Depuis leurs dernières conversations et les lettres de menaces, Damien était particulièrement inquiet pour son ami d’enfance. Il ne pouvait pas en parler outre mesure avec Martial au risque d’être obligé d’aborder le sujet du passé et de reconnaître que la clé du problème était bien quelque part là bas , il y a trente ans.
Il ne savait comment s’y prendre pour le convaincre d’arrêter ses expériences stupides avec son soi disant professeur. Il avait continué à rechercher des informations concernant ce dernier sur internet. Ce qu’il avait découvert n’était pas fait pour le rassurer.
Outre que les patients finissaient par disparaître sans laisser de trace, Mr Pingh était définit comme une sorte de gourou qui prenait l’ascendant psychologique sur ses victimes.
Mais pouvait-on valablement faire confiance aux réseaux sociaux ? Tout et n’importe quoi pouvait être écrit sur ces moyens de communication modernes. Dans tous les cas, aucune enquête n’avait été ouverte au sujet des soi-disantes disparitions de patients.
Cela tendait à accréditer la thèse que les patients avaient peut-être tout simplement choisi de se fondre dans l’anonymat après des expériences pas très valorisantes pour eux.
Peut-être estimaient ils avoir été drogués ou manipulés ; dans les deux cas, ils avaient préféré ne pas ébruter leur mésaventures peu glorieuses.
En Europe, on trouvait peu de trace du passage de Mr Pingh. Assurément polyglotte et assez aisé pour descendre dans les meilleurs hôtels et louer de belles voitures, il disait à qui voulait l’entendre qu’il menait un programme de recherche mondial financé par les grands laboratoires internationaux.
Cela suffisait à rassurer la plupart de ses patients qui s’en tenaient à ces propos, trop satisfaits de retrouver le bonheur de leur passé.
Cela faisait plusieurs jours que Martial n’avait pas donné signe de vie et Damien se fixa de l’appeler le soir même pour prendre de ses nouvelles. Il pensa que c’était un appel de son ami lorsque son portable vibra sur la table. L’écran affichait « numéro masqué ».
Professionnel, en temps normal, il ne répondait pas à ce genre d’appels la plupart du temps publicitaires. Mais pas pour cette fois, quelque chose lui disait que cet appel était important.
« Ne dites rien et écoutez moi » La voix était forte, très masculine, peut être même à l’excès, elle se voulait intimidante.
« Votre ami nous cause un petit problème. Nous avons eu écho des ses expériences vers le passé. Vous savez que nous le surveillons de très près. Personne ne voudrait qu’il lui arrive un accident. »
L’homme laissa s’écouler quelques secondes pour apprécier l’impact de ses paroles sur son interlocuteur.
« Vous savez ce qui va se passer….. »
Lorsqu’il eu terminé sa diatribe, l’inconnu raccrocha sans ménagement.
Damien se laissa tomber sur le canapé, effondré par ce qu’il venait d’entendre. Le temps n’avait donc rien effacé, le passé était en train de les rattraper, lui et son ami d’enfance.