Chapitre 1 : Je vais gagner

Par Camice

Le matin de ma première compétition, j'étais si sûr de ma victoire 

que j'ai fais promettre à mon père de nous faire un dîner de Roi si je gagnais.

Quel malheur d'être tombé sur elle comme première adversaire...

 

Il était dans les environs de 9 heure.

Bientôt, ce seront tous ses camarades qui pourront admirer son talent et son audace. Bien sûr, maintenant que la prodige n'était plus sur le devant de la scène, les yeux étaient rivés sur lui. Et aujourd'hui, il allait prouver à tous ces crétins qu'ils avaient tort de le comparer à une fillette immature et-

– Paul ! Dépêche toi, on va être en retard.

Le jeune garçon se détourna du miroir un instant.

 

– J'arrive Maman !

 

Avant de se regarder à nouveau dans le miroir. Cheveux blonds, coiffés.

Son visage pâle, lavé.

Ses vêtements, impeccablement repassés et immaculés du lavage de la veille.

– Paul, ton professeur est là !

– J'arrive je te dis !

Prenant quand même le temps de s'admirer une dernière fois, Paul attrape la lanière de son sac de sport et dévale les escaliers grinçants de sa petite maison de campagne. Il saute les deux dernières marches pour se tenir devant sa mère qui l'attendait dans l'encadrement de la porte d'entrée.

Bien qu'il ne fasse qu'un mètre 55, il la dépassait déjà de quelques centimètres. Paul en était vraiment son portrait craché.

– Allez, mets tes chaussures, on va être en retard.

Le jeune homme ne se fit pas prier, et ne tarda pas à passer devant sa mère pour saluer son coach dehors. Un grand gaillard qui faisait de son mieux pour garder la forme, des bras forts et ses cheveux très bien coiffés. Sa voiture, une petite citadine rouge, était garée devant le portail décrépit en bois vert de la maison.

– Alors champion ? Prêt pour ta première compétition en double surclassement ?

– Tu te fous de moi ! J'ai jamais été aussi prêt !

– Paul, parle mieux à David.

Le jeune garçon leva les yeux au ciel, sa mère ne pouvait pas s'empêcher les petits commentaires qui faisaient d'elle le parent responsable. David rit et tapota le dos de Paul.

– Ce n'est rien Crystal, allez Paul tu montes ?

Son entraîneur désigna le siège passager d'un coup de main et il se contenta de l'ignorer.

– Non, je vais vous laisser parler entre ‘’adultes'’. dit-il avec une pointe de sarcasme.

– C'est quoi ce sous entendu ? tenta de comprendre sa mère.

– Rien, rien.

Paul s'empressa de se mettre dans le siège derrière celui du conducteur. Comme avant une compétition, l'entraîneur David lavait sa voiture de fond en comble. Il avait blâmé cette habitude sur son propre père qui avait horreur de la saleté. Mais Paul pense plutôt qu'il lave sa voiture pour impressionner sa mère.

Les deux ‘’adultes'’ faisaient comme si lui, collégien bientôt lycéen était stupide et ne savait pas interpréter les signes évidents. Deux primaires amoureux seraient plus discrets que ces deux-là qui se faisaient des petites sorties en secret en utilisant Paul comme excuse. ‘’On va vérifier ton inscription'’ disaient ils. Oui mais par internet ça se fait en deux minutes et pas quatres heures de l'après midi pour que sa mère revienne avec un porte clé méduse de l'aquarium du coin.

Bon, il n'était pas cruel non plus, il n'allait pas non plus les confronter comme s'ils faisaient quelque chose de mal. Bien sûr, il aimerait bien avoir un peu plus d'honnêteté de la part de ces deux idiots mais ça lui faisait bien trop plaisir de voir sa mère trouver quelqu'un.

Comme la voiture de sa mère était défectueuse voire parfois dangereuse, David avait insisté pour les conduire lui-même aux compétitions. Peut être que c’était son altruisme qui avait fait craquer sa mère ?

 

– Bien attaché tout le monde ? C'est partit !

 

David prit le volant et la voiture démarra en direction de Nantes. Pendant tout le trajet les deux de devant se racontaient tout et rien, demandant parfois son avis à Paul sur la question. Mais honnêtement, savoir si le beurre doux ou le beurre salé était mieux il n'en avait rien à faire. Il devait se concentrer sur sa compétition. Nationale, primordiale pour se qualifier au rang suivant et celle qui devrait lui permettre de se faire une place dans ce monde fermé de l'escrime professionnelle.

Il a toujours su qu'il serait escrimeur. Mais une rivale lui avait toujours volé la vedette. Maintenant c'était à lui de montrer ses preuves, sans qu'elle ne puisse lui faire de l'ombre.

 

Dès son arrivée, Paul sentit la pression monter en flèche, il se dépêcha de commencer ses étirements et échauffements avant de mettre sa tenue. Sa mère avait rejoint les gradins et lui adressait des petits sourires accompagnés de signes quand il croisait son regard.

Le gymnase était immense, intimidant peut-être mais Paul avait vu plus grand, un jour, il sera premier mondial, il faut s'habituer à l'immensité dès maintenant.

La pression retomba lorsque ses amis arrivèrent, ils s’entraînèrent ensemble avant que les poules ne soient révélées.

– Woo t'es avec Adam ! J'ai hâte de voir ça !

– Il était premier l'année dernière, tu vas voir ça te booste de tirer contre lui !

– Ta mère elle va filmer hein ?

Paul n'était que reconnaissant d'avoir des amis aussi motivés et bons joueurs. Il était le meilleur de sa tranche d'âge au club et appréhendait l'arrivée de nouveaux tireurs qui voudraient se monter contre lui. Mais ça n'était jamais arrivé, tous ses camarades préféraient l'encourager à être le meilleur pour fièrement représenter leur petit club de campagne.

Paul se prépara mentalement, Adam était son premier adversaire et malheureusement pour le tireur, il n'y aura qu'un seul gagnant.

 

Ce sera lui.

 

Paul ajusta son masque avant d'entrer sur la piste. Il attendit patiemment que son adversaire montre le bout de son nez, qu’il puisse commencer à le juger à l'œil nu. Adam était en retard, le juge appela encore une fois le jeune homme au micro mais rien ne se passa.

Il est malade ? songea Paul en contemplant la foule, dont certains avait déjà commencé. David avait mentionné une épidémie de grippe dans leur club.

 

Alors que le juge semblait résolu à déclarer Paul vainqueur, une silhouette sortit des vestiaires et se dirigea vers eux. Il était dans le mauvais vestiaire…

Déjà vêtu et masqué, son adversaire prit place en face de lui. Il tenta de discerner les intentions de son adversaire à travers leurs masques, en vain.

Les deux adversaires se placèrent sur leurs terrains respectifs, Paul lança un coup d'œil vers sa mère, appareil photo de seconde main braqué vers lui.

 

– Saluez-vous !

 

Ciel pensa-t-il en brandissant son épée vers le ciel. Vie Il prit son arme contre son cœur. Terre…. Sa lame brandie vers le sol.

 

– En garde ! s’exclama le juge en levant les bras.

 

Paul inspira.

 

– Prêts ?

 

Paul expira.

 

– Allez !

 

C'est partit.

 

Immédiatement, Paul se précipita vers l’avant de sa jambe gauche pour exécuter une flèche, une attaque rapide, agressive, lui permettant d'allonger son corps et marquer facilement.

 

– Halte ! Point !

 

Le juge désigna Paul d’une main. Le combat allait être plus facile que prévu : les mouvements de son adversaire étaient rouillés, Paul marqua un autre point facilement.

Et il était premier l'année dernière ? Il s'est ramolli. commenta subconsciemment le jeune tireur. Adam avait plein de failles dans son jeu, alors lorsqu'il lui en donna une autre, Paul s'y précipita. Son adversaire recula d'un mouvement rapide et effectua une contre-attaque en retraite, son épée atterrissant sur son épaule.

 

– Halte !

 

Hein ?

 

– Point ! interrompit le juge en levant la main du côté de son adversaire.

 

Le jeune homme reprit sa respiration, comment un tireur aussi bien placé pouvait utiliser des ruses aussi simples ? Et elles fonctionnaient en plus. Après s’être replacé à la bonne position sur la piste, Paul reprit le combat, et à nouveau tomba dans un autre des pièges fourbes d'Adam. Il arrivait à marquer des points, mais les ruses de son adversaire lui tapaient sur le système. Ce jeu lui rappelait cette peste indigeste.

Après une énième feinte, Paul en eut assez et continua son attaque jusqu'à faire reculer Adam derrière sa ligne de fond. Alors qu'il s'apprêtait à marquer le dernier point, celui de la victoire, il s'élança, pied droit en avant. Qui se fit heurter par son adversaire et il glissa, tombant tête la première hors piste.

– Halte ! Carton jaune pour comportement non sportif.

– A quoi tu joues, Adam ? pesta Paul en se relevant, vérifiant que l'idiot n'avait pas foulé sa cheville.

Mais son visage était indéchiffrable derrière le masque.

 

– Hey, attendez ! Je crois qu'il y a eu un problème !

 

Se précipitant à côté du juge, un petit brun. C'est quoi le problème encore ? Avant de comprendre quelque chose : on lui avait déjà parlé d'Adam, on lui avait déjà décrit le garçon, brun, des boucles, la peau foncée… Alors que adversaire, malgré le manque de visibilité que lui imposait le casque, avait bel et bien la peau blanche. Paul se détendit immédiatement. Oh, c’est juste le mauvais adversaire, ça explique son niveau branlant.

 

– Halte ! Carton noir pour violation majeure des règles de la compétition. Veuillez sortir de la piste.

 

Son adversaire, au lieu de faire demi tour et rejoindre le bon terrain, préféra se diriger vers Paul et lui rentrer dedans, le faisant tomber au sol.

 

– C’est quoi ton problème, mec ?!

 

Paul retira son casque et alors que la silhouette s’éclipsait du gymnase, elle se retourna, sans son masque, ses cheveux blonds et son visage insupportable étaient très reconnaissables.

 

– Ariane !

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