Chapitre 3 - Rencontre forcée

M. Peteers ouvrit une énième fois la porte du wagon, avec, cette fois-ci, un air plus sévère sur le visage. La plupart des adolescents s’étaient réveillés dans les minutes qui précédaient, mais quelques-uns étaient toujours allongés par terre.

– Et bien, je peux voir que vous avez finalement tous enfilé votre objet divin, remarqua-t-il, alors qu’une étrange légère déception apparaissait sur son visage.

Séraphine se releva et s’installa correctement sur sa banquette, rapidement copiée par Philae. Les autres adolescents réveillés firent la même chose.

– Malheureusement, j’ai l’impression que certains ont plus de mal que d’autres pour se réveiller. Je vous laisserai leur expliquer ce que je vous ai dis.

Il s’installa à l’autre bout du wagon, avant de continuer lentement.

– Enfin bref, ce n’est pas le plus important. Vous devez avoir énormément de question, n’est-ce pas ? Sur la raison de votre présence ici… Et le fait que, bien que vous vous souveniez de beaucoup de chose sur votre passé, il vous manque un bon nombre d’information dessus ?

Il y eut un léger acquiescement de la part des adolescents, mais la plupart restèrent immobile.

– Sachez seulement que vous n’êtes pas normaux, c’est pour ça que vous êtes là. Vous possédez des pouvoirs, et nous sommes là pour vous apprendre à les utiliser. Une fois que vous saurez le faire, vous pourrez retrouver tout ce que vous avez perdu.

Un silence envahit la pièce en réponse à sa déclaration ; Personne ne devait savoir comment réagir. Ces informations étaient trop extraordinaires pour être vraies. Qui pouvait y croire ?

– Enfin bref, vous le verrez bien lorsque nous arriverons, termina M. Peteers, Il vous reste vingt minutes pour faire connaissance. Après cela nous arriverons à destination.

Séraphine se retourna vers Philae, une question silencieuse s’esquissant sur son visage. Quelle était leur destination ?

Sa jeune amie secoua négativement la tête. Elle n’en avait aucune idée.

– Et surtout évitez les tensions entre vous. Ce serait triste que vous ne puissiez pas vous supporter. Après tout, vous allez devoir passer plusieurs années ensembles.

Sur ces mots, il quitta la salle, laissant les adolescents dans l’incompréhension.

Plusieurs années ? Mais et leurs familles ? Et leurs proches ? Allaient-ils les revoir ?

– Calme-toi, Séraphine. On aura toutes les informations plus tard, tenta de la rassurer Philae.

La jeune fille se retourna brusquement vers son amie. Comment pouvait-elle dire ça ? N’était-elle pas un minimum inquiète face à cette situation ?

Toutefois, lorsqu’elle la vit, Séraphine comprit que ces paroles n’avaient pour but que de faire en sorte qu’elle se calme. Ses mains jouaient nerveusement avec ses bracelets, alors que ses yeux observaient toute la salle avec inquiétude.

D’ailleurs, les autres adolescents aussi, n’étaient pas au meilleur de leurs formes. Certains murmuraient avec effarement, tandis que d’autres semblaient proches de la crise d’angoisse.

– Il nous a dit de faire connaissance avec les autres, non ? Se rappela à voix basse Séraphine.

Philae acquiesça.

– Oui, exactement. L’ennui, c’est que personne ne semble en état de le faire, précisa-t-elle.

Son regard fit le tour de la pièce, avant de se fixer sur la fille et le garçon qui avaient enfilé leurs objets divins, peu après elle.

– A part eux, peut-être, avoua l’adolescente.

En effet, les deux personnes paraissaient être les plus à l’aise dans cet environnement, discutant allègrement avec les autres.

– Ils n’ont pas l’air d’être énormément impactés par les événements, commenta Séraphine.

– Tu penses ? Pourtant, regarde le garçon. Ses yeux font sans cesse des aller-retours vers la porte. Je pense que, tout comme la fille, il ne fait que bien le cacher.

Les regards de Philae et du jeune homme se croisèrent pendant un instant, avant que celui-ci ne prenne la parole.

– Alors… Vous avez aussi une vision, vous aussi ? Interrogea-il lentement, en hésitant légèrement.

Tous les yeux se retournèrent immédiatement vers lui.

– Ouais… Répondit la jeune fille à ses côtés, en caressant sa broche, Moi, j’ai vu une « divinité ». Il m’a parlé de lumière.

– C’était pareil pour moi, confirma Séraphine, Elle s’appelait Erynie et a parlé de maitriser le feu.

Un léger silence envahit sa déclaration, laissant le temps à tout le monde de digérer les informations.

– Moi, c’était un homme, continua l’adolescente aux cheveux noirs, Il s’appelait Saad et m’a dit que je devrais être digne et fière de posséder son « pouvoir ».

– Moi aussi, intervint le premier, Il m’a dit qu’il s’appelait Ash et a parlé de vent.

Une jeune fille aux cheveux corbeaux fronça des sourcils.

– Ils ne vous ont parlé que de vos pouvoirs ?

Tous acquiescèrent en se jetant des petits coups d’oeil inquiets.

– Oui, répondit Séraphine, Toi pas ?

– Si, bien sûr, s’empressa de dire l’adolescente.

Il semblait dur de croire qu’elle disait la vérité… Séraphine voulut l’interroger plus profondément, mais Philae lui attrapa le bras, et lui fit signe de laisser passer.

– Moi, j’ai vu une jeune femme qui m’a dit s’appeler Lysandra. Elle m’a parlé de maitriser la terre, reprit une autre jeune fille, Je m’appelle Mila, si jamais, ajouta-t-elle.

A peine eut-elle fini de parler, que le silence reprit. Personne ne semblait oser parler, laissant ce chaos silencieux régner en maitre.

– Bon, s’il faut que l’on passe plusieurs années …( Séraphine grimaça à ces mots, alors que certain semblaient plus proche de la crise que jamais. Elle peinait à croire qu’elle avait aussi rapidement accepté cette réalité. Toutefois, l’adolescente continua. ) S’il faut que l’on passe plusieurs années ensemble, mieux vaut que l’on se présente un minimum et que l’on sache ce dont l’on est capable.

– Je commence ? Proposa celui qui avait parlé le premier.

Devant le silence des autres, il continua.

– Je m’appelle Noah. J’ai quinze depuis quelques mois déjà… De ce qu’on m’a dit je peux maitriser le vent.

Quelques murmures vinrent accaparer la pièce, lorsqu’il eût terminé, mais elles se turent rapidement

– Je m’appelle Alma, j’ai dix-sept ans. Et j e crois que je peux maitriser la lumière, déclara la fille à la broche dorée.

Ensuite, tous se tournèrent vers celui qui se trouvait seul dans un wagon. C’était un jeune homme avec des lunettes dorés et des yeux bleu foncé. Tout chez lui dégageait le soin ; Que ce soit ses cheveux noirs, ou ses beaux habits.

– Ezra. Je maitrise le savoir, avoua-t-il finalement, d’une voix hautaine.