoir le sourire d’Armitage Hux ? » lui lança-t-elle sur un ton un peu plus familier.
« Probablement que le rire d’Enael Spencer l’a décontenancé » souffla-t-il.
Depuis combien de temps dansaient-ils ? Enael avait l’impression d’avoir perdu la notion du temps tant cette discussion était vraiment agréable. S’était-elle imaginée de dire ça un jour d’une entrevue avec Hux ?
En vérité, tout l’instant était complètement surréaliste.
« J’imagine que je vous devais bien ça.
- Un deuxième sourire ?
- Vous n’êtes jamais contente. »
Enael pouffa, elle se rendait compte qu’ils ne pouvaient s’empêcher ni l’un ni l’autre de se provoquer verbalement. Comme une espèce de jeu qui s’était installé entre eux et qui, petit à petit, semblait construire leur relation. Aucun d’eux ne voulait jamais avoir le dernier mot et bataillait dur pour ne pas le laisser à l’autre. Cela l’amusait autant que ça l’agaçait : elle détestait perdre.
« D’où venez-vous Enael ? » lui lança-t-il finalement.
Quand avait-il décidé de ne plus l’appeler par son grade ? Est-ce que cela voulait dire que lui aussi avait l’impression d’être hors du temps et de la réalité ? Que cette petite conversation lui plaisait ? C’était la première fois qu’elle entendait son prénom à travers sa bouche et un frisson lui avait parcouru l’échigne.
« Après la chute de l’Etoile Noire, je me suis retrouvée avec ma tutrice sur Bonadan. Mais quand les rebelles ont également repris ces territoires, disons que j’ai été…transbahutée à droite et à gauche avant d’arriver sur les contrées inconnues. »
Hux réalisait que l’enfant gâtée qu’il avait imaginé ne l’était peut-être pas tant que ça, il avait la sensation que le personnage était bien plus complexe. Et d'ailleurs, elle semblait attiser sa curiosité. Un bref instant, il voulut en savoir plus sur elle, découvrir ce qu'elle cachait derrière son regard angélique et son rire enfantin. Mais quelque chose au plus profond de son être l'en empêcha. Il ne devait pas faire ça, il ne pouvait pas le faire, par sa différence de hiérarchie tout d'abord, mais aussi...Par la terrible dangerosité qu'elle semblait étrangement lui inspirer.
« Enfin, j’imagine qu’un homme comme vous, qui avez toujours vécu dans un cocoon privilégié de l’élite impériale n’a jamais eu vent de ces exils ça n’est-ce pas ? »
Piqué au vif, le visage du général se referma presque aussitôt. Sa soudaine clémence s'évanouissa presque instantanément après avoir entendu cette remarque désobligeante. Le prenait-elle pour un simple d'esprit?, ou pire encore pour un « privilégiée » ?
Sa vie n’avait rien eu de privilégiée.
Que du contraire.
Il transperça son regard de ses yeux de glace.
« Est-ce vraiment ce que vous pensez de moi, Amirale ? Que je suis un « privilégié » ?
Cette sévérité lui avait coupé le souffle. Pourquoi ce soudain changement de ton ? N’est-ce pas la vérité ? Avait-il des choses à cacher lui aussi ? »
« En faites, je ne sais simplement rien de vous. » Répondit-elle pour expédier le sujet à la poubelle. « Je sais juste que nous fréquentions l’académie en même temps, mais que nous ne nous sommes jamais croisés car vous étiez un peu plus âgé ». Poursuivit-elle.
« Et vous ne portiez pas notre académie à cœur ?
- Ce n’est pas cela, disons que je n’étais pas très scolaire. La théorie ne m’intéressait pas spécialement.
- Mon père gérait cette académie.
- Cela explique beaucoup de choses… » dit-elle sur le ton de la plaisanterie.
« Ne profitez pas de cette trêve pour vous permettre ce genre d’humour. » lui dit-il sur un ton faussement accusateur.
« J’imagine quand même qu’être le fils du grand chef était pratique pour être à l’aise à l’académie non ? » Insista-t-elle.
« Pas vraiment non. »
Sujet sensible, elle l’avait perçu au ton de sa voix. Trop tôt, elle changea de sujet rapidement de sujet. Son regard c’était arrêté sur un homme plutôt âgé qu’elle n’avait encore jamais vu auparavant.
« Général, qui est l’homme là-bas aux côtés de Pryde ? C’est la première fois que je le vois ici.
- Le général Caspian. Je ne l’apprécie guère et le suprême leader non plus. C’est pour ça qu’il a été envoyé loin d’ici. Il semblerait qu’il ne soit pas vraiment quelqu’un de fiable.
- Et votre avis ?»
Il réfléchit un instant. Était-ce judicieux de parler de ça maintenant ? S’il devait dire la vérité, il expliquerait à quel point cet homme, au même titre que son propre père, avait été l’un des plus gros salopards de toute sa jeunesse.
Mais elle n'avait pas à savoir tout ça.
« C’est un crétin. Rien de plus !»
Elle éclata de rire. Encore une fois le général avait fait preuve d’une analyse claire et synthétique. Il avait l’art de ne pas prendre des pincettes et c’était un trait de caractère qu’elle appréciait chez lui.
Hux quant à lui, était décontenancé. Cette personne avec qui il dansait était loin de l’image qu’il se faisait de l’amirale Spencer. Il l’avait toujours vue comme une espèce de gamine pourrie gâtée, issue de la grande noblesse impériale et qui avait jouit de la notoriété de son grand père. Au lieu de ça, il voyait une jeune femme sans aucune prétention, et qui ne semblait pas être aussi vaniteuse qu’elle en avait l’air.
« Vous savez, je ne vous apprécie pas vraiment, Enael.
- Vraiment ? Je ne l’avais pas remarqué…Si cela peut vous apaiser, c'est absolument réciproque. »
Il eut un petit rictus amusé.
« Ce que je veux dire, c'est que depuis Kijimi, j'émets la possibilité de m'être quelque peu trompé à votre sujet... » Lui lança-til avant de marquer une pause. « Peut-être même que j'envisage de faire des efforts à votre égard. Du moins, j'essayerai »
Était-il en train d’avouer à demi-mot qu’il ne la détestait pas tant que ça ? Enael observait son cavalier attentivement. Il était loin d’être ce général méprisant et impitoyable qu’elle avait connu jusqu’alors. Il était franc, calme, posé, poli et s’était même risqué sur l’humour. Et même si ça lui coutait de penser cela, elle ne trouvait pas la situation désagréable.
« Oh.» Se contenta-t-elle de dire en essayant de retenir le rouge qui lui montait aux joues. « Je vois. Eh bien, peut être que...Enfin, j'’en ferai autant. Enfin, j’essayerai. » Ajouta-t-elle avec un clin d’œil
« Amirale »
La bulle dans laquelle elle s’était enfermée avec lui venait d’exploser et elle lança un regard sur le soldat.
« Excusez-moi de vous interrompre, vous êtes demandée auprès du général Pryde. Il souhaiterait vous présenter aux officiers de la bordure de l’ouest. »
Elle hocha la tête, euphorisée par cet étrange moment. Puis lança un regard à Hux.
« Je dois y aller je pense. Mais, je redanserai avec vous.
- Je l’espère » lui lança-t-il.
Elle cligna des yeux plusieurs fois. Comme si elle avait mal entendu ce qu'il venait de lui dire. Était-ce vraiment un souhait ? Avait-il, lui aussi, consommé trop d'alcool? Sans réfléchir Enael décrocha la broche qu’elle avait sur sa robe et la glissa dans la main de Hux.
« Tenez. » souffla-t-elle « En guise de promesse, vous me la rendrez la prochaine fois que nous danserons. »
Et elle s’éloigna, le cœur battant à la chamade, le souffle court, euphorique.
Elle venait de vivre l’un des meilleurs moments de sa vie.
Cela faisait plusieurs heures qu’il avait perdu Enael de vue. Depuis qu’elle avait été appelée par Pryde, elle n’était pas réapparue dans son champ de vision. Hux avait attrapé une coupe de champagne et repensait à l’étrange soirée qu’il venait de passer. S’il avait imaginé qu’un jour il aurait eu ce genre de conversation avec elle, il aurait éclaté de rire tellement cela lui aurait semblé absurde.
Pourtant c’était arrivé.
Il avait l’impression que cela lui avait permis de découvrir qu’il n’était pas si différent d’elle et même s’il refusait encore d’en avoir totalement conscience. Il avait apprécié ce moment.
Mais alors que tout cela tournait dans sa tête, il s’arrêta net et fut saisi d’effrois.
Enael était là, debout lui faisant dos, les joues rougies par l’alcool elle avait le sourire propre à ceux qui avait déjà dépassé la quatrième coupe de champagne. Mais en cela rien d’effrayant, si ce n’est que le général Caspian semblait lui tendre un nouveau verre avec un sourire qu’il connaissait.
C’était le même sourire odieux que celui qu’affichait son père lorsqu’il était sur un mauvais coup.
Et Caspian était un très grand ami de son défunt père, ils étaient unis par leurs cruautés et leurs bassesses.
Son sang ne fit qu’un tour et il lui fallut peu de temps pour traverser la salle et se retrouver face à eux. Il vit les yeux d’Enael s’illuminer lorsqu’elle le vit arriver.
« Amirale, je dois vous parler.
- Oh Général Hux, restez donc boire un verre avec nous. Cette nouvelle recrue est tellement sympathique, vraiment.
- Je dois lui parler d’une affaire urgente et en privé, Caspian. » répondit-il d’un ton sec alors qu’il avait déjà posé ses mains sur les épaules de l’amirale, lui faisant faire volteface.
« Vous allez me priver d’une si charmante compagnie, général Hux ? » Lança Caspian alors qu’ils étaient sur le départ.
Hux se retourna et lui lança un regard aussi sombre que l’abîme.
« Posez une fois encore une seule de vos mains sur elle, et je parirais fort, très fort même, que vous figurerez prochainement sur la liste des officiers mystérieusement disparus en mission. Me suis-je bien fait comprendre ? »
Il la fit traverser la salle jusqu’à l’une des portes de sortie tandis qu’elle acheva cul sec son dernier verre. Caspian resta cloué sur place, sachant de quoi était capable le fils de son meilleur ami.
« Spencer, vous devriez aller vous coucher. »
Elle le regarda avec insistance.
« Oh pitié Armitage, j’ai assez de Lewis pour me dire ce que je dois faire, la soirée n’est pas finie.
- Si, elle l’est. » lui siffla-t-il
« Nooon. Je veux encore danser. » fit-elle avec une moue d’enfant boudeuse. « Je veux encore danser... Danser...Avec vous ! ».
Elle avait attrapé ses mains et l’avait attiré légèrement vers elle. Il s’était crispé et tout s’était arrêté un instant. Au contact de ses mains, son cœur s’était mis à battre plus rapidement et ses joues s’étaient empourprées. Avait-il lui aussi exagéré sur le champagne ? Non, il semblait tout à fait lucide. Pourtant à ce moment, quelque chose se passait à travers leurs regards.
Il avait évidemment envie d’accéder à cette demande, de revivre ce qu’il avait vécu tout à l’heure et de passer le reste de la soirée avec elle.
Mais ce n’était pas le bon moment… Pas dans ces circonstances-là.
« Non…Pas ce soir, Amirale. » Souffla-t-il en prenant la main d’Enael pour la détacher de sa propre main. Il l’avait à nouveau appelé par son grade pour marquer une distance nécessaire.
Elle resta figée un instant restant coi face à ce refus. Puis, vexée, elle partit vers la sortie en le bousculant.
Il ferma les yeux en soupirant, il ne voulait pas ça, mais c’était nécessaire.
« Vérifiez que l’amirale a bien trouvé le chemin de son compartiment » siffla-t-il au soldat qui lui répondit d’un salut.
Quant à lui, il était fatigué de cette soirée et estima qu’il n’avait plus de raison de rester davantage.
Puis le Enael/Hux...On sens le petit rapprochement et c'est trop COOL ** On dirait une gosse excitée à la veille de Noël ahaha !
Encore une fois, j'aime beaucoup ce flashback, ici centré sur Hux. Surtout qu'en plus tiré des comics, c'est top, parce que ça donnait déjà envie de s'attacher au personnage, alors ça amplifie ça. :3
J'ai beaucoup aimé ce rapprochement entre Enael et Armitage. On sent qu'un lien est en train de se créer entre eux mais qu'ils restent sur leurs gardes. J'ai hâte de voir comment ça va avancer tout ça ! :D
Je me suis effectivement basée sur le comics ! J'essaye de faire quelques clins d’œil aux œuvres canons de Star Wars, pour que ça reste cohérent avec l'histoire =)
C'est grave cool. J'adore retrouver quelques éléments comme ça :3
J'étais contente de voir qu'il n'y avait pas de sexisme dans ton histoire, car tous les caractères féminins de Georges Lucas ne le sont pas dans les films. Mais visiblement, qu'importe l'univers, la galaxie, la planète, on doit faire attention avec qui on boit en soirée.
En tout cas, j'aime bien le début d'histoire romantique entre eux.