Chapitre 1 - Une vie ordinaire

Je m’appelle Chloé. Je suis en terminale, et ma vie est, pour ainsi dire, parfaitement banale. Pas dans le mauvais sens du terme, juste… ordinaire. Le genre de vie qu’on ne prend pas la peine de raconter parce qu’elle ressemble à tant d’autres.

Je me lève chaque matin à 6h45, appuie deux fois sur « répéter » avant de finalement me traîner hors du lit. Mon téléphone est la première chose que je saisis. Je lis quelques messages, fais défiler un peu TikTok, puis je m’habille, enfilant la première chose qui me tombe sous la main. Toujours un pull trop large, toujours un jean confortable. J’attrape mon sac, enfile mes écouteurs, et me dirige vers le lycée, bercée par la musique.

J’ai toujours aimé chanter. Pas au point d’en faire une carrière, ni même de monter sur scène. Juste… chanter pour moi-même. Quand je suis seule, dans ma chambre, sous la douche, ou même en marchant dans les rues désertes. Je n’ai jamais vraiment cherché à m’améliorer. C’est un passe-temps, rien de plus. Et puis, pour être honnête, l’idée de me mettre à nu devant les autres me terrifie.

La journée au lycée suit un schéma immuable. Les cours, les pauses à discuter avec ma meilleure amie, Lina, les devoirs qu’on bâcle à la dernière minute. À midi, on mange à la cantine, on râle sur la nourriture, puis on retourne en classe. Parfois, je me surprends à fredonner en écrivant, sans même y penser. Lina lève alors la tête et sourit :
— Toujours en train de chanter, toi.
Je hausse les épaules. C’est juste une habitude.

Après les cours, je rentre chez moi, balance mon sac sur le lit et me laisse tomber sur le matelas. J’aime ce moment. Celui où la journée s’arrête enfin, où je peux m’enrouler dans ma couverture et écouter mes chansons préférées sans penser à rien.

C’est un vendredi soir, alors que je fouille dans mes affaires pour retrouver un vieux carnet de notes, que je tombe dessus. Un cahier à la couverture usée, posé au fond d’un tiroir. Je fronce les sourcils. Je ne me souviens pas l’avoir déjà vu. Il n’a rien de particulier, si ce n’est son état un peu trop impeccable pour un cahier oublié. Curieuse, je l’ouvre.

Les premières pages sont remplies de paroles de chansons. Rien de surprenant en soi, j’ai toujours écrit quelques phrases ici et là, des ébauches de mélodies qui me traversaient l’esprit. Mais ce n’est pas mon écriture.

Je tourne les pages, mon cœur battant un peu plus vite. Les paroles résonnent étrangement en moi. Elles parlent de choses trop précises, de souvenirs trop personnels. D’un goûter d’anniversaire où j’avais pleuré en cachette, d’une dispute avec Lina que je n’avais racontée à personne. Je referme le cahier d’un geste brusque, comme si son contact brûlait mes doigts.

Impossible.

Et pourtant, j’ai l’étrange sensation que ce cahier sait des choses sur moi.