Il avait garé on bolide de l’autre côté de la rue et se dirigeait vers ce dernier d’un air totalement absent. Absorbé par ce qu’il s’apprêtait à faire, il traversa la rue s’en aucune précaution d’usage et faillit se faire renverser par une grosse cylindré aux vitres noires.
Il ne prêta pas attention à cet incident tellement il était concentré sur son prochain voyage, alors que plusieurs passants portaient sur lui un regard interrogateur. Il venait d’échapper à un accident sans même s’en rendre compte.
Tout semblait clair à présent pour lui. Il allait tenter l’impossible.
« Martial , coucou , vous m’évitiez ? »
Hébété, il fit volte face et découvrit le visage lumineux de sa compagne de salle de sport.
« Mathilde, oui , heu , pardon je ne vous avez pas vue .Excusez moi. Quel heureux hasard»
« Martial , il n’y a pas de hasard dans la vie , il n’y a que des occasions manquées. Mais je vous sens pressé, je ne voudrais pas vous retarder. Vous avez certainement un rendez-vous professionnel. »
« Pas vraiment professionnel. Comment vous dire, je dois retrouver une personne, mais c’est un peu compliqué ! »
« Pas de problème, je ne suis pas votre confidente » reprit-elle .
Elle acheva sa phrase dans un large sourire et encore une fois, comme par magie, Martial se senti transporté. Il était pris d’un double sentiment, aussi fort que contradictoire; l’envie que ce moment dure pleinement et le besoin de se détacher de l’emprise qui émanait de cette femme.
« Vous être……très….séduisante » furent les seuls mots qui lui vinrent à l’esprit et qu’il prononça avec beaucoup de maladresse. Il se trouva soudain très mal à l’aise, comme s’il s’était retrouvé dans sa jeunesse, totalement muet face à la plus belle fille de sa classe.
Mathilde perçut son malaise et essaya de faire diversion en changeant de sujet.
« Vous prenez bientôt quelques congés. Oh, excusez moi, j’ai peut être empiété sur votre vie privée. » Une fois de plus, elle finit sa phrase dans un sourire envoûtant.
Mais Martial était sous le charme de la jeune femme et plus précisément sous celui de son regard profond. Que m’arrive-t-il se dit-il en lui –même. Il avait l’impression de perdre le contrôle de ses émotions chaque fois qu’il se retrouvait face à elle.
« Vous m’intimidez beaucoup, le savez vous ? » Décidément, il avouait son ressenti, chose qu’il n’avait pas l’habitude de faire.
«Je vous savais pudique et maintenant timide, par-dessus le marché »
La discussion devenait de plus en plus difficile pour Martial. Il n’aurait su expliquer pourquoi mais cette femme savait lire en lui bien plus qu’il ne l’aurait cru.
Mettre fin à cet échange mais ne pas la blesser : tel était le dilemme qu’il avait à résoudre dans les minutes à venir. Surtout ne pas s’écarter de son objectif.
Dieu, se dit-il, pourquoi insiste t elle. Les occasions ne devaient pas manquer pour une femme comme elle dans une grande ville comme Marseille.
Leur conversation s’acheva sur quelques banalités.
Et soudainement il fut pris au dépourvu.
« Je peux vous embrasser ou dois je vous serrer la main » finit-elle par dire.
Avec la même maladresse que celle avec laquelle il lui avait parlé, il se rapprocha d’elle.