« Je peux tout t’expliquer Damien »
Avant même qu’il puisse continuer, ce dernier rétorqua avec un haussement de ton et une vulgarité que Martial ne lui connaissait pas.
« Ne me dis pas que tu as envoyé cette merde comme ça avec le nom de notre société en bas de page. C’en est fini pour nous sur Marseille, tu sais très bien que le monde est petit, surtout celui des archi. Martial, je ne sais pas ce qui t’arrives, je te trouve bizarre depuis quelques semaines mais là tu viens de signer notre arrêt de mort professionnel sur la région. »
Brutalement, le silence se fit dans l’appartement aussi pesant qu’avait était la violence des dernières phrases prononcées.
Se prenant la tête entre les mains, Damien reprit de plus belle :
« Mais qu’est ce qui t’es arrivé, mon vieux, tu tombes amoureux et tu perds la boule. Et je te signale que tu m’entraînes dans ta galère car je suis associé à 50% avec toi. Ma réputation ne va pas y échapper. Je nous donne pas trois mois pour que nos prescripteurs nous retirent leur confiance »
Il se laissa tomber sur le canapé, comme anéanti par ce qu’il venait de découvrir. Martial avait fait preuve d’une incompétence hors du commun sur un projet qui exigeait une rigueur et un professionnalisme exemplaire.
« Bon, comment te dire, je vis une expérience qui dépasse l’entendement. Tu ne vas pas le croire et pourtant c’est la vérité. Damien, je ne sais pas vraiment ce qui m’arrive. »
« Je te parle business et toi tu veux me répondre pas une histoire de cul, tu débloques complet mon pauvre »
« Attends, ce n’est pas du tout ce que tu crois, ce n’est pas une histoire de cul comme tu dis, c’est une histoire d’amour »
« Nous y sommes, c’est bien ce que je disais, monsieur tombe amoureux et envoie tout balader. Martial, tu n’as plus dix huit ans »
« Si justement »
Damien avait pris cette dernière annonce au second degré comme on peut dire j’ai dix huit ans dans la tête, je me sens toujours aussi jeune.
Mais son ami renchérit :
« J’ai fait un test clinique, plus précisément une expérience de retour dans le passé, qui a réussi, je me suis retrouvé au côté d’une jeune fille, et je ne sais pas pourquoi j’ai l’impression de la connaître mais sans l’avoir jamais vu et le pire dans tout ça est que je ressens quelque chose de fort pour elle et il me semble que c’est réciproque »
D’un bon Damien s’était levé et se tenait face contre face avec son ami. Sans dire un mot, il fronçait seulement les sourcils et son regard se concentra sur celui de Martial comme pour percer la vérité dans ce qu’il venait d’entendre. Ses pupilles se déplaçaient de gauche à droite et de droite à gauche comme pour explorer le subconscient de son ami
Il connaissait trop bien Martial pour savoir quand ce dernier lui racontait une histoire à dormir debout. Mais là, quelque chose lui disait que les propos qu’il venait d’entendre étaient bien sincères et c’est justement ce qui l’inquiétait le plus.
« Attend Martial, calmons nous » reprit-il d’une voie pleine d’empathie. Tu as certes fait un test d’hypnose, tu as tout simplement rêvé, tu vas oublier tout cela et tout va rentrer dans l’ordre.»
Il avait posé une main sur l’avant bras de Martial en signe d’apaisement, comme un docteur qui se veut rassurant après l’annonce d’un diagnostic.
« Non, non, ne crois pas ça, il ne s’agit pas d’hypnose. Cela ce passe avec des comprimés que tu avales et tu es transporté dans le passé. Tu te retrouves à vivre ta propre vie dans le passé. Tu peux réfléchir, sentir, toucher, avoir des émotions ou ressentir des sentiments »
« Oui, pourquoi pas si tu lâches prise complètement, je veux bien croire que tu te sentes bien dans ce nouvel état au point de te croire dans la réalité »
« Non Damien, on peut retourner vivre dans le passé, j’en sui sûr »
«Tu sais très bien que c’est impossible. Qui a pu te mettre cette idée en tête »
« Ce n’est pas une idée, c’est une réalité, je te le dis et j’en suis sûr. Le professeur pourra te le confirmer »
« Le professeur ? Quel professeur » ?
« Le docteur Pingh, celui avec lequel je fais ces expériences. »
« Puisque tu me dis que c’est un test médical, tu es suivi par une équipe, n’est ce pas ! A quel hôpital de Marseille fais tu ça ? »
« Ce n’est pas tout à fait dans un hôpital, c’est juste une affaire entre le docteur et moi seul »
« Attends, Martial, tu es en train de me dire que tu fais des expériences sur un voyage dans le passé avec un professeur inconnu et je ne sais dans quel endroit sordide »
« Pas tout à fait, pas tout à fait, c’est dans un laboratoire inoccupé mais il y a tout le matériel, je t’assure….
….en cas de problème au retour »
« Au réveil tu veux dire ! » s’empressa de corriger Damien, le visage de plus en plus anxieux et de rajouter :
« Ecoute Martial, je pense que tu es en train de faire une grosse bêtise. Ne renouvelle pas ce genre d’expérience, c’est dangereux tu comprends. Ce professeur Pigh…
« Pingh ! »
« Oui c’est ça, ce Pingh est sûrement en train de te droguer pour je ne sais quoi, t’attirer vers une secte, te prélever des organes mais cela ne me dit rien de bon dans tous les cas. Je dois retourner à Bordeaux dans la journée pour signer une grosse commande en soirée, ne fais rien, repose toi et on s’appelle demain dans la journée. Ça te va, on fait comme ça ? »
Le calme était totalement revenu dans la pièce au point d’en être suspect. Les deux hommes tentaient de faire bonne figure mais l’un comme l’autre savait qu’il n’avait pas convaincu et réciproquement.
Damien tenta de changer de sujet au cours de la demi-heure suivante mais sans conviction, puis il se leva. Les deux hommes s’étreignirent et se séparèrent non sans les ultimes recommandations de Damien pour son ami d’enfance.
La porte refermée, Martial saisit son téléphone portable et composa le numéro du professeur.
La scène est convaincante, j'avais peur au départ que Damien ne croit à cette histoire un peu trop vite, mais au contraire tu le fait réagir comme une personne le ferait dans la vraie vie ("arrête de prendre des drogues mon ami ^^")
Pas grand chose à dire sur cette séquence, les dialogues sont fluides, tout s'enchaine parfaitement.