Chapitre 31 : Le rite de passage du mercenaire

    

        — Laisse-la tranquille, intervint Jia Mei en déposant deux chopes d’un liquide non identifié sur le plan de travail de son bar.

        Cirrus en prit une avant de boire une profonde gorgée.

        Après le repas d’hier, il ne s’était rien passé de spécial. J’avais aidé Chelsea à laver la vaisselle pendant que Vanessa et Ether débarrassaient. Sackarias, comme à son habitude, était allé vaquer à ses occupations; et Jesca, et bien Jesca avait fait ses trucs.

        Ether n’était pas venue me voir et je n’avais aucune idée de la façon dont je pouvais engager une conversation avec quelqu’un qui n’en avait visiblement pas envie. Non pas que je sache comment le faire en temps normal. Je n’essayais jamais d’aborder qui que ce soit si ce n’était pas nécessaire. Le small talk n’avait jamais été mon fort. Mais, surtout, c’était toujours elle qui faisait le premier pas; elle qui était spontanée et naturelle. Alors, la voir si peu entreprenante ne facilitait pas les choses. D’autant que je ne comprenais pas ce qui lui arrivait. Je ne pouvais m’excuser si je ne connaissais pas mes tords. Et je ne pouvais pas les connaître si je ne demandais pas, pensai-je.

        — Tout ce que je dis, répondit-il en déposant la chope un peu trop fort à mon goût.  C’est qu’il faut tirer son coup. Sérieux. (Il se tourna vers moi en faisant la grimace.) Tu fais comment pour décharger ton surplus d’émotions négatives. T’es même pas du genre à taper sur des trucs ou à méditer.

           Jia Mei leva les yeux au ciel, sidérée, mais pas surprise.

        Nous étions au bar-armurerie dans lequel j’avais acheté mes armes il y a quelques semaines. J’étais sortie pour discuter plan d’attaque avec Cirrus, sans demander à Ether de m’accompagner, mais j’avais fini au bar miteux du coin. 

        J’étais mauvaise langue. Il n’était pas miteux; il était on ne peut plus propre compte tenu des conditions. C’était… un agréable endroit. J’étais sûre que c’était en grande partie dû à la touche féminine qu’apportait Jia Mei. 

        Quoi qu’il en soit, j’avais trouvé Cosmo occupé à déballer des caisses de plantes, perdu dans ses pensées, et Cirrus avait profité de ma présence pour s’éclipser. Et puis, une chose en entraînant une autre, nous en sommes venus à parler de—

        — Tu crois que je ferais comment si je m’envoyais pas en l’air ? s’insurgea-t-il. 

        — Je veux pas le savoir, répondis-je en soupirant. 

       Ça me rappelait une conversation que j’avais eue un peu après être sortie de Killingfield High. Je me demandais comment ils allaient tous à Vargues, d’ailleurs. Comment allait Jane. Et les autres. 

        Un autre soupir.

        Cirrus me donna une tape sur l’épaule et rapprocha la chope de moi.

        — Tu veux savoir comment allier meurtres et bonheur ? me demanda-t-il avec un large sourire qui fit pétiller ses yeux. Je vais te l’apprendre. C’est pas tous les jours qu’on a un tueur né comme pote, hein ? Alors profites-en.

        Je ne pus retenir un sourire. C’était vrai que je connaissais très peu de personnes aussi joviales que lui. Peu qui le soient en ma présence, du moins. Et il avait raison, ce n’était pas tous les jours que je pouvais discuter aussi librement avec un autre tueur à gage. Ou avec quelqu’un qui comprenais aussi bien ma situation. 

        Je regardai la chope. J’avais des tas de question à lui poser, et c’était pour ça que j’étais venue. Sur la relique, pour le mettre au courant au sujet des goules et de Heesadrul, lui parler de Cosmo et du journal, de Neela et du reste.

        Mais il avait raison. Tout se faisait avec parcimonie. Il était peut-être temps de saisir la perche que la vie m’avait tendue; aussi rouillée soit-elle, et de profiter de ces choses qui m’ont longtemps échappée. Rien ne pressait après-tout. Pour une fois.

         — Le rite de passage du mercenaire, tu disais ? demandai-je en prenant la chope.

        Il éclata de rire et me l’enleva des mains avant de faire signe à Jia Mei qui leva un sourcil.

         — Si tu veux le faire, fais-le bien, déclara-t-il avant de faire glisser la chope vers Jia Mei. Ajoute le Maître.

        Elle grimaça en me jeta un regard hésitant.

        — T’es sûre que tu en veux ? me demanda-t-elle en se pencha vers moi.

        — Bien sûr que oui ! répondit Cirrus en se penchant à son tour.

        Jia Mei poussa sa tête d’un geste distrait sans lui prêter attention. 

        — Tu sais, le Spyritus c’est quasiment de l’alcool pur. Je peux peut-être te donner un truc moins fort ? Ou à la limite, un shot ?

        — Eh, t’arrêtes de lui couper les couilles ? s’exclama Cirrus. C’est un truc, entre nous. Tu peux pas comprendre. Fais ton taff et sers-nous si tu veux pas que je me plaigne à ton manager.

        Je fis signe à Jia Mei d’y aller. Elle soupira, et gratifia Cirrus de son majeur. 

        Elle sortit une bouteille en verre qui avait l’air d’en avoir vu des vertes et des pas mûres, et en ajouta à la chope. Je la trouvais déjà bien assez remplie, et suspecte, mais je ne fis pas de commentaires. Elle en fit de même avec Cirrus, et je fis dans son regard qu’elle se retenait d’y ajouter sa salive.

        Elle nous rendit nos chopes.

        — Tu mérites tellement de mourir, lâcha-t-elle. C’est rendre service à l’humanité que ton patrimoine génétique s’éteigne avec toi.

       Cirrus faillit s’étouffer avec sa salive.

        — Gratuitement, comme ça ? fit-il en prenant sa chope et en me faisant signe de l’imiter.

        — Tu te moques de moi ? T’es là, tu passes tes journées ici, chômeur dans l’âme, sans prendre la peine de payer. Tu te poses, à nous ventiler de ton odeur corporelle avec tes bouts de parmigiano di la crasse. Et en plus, tu forces Jaïna à boire cette horreur; des centaines d’années d’affinage. Il y a des vétérans de la guerre du vietnam qui ne s’y attaqueraient pas. 

        Il leva une main en l’air.

       — C’est pas moi qui t’ai payé ta vasectomie, ma grande. Mais il y en a ici qui ont plus de cran que toi. (Il se tourna vers moi.) Tu vas pas le regretter, ajouta-t-il avec un sourire.

        — Si, lâcha Jia Mei. Ne te force pas à tout boire. Si tu ne finis pas, je le lui verse dans l’urètre.

         Je grimaçai à cette vision. 

        En inspectant le contenu gazeux et l’espèce de fumée qui se dégageait de la chope, j’avais l’impression d’avoir affaire au diable sous forme liquide.

        — C’est vraiment ça que vous buvez au Conclave ? demandai-je à Cirrus.

        Il haussa les épaules.

       — Ça fait pas autant flipper, d’habitude. On le prend seul. Remercie Jia Mei pour l’aura meurtrière du cocktail.

         Elle lui lança un serviette au visage.

        — Mais regarde, lui dit-il en rigolant. Y a une tête de mort qui en sort, j’ai vu trois mouches tourner de l’œil.

        Elle leva les yeux au ciel.

        — Le cocktail n’a rien de terrible, me rassura-t-elle. Tu sais ce qu’on dit : l’habit ne fait pas le moine. Mais je ne garantis pas le résultat avec la merde de Cirrus.

        Je pris une profonde inspiration. 

        — À ta santé, Snow Slayer ! fit-il en entrechoquant nos chopes.

        Quand le liquide passa la barrière de mes lèvres, j’eus l’impression que… je ne sais pas. Qu’on me versait de l’acide dans la bouche. C’était à la fois, froid et brûlant. Je ne pouvais même pas décrire le goût, mes papilles gustatives étaient sûrement en choc anaphylactique. Ma gorge sembla lutter pour comprendre ce que j’essayais de lui faire ingérer et, pendant tout le trajet jusqu’à mon estomac, mon corps me faisait comprendre que je n’y gagnerais rien à lui faire avaler de l’essence. 

        Les larmes me montaient aux yeux pendant que je me forçais à tout ingérer. Quelque part, au fond de ce cataclysme métabolique, j’étais convaincue que mon corps essayait de tousser. Mais je pense que cette chose de ne lui en laissait pas l’occasion.

        Quand la dernière gorgée passa, j’expirai lourdement et claquai, bien trop fort, la chope sur le plan de travail. Je n’arrivais pas à savoir si j’avais chaud ou froid, je ne sentais plus ma bouche et mon système digestif était en mode OFF

       Lorsque je relevai la tête, Cirrus et Jia Mei me regardaient fixement, bouche bée. Et pas qu’eux.

        Je pris un moment à remarquer que tout le bar était plongé dans le silence et nous regardait.

         Me regardait.

        ll y eut un instant de flottement et puis.

        Ce fut l’effervescence.

        Tout le monde applaudit et cria. Des personnes passèrent derrière moi et me donnèrent de lourdes tapes sur l’épaule. D’autres me prient même dans leurs bras. Je suis sûre que plusieurs me parlèrent, mais je fis pas attention. Non, en fait, je ne compris rien. Mon cerveau avait du mal à se concentrer sur tout ce qui se passait. J’avais l’impression d’être parcourue de frissons, mais ce n’était pas désagréable.

        — Putain. De. Merde ! s’exclama Cirrus. Si je m’attendais à ça !

        — Bah, ça alors, lâcha Jia Mei.

        — C’est toi qui m’a dit de boire, dis-je.

        Il fit passer sa main dans sa touffe.

        — Je pensais à une gorgée. Ou deux à la limite. Mais certainement pas à ce que tu siffles ça comme du petit lait.

         — Tu veux de l’eau ? Ou autre chose ? me demanda Jia Mei.

        Je secouai la tête.

         — Non, ça va, merci, répondis-je en clignant des yeux.

        Elle sourit.

         —  Tu as une sacré descente. Tu dois gagner tous les concours, toi.

         — Je n’ai jamais bu d’alcool, déclarai-je.

        Cirrus leva les yeux de sa chope et regarda Jia Mei.

         — Tu nous fait marcher, là.

         Je levai un sourcil.

         — Cette pinte, c’était ta première goutte d’alcool ? insista-t-il. 

        Je hochai la tête.

         — Et… tu es sûre que ça va ? fit Jia Mei.

         — Oui, je crois.

        J’avais l’impression d’être en train de dormir. Sauf que j’avais bien conscience d’être réveillée; alors, je dirais que ça allait. Mais, paradoxalement, je savais qu’aller aussi bien voulait dire que ça n’allait peut-être pas si bien que ça.

        — J’arrive, me dit Cirrus.

        — Tu arrives où—

         Avant que je n’aies le temps de finir, il s’attaqua à son tour à l’entièreté de sa chope. Et tout comme moi, il fut salué par la foule. Mais contrairement à moi, il fut prit d’une quinte de toux qui fit mourir de rire Jia Mei. 

        — Tu veux du lait, soldat ? 

        Pour toute réponse, il s’étouffa un peu plus.

        Quand il but, à son tour, le verre de lait qu’il lui servit il me tendit le poing. J’y entrechoquai le mien.

        — Je vais tellement pisser, commenta-t-il et posant son front contre le plan de travail.

       Je souris.

        — Cosmo risque de ne pas apprécier, commentai-je.

        — Je risque pas de tirer de coup ce soir, maugréa-t-il. 

        Je jetai un coup d’œil à Jia Mei qui hocha la tête.

        — Cosmo et lui, ils sont ensemble.

        Ça, pour une surprise.

        — Je ne l’aurais jamais deviné, fis-je.

        Jia Mei acquiesça à nouveau.

        — Encore moins quand on voit à quel point il a du mal à la garder dans son froc.

        Cirrus releva la tête et lui jeta un regard mécontent.

        — Je l’ai jamais trompé, répliqua-t-il.

        Elle me regarda, en roulant les yeux.

         — Peut-être, mais si j’étais lui, je ne prendrais pas le risque.

         Cirrus claqua la langue.

         — En parlant de binômes surprenants, reprit Cirrus qui reposa sa tête sur le plan de travail. Où est ta sugar mommy ?

         Je m’adossai à mon tour et reposai ma tête sur ma main.

         — Ma quoi ?

         — Ta sugar mommy, répéta-t-il avec un sourire narquois. Ether, c’est comme ça qu’on dit, non ? Une richarde canon avec qui tu es tout le temps fourrée. 

         — Qui est Ether ? intervint Jia Mei.

         — Ah oui, c’est vrai que tu l’as pas rencontrée, ricana-t-il. C’est une Draatinga, la pote de Jay Jay.

         Jia Mei prit un tabouret et s’assit dessus, prête à faire le plein de ragots. Je n’étais pas sûre qu’elle en avait vraiment le droit, cela dit.

         — La fille du mec qui est passé au Primedia ? 

         Je me tournai vivement vers elle.

         — Quoi ? 

         — On n’a pas de télévision, dit-elle. C’est un coursier qui nous a fait le point sur ce qui se passe à la capitale. Les Draatinga font partie du Primedia, maintenant.

         Cirrus fit la grimace en se redressant difficilement.

         — Et ça, c’est pas bon pour elle. Pas ici. Faut pas que ça se sache.

         Je regardai autour de moi. Toutes les personnes qui étaient là avaient fui la ville. Et la vie à Specter en général. Mais quand on ne pouvait pas quitter la nation, on faisait avec ce qu’on avait. Et qui disait fuir Specter, disait fuir le gouvernement, et donc, le Primedia. 

        S’il apprenait qu’une membre d’une des douze familles était là, il pourraient en faire un bouc émissaire. Même si c’était récent. Tout était bon pour se défouler.

        Je serrai les poings à cette pensée. 

        — Il y a eu d’autres annonces ? demandai-je.

        Jia Mei se gratta la tempe.

        — Un gang a quitté Vargues, répondit-elle. Euh… Les Guerriers, les Animaux ? Les—

        — Les Anarchistes.

       Ils avaient donc réussi à quitter la ville. Tant mieux. J’espérais qu’ils rejoindraient leur destination sans encombre.

       Elle claqua les doigts.

        — C’est ça.

        — Tu les connais ? fit Cirrus.

        Je hochai la tête en me frottant les yeux.

        — Uh-huh. C’est des… amis.

        — Tu fais partie d’un gang, toi aussi ? reprit Jia Mei.

        — Ouais.

        Lorsque je m’entendis répondre, je me mordis la langue. C’est pas vrai. Je parlais beaucoup trop et j’avais beaucoup trop de mal à maintenir ma concentration. 

        Mais aucun d’eux ne prêta attention à ma réponse.

        — J’ai entendu dire que le gang des Cobras était sorti, fit Cirrus. C’est ce qui a fait fuir tout le monde.

        Jia Mei leva un sourcil.

         — On le saurait, s’ils étaient revenus, non ? De ce que j’en sais, ces types ne font pas dans le discret.

        Il haussa les épaules et me regarda. Je détournai les yeux et il fronça les sourcils.

         — En tout cas, ajouta Jia Mei. Tu as bien fait de te barrer de Vargues. Ça ne va pas tarder à être un sacré beau bordel là bas. Tout le monde est à cran et ça finira bien par péter.

        Je haussai les sourcils à mon tour. J’espérais qu’elle avait tord, mais entre le départ des Anarchistes, le Primedia qui venait de se remodeler, la "libération" des Cobras, et toute cette histoire autour de moi, Ether et Vanessa, elle avait raison ; ce n’était qu’une question de temps. 

        

        Nous continuâmes à discuter de choses et d’autres, allant de sujets divertissants à totalement insignifiants. Et en un clin d’œil, le soleil s’était déjà couché. Je n’avais pas eu l’intention de rester aussi longtemps, et je ne me souvenais pas de la dernière fois que j’avais passé un après-midi sans rien faire. 

         La taverne s’était vidée. Il n’y avait pas plus de six personnes qui, visiblement, repoussaient autant que possible leur retour au bercail. Jia Mei s’affairait à essuyer le comptoir du bar pendant que Cirrus m’expliquait l’importance capitale des vêtements cintrés. 

        — Je vais rentrer, annonçai-je en me relevant. J’ai du travail qui m’attend…

        Je fus soudainement prise de vertige et me rattrapai maladroitement à la banquette du comptoir. 

        — Oula, doucement, me dit Jia Mei. Tu ne devrais pas rentrer toute seule. Encore moins dans cet état. Les gens ont peut-être l’air cordiaux, mais je ne tenterai pas la nature humaine aussi tard. 

        — Ça va, la rassurai-je en sentant le poids du regard de Cirrus sur moi. Je me suis juste levée trop vite.

    Cirrus me lança un regard réprobateur. Il était sacrément rigide pour un ivrogne.

        — Tu te remets à peine de tes blessures et t’as sifflé le poison du diable. Dis pas de conneries.

        — Et qui l’y a poussée ? répliqua Jia Mei.

        Cirrus balaya son commentaire d’un geste en se relevant. Il tituba légèrement.

        — Je t’aurais bien raccompagnée mais je pense qu’on risque juste de se retrouver tous nus dans un bus au milieu du désert. (Il se massa les yeux.) Viens à la maison, c’est à deux pâtés d’ici.

        Je ne me sentais absolument pas ivre. Mais, d’un autre côté, est-ce que ce n’était pas exactement ce que dirait quelqu’un qui l’était ? Je ne saurais pas dire si j’étais sous l’emprise de l’alcool, ou juste en convalescence. De toute façon, boire alors que je venais de me réveiller d’un mini coma était loin d’être la chose la plus maligne que j’aie faite.

        Mais il était vrai que les choix intelligents se faisaient rares en ce moment. Autant commencer par changer ça.

        J’acquiesçai. 

        — Très bien. Mais tu es sûr que ça ne gênera pas Cosmo ?

        Il étouffa un rire.

        — La seule chose qui le gênerait serait que j’amène mon double maléfique. Ou un amant. 

        J’échangeai un regard avec Jia Mei qui leva les yeux au ciel. 

        — Plus sérieusement, non. En plus, c’est surtout pour lui que t’as fait tout ce chemin, non ? ajouta-t-il en se dirigeant vers la porte.

        Je clignai des yeux. Comment est-ce qu’il l’avait deviné ? 

        — Attends, m’interpella Jia Mei alors que j’emboîtais le pas à Cirrus. Je n’étais pas sûre que tu apprécierais que je te donne ça devant Cirrus alors j’ai préféré attendre qu’il parte. 

        Elle me tendit une lettre qu’elle avait gardé rangée sous le comptoir.

        — Elle n’a rien de spécial, commentai-je en l’inspectant.

        Ce n’était que du papier terne qui témoignait de la misère du voyage.

       — Je croyais que personne ne connaissait cet endroit, dis-je en la regardant.

       — Personne qui n’y soit jamais venu, confirma-t-elle. Mais si quelqu’un décide de faire confiance et de mentionner cet endroit… Si tu préfères, il n’y a qu’un cercle restreint qui est au courant. (Elle désigna la lettre d’un geste.) Et on dirait que tu connais quelqu’un qui en fait partie.

         — Tu viens ou quoi ? lança Cirrus depuis la porte d’entrée.

         — Merci, fis-je. Pour ça, et pour le reste.

         Jia Mei sourit.

        — C’est normal, répondit-elle. Allez, file avant que Freddy Krueger ne s’impatiente. Fais attention sur la route.

        Je la saluai d’un geste et sortis de la taverne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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