Chapitre 18 : La fin d’une aventure

Vico, Tide et Kaylen furent envoyés en prison avec une condamnation exemplaire. Beaucoup de ceux qui avaient subi leurs sévices témoignèrent contre eux, révélant leurs véritables visages aux yeux de tous.

Une gigantesque cérémonie eut lieu en l'honneur de Kein qui fut promu au rang "Légendaire" à titre posthume. À l'intérieur de son cercueil, une plume du Phénix se trouvait entre ses mains croisées sur son torse. 

Stelca atteignit le grade "Héroïque", et les trois chasseurs accompagnant Kein au Mont Vulkano, montèrent "Élite".

Avant de repartir pour Estajos, Pragma fit ses adieux à ses deux amis. Ils se retrouvèrent chez Comen pour parler d'une coïncidence improbable.

— Des Keturs vivent ici ? s'interrogea Akao.

— Incroyable, non ? C'est Delaf qui m'en a parlé à la cérémonie. Il était surpris qu'un Ketur traîne avec une Jasienne comme moi, répondit Stelca.

— Comment il connaît les Keturs celui là ? s'interrogea Akao, perplexe.

— Apparemment une centaine d'entre eux vivent dans un quartier modeste de Jase. Ils fournissent leur magie du feu pour faire fonctionner toutes nos machines et nos robots, et ils sont plutôt bien rémunérés grâce à cela.

Akao fronça les sourcils, se répétant ce qu'il venait d'entendre pour être sûr d'avoir bien compris. Lorsque Comen ajouta une couche d'information.

— Tu te souviens que je croyais t'avoir déjà vu ? En fait, le dépanneur était un Ketur et je l'ai donc confondu avec toi, vu que tu avais la même couleur de yeux et de peau.

Akao remit de l'ordre dans ses pensées.

— Il y a des chances que mes parents soient ici alors ?

Stelca hocha la tête.

— Je connais quelqu'un qui pourra te laisser consulter un registre avec les noms des Keturs habitant ici.

Le visage d'Akao s'illumina.

— Sérieux ?! Génial, dire que je ne t'aimais pas spécialement. Finalement, tu sais être gentille. Merci Stelca.

— Ne commence pas à me faire regretter mon aide, lança-t-elle d'un regard moqueur.

Le lendemain, Akao trouva les noms de ses parents sur le registre. Il resta figé, incapable de croire à sa chance.

— Je n'en reviens pas, moi qui étais certain que j'allais mettre longtemps avant de les retrouver.

Le visage radieux d'Akao, laissait apparaître une légère pointe de déception.

— Tu n'es pas ravi ? demanda Stelca.

— Si, bien sûr, mais je me revoyais partir à l'aventure comme pour le Phénix.

— Après, rien ne t'empêche de t'installer avec tes parents pour devenir un chasseur de Jase et vivre d'autres aventures.

— Ce n'est pas bête ça. Mais du coup, tu ne seras pas en mesure de devenir la meilleure chasseresse de la cité. Dit-il d'un regard hautain.

— Je compte arrêter, donc fais-toi plaisir, je te laisse la place.

— Car tu estimes être meilleure que moi ? demanda Akao, en laissant échapper des flammes dorées de sa main droite.

— Absolument. Même si tes aptitudes au combat sont clairement celles d'un rang "Légendaire", ne crois pas qu'on atteigne les sommets seulement en comptant sur sa force. Les connaissances du terrain et des créatures sont tout aussi importantes. Et pour le moment, les tiennes sont à peine du niveau des chasseurs  "Apprenti". La preuve en est, que sans Pragma et moi, tu serais mort à cause des Salamandros.

— Je n'ai pas de leçon à recevoir de quelqu'un qui compte abandonner la chasse, dit Akao niant ses faiblesses.

— En tout cas, tu vas pouvoir retrouver tes parents maintenant, et ce n'est point grâce à tes flammes.

— Tu es clairement une fille désagréable, mais je te remercie et je n'oublierai pas que je te suis redevable.

— Profite bien d'eux, dit Stelca en connaissance de cause.

Elle fit ses adieux à Akao à la fois ravie et envieuse. Puis elle se retrouva chez Comen pour parler entre filles.

— Il a vraiment fait ça ? C'est sûr qu'il en pince pour toi.

Stelca regardait la plume du Phénix d'un air mielleux. Pragma était celui qui lui avait remis cette plume et permis de gagner le Koliseo. Et elle voyait en lui quelqu'un de différent de son père, quelqu'un d'attentionné prêt à tout pour ses proches.

— Tu comptes donc le rejoindre chez lui ?

— Je réfléchis, mais j'ai le sentiment que ma place n'est plus ici.

Comen comprit au premier coup d'œil ce que signifiait le regard de sa meilleure amie. Un sentiment de joie mais aussi de tristesse monta en elle.

— Tu as intérêt à revenir me voir quand même.

— Promis.

Akao s'avança vers une petite maison aux murs décrépis. Il leva une main hésitante, prêt à cogner à la porte, lorsqu'une voix enfantine l'interrompit.

— Hey ! Monsieur ! Que faites-vous devant chez moi, vous êtes venu me voir ?

Un enfant, ayant la peau mate et les yeux noirs, se présenta devant Akao.

— Tu es qui toi ?

— Je vous ai accompagné à Biblioteko, vous m'avez déjà oublié ?

— Ah bon ?! Mais tu n'étais pas blanc ?

Le garçon éclata de rire.

— Mais non, j'étais maquillé pour une pièce de théâtre ce jour-là.

La porte s'ouvrit brusquement.

— Avec qui tu parles, Suao ?

Akao se retourna, et ses jambes fléchirent. Il reconnut sa mère au premier regard.

— Maman...

Des larmes coulèrent sur ses joues alors qu'Annoa, incrédule, le prenait dans ses bras.

— Babao ! cria-t-elle, les yeux brillants. Viens vite !

— Qu'est-ce qu'il y a ? J'espère que tu ne m'as pas fait lever pour r...

Babao n'en croyait pas ses yeux, serrant son fils de toute ses forces.

— Mon fils, c'est bien toi ! On est tellement désolé avec ta mère de t'avoir laissé, dit-il en sanglotant.

Akao repensa aux brimades qu'il avait subi, mais tout cela n'avait plus d'importance maintenant.

— Ne vous en faites pas, grâce à cela, je suis non seulement devenu fort mais j'ai aussi vécu une aventure incroyable.

Après des années de séparation la famille était réunie, avec tout un tas de choses à se raconter.

Pragma après une semaine parvint à Estajos. Accompagnés de Luna, ils arrivèrent à la clinique, dans la chambre de sa mère.

Son état s'était aggravé, elle était allongée, avec son visage amaigri, qui reposait sur un oreiller confortable. Ses mouvements étaient limités à un usage particulièrement limité des bras et de la tête. Et elle était difficilement en mesure d'articuler des mots. Elle parvint tout de même à esquisser un sourire en revoyant son fils.

Le choc fut brutal pour ce dernier qui ne put s'empêcher de saisir la main de sa mère et de s'excuser, en pleurant, de ne pas être resté auprès d'elle.

— Tes lettres lui ont fait un bien considérable, elle s'est accrochée à la rééducation, retardant les effets de la maladie sur son corps.

— Désolé maman, bien que j'aie trouvé le Phénix, ses larmes n'ont pas les capacités de guérir quoi que ce soit.

Sa mère, grâce à un tableau de communication, avait les moyens de pointer du doigt une suite de lettres pour former des mots-clés, afin de mieux se faire comprendre. Elle épela, grâce à cela, les mots suivants : « Raconte, ton, aventure. »

Pragma conta tout son parcours à sa mère jusqu'à son retour à ses côtés. Celle-ci fut profondément heureuse d'entendre les péripéties de son fils. Puis ils restèrent tous les trois ensemble dans la chambre, regardant un film.

Le lendemain, il se rendit à la base des zoologistes marins.

— Pragma ?! Tu es de retour, tu es parvenu à trouver le Phénix ?

— Oui, mais il n'avait pas la capacité de sauver ma mère. Finalement, tu avais raison, Samanta, j'aurais dû profiter d'elle au lieu de me lancer à sa recherche... Sinon, Mr Fizzo est là ?

— Il est dans son bureau, tu comptes revenir chez nous ?

— Je ne sais pas. Je dois voir si ma famille a pu gérer convenablement la ferme sans moi, répondit l'éleveur de créatures en s'approchant de la porte d'entrée du bureau de son ancien chef d'équipe.

— N'oublie pas que tu seras toujours le bienvenu ici.

Pragma se retrouva devant Mr Fizzo lui expliquant brièvement son aventure au Mont Vulkano.

— Alors, comme ça, tu as perdu le fusil hypodermique que tu nous avais pris sans autorisation. Et tu viens nous voir juste pour nous annoncer cela.

— Je tenais à m'excuser.

— Le meilleur moyen de nous dédommager, c'est de travailler avec nous. Et vu le prix d'un fusil hypodermique, tu vas nous offrir quatre mois de dur labeur.

Pragma esquissa un sourire mélancolique.

— Je ne plaisante pas.

— Pardon Mr Fizzo, mais j'ai la ferme et...

— Je ne veux rien savoir, je n'accepterai aucun autre mode de remboursement que tes services. Et sinon, le Phénix, il était comment ?

— Sublime, j'ai même eu la chance d'avoir pu voler dessus.

— Ses ailes ne sont donc pas enflammées ?

— Si bien sûr, mais bizarrement elle ne brûle pas.

— En voilà, un oiseau particulièrement mystérieux.

— Navré Mr Fizzo, mais je vais retourner auprès de ma mère

— Prends soin d'elle, et merci pour le Manole. Si on a eu la possibilité de le récupérer, c'est grâce à toi.

Pragma était heureux d'avoir revu son équipe de zoologistes et ravi d'être assuré d'avoir encore sa place parmi eux.

Une semaine passa, alors qu'il regardait un film avec sa mère, une jeune femme entra dans la chambre.

— Bonjour madame Aspas, désolé de vous déranger, je m'appelle Stelca et je suis venue rendre visite à votre fils.

— Stelca ?! Qu'est-ce qu'il y a ? Il s'est passé quelque chose de grave ? s'inquiéta Pragma.

— Non, pourquoi tu penses ça ?

— Je ne sais pas, pourquoi tu serais venu ici sinon ?

— Je te laisse réfléchir !

La chasseuse partit aussitôt, se retenant de claquer la porte par respect pour Mariane. Cette dernière, levant difficilement son bras, montra du doigt la porte à son fils, lui indiquant d'y aller. Puis elle sourit lorsqu'elle vit son enfant se hâter pour rejoindre Stelca qui se dirigeait vers la sortie de la clinique d'un pas pressé.

— Stelca ! Attends !

— Tu as réfléchi ?

— Réfléchis ?

— D'après toi, si ce n'est pas pour quelque chose de grave que je suis venu de Jase jusqu'ici, c'est pourquoi ?

Pragma réalisa et se demanda si c'était réellement ce qu'il pensait. Lui aussi avait des sentiments pour Stelca, mais il préférait s'assurer que ce soit réciproque.

— C'est pour m..

Stelca posa ses lèvres sur celles de Pragma, qui, comme lors d'un combat, réagit très bien aux attaques et prolongea cet instant passionnel.

Suite à cela, le fils d'Aspas présenta la fille de Kein à sa sœur et à sa mère, qui acceptèrent toutes les deux sa venue au sein du foyer. Elle apprit à son nouveau conjoint qu'elle avait permis à Akao de retrouver sa famille qui se trouvait à Jase.

Un mois plus tard, le jeune Ketur disait au revoir à ses parents et à son petit frère.

— J'espère que Gaste nous rendra visite pour qu'on puisse passer un message à ton oncle, on lui doit beaucoup pour s'être occupé de toi.

— C'est une chance que je l'ai croisé lors d'une chasse. Au moins, il pourra raconter à tonton Amdjao tout ce que j'ai vécu et il passera vous voir ensuite. Il va probablement se faire plaisir en récoltant du feu ici, dit Akao en riant.

— Es-tu certain de ne pas vouloir continuer avec les chasseurs de Jase ? demanda Babao ?

— Je préfère être autonome que de suivre une équipe.

— Fais tout de même attention à toi, mon petit flambeau.

— Arrête de m'appeler comme ça maman, je ne suis plus un enfant.

— Dis grand frère, la prochaine fois tu m'emmènera avec toi ?

— Dès que tu auras atteint les 100°C avec ton eau, promis je te prends avec moi, petit frère.

— Tu as intérêt à revenir vite, encore 50°C et je les atteins.

Il se retrouvait à la sortie de Jase, sur son Sevalon. Et c'était avec un grand sourire qu'il partit à la recherche d'une autre légende.

Note de l’auteur : Merci d’avoir suivi cette aventure qui j’espère vous aura plu. C’est une histoire qui me tient à cœur, que je désirais partager pour rendre hommage à mon père. Il rêvait de voyager en Écosse et en Angleterre, et me sentant énormément redevable pour tout ce qu'il m'a appris, j'ai toujours cru que j'aurais le temps de l'emmener là-bas un jour. Mais sans que ma famille et moi-même ne nous en rendions compte, une maladie dégénérative apparue de nulle part lui a été diagnostiquée alors qu'il venait à peine d'être à la retraite, et je regrette encore aujourd'hui de ne pas avoir pu l'emmener dans ces pays tandis que j'en avais les moyens. Sûrement qu'avec le Covid, d'autres personnes ont vécu quelque chose de similaire. C'est pourquoi, "À la Recherche d'une Légende" a vu le jour pour ceux qui ont encore le temps de ne pas faire la même erreur que moi, et je remercie mon père pour cela. Navré pour cette note de fin assez triste, je ne tiens pas à vous attendrir avec mon vécu personnel, seul le message que je veux transmettre compte. Merci encore d'avoir lu jusqu'à la fin et pour vos retours qui vont m'aider à améliorer cette histoire :)