Confortablement assis à la place d’honneur, David cogitait à toute vitesse. Bon, je m’en sors bien pour l’instant. On dirait que j’ai fait ça toute ma vie.
Cirig avait pris place à sa gauche et Talorc à sa droite . Les autres membres de la troupe avaient été invités à regagner leurs tentes.
Néanmoins, une personne intriguait David depuis le début. Il l’avait vue derrière le trône de Cirig lors de son entrée. Sa beauté l’avait frappé tout comme sa prestance. Il se dégageait de cette jeune femme une présence indéniable.
Bien que sa tenue trahisse son rang, ce fut elle qui leur apporta le repas. Alors qu’elle allait quitter les lieux. Cirig l’a retint par le bras.
—Aldaron, laissez-moi vous présenter avant de commencer ma fille Modwen. Si cela ne vous dérange pas, je souhaite qu’elle reste. C’est elle qui héritera de la tête de la tribu à ma mort. Cette affaire la concerne également.
—Aucunement. Maintenant, je vous écoute. Pourquoi avoir besoin d’un avatar d’Ogma en ces lieux ?
Cirig s’éclaircit la voix et expliqua :
— Notre tribu lutte depuis quelques années contre celle d’Alfric. Nos forces étant égales, un certain équilibre s’est installé. Mais récemment un nouveau mage est arrivé dans leur tribu, un certain Utica. Et c’est pas Ogma qu’il vénère celui-là croyez-moi !
David, accoudé à la table, commença à ronger l’ongle de son pouce tout en écoutant le chef des Scythes.
—Ils ont commencé à avoir l’avantage au combat grâce à des créatures que l’on n’avait jamais vues. Des trucs immondes, je ne saurai même pas vous les décrire. Talorc a réussi à nous en débarrasser mais elles reviennent toujours, plus nombreuses, plus puissantes et plus avides de sang. Nos forces commencent à manquer, nos troupes à se décimer tandis que les leurs ne cessent de s'accroître de nos morts.
—De vos morts ? Interrompit David en fronçant les sourcils.
—Cet Utica ne vénère pas nos dieux, il n’est pas comme nous, interrompit Talorg. Il utilise une magie corrompue, souillée par l’obscurité et le sang. Chaque mort est pour lui une bénédiction, un soldat de plus. Il les fait revenir en créatures immondes, on peine à les reconnaître, certaines créatures ressemblent même à des assemblages.
David tenta de se souvenir à quoi cela pouvait correspondre dans le monde de Gémonia, cela lui rappelait vaguement quelque chose.
Si seulement j’avais mon manuel du monde avec moi. Il se rappela soudain. Ma sacoche, il est dans ma sacoche.
David jeta un regard à celle-ci. Elle reposait à ses pieds. Il réprima l’envie de l’ouvrir pour se jeter dessus. Comment expliquer à Cirig et Talorc qu’il possédait un livre qui relatait toutes les règles et peuples de leur monde.
—…c’est donc pour cela que nous avons besoin de vous. Une fois que leur chef Théodgar nous aura écrasé, il poursuivra son extension et détournera les peuples des anciens dieux. Tout Gémonia est menacé.
La voix de Virig s'accéléra :
—Théodgar ne s’arrêtera pas là.
Pris dans ses pensées, David n’avait pas entendu le début de la phrase de Cirig, il fixait toujours sa sacoche à ses pieds, mâchonnant son pouce.
Et si grâce à moi, les Scythes gagnaient. Vu comme ça, un membre de l’ordre d’Aornis ne pourrait refuser, tout barbare qu'ils sont.
—C’est effectivement une affaire très grave que vous me rapportez ici. La magie corrompue doit être stoppée à tout prix. Je vous aiderai mais tout travail mérite compensation. J’ai besoin de réfléchir calmement au problème.
Cirig et Talorc se regardèrent et s'esclaffèrent en se tapant sur l'épaule de façon virile. Modwen, qui semblait avoir retenu son souffle tout le long de l’entretien, poussa un long soupir et sourit.
Qu’elle est belle.
—Merci de votre aide, Aldaron. Ma fille va vous emmener dans la tente des invités afin que vous puissiez vous reposer et penser à tout cela. Si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas. Il va sans dire que nous vous dédommagerons de l’erreur de Talorg.
—Ne vous inquiétez pas, je n’hésiterai pas.
Encore une fois, je suis admirative face à tes nouveaux chapitres. Je n'ai pas l'habitude des univers fantastiques, et le tien est très bien conté ! Tes descriptions sont toujours bien dosées. Cette fois-ci, c'est ta maîtrise des dialogues qui m'a frappée. Aucun élément superflu, tout fait avancer ton histoire. J'adore ta plume ! J'envie ton aisance à écrire ! Et ton histoire est géniale, je guette la suite avec impatience !