Chapitre 21 - Fatalité

Notes de l’auteur : Attention, quelques scènes assez dures peuvent heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Kentrony, dans la citadelle de Garnel Asage.

 

Les jours qui avaient suivi, le premier test de Loris s’était montré très difficile à vivre pour Manon. Andzrev l’avait toujours aidé à supporter les épreuves, si bien que Garnel Asage avait renversé son courroux sur lui. Manon avait eu le droit à un vrai baptême du feu, au sens propre, à l’isoloir, mais on l’avait aussi roué de coups. Sans comprendre pourquoi elle n’en avait gardé que de rares cicatrices et était toujours ressortie impassible de toutes ces tortures.

 

_ Je vois que tu as un mental d’acier et que ta peau a tendance à guérir seule, analysa Loris en prenant des notes dans un calepin.

 

En effet, à chacun de leur entrainement, Manon avait l’impression de quitter son corps. Elle se voyait vivre la scène, mais ne la ressentait pas pleinement et ne gardait que peu de traces des sévices infligés. En revanche une fois seule dans son lit de captive, elle cédait à la pression. C’était comme si sa conscience revenait à elle et avec elle, des souvenirs atroces. Le soir venu, elle reprenait conscience et pleurait de rage sans le dire à Solenne. Elle appelait son père, son frère, son âme sœur ou n’importe qui désespérément, mais cela ne fonctionnait jamais.

 

_ Quand est-ce que vous vous rendre compte que vous torturez une simple enfant ? N’avez-vous aucun état d’âme ? s’emporta Manon tandis qu’elle recevait une énième claque.

 

Au fur et à mesure, elle avait l’impression de perdre toute dignité. Si elle faisait toujours bonne figure devant sa sœur, son cœur était brisé. Une épée de Damoclès au-dessus de la tête, elle se demandait si elle arriverait un jour à s’en relever. Toutefois, chaque matin, elle se levait avec la volonté de se battre et de retourner la situation.

 

_ Aujourd’hui non plus je ne cèderais pas, ajouta-t-elle face à un Loris stoïque.

 

L’enfermement de Solenne était lui beaucoup plus paisible. Si elle avait assisté à la plupart des tortures de sa sœur, Garnel Asage s’était finalement résolu à la laisser tranquille. Peu enclin à la patience, il ne supportait pas ses supplications répétées pour protéger sa sœur.

 

_ Tais-toi ou ce sera au tour de ta sœur ! rétorqua son tortionnaire.

 

En effet, Garnel avait fini par trouver une utilité à garder Solenne captive. Son telsman si étrange l’intriguait et il voulait le tester pendant que Loris s’occupait de Manon. Comme celui de n’importe quels siréliens, le telsman de Solenne recevait les messages d’Andzrev ou de sa sœur. À part son apparence unique, il était similaire en tout point à ceux des Kalokas. De plus, elle aussi possédait une âme sœur avec qui elle avait pu se lier selon le recensement de son village.

 

_ Aujourd’hui, ta sœur va être étudiée de près par un gemmologue pour observer son amulette. Si tu veux que l’analyse s’arrête à la pierre qu’elle porte, ne fait pas la maligne plus longtemps, insista Loris.

 

Tandis que Manon était passée à tabac, le visiteur confirma les dire d’Andzrev. Solenne détenait bien une Sélénite. Sa teinte cristalline présentait une variété de couleur à l’image d’un arc-en-ciel. Présente sur le front de la Déesse Namon, sur le peu de représentations qu’on en avait, on la disait mystique comme les pierres des Kalokas, des Physés ou des Hylés. L’expert l’a définie comme apaisante aux facultés télépathiques et prémonitoires.

 

_ On reprendra notre petit échange plus tard, je dois m’occuper du gemmologue à présent, annonça Loris en essuyant le sang de ses mains.

 

En effet, à l’opposé de la salle de torture, le professeur attendait qu’on le raccompagne hors de la citadelle. Comme on avait plus besoin de lui une fois le diagnostic posé, Loris l’élimina froidement. Le visiteur aurait pu avoir reconnu Solenne et de toute manière aucun inconnu invité à rentrer chez Garnel Asage ne ressortait vivant, en général.

 

Bien que les deux sœurs dormaient dans des pièces attenantes, elles se voyaient peu. Seuls les repas et les douches leur laissaient des moments d’intimité. Manon se rapprocha en revanche d’Andzrev. Elle ne connaissait ni son nom de famille ni son âge, mais peu à peu, ils s’apprivoisaient tous les deux. Le télépathe était en réalité tout autant victime qu’elle.

 

Malade et assis dans un fauteuil roulant, il lui arrivait aussi de recevoir des coups. Cependant, contrairement à Manon, jamais Loris n’avait levé la main sur lui. Seul Garnel le faisait quand il perdait patience. Tel un enfant apeuré, Andzrev levait ses bras pour se protéger des mains gantées du ministre, sans jamais se plaindre. À force, Manon eut pitié de lui. On aurait dit un être broyé par le temps à qui on avait pris la jeunesse et la santé.

 

Elle ne connaissait ni son âge ni son passé, mais elle percevait une lumière en lui. Andzrev faisait tout pour limiter l’acharnement de celui qui se prenait pour son maitre. Il écourtait les tortures et se montrait attentionné avec Manon. Toutefois, ce fut la mine défaite qu’il vint la chercher ce matin-là. À l’aube, il l’avait pressée de s’habiller.

 

_ Je suis désolé, le moment est venu, souffla-t-il simplement.

_ Quel moment ? s’inquiéta Manon

 

La Kalokas lui posa des milliers de questions qui restèrent sans réponse. Ce n’était pas habituel qu’on vienne la chercher si tôt. Les deux sœurs avaient des journées bien rangées. Elles déjeunaient le matin seules dans leur chambre puis partageaient une douche. Enfin, Solenne revenait dans sa chambre où quelqu’un venait étudier son don ou son telsman. Pendant ce temps, Manon passait un sale quart d’heure avec Loris sous les yeux de Garnel Asage.

 

_ Pourquoi aujourd’hui ce n’est pas comme les autres jours ? continua Manon bien qu’on ne lui répondait toujours pas.

 

Le silence d’Andzrev et ce changement de rythme ne pressentaient rien de bon. L’anxiété du télépathe ne fit qu’accentuer celle de Manon. Elle sut qu’aujourd’hui, elle n’allait pas s’en tirer aussi facilement que d’habitude.

 

_ Maintenant, je vais prendre le contrôle de ton esprit, expliqua timidement le vieux télépathe.

 

Face à eux, Loris s’amusait à penser à des choses horribles et pour la première fois, ses envies de tortures n’étaient pas tournées vers elle, mais bien vers ses proches. Sous l’injonction de l’effroyable ministre, Andzrev diffusa ses pensées. Au tour de Manon, les images évoquées par Loris se propageaient.

_ Andzrev, je t’en supplie, ne fais pas ça ! implora Manon une première fois.

 

Devant elle, Manon voyait son frère se faire broyer les os puis se faire écarteler vivant tandis que sa mère mourait sous le joug de Loris, d’une balle en plein cœur. Les images réalistes lui donnèrent vite la nausée. Cependant, tout dégénéra quand Loris fît entrer une douzaine de miliciens dans la salle. À l’instar de leur chef, ils réfléchissaient à des scénarios horrifiques mettant en scène la famille Agape. 

 

_ Andzrev, arrêtez s’il vous plait…souffla l’adolescente.

 

Manon se noyait dans ces représentations malsaines bien qu’elle essayait tout de même de garder le cap. En effet, cette fois-ci, son âme était restée bien ancrée dans son corps et aucune aide extérieure ne lui parvenu. À force de voir ces images, Manon avait du mal à séparer la vérité de la fiction et personne n’interrompit la journée, quand en début d’après-midi Manon commença à se sentir faible. À jeun, elle avait du mal à tenir sur ses jambes. Elle se voyait se perdre, peu à peu, dans ces méandres terrifiants. Malheureusement, le reste de la journée s’écoula lentement jusqu’à que la jeune adolescente cède à la frayeur.

 

_ Je n’en peux plus…

 

Épuisée, Manon s’écroula enfin tandis qu’elle pleurait de rage et de haine. Impuissante, elle se tenait la tête en cherchant à fermer son esprit à toutes ces images intrusives. En vain. Si elle fermait les yeux, elle entendait les hurlements de ses proches. Quand elle tentait de se boucher les oreilles en même temps, elle avait l’impression que les voix faisaient écho en elle. Andzrev avait toujours le dessus sur son esprit. Désabusée, la jeune sirélienne prit alors Loris à partie.

 

_ Laissez-moi tranquille ! Vous me torturez dans le vide, vous voyez bien que je n’y arrive pas. Vous m’épuisez simplement ! Achevez-moi ou arrêtez cela ! Vous êtes un être immonde !  hurla-t-elle.

 

Loris eut l’air satisfait de cette injonction et déclara à Garnel que Manon était enfin prête pour l’étape suivante. Bien qu’il hésitât, le ministre posa son regard ténébreux, encadré de rides, sur Andzrev. Silencieusement, il déganta l’une de ses mains et invita le télépathe à continuer d’un geste de la main.

 

_ Eh bien mon cher Andzrev, fait ce que Garnel te demande. Achève-la ! s’écria Loris impatient.

 

Le télépathe parut s’enfoncer au plus profond de son fauteuil roulant, en proie aux doutes. Toutefois, son visage qui se tordait dans une grimace douloureuse demanda pardon à Manon avant de s’immiscer dans son esprit encore plus profondément. Plus aucune image de sa famille torturée ne se propageait au tour d’elle. C’était comme si, Adnzrev avait fait rentrer toutes les pensées des miliciens dont celle Loris dans la tête de l’adolescente.

 

_ Arthur… balbutia Manon.

 

L’adolescente eut l’impression d’être projetée dans une dimension parallèle, comme si elle s’était endormie. Elle voyait son grand frère, la supplier de l’achever parce qu’on lui avait coupé les jambes alors qu’il disposait d’un pouvoir de super vitesse. Blessé, il se trainait dans une mare de sang en s’accrochant à la cheville de Manon. Alors qu’elle tentait de lui venir désespérément en aide, elle entendit Marie criait derrière elle. Sa belle-sœur avait l’air d’avoir perdu le contrôle de son esprit et semblait en proie à la folie.  Cependant, les images n’étaient pas nettes, mais brumeuses comme dans des limbes. Manon se raccrochait à ça, à cette imperfection pour s’attacher au réel.

 

Concentre-toi, tout n’est qu’un mensonge. Concentre-toi, insistait-elle silencieusement.

 

Épuisée, Manon tentait de trouver une échappatoire à ce cauchemar.  Elle s’était entrainée à sortir ce genre d’hallucination avec le pouvoir de son père. Toutefois, cette fois on jouait avec ses pensées et ce n’était donc pas une illusion comme elle en avait l’habitude. On se servait de ses souvenirs, de ses craintes pour la faire plier. Elle avait l’impression de rêver et non de vivre réellement la scène. Elle avait peur de plus savoir faire la différence entre réels souvenirs ou évènements créés de toutes parts.

 

Pense à ceux que tu aimes, au réconfort que tu éprouves quand tu es avec eux continua Manon.

 

Elle se concentrait sur ce qu’elle avait de plus cher pour revenir à elle et reprendre le fil de ses pensées. C’est le signe d’une lueur argenté qui l’interpela. Comme toujours, Solenne était son point de chute, le rivage à rejoindre coute que coute. Avec beaucoup d’espoir, elle suivit cette lueur et petit à petit elle eut l’impression de retrouver ses forces.

 

Mais oui, comme lorsque j’étais perdue dans les pensées de Zaven. Suis la lueur blanche, se réjouit-elle.

 

Au loin, l’image de Solenne lui tendait la main et Manon n’eut aucun mal à la saisir. Grâce à ce contact, elle se délaissa des chaines mentales d’Andzrev et eut l’impression d’avoir gagné la partie.  Bien que tout autour d’elle lui paraissait encore brumeux, elle avait repris le dessus.

 

Ce n’est rien, la fatigue me pique juste les yeux, songea Manon rassurée.

 

L’adolescente releva donc la tête fière d’avoir encore réussit à défier Loris. Assise sur ses genoux, elle voulait également affronter le ministre quand la grille qui séparait la salle de réception du long couloir s’ouvrit. Derrière elle, Solenne pleurait à chaude larme. Manon avait du mal à comprendre ce qu’elle essayait de dire. Avec une voix étrangement caverneuse, Solenne s’excusait d’avoir dévoilé qu’elle était son point faible.

 

_ Vous allez vous en servir pour me faire plier ? s’offusqua Manon prise de panique pour la première fois.

 

Elle aurait voulu s’élancer sur sa sœur pour la consoler et en même temps la protéger du tas de miliciens qui l’entourait, mais son corps ne lui répondait plus. Il lui était impossible de bouger, la force qu’elle avait eu l’impression de retrouver se dissipait peu à peu.

 

_ Non, Loris non ! Pas ça ! s’écria-t-elle alors qu’elle avait l’impression de devenir folle.

 

Manon ne comprenait rien de ce qui se jouait devant elle. Sa sœur qui était debout quelques minutes auparavant sous la grille se trouvait désormais avec elle assise au centre de la pièce. Derrière elle, Loris se tenait bien droit l’air sadique. Soudain, une balle fusa du pistoler qu’il tenait à la main.

 

_ Non ! cria Manon tandis qu’elle voyait sa sœur s’effondrer sur le sol.  

 

Incapable de comprendre ce qu’elle était en train de vivre, Manon déchargea sa peur au tour d’elle. Elle n’arrivait pas à bouger, mais voulait accourir auprès de celle qui semblait être sa sœur malgré ses traits flous. Manon se sentait prise au piège et libéra son agressivité pour venir en aide à Solenne. Ce fût dans un énorme crie de rage que Manon vît des miliciens s’écrouler raides sur le sol au tour d’elle.

 

— Arrêtez tout ! intervenu Garnel excédé par la scène.

 

En entendant la voix du ministre, Manon reprit ses esprits et comprit la supercherie. Sa sœur était toujours bien enfermée dans sa chambre et n’en était jamais sortie. En revanche, autour de Manon une douzaine de corps sans vie gisaient sur le sol. En voulant protéger Solenne, elle avait utilisé toutes ses capacités mentales et abattu avec elles tout son courroux.

 

_ Vous avez simplement joué avec mes craintes et mes souvenirs jusqu’au bout. Même quand je pensais avoir repris le dessus, balbutia Manon sonnée. 

 

Aucune lumière argentée n’était réellement venue à elle. Andzrev s’était naturellement servi de Solenne pour la faire plier. L’image de sa sœur la suppliant de l’excuser n’existait pas réellement. Le télépathe lui avait prêté ses propres paroles, mais cela n’avait pas suffi à faire réveiller Manon. Dans un moment d’ultime rage, elle avait renversé son ascendant et tué au passage les miliciens qui l’avaient torturé.

 

_ Calmez-vous, c’est fini à présent. Nous avons ce que nous souhaitons, tenta Garnel pour rassurer sa captive.

 

En effet, Manon brillait encore d’une immense aura bleutée quand elle prit conscience de tout cela. Son père lui avait toujours dit qu’elle pouvait être dangereuse et aujourd’hui elle s’en rendait compte plus que jamais. Bien que Garnel Asage était alarmé de toute cette force, il s’en réjouissait. Alors qu’il se dirigeait droit vers elle, Manon posa sur lui un regard féroce qu’on ne lui connaissait pas.

 

_ Ne vous approchez pas ! gronda l’adolescente furieuse.

 

Hors de contrôle, la jeune Sirélienne voulait s’enfuir à tout prix. Ses cheveux flottés au tour d’elle et son aura bleue prenait de plus en plus d’ampleur. Toutefois, elle ne se maitrisait pas et tel un animal apeuré elle était en proie à la panique. Si Garnel Asage ne la contrôlait pas maintenant, c’en était fini.

 

_ Andzrev reprend le dessus, tout de suite, ordonna Garnel

 

Le télépathe, tombé de son fauteuil pendant l’attaque de Manon, s’exécuta. Cependant, Manon bloqua toutes ses attaques. Apeurée, elle se colla alors au mur pour garder ses distances. Prise au piège dans un espace clos, Manon ne savait pas comment se sortir de là et réussir à fuir avec sa sœur. De plus, la vision des miliciens morts sur le sol lui faisait horreur. Elle ne voulait plus tuer personne maintenant qu’elle était consciente. Toutefois, elle ne pouvait plus se laisser faire.

 

_ À mon tour de lire dans les esprits, menaça Manon.

 

La sirélienne s’employa alors à s’immiscer dans l’esprit de Garnel Asage, mais alors qu’elle pensait y parvenir, une immense douleur lui foudroya le crâne. Elle se sentait malade et rigide et n’arrivait pas à prendre le dessus sur lui. Au loin, Loris était le seul des miliciens à s’être relevé. Secoué, mais alerte il fonça sur la jeune fille. Distraite, Manon ne le vit pas quand il s’abattit sur elle. La collision surprise suffit à Andzrev pour reprendre contact avec l’esprit de Manon.

 

_ C’est fini Manon, c’est fini, déclara Andzrev par la pensée. 

 

Cependant, Manon n’abdiqua pas. Elle se débattait avec le télépathe dans sa tête et physiquement avec Loris qui l’écrasait de tout son poids. Elle donnait l’impression d’arriver à prendre le dessus quand Garnel Asage se joignit à lutte. Il voulait aider Loris à la maitriser et qu’elle s’essouffle au plus vite. Ainsi, il espérait qu’Andzrev reprendrait son esprit en main. Sans s’en rendre compte, les deux l’empêchaient de respirer en s’appuyant ainsi sur sa cage thoracique.   

 

Épuisée, Manon devait lâcher prise. Cependant, elle n’arrivait pas à s’en résoudre. Andzrev parvenait à l’apaiser petit à petit ou alors c’était cette sensation de suffocation qui l’attirait vers une planitude. L’adolescente, sous le poids de ses assaillants, eut une pensée pour sa famille et particulièrement pour Solenne. Elle avait envie de la retrouver et de se baigner dans l’étang Montcelle comme au bon vieux temps.

 

Laissez-moi-les retrouver, songea-t-elle

 

Cette idée réconfortante finit par avoir raison d’elle et dans un dernier souffle, elle tenta d’attraper la main nue de Garnel Asage. Il s’était appliqué à la maintenir à terre en lui enfonçant ses genoux dans les côtes sans jamais la toucher de sa main nue. Tel un hypocondriaque, il ne touchait jamais personne sans être ganté. Manon voulait lui laisser une dernière trace, celle de ses ongles dans sa chaire.

 

Je planterais mes ongles dans ta chaire, toi m’a enlevé tout ce qui m’est cher, pensa silencieusement Manon.

 

Alors qu’Andzrev venait, péniblement, de reprendre le dessus sur l’adolescente. Dans un dernier effort, Manon serra le plus possible la paume du ministre en y plantant ses griffes. Garnel Asage hurla de douleur à ce contact et se déroba de l’attaque en enlevant cette main qui lui servait d’appui. Il s’effondra sur l’adolescente qui venait de perdre connaissance quand, dans une dernière nuée bleutée il fut projeté contre le mur. Loris avait subi le même sort, ainsi qu’Andzrev comme s’ils avaient affronté une puissante onde de choc.

 

Quand ils reprirent leurs esprits, ils se tenaient la poitrine. Pliés en deux, Garnel Asage regardait le corps de Manon qui n’était plus soulevé par sa respiration. Au loin, un hurlement de douleur se fit entendre. Solenne pleurait de toute son âme, elle avait malheureusement compris. Aujourd’hui, elle avait perdu son insouciance et avec elle, celle qu’elle voyait comme sa sœur jumelle.

 

Quand Loris s’employa à bouger le corps de la fugitive, celle-ci ne répondait plus. Pâle comme un linge, Manon était morte sous la main du ministre. Andzrev, qui s’était lui d’abord évanoui sous le choc ; eût beau chercher à la réanimer, plus aucune once de conscience n’arpentait la jeune fille. Ils étaient tous ahuris, mais n’étaient pas les seuls.

 

_ Manon, Manon réveille-toi, répétait Garnel inlassablement.

 

Que ce soit à des milliers de kilomètres d’ici, ou juste à côté de là dans la cité ministérielle, tous les descendants des frères Sirel avaient ressenti la même chose. Leur poitrine s’était serrée douloureusement le temps d’un instant puis avait fait place à un grand vide.

 

Cependant, les plus touchés avaient été les Kalokas et les Yeghes ainsi que Vikthor Peyrache. Eux avaient eu l’impression de se fendre de l’intérieur et certains s’étaient même évanouis sous la pression. Les longs sanglots de Solenne allaient prochainement rejoindre ceux du reste de la famille Agape. Bientôt l’inquiétude laisserait place à la plus grande des incompréhensions.

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Elenna
Posté le 12/11/2020
Non, elle ne peut pas être morte. C'est pas vrai. J'y crois pas une seule seconde. Pas contre en terme d'éveil on est bon je pense... Ah !!! Pétard ! Bon ce chapitre est encore une fois génial ! Par contre c'est trop tendu là ! La pauvre !
ludivinecrtx
Posté le 12/11/2020
Bah pour le savoir tu dois continuer à lire 😉.

Moi j'aime tuer des gens !

Oui c'est tendu...
Renarde
Posté le 22/02/2020
Coucou ludivinecrtx,

Ah, ça fait plaisir de voir que je ne suis pas la seule à tuer mon personnage principal au milieu du livre XD.

Non mais sérieusement, les points communs entre nos deux histoires sont excellents ! Je me réjouis de voir comment est-ce que tu vas traiter cela.

Sinon, je ne pensais pas que je pouvais encore plus détester Garnel. Bon, bein avec ce chapitre, j'ai compris que c'était possible en fait...

Les scènes de violence/torture étaient horribles. Je ne comprends pas pourquoi Andzrev s'y plie et participe à cela. A sa place, je crois que je préférerai me sacrifier et mourir plutôt que d'infliger ça à une gamine, surtout lorsque l'on connaît le but de ce salopard de Garnel. J'avoue que j'ai beaucoup de mal à cerner ce personnage, qui est au mieux un couard de la pire espèce pour l'instant.

Et punaise, c'est Garnel qu'elle aurait dû éliminer Manon ! Et Loris qui se relève... Pire que de la mauvaise herbe.

Bon, je suis curieuse de la suite. J'espère que Garnel et Loris brûleront en enfer et que Manon profitera du super sort de regen du bellâtre ;-)
ludivinecrtx
Posté le 22/02/2020
Bonjour Renarde !

Et non ça m'a fait rire quand c'est arrivé dans ton histoire ahaha.

Oui a chaque fois ça me rend dingue !!! C'est fou quand même ! Pourtant c'est des univers tellement éloignés ahaha.

La suite arrive bientôt ! Tu me diras comment je m'en suis sortie a ton goût !

Oui je sais bien... Garnel est horrible... Pourtant peu être qu'un jour tu lui pardonneras... Ou pas XD.

J'espère qu'elles étaient quand même lisible et pas insoutenables.. Andrzev a ses raisons.. il est contraint de le faire en quelques sortes. On découvrira Au fur et à mesure, l'emprise qu'à Garnel sur lui.

A cerner Garnel ou Andrzev ?

Oui elle ne maîtrise pas son pouvoir malheureusement. Oui Loris qui se relève..on comprendra a terme pourquoi aussi.

Ahaha tu verras si tu as raison pour le bellâtre ou pas dans le prochain chapitre !! Ahaha

Renarde
Posté le 22/02/2020
Pardonner à Garnel ? Jamais !

C'est Andrzev que j'ai de la peine à cerner. Je ne vois pas pourquoi il fait toutes ces horribles choses. A sa place, je pense que je préférerais mourir.

Une fois qu'on aura toutes les deux publiées le mot "fin", on fera le jeu des ressemblances ;-)
ludivinecrtx
Posté le 22/02/2020
Ahaha

Je pense qu'il aimerait bien mourir mais il sache que Garnel ne le tueras pas alors il est dans une impasse et peu être que le chapitre centré sur lui t'aidera a le comprendre un peu mieux.

Ahaha ouiii grave !! Je pense qu'on va être choquée
UnePasseMiroir
Posté le 19/02/2020
Ah.
Ben…
Ok.

Oulà. J’ai buggé pendant quelques minutes à la fin de ce chapitre… tu m’excuseras si je suis pas très constructive…

Je ne saurais pas vraiment dire si j’ai aimé ce chapitre ou non. Il était atroce, et il m’a vraiment mise mal à l’aise. Tu annonces la couleur dès le premier paragraphe et ça va crescendo d’une manière effrayante.

D’habitude je reste assez froide aux scènes de torture (bon après c’est pas vraiment mon délire de lecture ^^) mais là j’avais limite la nausée sur la fin. Rappelle-moi de garder une bassine près de moi sur les prochains chapitres, on sait jamais…

J’ai surtout relevé cette phrase : « C’était qu’une enfant qu’on torturait un peu plus chaque jour pour la pousser dans ses retranchements. » (je te suggérerai « ce n’était » plutôt que « c’était »). Je n’épiloguerai pas sur l’envie de pleurer et de fermer mon ordi qui m’a prise.

Bon, sur une note un peu plus gaie (si je puis dire mdr) : « Une fois le diagnostic posé, Loris raccompagna le professeur jusqu’à l’arrière de la citadelle avant de l’éliminer froidement. » Je sais pas pourquoi ça m’a même pas étonnée… le truc qui m’avait le plus surprise dans cette affaire, c’était l’introduction d’un témoin extérieur dans cette affaire ^^ j’étais justement en train de me dire « moi si j’étais Garnel, je le laisserai pas ressortir viv-… oh, très bien, c’est fait. »
On se comprend, Garnel…

J’ai vraiment pas envie de détailler plus. J’imagine qu’il va y avoir une histoire de résurrection à la con, ou alors un plot-twist du type « en fait on s’était trompé, Manon c’était pas le vrai personnage principal… ».

Bisous !
ludivinecrtx
Posté le 19/02/2020
Je savais que ce chapitre allait avoir du mal a passer.. oui l'histoire est assez violente a ce moment de l'histoire... Je sais , j'espérais qu'il serait quand même lisible..

Oui ça va petit à petit jusqu'à le point horrible... Fatidique.
Ohh non je ne veux pas qu'on arrête de me lire ... Bah oui Garnel est intelligent ahaha

Merci pour la résurrection ou twist a la con mdr ... Quoi que je fasse c'est con ? Réponse dans 3 chapitres ..
UnePasseMiroir
Posté le 19/02/2020
C'est quand même lisible, t'inquiète, c'est juste que je l'avais pas vu venir, je me suis mangé ça comme une claque XDD j'étais de bonne humeur ce matin en plus ! (j'rigole hein XDD)

Attention j'ai pas dit que le twist était con, juste la résurrection XD
Après j'ai réagi à chaud donc j'ai sorti des trucs sans vraiment réfléchir.

Mais en même temps quand t'arrive au stade où tu tue ton personnage principal, c'est délicat de s'en sortir... enfin j'en sais rien, perso j'ai jamais pratiqué ! Je suis pas comme ça MOI.

... TROIS CHAPITRES ?! T'a intérêt à compenser avec beaucoup de Achot/Gaultier pour que je tienne le coup, je te préviens... ;)
ludivinecrtx
Posté le 19/02/2020
Ahah oui j'étais de mauvaise humeur et j'ai tué des gens dans mon livre mdr

Ahaha t'inquiètes tu le deviendras un jour !!


Tu verras... Lol
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