Chapitre 1 - Terminus

La locomotive siffla une dernière fois avant de s’enfoncer dans les ténèbres de la nuit.

Séraphine papillonna des yeux. Elle était nichée sur une banquette de velours sombres, bercée par les secousses irrégulières du train. L’éclairage tamisé éclairait légèrement les autres personnes présentes avec elle, offrant une teinte irréelle au wagon.

D’un geste instinctif, l’adolescente chercha son téléphone. Absent. En fronçant les sourcils, elle fouilla ses poches. Toutes vides. Elle n’avait plus aucune affaire personnelle. Son coeur s’emballa avec nervosité, bien qu’elle tentât de le calmer. Où étaient-elles ? Elle n’avait plus de téléphone, plus de porte-monnaie … Plus rien.

La jeune fille balaya le wagon du regard. Il y avait douze autres passagers, tous aussi perdus qu’elle. Certains chuchotaient nerveusement à leurs voisins, mais la plupart observaient silencieusement ce qui se passait.

Où étaient-ils ? Une brume opaque tapissait toutes les fenêtres, les empêchant de voir l’extérieur du train.

Il était évident que quelque chose clochait. Personne ne semblait savoir la raison de leurs présences ici - et encore moins la façon dont ils étaient arrivés.

Séraphine se tourna vers la fille à côté d’elle. Des cheveux blond clair cascadant dans son dos, à moitié attachés dans ce qui restait d’une queue-de-cheval, des yeux gris fatigués sous des lunettes rondes, des centaines de points noirs sur son nez, un parfum de cerise, et un pull dépareillé… Elle n’eut aucun mal à reconnaitre Philae, son amie d’enfance - et également son seul repère dans ce décor inconnu.

Un soupire de soulagement s’échappa de sa bouche, alors que ses épaules s’affaissèrent doucement. Heureusement, elle n’était pas seule.

– Philae, c’est quoi ce délire ? Chuchota Séraphine.

L’autre ne répondit pas. Son regard était fixé sur la porte du wagon, où une silhouette venait d’apparaitre.

C’était un homme en uniforme sombre, le dos droit et la stature imposante. Ses traits étaient impassible, alors qu’il tenait un coffret en bois, sur lequel s’entrelaçait d’étrangers symboles dorés.

– Bienvenue à tous et à toutes dans ce train, déclara-t-il d’une voix glacial, Vous devez avoir plein de question n’est-ce pas ? Sachez que vous obtiendrez toutes les réponses ( il s’avança légèrement avant de continuer lentement ) en temps et en heures.

Philae fronça des sourcils avec inquiétude, alors qu’elle reculait instinctivement sur son siège.

– Tout d’abord, sachez que je m’appelle Erio Peteers et que je serai celui qui vous accompagnera pendant tout votre voyage dans ce train.

Il foudroya du regard les adolescents avant de continuer.

– Et que je ne répondrai qu’au nom de M. Peteers.

Personne ne protesta. Tous restèrent immobile, tentant de retenir leurs tremblements et peurs évidentes.

– Enfin, bref, ne restons pas trop longtemps sur ce point-là, ce n’est pas le plus important.

Tout en continuant d’avancer lentement, ledit M. Peteers, distribuait lentement divers accessoires à chacun des adolescents. Lorsqu’il arriva vers Séraphine et Philae, il resta quelques instants à observer la deuxième avant de leur tendre une paire de gants et deux bracelets.

– Bien. Maintenant que vous les avez reçu, je vous laisse. Je reviendrai dans quelques dizaines de minutes pour voir si vous avez avancé.

Sur ces mots, il quitta le wagon, laissant les adolescents livrés à eux-mêmes. Le silence survint bientôt, entrecoupé par le bruit du train qui avançait.

– A ton avis, qu’est-ce qu’on doit faire ? Chuchota Séraphine.

Philae hésita un instant, jouant nerveusement avec ses bracelets. Ses yeux gris faisaient des aller-retours entre ses mains et les bijoux que lui avait donné M. Peteers.

– Je ne sais pas Séraphine… Je ne sais pas, répondit-elle.

Séraphine prit lentement les gants qu’elle avait récupéré. Ils étaient fait d’un cuir brun décoré de béliers dorés qui s’affrontaient. M. Peteers voulait-il qu’elle les enfile ?

Avec une inspiration, servant à lui insuffler un minimum de courage, l’adolescente les enfila dans un mouvement brusque, arrachant un cri d’effroi à Philae.

– Qu’est-ce que tu fais ? S’écria la jeune fille.

Séraphine ne répondit pas. Une chaleur sans nom avait entièrement pris place dans son corps, alors qu’une odeur de brulée l’envahissait. Ses doigts picotaient douloureusement, mais elle ne ressentait ni le besoin, ni l’envie d’enlever ses gants.

Sa vision se brouilla doucement et elle sombra dans un autre monde. Lorsqu’elle se réveilla, le wagon avait laissé place à un volcan endormi, entouré de divers champs.

Devant la jeune fille, une autre personne jouait avec des épées. Ses cheveux roux bouclaient tout autour de sa tête, faisant ressortir ses yeux d’un brun aux reflets rouges. Ses traits étaient durs et fatigués.

– Séraphine ? Je suis heureuse que ce soit toi qui ait enfilé un des objets divins en première, avoua la femme en continuant de s’amuser avec ses armes.

– Qui êtes-vous ? Se méfia l’adolescente.

– La divinité qui t’a offert ces gants - ainsi que les pouvoirs qui vont avec. Appelle moi Erynie.

– Quels pouvoirs ?

– Ceux que tu auras lorsque tu te réveilleras. Ceux qui étaient les miens lorsque j’étais sur Terre. La maitrise du feu.

– Tu es morte ? Et quelle maitrise du feu ?

– Pas vraiment. Mais je t’expliquerais tout plus tard. Et oui, lorsque tu te réveilleras, tu pourras maitriser le feu. C’était mon pouvoir, avant, et ce sera le tien à ton réveil.

– Je devrais maitriser le feu ? S’étonna Séraphine.

– Bien sûr. Et j’espère que tu le feras avant que les autre ne maitrisent leurs pouvoirs respectifs.

– Les autres aussi ?

– Tu comprendras tout plus tard. Pour l’instant, tu dois seulement te réveiller, et montrer aux autres que tu es meilleure.

Presque aussitôt, Erynie claqua des doigts, étourdissant Séraphine. Ses yeux se fermèrent alors que l’odeur de brulée et les picotements reprenaient. Lorsqu’elle se réveilla, elle était de retour dans le train, sous les yeux effarés de Philae.

– Séraphine ? Hoqueta l’adolescente.

 

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Phideliane
Posté le 09/03/2025
Alors premières impressions : Est on dans un hunger game, dans le galaxy express 999, dans un cauchemar pour ado (pas de téléphoooooone)? J'aime bien c'est un mélange sympa, on se pose pleins de questions, on est en haleine. Roman jeunesse je suppose? Bravo en tout cas, c'est rythmé avec une point d'angoisse.
Reglisse000
Posté le 09/03/2025
Merci beaucoup de ton commentaire ! Oui, en effet, c'est plutôt un roman jeunesse !
P’titPapyrus
Posté le 08/03/2025
Salut salut,
J'ai litéralement adorééééééééééé ton prologue. Ton entrée en matière est toppp. J'espère que tu vas continuer.
Si tu veux passer lire mon histoire tu es le/la bienvenue
bisous bisou
Reglisse000
Posté le 09/03/2025
Merci beaucoup ! D'accord, j'irai bientôt voir !
sakumo91
Posté le 03/03/2025
C'est une très bonne entrée en matière, le rythme est fluide. C'est agréable à lire et les réactions de Séraphine sont compréhensibles sans être trop expliquer.
Astere24
Posté le 03/03/2025
merci !
ZAODJA
Posté le 03/03/2025
Salutations,

Quel plaisir ce petit prologue ! L’écriture est très fluide. Pas de phrases trop longues. Les descriptions sont subtiles, juste ce qu’il faut pour visualiser.

Quant à l’histoire, j’adhère totalement ! Y a-t-il un rapport avec les signes astrologiques ? L’idée que chaque enfant se lie a un objet et possède un pouvoir différent, j’adore. Vivement la suite.

Tu pars directement dans ma PAL.

Bonne continuation dans ton projet !

Zao
Astere24
Posté le 03/03/2025
Bonjour

Merci bien !

Il y a un léger rapport avec les signes astrologiques en effet !

Merci beaucoup
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