Chapitre 2

Je me réveille au son des tamtams qui martèlent mon crâne, et un gémissement m’échappe.

—  Ah, maman ours sort enfin de son hibernation !

Je grogne en entendant cette voix moqueuse.

— Kelsey, je t’ai déjà dit que ta bonne humeur des lendemains de soirée me donne envie de te noyer dans ma baignoire ? 

Elle rigole près de moi, et j’ai l’impression qu’elle essaye de transpercer mon cerveau avec un pieu dans l’oreille. 

— Tu devrais prendre une douche, Grincheux, parce que tu sens le putois bourré, chérie !

J’attrape ma taie d’oreiller et lui balance dessus alors qu’elle sort en riant de la chambre. 

Je sors à contrecœur de mon lit douillet et prends un legging gris et vert et un t-shirt blanc dans mon armoire avant d’aller dans la salle de bain. Trente minutes plus tard et après un démêlage en règle de mes cheveux indomptables, je m’installe à table ou Clara et Kelsey sont déjà assises. Je me sers une tasse de café avant de me préparer une tartine de confiture. 

Mes deux amies sont déjà lavées, elles aussi, mais là où Kelsey semble fraiche et lumineuse comme si elle sortait d’un spa, Clara a la même tête que moi, cernes et mal de crâne compris, au vu des cachets qu’elle s’empresse d’avaler. 

— Pourquoi est-ce qu'on s’entête à boire, pour être aussi mal le lendemain, gémit-elle en se frottant les tempes.

La succube rit, aussitôt fusillée par nos regards dignes de mitrailleuses mortelles.

— Je t’ai déjà dit que je te déteste, Kelsey ? marmonnais-je, boudeuse.

Elle se contente de secouer la tête avec un sourire moqueur aux lèvres.

Je bois tranquillement mon café, appréciant particulièrement ce breuvage a l’heure actuelle ou mon cerveau menace de rendre l’âme ! Je me dirige vers mon canapé pour allumer la télévision.

— Val, tu es un cas, même avec la tête au bord de l’explosion, il faut quand même que tu regardes les infos !

Je hausse les épaules.

— Déformation professionnelle, que veux-tu que j’y fasse ! 

J’attrape la télécommande quand un hurlement se fait entendre et que quelque chose passe devant ma fenêtre.

— Oh mon dieu !

Je hurle en ouvrant, m’obligeant à regarder vers le bas. Mes amies ont elles aussi accouru, et ce que l’on voit nous laisse en état de choc quelques instants alors que les habitants sortent en criant en voyant le drame, avant que l’instinct et les années de travail nous poussent à l’action. 

Je cours dans la chambre et attrape ma plaque quand des cris se font entendre au-dessus : j’entends distinctement appeler à l’aide. Je prends mon arme en grognant et saute dans mes baskets en jetant ma plaque à Clara. Je vois que Kelsey a pensé à prendre son arme, et me tourne vers Clara en sortant de l’appartement. 

— Va en bas, occupe-toi d’appeler l’équipe et de voir ce qu’il se passe !

Sans attendre, je m’élance dans l’escalier au pas de course, mon arme serrée entre mes mains. Je ne ralentis qu'en approchant du dernier étage, de là ou venaient les cris. Une femme est là, étalée au sol, et la porte menant au toit claque au bout du couloir. Je peste en courant, ouvre la porte en la percutant et monte les marches quatre a quatre, alors que Kelsey me rejoint après avoir vérifié que la femme allait bien.

La porte donnant sur le toit, faite de métal, m’aide. Je l’ouvre en grand grâce à mes pouvoirs et sors, mon pistolet pointé devant moi, inspecter le toit. Malheureusement, nous comprenons vite qu’il n’y a plus personne d’autre que nous ici. Cette personne s’est volatilisée.

— Putain ! Je frappe dans un tuyau se trouvant là, me foutant totalement de la douleur, trop énervée de l’avoir laissé s’échapper, qui que ce soit.

—    Bordel, mais comment a-t-il fait pour disparaître aussi vite, enrage mon amie.

Je souffle un bon coup pour relâcher la pression et sors mon téléphone. Clara répond rapidement. 

—    Alors ? demande-t-elle.

—    Évaporé, grinçais-je. Qu’est-ce qu’il en est, en bas ?

Je n’ose imaginer la scène qu’elle a devant les yeux, bien que nous soyons nous-mêmes en train de redescendre.

—    C’est… bordel, Valentina, Garrick va mettre la ville à feu et à sang ! 

Je deviens blême en entendant le nom du chef des pumas. Si elle dit ça, ça veut dire que…

—    Mon Dieu, Clara, qui ?!

—    Stephanie Warren.

Je marque un temps d’arrêt avant de descendre les marches restantes à toute allure, et sors en quatrième vitesse. À peine le seuil passé, j’entends Clara hurler.

—    Dégagez ! Rentrez chez vous ! Bordel, reculez ! Sinon, je vous arrête tous autant que vous êtes ! 

Je rejoins mon amie et siffle fort pour réclamer le silence parmi la foule.

—    Si vous ne dégagez pas le plancher immédiatement, je vous arrête tous pour obstruction à la justice ! Vous êtes en train de piétiner une scène de crime, nom de dieu ! 

 

Pour étayer mes dires, les sirènes se font entendre, et deux voitures de l’agence arrivent. La première est l’une des voitures de fonction, mais la seconde est celle du légiste. Je souffle, heureuse que Clara ai appelé toute la cavalerie. Jenny sort de la première avec Barry, et il accourt vers nous. 

Jenny voit qu’elle ne peut rien faire pour le moment et s’occupe de délimiter un périmètre pendant que Barry vient jusqu’à moi, et je vois au même moment Kylian sortir de son véhicule. 

—    Bon, qu’est-ce qu’on a ? demande le loup à mes côtés.

Je détourne mon regard du légiste qui est occupé à sortir son matériel et regarde notre victime, qui est sur le ventre.

—    Stephanie Warren, adopté enfant par la meute de pumas, membre à part entière du clan. À première vue, elle aurait sauté par la fenêtre du sixième étage, mais ayant entendu les cris d’une autre femme à cet étage, nous avons accouru. Elle nous a dit qu’un homme s’enfuyait par le toit, bien sûr, il n’y avait plus personne là-haut quand nous sommes arrivées. Donc au vu de tout ça, je dirais qu’on a un meurtrier dans la nature. 

Je reprends mon souffle et Barry siffle entre ses dents.

—    Eh merde, Garrick ne va jamais nous lâcher avec sa, va falloir qu’on fasse gaffe, sinon on va se retrouver avec une guerre sur les bras avant d’avoir compris ce qui nous arrive.

Je hoche la tête, la mine sombre. Kylian arrive à ce moment et s’agenouille près du corps. Je regarde Clara. 

—    Occupe-toi de voir s’il a besoin d’aide, je dois passer un coup de fil.

Je m’éloigne un peu et compose un numéro. 

—    Dépêche, dépêche, murmurais-je alors que ça sonne dans le vide.

Il répond finalement au bout de la quatrième sonnerie.

—    Walsh a l’appareil.

—    Michael, c’est Valentina, nous avons un problème. Un membre du clan des pumas vient d’être retrouvée morte.

Je lui répète rapidement les détails, jetant des regards autour de moi pour être sûr que rien ne sort de notre cercle. Je vois du coin de l’œil que Kylian est sur le point d’emporter le corps. 

—    Rentrez au bureau, Visioconférence à votre arrivée.

Il raccroche et je souffle en retournant vers mon équipe quand Kylian ferme les portes arrière et revient vers nous avec Barry, qui l’avait aidé.

—    On bouge, tous au DCES, conférence avec Walsh à notre arrivée.

Tous hochent la tête, Kelsey monte avec Kylian et Clara avec Jenny et Barry. Je remonte à mon appartement en vitesse, prends ma veste en cuir et mon casque, ferme à clé et ressors aussi sec. Je démarre en trombe et prends la route.

 

J’ai le sentiment que cette affaire va être un gros merdier !

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez