Andréa
Je crie le nom de Mattéo. Plusieurs fois. Jusqu’à ce que ma voix ressemble à une pierre qui crisse sur un mur. Mes appels ne donnent rien.
Je finis par m’adosser contre la grille et je ferme les yeux. J’ai le vain espoir qu’en pensant mentalement très fort à Matteo, il va finir par apparaître.
Au bout de dix minutes, je dois bien me rendre à l’évidence : cela ne fonctionne pas. Mon esprit divague.
J’ai un pouvoir. Je crois qu’on ne m’avait pas fait avaler une couleuvre aussi grosse depuis que je suis môme. Naturellement, je me méfie de Cesare. Mais j’ai beau tourner cette révélation dans tous les sens, je ne vois pas ce qu’il gagnerait à me mentir. Me ridiculiser ? Je me débrouille très bien tout seul, merci.
J’ouvre les yeux et fixe Cesare qui est assis à quelques pas de moi. Il regarde son œuvre. Je vois bien que quelque chose le gêne dans son travail. Personnellement, toute sa composition me tracasse ; dès que je pose les yeux sur le mur du fond, j’ai un frisson qui me traverse l’échine tant sa créature est réaliste.
Je me dis que je pourrai essayer mon pouvoir sur Cesare, mais au moment où je me décide, il s‘exclame :
— Comment était ta vie dans les Sanglots ?
Je cligne des yeux. Je rêve où il me pose une question sur mon passé ?
Je me rapproche et je me laisse tomber près de lui. Sans me faire prier, je lui raconte mes premiers vols dans les quartiers des fortunés avec ma petite bande de bras cassés composée de Lorenzo, Mino et de Tessa. Nos coups montés, nos coups tordus, nos coups ratés. Je lui décris notre premier cambriolage à grand renfort de gestes, d'onomatopées et d’explosions. La nostalgie me renverse comme un bon verre de liqueur. J’ai les yeux qui pétillent et le sang qui se réchauffe en repensant à ses bons moments. Cesare me regarde et m’écoute.
J’esquisse un sourire.
J’en viens à évoquer notre dernier cambriolage, celui où Tessa a disparu et, tout de suite ma voix se fait plus grave. Je me retrouve à lui avouer que je m’en veux de l’avoir laissée seule à l’étage, que je ne comprends toujours pas comment elle s’est volatilisée.
Cesare me propose des possibilités : noyade, enlèvement, meurtre. D’un geste, j’ignore ces hypothèses déprimantes et je continue mon monologue en expliquant nos recherches pour retrouver Tessa.
Il a l’air compatissant. Ça me touche. Aïe. Aïe. Aïe. Ça craint.
C’est le cachot, c’est sûr. Trop d’enfermement, ça m’embrouille le cerveau et j’ai l’impression qu’une conversation avec mon frère équivaut à deux magnifiques boutons de manchettes.
Je lui retrace notre enquête avec Mino puis mon étrange rencontre avec une fortunée masquée, celle qui m’a envoyée au domicile d’Isabella. Il me demande si je l’ai revue et je lui réponds que non.
Il hoche la tête. Je lui décris la vie quotidienne avec ma mère, nos habitudes, nos repas, nos peintures, nos ventes. J’essaie de donner du détail : notre maison penchée, l’atelier, la cuisine, les canaux, les reflets des flots sur les fenêtres, les odeurs.
Son regard semble perdu dans le vide, mais non, il est là-bas.
Chez moi. Je le sens.
Il a cette capacité de s’imaginer ailleurs, de se représenter des espaces facilement et je crois que nous partageons cette particularité.
Il me demande à quoi ressemble ma mère.
Sans attendre, je me lance dans son portrait.
Je lui parle de ses manies - celle de se gratter le nez une fois la peinture réalisée, laissant dans son sillage des pigments colorés, de ses talents de cuisinière et de son ingrédient secret - le fenouil -, de son sourire si triste, mais de ses yeux si vivants. Plus je l’évoque, plus je sens l’émotion monter. Si fort, que je suis obligé de m’arrêter. Il y a comme une boule dans ma gorge qui grignote mes mots.
Sans que je ne comprenne comment ni pourquoi, je me mets à pleurer.
J’ai honte, j’attends qu’il se moque. Je cache mes larmes. Cesare ne dit rien. Il fixe son œuvre gigantesque en face de nous.
La vision toujours floue, je bredouille :
— Je n’ai jamais voulu tout ça.
— J’ai compris.
Nous restons ainsi de longues minutes, avec la buée et le froid pour témoins.
Mes larmes se tarissent et je lui jette un coup d'œil. Cesare se tient assis en tailleur, droit et silencieux.
— Et toi ? Qu’est-ce que ça fait d’être élevé comme le fils du Doge ?
Je me demande comment il a fait pour ne pas être perverti par le Paternel.
— Des attentes. Beaucoup d’attentes. Trop peu de libertés.
J’attends qu’il développe. Rien. Peut-être que c’est déjà beaucoup pour lui ?
— Mon père a toujours été un peintre formidable. Il a une vision, une technique inégalable. J’ai toujours voulu m’approcher de sa perfection artistique.
Je ne réponds pas. Je sens qu’il l’idéalise malgré ce que je lui ai révélé sur l’emprisonnement de ma mère. Que faut-il pour qu’il le voie avec mes yeux ? C’est comme essayer d’effacer une fenêtre qui s’embue constamment : un échec.
Lorsque les verrous résonnent enfin, je me relève d’un coup pour me ruer vers la grille. Je me sens bizarre, un peu comme un spaghetti, je m’accroche si fort aux barreaux que mes doigts deviennent blancs.
Je reconnais le pas traînant de notre gardien avant d’apercevoir sa silhouette. Matteo m’accorde un sourire et place dans la trappe notre repas dominical. Cesare s’approche lui aussi.
Bon, il faut que je me lance. C’est notre seule chance.
— Matteo ! Mon ami. Comment vont tes filles ?
— Très bien. Très bien.
Je me frotte le menton avec ma main. Cesare me fait de gros yeux pour m’encourager.
— Bon, dis-nous la vérité, quelle famille nous a enlevés ?
Il explose de rire.
— Tu es vraiment un petit rigolo, toi. Tu sais très bien que je ne peux rien te dire.
Je foudroie Cesare du regard. Il m’a raconté des bêtises. Je suis autant capable de faire avouer la vérité que de transformer du pain rassi en pièce montée.
Je suis trop idiot de l’avoir cru. Alors pourquoi il a l’air d’être aussi désespéré que moi ?
Pour éviter d’avoir l’air d’un couillon fini, je me mets à faire une blague sur les gondoliers et contre toute attente, Matteo s'esclaffe. Pas longtemps. Je vois bien qu’il est à deux doigts de partir. Subitement, j’ai un souvenir de la grand-mère d’Isabella qui m’attrape par le bras avant de me poser une question.
Je récupère un morceau de charbon dans ma poche de chemise et je le lui tends. Au moment où Matteo fait un pas vers moi, j’attrape son poignet et je lui demande :
— N’abuse pas, dis-moi la vérité. Qui nous a enlevés ?
Il se fige, son regard croise le mien et j’ai l’impression de voir une étincelle dans ses pupilles. C’est peut-être moi. Il n’ y a certainement rien du tout.
— Les architectes.
J’entends Cesare hoqueter. Je demeure immobile, essayant de déterminer si le gardien se fiche de moi. Matteo tente de récupérer sa main, mais je maintiens ma prise.
Si ce pouvoir fonctionne vraiment, je dois saisir l’opportunité d’obtenir quelque chose de lui.
— Que doit-on faire pour acheter notre liberté ? Dis-moi la vérité.
L’étrange étincelle se reproduit dans ses prunelles. Je n’ai pas rêvé. Ça marche. Comment ? C’est un mystère.
— De l’argent, beaucoup d’argent. De quoi mettre mes filles et ma femme à l’abri pendant très longtemps.
Je réfléchis.
— Nous n’avons rien sur nous de précieux, mais si tu nous fournis des pigments et une toile de qualité, je peux t'imiter un tableau du grand Desiderosi. Je pense qu’une de ses œuvres se vend actuellement sur le marché à plus de cinquante ducats.
Matteo se dégage de mon emprise, me jette un regard suspicieux et s’élance dans le couloir sans se retourner.
Je grimace. Je ne sais pas si je l’ai convaincu. Je contemple Cesare. Il s’est recroquevillé contre la grille, la tête dans ses bras.
Je ne comprends pas. Il devrait être content que mon pouvoir fonctionne !
Je suis à deux doigts de lui envoyer une boutade lorsque je me souviens de la révélation du gardien. Quel crétin, je suis ! La famille d’Artemisia est donc responsable de notre enlèvement.
J’avoue que je ne m’y attendais pas, mais cela a du sens. C’est pour cela que nous sommes globalement bien traités. Cette maison ne souhaite pas notre mort, seulement notre éviction du Concours. Et c’est aussi pour cela que personne ne nous trouve. Les Architectes doivent avoir des cachots particuliers.
— Tu crois qu’il va me rapporter les pigments et la toile que je lui ai demandée ?
Aucune réponse.
— Cesare ?
Je le fixe. Un reniflement le saisit et il se traîne jusqu’à sa couche pour se rouler en boule.
Bon, je comprends sa réaction. Je n’aimerais pas apprendre que ma meilleure amie m’a trahie. Seulement, je ne suis pas de ceux qui attendent sans rien faire. Et là, ça fait deux mois qu’on est bloqué.
Mon regard se perd à travers la lucarne. On est donc dans la cité de Vincia. La ville la plus à l’ouest, près des montagnes. Voilà pourquoi il fait aussi froid. Je n’y suis jamais allé, mais Cesare certainement. Ses connaissances sur la ville pourraient nous aider si j’arrive à nous faire sortir d’ici.
Le ciel est toujours aussi gris. Aussi morne.
Jusqu'à ce que les nuages se séparent brièvement ; j’aperçois une paupière bleue qui me donne de l’espoir.
Les heures passent. Cesare finit par s’extraire de sa léthargie. Il se saisit d’un reste de charbon et se met à gratter la dalle de traits obscurs. Je comprends cette fois-ci qu’aucune surface ne lui échappera. Je m’accroupis près de lui et m’empare d’un bout qui traine. Alors que je commence à l’appliquer sur le pavé, Cesare me pousse violemment.
— Non. Laisse-moi.
Mes dents se serrent.
— Je voulais juste t'aider…
— Je n’ai pas besoin de toi.
Alors que je me relève en grognant, la porte du couloir s’ouvre et Mattéo s’arrête devant la grille. Il dépose des pigments dans la trappe, des pinceaux, le broyeur et me glisse une toile par les barreaux. Je me dépêche de récupérer le tout.
— Merci.
— Ne te rate pas, tu n’auras qu’une chance, m’annonce-t-il en tournant les talons.
J'acquiesce et jette un coup d'œil à Cesare. Il ne me prête pas attention, toujours concentré sur son œuvre. J’ai l’impression que le pas du gardien résonne différemment dans le couloir, ou c’est peut-être parce que mon rythme cardiaque s’est accéléré.
À nous deux Desiderosi !
* *
*
Je passe les jours suivants à peindre.
Cesare ne m’aide pas. Il occupe son temps à se morfondre et à regarder son couteau à enduit de manière étrange. Je ne le dérange pas, il m’a fait comprendre qu’il n’a pas besoin d’aide et c’est réciproque. Il ne pourrait pas imiter le grand Desiderosi.
Une nuit alors que je peins à la lumière des bougies, il se lève, contemple mon travail et m’adresse la parole.
— Comment te souviens-tu aussi clairement de sa technique ?
— Avec ma mère, nous avons travaillé sur ses esquisses, sa manière de réaliser le clair-obscur, et ses portraits. Desidorisi est précis et méticuleux dans le traitement des vêtements et des peaux, un peu moins dans les cheveux. Et puis il peint toujours de droite à gauche avec des mouvements secs.
— Tu pourrais reproduire une de mes œuvres ?
Je jette un regard à la chimère au fond de la pièce et au sol, qui est maintenant recouvert de cercles noirs et de silhouettes humaines.
— Je ne sais pas. Parfois, tu vas au-delà de la technique. Avec ce que tu as créé ici, tu t’es affranchi des exigences. Je n’ai encore rien vu de tel.
Ses traits se crispent. Il baisse la tête.
— Oui, c’est affreux, je sais.
— Ce n’est pas parce que tes réalisations n’ont pas de sens pour moi qu’elles ne doivent pas exister. C’est ça ton problème, Cesare. Je pense que tu devrais plus produire des œuvres comme celle-ci plutôt que de peindre ce qu’on attend de toi.
Il me dévisage et part se remettre en boule sur sa couche. Bon, ça y est, je l’ai froissé. D’habitude, je me serais agacé, mais je crois que mon inquiétude à son égard a pris le dessus. J’ai remarqué qu’il ne mangeait quasiment rien depuis qu’il a appris la trahison des architectes.
J’espère que je ne vais pas devoir lui donner la becquée. Il y a des limites à ma sollicitude.
Le matin du cinquième jour, je mets la touche finale à mon travail. Je dois dire que les conditions n’étaient pas totalement réunies pour que ce soit ma meilleure reproduction. J’ai choisi de partir sur une scène de repas, car Desiderosi a laissé plein d’esquisses et de carnets sur le sujet. Comme moi, il était passionné par la nourriture. Brave homme.
Alors j’ai copié un banquet avec huit personnes, dans une salle sobre qui dévoile la table, la nourriture, mais aussi les pavés au premier plan et à l’arrière plan, en perspective, des vastes ouvertures laissent apercevoir le paysage montagneux.
Je ne sais pas si Matteo arrivera à faire croire qu’il s’agit d’un Desiderosi. Il y a des imperfections que ma mère n’aurait jamais laissées passer. Mais, elle est absente et je suis seul.
J’entends soudain les verrous du couloir.
Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je m’écrie :
— Cesare ! On y va ! Ramasse tes loques !
Il me jette un regard effaré et se fige.
La deuxième porte s’ouvre.
— Cesare ! Allez !
Celui-ci se met en mouvement tandis que je me précipite vers la grille.
J’aperçois Matteo au fond du passage. Ma main devient moite. Mon souffle court. Mes battements de cœur ressemblent aux soubresauts d’une carriole avec le même effet : l’envie de vomir.
S’il vous plaît, qu’il tienne sa promesse. Il faut qu’on sorte. Je n’en peux plus d’être ici.
Matteo se positionne devant moi.
— Alors ?
— C’est prêt.
Je lui montre la toile. Il plisse les yeux et ses traits affichent de la surprise. M’en croyait-il incapable ?
— C’est impressionnant. Vous êtes doués, tous les deux.
Ma mâchoire se crispe. J’ai envie de répliquer que j’ai fait ça tout seul et que l’autre lézard n’a rien fait du tout, mais il ne s’agit pas d’un concours de paon -pas encore. Le plus important, c’est qu’on sorte d’ici.
— Comment on s’organise ?
— Vous me donnez la toile, et je vous donne ce trousseau de clés.
Il sort de sa poche de pantalon un cercle où dix clés de tailles différentes sont accrochées.
— Vous nous les donnez et ensuite on vous donne la toile.
— Très bien. Dès que j’ai le tableau, je passe devant vous et vous attendez cinq minutes avant de partir. Je vais vous laisser les deux premières portes ouvertes et les suivantes, vous pourrez les déverrouiller. Quand vous aurez passé les cinq grilles, alors il vous faudra prendre le couloir de droite à la première intersection, puis à la deuxième à gauche. Là, vous atteindrez une cour de laquelle vous pourrez rejoindre la ville. C’est bon ?
Nous hochons la tête.
Je me répète mentalement ses consignes. Quatre portes à déverrouiller puis à droite, puis à gauche. Ce n’est pas difficile : un enfant de trois ans pourrait le faire.
Il tend les clés à Cesare qui les attrape et je glisse la toile entre les barreaux.
– Faites attention à la peinture, certaines parties sont encore fraîches.
Il récupère ma réalisation et tourne immédiatement les talons.
Je fais signe à Cesare d’ouvrir notre grille. Il écarquille les yeux.
— Mais…
Je susurre :
— Je ne reste pas une minute de plus ici.
Il est blanc comme un linge et il tremble. Il m’agace !
Je lui arrache le trousseau des mains et étudie les différentes clés pour savoir laquelle pourra déverrouiller notre cachot. Je m’agenouille et les pose au sol. Je sens le regard de Cesare sur mes épaules, sa fébrilité, ses craintes, tout cela me déconcentre.
J’essaie une première clé, puis une deuxième. La troisième est la bonne. La grille s’ouvre dans un craquement sourd.
Je me relève d’un bond en poussant le battant et je me retrouve de l’autre côté.
J’émets un cri de triomphe, puis j’effectue quelques petits sauts d’excitation. Quand je remarque que Cesare n’a toujours pas dépassé le seuil, je le tire d’un coup sec par la manche.
— Allez ! Du nerf !
Je me mets à courir vers la première porte. Je sens l’adrénaline me parcourir. C’est une déflagration. Un élixir de bonheur à l’état pur. Une liqueur bien fraîche en été.
Je palpite. Je fais corps avec mes anciennes sensations. J’ai des souvenirs plein le cerveau et ça me donne des ailes.
Je fonce sur la première grille qui s’ouvre d’un coup. La deuxième est à quelques mètres et cède immédiatement à mon assaut. J’entends Cesare courir derrière moi et ça me suffit. Je ne veux perdre aucune seconde. J’ai les poumons en feu. À la troisième porte, je sors le trousseau de ma poche pour la déverrouiller. Un crissement résonne et nous nous dépêchons de rejoindre la suivante. Je suis tellement fébrile que les clés m'échappent de la main deux fois.
Un grincement m’indique le déverrouillage. La course reprend de plus belle.
Plus qu’une grille.
Celle qui nous sépare de la liberté.
J’essaie une première clé, puis une deuxième, une troisième.
Je commence à m’impatienter. Je ne distingue plus les formes tant la sueur ruisselle sur mes yeux et mes tempes. J'hésite, je tergiverse.
— Tu veux que je le fasse ?
— Non !
J’en teste une nouvelle. Ce n’est pas possible. Pourquoi aucune n’a l’air de fonctionner ?
— Andréa.
Je reste concentré sur ma tâche. Je n’ai pas le temps. Il faut que je fasse sauter ce verrou.
— Andréa ! Regarde !
Je soupire et lève les yeux. Il me désigne un espace au sol à un mètre, caché à moitié par l’ombre du mur.
Je lis la phrase écrite avec un morceau de charbon.
Désolé les gars.
Mon poing se serre. Non. Non. Non.
Je teste toutes les autres clés.
Aucune ne fonctionne. Je me saisis des barreaux en accrochant mon aisselle et ma main valide pour secouer de toutes mes forces cette grille qui ne veut pas s’ouvrir.
— MATTEO !
J’hurle son nom plusieurs fois. Je le déteste, je le déteste. On était si proches du but ! Quel SALOPIAUD !
— Ça me semblait trop beau pour être vrai.
J’émets un hoquet de consternation.
C’est trop. La colère me monte au cerveau. Je me retourne brutalement et lui assène un violent coup de poing.
— Mais ferme-là ! Qu’est-ce que tu as fait pour nous sortir de là, toi ?
Cesare recule d’un pas sous la force du coup et se tient la mâchoire.
— Désolé, marmonne-t-il. Je suis désolé.
Je crie de nouveau. J’ai envie de frapper dans le mur, de me ruer sur la grille pour faire sauter les gonds, mais je sais déjà que c’est perdu d’avance.
Allez, il faut que je me calme. Il y a toujours la deuxième possibilité.
Même si celle-ci demande du temps et que je n’en peux plus de moisir ici. Et puis, ça veut dire qu’il faut que je compte sur le Paternel et ça, franchement c’est une torture. Un peu comme si quelqu’un voulait m’arracher mes poils de mollets un par un.
Mais il sait reconnaître les faux, il me l’a montré dans le passé. Et s’il repère ma reproduction, il verra mes “imperfections” qui dévoilent les responsables de notre enlèvement. Les montagnes par la fenêtre, l'abeille près de l’oreille du personnage central et sur la nappe, en petit, la devise des architectes.
Oui, je suis obligé de compter sur lui.
À mon grand désespoir.
Il doit nous trouver. Il doit nous sauver.
Je suis très satisfait de la fin. Qon plan a semi échoué.
Un seul truc, c'est l'écoulement du temps. Je trouve que j'ai du mal à sentir le temps passer dans l'histoire en général. Quand sommes nous, c'est très flou. S'il y avait des noms de mois ce serait bien.
Oui, il y a une petite évolution au niveau de la relation :)
Je note pour l'écoulement du temps. je sais que c'est un souci, moi-même je me suis un peu paumée dans l'écoulement du temps XD
Bises ! <3
Ah quel beau chapitre !
Malin davoir glissé des indices dans le tableau ! Bon après faut que le tableau passe sous les yeux du paternel et c'est pas gagné.
J'ai trouvé le début très réussi. Autant la conversation des grandes révélations m'avait pas du tout convaincu, autant celle-ci j'ai trouvé qu'il se passait quelque chose, yavait une sorte de poésie qui se dégageait.
Je trouve un peu étonnant qu'il n'y ait pas le signe même d'un chat dans le bâtiment où galopent Andrea et Cesare.
Plein de bisous !
Bon tant mieux si celui-ci t'as convaincu ! ça me fait plaisir !
A bientôt,
Mak'
Ouiiiii retour sur Andrea ! Quel montagne russe, ce chapitre.
Bon, commençons par le commencement !
Enfiiiiiiin un début de rapprochement entre les frères. Moi contente. Je perdais espoir ! Bon, c'est assez vite contrebalancé mais il est appréciable que Cesare daigne s'intéresser à lui. Un petit doute me vient quand même, je me demande s'il est suffisamment manipulateur pour avoir justement voulu détourner l'attention d'Andrea et que ce dernier ne vienne pas tester son pouvoir sur lui. On sait jamais !
Ensuite, les architectes... :O Moi choquée. Mais je ne crois pas qu'Artemisia puisse être dans le coup, puisqu'elle me semblait pleine de bonne volonté dans son chapitre. Ses mères, donc... Qui doivent davantage tenir à la victoire que la demoiselle elle-même. En tout cas, ça promet une confrontation intéressante entre Cesare et Artemisia.
La fuite : quel dommage, j'y ai cru. Par contre, je t'avoue que c'est peut-être le passage qui m'a semblé un peu incohérent de ce chapitre. Admettons que Matteo avait deux jeux de clés similaires (allez, presque similaire, dirons-nous). Le peu d'avance qu'il avait sur les frangins lui a permis de rouvrir ET de refermer à clé les portes ET de laisser le message à la fin ? Je doute un peu ici. Il aurait besoin d'un peu plus d'avance. La clé posée devant la trappe, difficile à attraper pourquoi pas, que les garçons mettent du temps à les récupérer ? Je ne sais pas, mais l'action me semblait trop rapprochée, malgré la torpeur de Cesare.
La chute enfin : j'adore. J'adore qu'Andrea ait été assez malin pour laisser des indices au paternel ! Je comprends que ça soit frustrant pour lui, de ne pas s'enfuir par ses propres moyens, mais c'était très très ingénieux. Bon, maintenant, reste à découvrir si Artémisia sera plus rapide, mais au fond, j'aimerais que cette ingénieuse idée serve.
Petit ajout aussi qui me vient : j'ai un doute. Cette Tessa, dont on parle (je suppose pas complètement par hasard), pourrait-elle être notre amie masquée ? Je ne sais pas si je me trompe complètement sur la timeline (ou si j'ai oublié son vrai nom qui aurait déjà été mentionné), mais l'idée m'est venue en croisant cette histoire de disparition.
Mes notes prises au fil de la lecture :
◘ "Je me dis que je pourrai essayer mon pouvoir sur Cesare, mais au moment où je me décide, il s‘exclame : " -> trop lent mon petit Andrea. J'aurais aimé un petit test.
◘ "— Que doit-on faire pour acheter notre liberté ? Dis-moi la vérité.
(...)
— De l’argent, beaucoup d’argent. De quoi mettre mes filles et ma femme à l’abri pendant très longtemps." -> ici, je t'avoue que je n'avais pas du tout imaginé cette réponse, parce que je n'avais pas compris la question comme ça. C'est logique au final, mais je pensais qu'il demandait ce qu'il devait faire pour que les architectes les libèrent.
◘ "Quel crétin, je suis !" -> je pense que tu peux supprimer la virgule, non ? Ça coupe bizarrement la phrase.
◘ /!\ Desiderosi et Desidorisi, lequel est-ce ? Tu emploies les deux noms ^^
◘ "À la troisième porte, je sors le trousseau de ma poche pour la déverrouiller." -> Dans cette fuite éperdue, sachant qu'il courrait de porte en porte, il a été mettre le trousseau dans sa poche ?
◘ "Désolé les gars." -> Des guillemets, peut-être ? J'ai pas compris au début que c'était la phrase écrite au charbon xD
Un plaisir de te lire, je vais aller enchaîner sur le chapitre suivant !
À très vite :)
Je note tes remarques sur la fuite, tu as raison, je pense que le gardien a peu d'avance sur eux, c'est sûr.
"Petit ajout aussi qui me vient : j'ai un doute. Cette Tessa, dont on parle (je suppose pas complètement par hasard), pourrait-elle être notre amie masquée ?"=> Tout à fait ! Bien joué !
Merci pour les coquilles et les remarques sur la ponctuation !
A très vite !
Mak'
Me revoilà :)
Ah, superbe chapitre ! Il se lit d'une traite tant il est fluide, bien écrit, chapeau ^^
le déroulement est vraiment bon. C'est attendrissant de voir Andréa et Cesare se rapprocher enfin, se confier l'un à l'autre :)
On découvre le pouvoir "en action" d'Andréa, c'est bien pratique, mais malheureusement insuffisant pour sortir de leur cachot, snif !!
Je n'y croyais guère à cette évasion mais tu as donné une sacrée lueur d'espoir au lecteur ! On y est presque, on se dit "peut-être qu'ils vont y arriver finalement" puis... la déception ultime ^^
Les pauvres !
Au moins, on sait maintenant que ce sont les Architectes les coupables
Très bien joué !
;)
Bonne année !
J'espère que tu vas bien :)
Merci pour tes compliments ! Je suis contente de savoir que tu as passé un bon moment.
Bisous <3
On est à fond dans le perso d'Andrea, mais j'ai de la peine à comprendre ce que pense Cesare sur certains passages alors je me réjouis d'avoir aussi son point de vue :)
Je me suis demandé à ce passage:
— Je vais vous laisser les deux premières portes ouvertes et les suivantes, vous pourrez les déverrouiller. Quand vous aurez passé les cinq grilles, alors il vous faudra prendre le couloir de droite à la première intersection, puis à la deuxième à gauche.
(...)
Quatre portes à déverrouiller puis à droite, puis à gauche.
--> Comment il compte quatre portes ? c'est pas cinq (cinq grilles) ?
Bonne suite et bonnes vacances ;)
Contente de te retrouver par ici :)
"On est à fond dans le perso d'Andrea, mais j'ai de la peine à comprendre ce que pense Cesare sur certains passages alors je me réjouis d'avoir aussi son point de vue :)"=> Oui, ça vient, ça vient :p
"> Comment il compte quatre portes ? c'est pas cinq (cinq grilles) ?"=> Tout à fait. Je m'embrouille moi même XD !
Merci de ta lecture ! A bientôt !
Mak'
Super content de retrouver ton histoire pour un nouveau chapitre !
Attention : tu as oublié de mettre le nom du narrateur au début du chapitre... Ce n'est pas vraiment dérangeant, mais c'est plutôt pour rester dans la continuité des autres chapitres.
Ce chapitre-là est riche en émotions ! J'ai bien aimé que Cesare et Andréa puissent se rapprocher et mieux se comprendre en discutant...
Je sens que Cesare va ressortir changé de cette captivité (si elle se termine un jour), et que ça lui aura donné de nouvelles idées pour le concours, mais aussi pour le type d'artiste qu'il veut devenir... Quant à Andréa, c'est enfin l'occasion d'utiliser ses talents de faussaire ! Dommage que le garde les ait abandonnés, je m'en suis mordu les doigts !
Maintenant, plus qu'à compter sur le paternel, même si on ne l'aime pas tant que ça... Il reste encore Sirani et Artémisia qui se sont mises en route !
J'ai quand même hâte qu'ils puissent sortir de leur cellule, et je me demande ce qu'il va se passer maintenant... Vont-ils retourner dans la cellule ? Attendre que d'autres gardes les découvrent ? Va-t-il y avoir une confrontation avec les architectes ? Je serais étonné que Matteo revienne après être parti ainsi...
D'ailleurs, je me demande bien les raisons de cette trahison... Après tout, Andréa a respecté sa part du marché... Matteo avait-il quelque chose à perdre ? Sa famille en otage ? Du chantage ?
En tout cas, merci pour ce chapitre !
Trop contente de te retrouver pour un nouveau chapitre :)
"Attention : tu as oublié de mettre le nom du narrateur au début du chapitre... "=> merci, je corrige !
Je suis très contente de voir que tu as apprécié le rapprochement entre les deux frères !
"Maintenant, plus qu'à compter sur le paternel, même si on ne l'aime pas tant que ça... Il reste encore Sirani et Artémisia qui se sont mises en route !" => Oui, c'est forcément une de ces personnes qui va les délivrer :p
"Quant à Andréa, c'est enfin l'occasion d'utiliser ses talents de faussaire !"=> Oui, c'est important que j'utilise un peu ses talents :p
"Vont-ils retourner dans la cellule ? Attendre que d'autres gardes les découvrent ? Va-t-il y avoir une confrontation avec les architectes ? "=> intéressante question ! Tu auras tes réponses bientôt !
Merci de ta lecture ! J'ai hâte que tu découvres le suivant :)
A bientôt,
Mak'
Encore un chouette chapitre !
C'est très touchant de voir la glace se briser un peu entre les deux frères. Il était temps que Cesare s'intéresse un peu plus à l'histoire d'Andréa et à ses motivations. Bon, par contre il est pas encore prêt à s'ouvrir en retour. Ça peut se comprendre. Il a grandi dans un environnement où les discussions à cœur ouvert, c'est pas vraiment la norme.
Ma petite théorie se révèle fausse. En même temps, trois mois d'enfermement, ça finit par être vraiment contre productif pour les faire gagner. D'ailleurs, je m'emmêle pas les saussices ? Dans le chapitre précédent, il était bien dit qu'il s'était écoulé trois mois depuis leur disparition, mais dans ce chapitre ci, on parle de deux mois ? Est-ce qu'il faut comprendre que ce chapitre se déroule un mois avant le précédent ?
Reste à voir qui volera à leur secours en premier : le paternel ou les deux filles. C'était super malin de la part d'Andréa de cacher des indices dans le tableau pour que leur père les retrouve.
Pour rebondir sur ta réponse au commentaire précédent, je suis définitivement team Andréa. 😄 Cesare est un personnage intéressant, bien construit et j'ai de la compassion pour lui mais... bon sang, qu'est-ce qu'il est mélodramatique. XD Chaque fois qu'on est de son point de vue, j'ai envie de le secouer. Je dois être un peu comme Andréa, les gens qui se complique la vie comme ça, ça me gonfle. 😆 Mais j'ai hâte de le voir évoluer et se libérer de l'emprise et des attentes de son père.
Bon courage pour cette période compliquée. Vivement les vacances !
Merci pour ton ressenti et tes retours !
"D'ailleurs, je m'emmêle pas les saussices ? Dans le chapitre précédent, il était bien dit qu'il s'était écoulé trois mois depuis leur disparition, mais dans ce chapitre ci, on parle de deux mois ? Est-ce qu'il faut comprendre que ce chapitre se déroule un mois avant le précédent ?"=> Tout à fait ! Il y a un petit décalage voulu !
Sinon, je te rejoins dans la team Andréa ! Ahaha ! Après, j'avoue que je m'amuse à écrire Cesare tant il est à l'opposé de moi XD
"Mais j'ai hâte de le voir évoluer et se libérer de l'emprise et des attentes de son père."=> Oui, tu verras s'il en est capable :p
"Bon courage pour cette période compliquée. Vivement les vacances !"=> Merciiiiiii
A bientôt !
Mak'
Ah ça fait super plaisir d'avoir des nouvelles des prisonniers. Il y a eu du changement en eux et entre eux on dirait ; après deux mois passés au cachot ça peut se comprendre. Ils sont légèrement plus tempérés, et cela leur permet de se trouver un petit moment de connivence très bienvenu pour moi, et qui reste suffisamment mesuré pour qu'on y croit. J'aime beaucoup la manière qu'ils ont trouvé pour communiquer entre eux, tout en image.
Ce plaisir que j'ai eu de les voir parler ensemble était cependant tinté d'inquiétude et de peine, car je pense que Cesare s'intéresse au passé d'Andrea car il sait qu'il risque de perdre la mémoire en usant de son pouvoir (si je me souviens bien... ma lecture remonte un peu). C'est terrible ! :'(
J'ai un peu vu venir le coup de la dernière grille fermée à clef (trop de grilles pour qu'il n'y en ai pas une qui reste fermée) mais ce n'était pas gênant, j'étais quand même à fond avec eux pendant toute la fuite.
J'ai trouvé tout le chapitre très bon. Mon moment préféré c'est quand Cesare demande "— Tu pourrais reproduire une des mes œuvres ? ". J'y vois là comme un premier pas vers un réel intérêt qu'il porte à son frère et à lui-même, une première tentative très authentique d'apprendre à se connaître et à le connaître... (enfin c'est mon interprétation !)
Les 2 petits détails que j'ai relevé :
1 : "Je me dis que je pourrai essayer mon pouvoir sur Cesare, mais au moment où je me décide, il s‘exclame :
— Comment était ta vie dans les Sanglots ?"
-> je sais pas si "exclamer" c'est le verbe qui colle le mieux ici
2 : "— C’est impressionnant.
— Vous êtes doués, tous les deux."
C'est pas Matteo qui dit les deux phrases ?
Bon courage pour la fin du boulot, à très bientôt :)
Merci de ta lecture et tes remarques !
" car il sait qu'il risque de perdre la mémoire en usant de son pouvoir (si je me souviens bien... ma lecture remonte un peu). C'est terrible ! :'("=> Alors, non tu te trompes ! C'est quand ils utilisent le Prodige des Tailleurs d'Images qu'ils perdent des souvenirs et non la capacité des Métallurgistes.
"J'ai un peu vu venir le coup de la dernière grille fermée à clef (trop de grilles pour qu'il n'y en ai pas une qui reste fermée) mais ce n'était pas gênant, j'étais quand même à fond avec eux pendant toute la fuite."=> Oui, j'imagine qu'on s'y attend un peu ! Ce n'est pas grave ;)
"J'ai trouvé tout le chapitre très bon. Mon moment préféré c'est quand Cesare demande "— Tu pourrais reproduire une des mes œuvres ? ". J'y vois là comme un premier pas vers un réel intérêt qu'il porte à son frère et à lui-même, une première tentative très authentique d'apprendre à se connaître et à le connaître... (enfin c'est mon interprétation !)"=> Je suis tout à fait d'accord avec ton interprétation !
"— C’est impressionnant.
— Vous êtes doués, tous les deux."
C'est pas Matteo qui dit les deux phrases ?"=> En effet, j'ai changé !
"Bon courage pour la fin du boulot, à très bientôt :)"=> Merci ! Je suis en vacances, c'est bon !
A bientôt, Phémie.
J'espère que tu avances bien aussi de ton côté !
Mak'
-> aaahhhh oui c'est vrai maintenant que tu me le dis. Désolé j'ai pas l'habitude d'étaler mes lectures (je pense que j'aurais lu ton bouquin en une nuit si je l'avais eu en main ;) )
Mais alors ça veut dire que l'unique coût pour ce don est sa main ? Il peut utiliser son pouvoir autant qu'il veut ça ne lui coutera rien de plus ?
Si c'est le cas c'est pas très "équitable" à côté du coût pour le Prodige des Tailleurs d'image (c'est pas un reproche, ça semble quand même cohérent puisque cet univers ne tourne pas non plus sur une notion de justice et d'équilibre, au contraire !)