Je reste là, assise sur mon lit, le cahier posé devant moi comme s’il allait bouger tout seul.
Je vis encore chez mes parents, dans cette chambre qui n’a presque pas changé depuis mes dix ans. Les murs sont toujours couverts de posters et de souvenirs d’enfance, quelques peluches traînent encore sur une étagère, vestiges d’un passé que je n’ai jamais vraiment voulu laisser derrière moi. C’est un endroit rassurant, figé dans le temps, où rien ne devrait me surprendre.
Et pourtant, ce soir, j’ai l’impression d’être une étrangère entre ces quatre murs.
Je jette un regard vers la porte entrouverte. Mon père est dans le salon, absorbé par un match de foot, et ma mère, dans la cuisine, fredonne une vieille chanson en préparant le dîner. L’odeur du gratin emplit la maison, un parfum habituel, réconfortant. Mais même cette routine n’arrive pas à calmer l’inquiétude qui me serre la poitrine.
Je rouvre le cahier avec précaution, comme si une simple page tournée allait changer ma vie.
Les phrases écrites sont si précises que j’ai l’impression qu’elles ont été extraites directement de ma mémoire.
"Elle chante quand personne n’écoute. Pas pour être entendue, juste pour se souvenir qu’elle existe."
Mon souffle se coupe.
Ce sont mes pensées. Pas exactement avec ces mots, mais… c’est moi.
Je feuillette les pages avec plus d’empressement, à la recherche d’une explication, d’un indice. Mais les paroles s’enchaînent, racontant des fragments de ma vie avec une justesse troublante. Ma première scène ratée en cours de musique, où ma voix avait tremblé au point que le prof m’avait demandé si je voulais m’arrêter. Ma tentative d’écrire une chanson entière avant d’abandonner, persuadée que ce que je faisais n’avait aucun intérêt.
Je referme le cahier brutalement et le balance sur mon bureau.
Ce n’est pas possible. Quelqu’un se moque de moi.
Mais qui ? Lina ? Non, elle ne connaît pas tous ces détails. Mes parents ? Encore moins.
Je me lève, fais quelques pas dans ma chambre pour essayer de reprendre mes esprits. Ce cahier n’était pas là avant, j’en suis certaine. Alors comment a-t-il atterri dans mon tiroir ?
Je jette un dernier regard vers lui, comme s’il allait m’apporter une réponse. Mais ce n’est qu’un objet inerte, une relique sortie de nulle part qui me connaît mieux que moi-même.
Décrire le personnage principal de façon indirecte (ses parents, une amie, ce qui meuble sa chambre) est une bonne idée. Mais je trouve qu'il gagnerait en épaisseur si tu laissais davantage cette présentation se faire petit à petit, sans immédiatement la projeter dans l'intervention de l'élément "fantastique" qu'elle va devoir appréhender. D'autre part tes chapitres sont vraiment courts; ils ont une efficacité certaine mais cela aussi empêche de "vivre un temps" avec l'héroïne et donc de bien la cerner.
J'attends en tout cas la suite avec curiosité.
Concernant la longueur des chapitres, j’ai fait ce choix délibérément pour maintenir un certain rythme et garder une tension narrative. J’aime l’idée que chaque chapitre apporte juste assez d’éléments pour intriguer le lecteur sans tout révéler d’un coup, un peu comme un puzzle qui se dévoile morceau par morceau. J’espère que ce format court permet aussi d’accentuer l’immersion et de rendre l’histoire plus addictive.
En tout cas, ça me fait vraiment plaisir de voir que le mystère fonctionne, et j’ai hâte d’avoir ton avis sur la suite !