A Mÿrre, pendant les arrestations à Byan
L’appel de Gaultier avait sonné Bénédit. Telle une tempête de glace qui s’abat sans prévenir, ses mots l’avaient pétrifié. On parlait de camps et d’exil dans les terres les plus reculées et hostiles du Nouveau Monde. L’ancien Elu ne souhaitait pas attendre de comprendre si Gaultier avait raison. L’homme d’un calme olympien n’aurait pas utilisé un ton si alarmiste si la situation n’était pas réelle et grave.
Lui qui hébergeait Sophya depuis le départ de son frère se devait de la réveiller. Rentrée dans une douleur sans nom à la mort de Sonfà qu’elle avait vécu minutes après minutes, pleure après pleure. Elle était à présent fermé dans un mutisme tel un oiseau pris au piège dans une cage. Cependant, elle n’avait plus le temps de pleurer sa bien-aimée, ils devaient sauver ceux qui étaient encore debout.
_ Sophya, il nous fait réunir le plus grand nombre le plus vite possible et dans le plus grand des secrets ! ordonna Bénédit.
_ Nous partons en guerre ? S’écria la sœur Peyrache qui se remettait debout pour la première fois depuis la mort de Sonfà.
_ Oh non ma fille, on s’en va. On quitte Mÿrre, on va se faire oublier un temps. On doit se rassembler, s’unir et se cacher pas batailler ! rétorqua Bénédit.
Comme s’il n’y avait rien d’autre à faire, tel un pantin, Sophya obtempéra. La sœur de l’Elu était de celle qui se courbait mais ne pliait jamais. Frêle comme un roseau, elle était pourtant aussi solide que lui. Armé de son courage, de toutes ses forces et surtout de son arc, elle suivit Bénédit dans les rues de Mÿrre. Ils essayaient de convaincre le plus de personne possible. Ils toquaient tous deux à toutes les portes devant lesquelles ils passèrent. Certains refusaient n’arrivant pas à abandonner leur vie, d’autres les suivait précipitamment. La seule règle était de s’habiller en couleur claire, en blanc ou en gris de préférence et de partir au plus vite avec quelques affaires.
_ Ils vont nous envahir et nous enlever un par un. Ils auront force et moyen de nous contenir ! Vous devez nous suivre, nous serons maitres de notre exil ! Criait Bénédit et Sophya en tambourinant à chaque portes et fenêtres qu’ils croisaient.
_ Prenez l’essentiel, recouvrez-vous d’un drap clair ou quoi que ce soit et suivez-nous sans broncher, indiquez-t-ils dans les telsmans de tous ceux qui ouvraient leurs portes.
Ils n’avaient pas le temps de faire plus, là dehors certains miliciens les voyaient fuir pourtant aucun ne les coupa dans leurs élans. Ils n’avaient pas reçu l’ordre de les contraindre, pas encore mais ce n’était qu’une question de temps. Après avoir rameuté le plus de monde qu’ils pouvaient, on les vit disparaitre un à un à travers la nappe d’un lourd brouillard sans qu’un milicien n’ait eût le temps de bouger le petit doigt.
La fumée créée par Sophya dissipait tous les corps, tous les visages sans qu’on n’y puisse rien. Guidés par Bénédit à travers leur telsmans, les Physés s’évaporèrent dans les terres de Yacuiba laissant derrière eux l’épais brouillard de la sœur Peyrach.
_ Nous devons nous éloigner de Mÿrre le plus possible, les guidait Bénédit.
Habillés de blancs, marchant dans une épaisse brume, ils étaient presqu’invisible aux yeux du monde. Sophya connaissait sa terre sur le bout des doigts. Avec son frère et son père, elle avait arpenté la région bien des fois. Elevé en nomade avant de se poser à Mÿrre, ils s’étaient servis de nombreuses grottes, de nombreux gouffres pour s’abriter. Elle était là la solution pour échapper à l’envahisseur.
_ Contrairement à ce que disait Sonfà, nous allons devoir vivre caché pour vivre heureux ! se remémora douloureusement Sophya.
_ Nous survivrons pour mieux les vaincre ! lui répondu son ami Alia qui marchait à côté d’elle.
Sophya menait la météo par le bout du nez. Plus elle avait peur, plus elle pensait à Sonfà, plus son pouvoir se montrait fort et redoutable. Les trois jours qui suivirent se firent alors dans la plus grande des invisibilités. Seule Sophya pouvait s’y repérer et elle guidait avec elle une bonne partie de son peuple, ceux qui avait bien voulu les suivre qu’importe leur couleur, leur famille ou leurs avis personnels.
Pendant ce temps-là, au lendemain de leur départ, petit à petit la milice avait tenté d’arrêter des personnes. S’il restait quelques idéalistes, beaucoup avait fui et la tempête était favorable aux derniers fuyards.
_ On ne voit rien ! Mettez vos masques et lancez ce foutu poison ! ordonna Boulta le chef de la milice à Mÿrre.
_ Mais Monsieur on ne peut pas voir qui on arrête, on ne peut presque lire aucune pièce d’identité ! S’insurgea l’un de ses sous-fifres.
_ On s’en fou, menottez et transportez tous ceux que vous trouvez jusqu’aux trains ! Ce sont les volontés de Loris pour répondre à leur fuite.
_ Avec le poison, ils vont tous tomber ! On ne pourra pas savoir qui on déporte ! Tout le monde n’est pas sur la liste chef !
_ C’est pour ça qu’il faut bien mettre vos masques ! Si toutefois un imbécile ne suit pas correctement mes ordres, vérifiez tous les wagons qu’il n’y est personne en uniforme de milicien ! Pour le reste, tant pis ! Mettez à ses chiens leur pièce d’identité autour du cou et c’est parti pour un beau voyage. Ils l’auront bien cherché ! On ne va pas arrêter les déportations parce qu’on n’est pas sûre de qui on arrête ! Pas de quartier. Si vous ne les identifiez pas, tempi on les charge telle quelle ! On séparera juste les humains, des siréliens c’est tout. Ils se débrouilleront dans les camps. Le chef de la milice n’y voit aucun mal et Loris a raison. Allez !
Dans une cohue sans noms, Siriéliens et Humains tombèrent sous la nuée des bombonnes de gaz lancées. Un mal inconnu venait alors s’abattre sur Mÿrre, dans une nuée pourpre, il rendait malade tous ceux qui n’étaient pas protégés contre lui. Faibles, nauséeux tous s’écroulaient sur le sol avant de s’évanouir. Le poison était semblable à celui qui avait touché la capitale il y a des années, un mal bien connu et pourtant si bien gardé.
Garnel Asage avait encore frappé mais cette fois il avait réussi à faire tenir le pouvoir de son fléau dans des flacons. Plus besoin de la présence du père d’Andzrev sur place, avec Loris ils avaient trouvé le moyen de le contenir à travers son sang. Il rendait les humains encore plus faibles qu’ils ne l’étaient puis il s’attaquait aux Siréliens. Les miliciens en détenaient assez pour noyer les différentes villes de la région mais ils devaient aussi en garder pour le voyage. Si les humains restaient fatigués pendant le trajet, non drogué les Siréliens s’en remettraient vite.
_ Une fois dans les wagons, vous vérifiez ceux qui ont des telsmans et vous les regroupez ensemble. Le reste ce sont des humains, surement des traitres vous les mettez à part ! Gronda Boulta au fur et à mesure que les corps s’amassaient dans les wagons.
La liste ne comptait plus, la ville de Mÿrre était l’ennemi. Quiconque ne portait pas de masque était déporté, qu’on lui reproche quoi que ce soit ou rien du tout ! Seuls les miliciens et leurs proches furent protégé du fléau. Aucun d’eux ne voulait décevoir leur ministre favori ou son frère militaire, leurs chefs d’état. Ils voulaient rendre fière avant tout ceux qui avaient permis la création de leur poste, ceux qui leur permettait de se nourrir et de vivre plus aisément. Ils n’obéissaient pas au conseil ministériel mais qu’à deux hommes, le ministre qu’ils considéraient déjà comme leur roi et son bras armé. Garnel Asage ne les blâmerait jamais d’avoir fait du zèle et encore moins Loris, alors ce fût avec ardeur qu’ils déportèrent tous ceux qui étaient resté dans la capitale des physés.
_ Les wagons sont pleins à craquer ! se plaignit l’un des miliciens.
_ Oui, il nous en reste combien à charger ?
_ Une bonne quarantaine chef !
_ Très bien, ils sont chanceux. Ils ne partiront pas pour les lendemains sans peur dans ce cas ! ricana Boulta en arpentant le quai de long en large.
_ Que fait-on d’eux alors ?
_ Laissez-les attachés, quand le train sera parti nous aurons le temps de vérifier leur identité à la lumière de nos torches. S’ils n’étaient pas concernés par les camps, on les libérera. En revanche s’ils l’étaient et qu’ils ont raté le départ, on les exécutera sous le motif de la rébellion qu’ils auraient tenté. Voilà tout !
_ Oui chef ! répondirent en cœur ses hommes.
Quand le train quitta la ville abattue de Mÿrre, Sophya et Bénédit étaient déjà loin. Ils leur avaient fallu encore deux journées de marche pour trouver le lieu idéal où se terrer. Pendant ce temps, les wagons filaient quant à eux à toute vitesse vers les terres australes, bien loin du soleil aride et des plaines sablonneuses de Yacuiba.
_ On y est Bénédit ! Souffla Sophya en dissipant peu à peu le brouillard au tour d’eux.
_ Cette entrée est si petite, elle ne pourra jamais nous contenir ! pestèrent certains des physés et des humains qui les avaient suivis.
_ C’est justement parce qu’on a l’impression que c’est un trou de souris que c’est la cachette idéale ! Les rassura la jeune femme.
Après avoir arpenté un long couloir, qui ne pouvait laisser passer que deux personnes dans sa largeur, ils débouchèrent en rang sur une première grande salle. Elle leur paraissait déjà immense mais ce n’était rien comparé à ce qu’elle cachait derrière elle. Une succession de salles toutes plus grandes les unes que les autres.
_ Bienvenu dans notre nouvelle capitale ! annonça Bénédit en brandissant le bâton qui lui avait servi à marcher.
Ses yeux marrons se remplirent de larmes qu’il cacha aussi vite qu’elles étaient apparues. Ce n’était pas le moment de flancher. Sa peau mate vieillit par le soleil était recouvert de sable qu’il époussetait pour retrouver de sa superbe. Après avoir reçu un peu d’eau de la part de sa protégée, il s’entreprit à recoiffer ses cheveux bruns et à dégager son front pour mieux voir Sophya. Ils avaient tous besoin de se poser et il l’exprima à la sœur Peyrache qui comprit vite l’urgence.
_ Un peu plus bas, vous trouverez de l’eau. La grotte a une nappe, nous pourrons boire mais aussi nous baigner à plusieurs endroits ! La vie en somme, expliqua Sophya.
Après avoir repris un peu de force, chacun se mis à découvrir l’espace, à l’explorer pour y faire son nid. Les physés doués des dons de natures se mirent à faire pousser plantes, légumes et arbres fruitier à foisons sans avoir besoin d’intervention extérieur. Au-dessus d’eux, les siréliens doués de météo gardèrent une température convenable à tous. Au sein de la grotte, un cerf tropical venait de naitre grâce aux pouvoirs offerts au Siréliens. L’enfer des ténèbres devenaient paradis peu à peu. Des lianes sortirent de nulle part pour former chambres, salons et une grande salle à manger un peu sommaire.
En quelque jour la grotte s’était transformé en un éden, il ne leur manquait que l’électricité pour vivre comme à Mÿrre. Ils s’en passèrent alégrement, améliorant chaque jour leur nouvel habitat et en retrouvant une vie lointaine que seuls leurs ancêtres avaient connus. Bénédit avait organisé la nouvelle cité avec des groupes de chasseurs, de cueilleurs, de planteurs et d’éleveurs. Animaux, humains, siréliens et plantes se partageaient l’immense espace pour la joie et les besoins de tous.
_ Qui aurait cru que le salut viendrait d’une grotte, ricana Sophya fière de ce qu’ils avaient accomplis en quelques jours.
_ C’est dans les recoins les plus sombres que nait l’espoir mon amie parce que c’est dans l’ombre qu’une lueur est la plus forte, lui répondit sagement Bénédit en regardant avec amour son nouveau peuple fait d’humains et de siréliens réfugiés.
Heureusement que leurs pouvoirs leur permettent de créer ce petit paradis, ce sont sans doutes les mieux lotis de tous désormais !
Bon, par contre les responsables des déportations (le mot est lâché) sont simplement des brutes sans cœur. Ils savent que leurs crimes resteront impunis. Il n'est plus question de coupable ou d'innocent, ils se contentent de massacrer tout le monde aveuglément.
Ils doivent bien se mordre les doigts, ceux qui sont restés...
Oui au final ils s'en sortent bien pour des personnages de mon histoire ahaha x)
Oui... C'est clair ! Ils veulent aller vite, ne pas se poser de question ! Déjà que les coupables étaient innocents pour la plupart mais alors là !!!
Oui.. c'est souvent ainsi malheureusement !
C'est ça, fuyez mes petits lapins, là je sens que ça va chauffer pour vos fesses.
« Plus elle avait peur, plus elle pensait à Sonfà, plus son pouvoir se montrait fort et redoutable. » Ahhh courage choupette, tu défoncera des gueules bientôt ! Enfin j’espère !
Effectivement ça chauffe sévère...
Awi ok, les miliciens on voit qu’ils en ont quelque chose à foutre de la population et du respect des ordres, ça fait plaisir à voir… 🙄
« Garnel Asage ne les blâmerait jamais d’avoir fait du zèle et encore moins Loris, » Ah ben génial ça !
Heuuu leurs méthodes pour se débarrasser des gars qui rentrent pas dans les trains on en parle ?! quoique y'en a deux ou trois dans le tas qui pourront peut-être éventuellement s'en sortir...
Bon là je me demandais sérieusement à quel moment j'étais sensée kiffer ce chapitre, mais on arrive au passage intéressant !!! Ahhh !!! Déjà c’est génial de les voir s’évader au nez et à la barbe de tout le monde (wtf mais quel pouvoir classe Sophya, j'adore, je veux faire pareil !) et en plus les voir jouer aux Robinsons dans leur grotte putain ça fait trop plaisir ! J'ai envie d'aller avec eux aussi maintenant XD c'est pas possible comme tu me donnes envie de faire du tourisme dans ton monde !
En tout cas tous les foyers de résistance sont sous terre on dirait mdr, Garnel ferait mieux de vérifier ce qui se passe sous ses pieds... et je sens qu'il ne va pas tarder à suspecter quelque chose ! Te connaissant, ça ne peut pas durer ce genre d'accalmie, je me trompe ?
Bref, j'ai pas envie de dire un chapitre super vu ce qui s'y passe de pas joisse, mais... ah ben si en fait ! Ahah dommage... et non je te vois revenir avec tes délires de psychopathe.
Oh très mignon, jetais pas sûr de ce chapitre, je sais pas pourquoi.
Oui mais alors la résistance ce sera plus dans le tome 2!
Oui les miliciens de myrre sont moins sympa que ceux de Byan !!! Mais ils ont laissé passer la résistance, c'est déjà ça.
Je ne detaillerais pas ce qu'il se passera de plus a myrre, sur ce tome 1. On retrouvera la ville dans le tome 2, les prochains chapitre sur la région seront sur la grotte !
Tu es déjà Extra lucide tu peux pas tout avoir ! Ahaha c'est pas à côté du cenacle mais si tu es une bonne marcheuse tu pourras visiter les deux ! Si tu te fais accepter par les habitants de mon univers 😘.
Oui, pour le moment c'est sous terre mouahahaha.
Tu te trompes oui et non ! Oui c'est qu'une accalmie mais Garnel va être très occupé chez lui et du coup la résistance aura un peu de répit. Du coup tu peux suspecter des choses grave mais pas forcément pour ceux que tu penses !
Contente qu'il te plaise malgré un nom cucul 😉. Oui cela va arriver très bientôt c'est vrai...