CHAPITRE 4

Par Smi

Le rendez vous avait été fixé dans une boîte de nuit du centre ville. Le couple franco russe était venu accompagné de plusieurs amis hommes et femmes, jeunes et moins jeunes.

Apparemment, ce couple ne se posait pas les mêmes questions existentielles que Martial sur la façon de se faire de nouvelles relations, peut être la fortune aidait elle en cela.

Peut importait, Martial était décidé à s’amuser, comme un quadragénaire célibataire, seul dans une grande ville ou le soleil, la mer et la plage étaient des ingrédients parfaits pour rompre la solitude.

Après les présentions, la valse des bouteilles sur les tables et des discussions sur les relations communes des uns avec les autres, les professions, les voyages et les loisirs, Martial fut saisi d’une impression, celle qu’il ne se trouvait pas là par hasard.

 L’un des participants se faisait appeler professeur Pingh. D’origine asiatique, il émanait de lui un mélange entre empathie naturelle et charisme.

Il parvenait à captiver son auditoire de manière naturelle, sans effort de langage,  sans moduler le ton de sa voie. Une sorte d’aura s’était établie autour de lui.

 

L’homme était très élégant, faisant une première très bonne impression de part sa tenue vestimentaire. Le costume Lanieri avait été taillé sur mesure par le fabricant italien, ce qui donnait de la prestance au petit gabarit de Mr Pingh.

Gants de cuir noir et borsalino délicatement posés près de lui, foulard Ascot en soie bleu saphir, manifestement l’homme faisait attention à sa présentation qu’il voulait la plus Européenne possible.

Martial l’imagina un instant en golden boy sévissant sans scrupule sur la City londonienne, brassant des millions de yens, de dollars  ou euros sur l’écran froid de son ordinateur.

Au bout de quelques heures, Martial se rendit compte qu’il avait passé la plupart de sa soirée en compagnie de cet homme, sans avoir pour autant retenu la teneur de ses paroles.

Il mit cette pseudo inconscience sur le compte de l’alcool qu’il avait ingurgité depuis son arrivée dans ce lieu de la nuit. Il faut dire qu’il buvait peu depuis plusieurs années, qu’il ne sortait quasiment pas, qu’il menait une vraie vie de famille en fait.

Il se rendit compte qu’il n’avait pas adressé la parole à certains invités du groupe et notamment à cette jeune et belle blonde Ukrainienne qui apparemment n’attendait que cela ; en tout cas, c’est ce que lui rapporta son client les jours suivants.

En clair il avait raté une occasion de se faire de nouveaux amis et pourquoi pas une belle rencontre féminine.

Qu’avait il retenu de sa soirée en compagnie du professeur Pingh.

Ce chercheur était en France pour quelques semaines seulement. Il était en train de développer un nouveau traitement psycho neurologique. Il avait conçu une nouvelle  molécule capable de transporter l’esprit, disait-il. En fait il ne maitrisait pas très bien les effets de sa découverte ; mais cela Martial ne le comprit que bien  plus tard.  

Pingh voulait tester son invention sur des patients sains avant de proposer le résultat de ses recherches aux laboratoires du monde entier et demander un agrément médical.

Mais à ce stade de ses démarches, on se trouvait plus dans une phase expérimentale de tests sur cobaye que dans la phase de test clinique déclaré.

En réalité, les pratiques de ce professeur semblaient un peu border line, quoi qu’il en dise. Martial, pris sous la force de conviction de son interlocuteur ne résista pas à la tentation de s’engager pour un test qui justement était « sans engagement » sinon celui de donner un peu de son temps à la science.

Et pourquoi ne pas essayer quelque chose de nouveau, d’intriguant ; c’était quand la dernière fois qu’il avait fait quelque chose pour la première fois ?

Justement, l’occasion lui en était donnée. Il prit rendez vous avec le professeur pour la semaine suivante.

Les deux hommes se quittèrent sans autres politesses. Mr Pingh se leva le premier, remit délicatement son couvre chef et ses gants.

Dans cette posture, Martial l’imagina plutôt dans un rôle de gangster ; Borsalino, le film de Jacques Deray des années 70 lui revenant en mémoire avec Alain Delon et Jean Paul Belmono se déchirant sous le soleil de Marseille.

 

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