Kentrony, dans la citadelle Asage.
Après la mort de Sonfà et l’exhibition de sa tête sur la place publique, Garnel Asage avait dû partir séjourner au sein même du conseil. A la recherche de plusieurs fugitifs, il tournait en rond dans son bureau pour retrouver les Yeghes en fuite, capturer Vikthor et Arthur mais aussi pour remonter la trace de Gaultier, de Bénédit et de Sophya. Alors qu’il pensait avoir tout bien ficelé, son plan avait eu quelques ratés.
Le loup loin de la bergerie, c’était Loris qui était chargé de garder le troupeau. Ce n’était pas l’idée du siècle mais Garnel avait confiance en son demi-frère. Après tout c’est pour ça qu’il l’avait nommé chef de la milice et des camps d’exportation. C’est Loris qui lui avait ramené sa nouvelle protégée. Bien qu’il ait fait un excès zèle en capturant également Solenne et en tentant d’assassiner Hestia, c’était Manon qui comptait. En y réfléchissant plus longuement peut-être qu’il aurait pris une autre décision, mais il était déjà trop tard pour ça. Le mal était fait.
Une fois en roue libre, Loris s’amusa à arpenter le couloir qui longeait les chambres de Manon et Solenne. Il faisait du boucan en pleine nuit pour les empêcher de dormir et adorait apeurer la plus timide des sœurs. Ce fût sans compter sur la téméraire kalokas. A force de le côtoyer, elle avait su lire en lui ses points faibles, elle aussi.
_ Oh oh ho !! Bonjour mes pucelles ! On se réveille, ricanait Loris en agrippant les passe-plats pour réveiller ses otages.
Si son sourire carnassier suffisait à faire frémir Solenne, il en fallait plus à Manon désormais. Elle s’était habituée à sa fureur, à sa soif de sang. Elle avait trop vu son visage disgracieux tenté de lui faire du mal et ses boucles noires s’agiter sous la colère pour continuer à le craindre.
_ J’espère que vous allez bien ! Je ne vous ai pas réveillé j’espère ? C’est juste que j’ai rêvé de vous et je voulais vous en faire part ! beugla Loris.
Il s’amusait à les effrayer, à soulever la trappe de leurs portes pour les regarder s’agiter. Cependant, son jeu préféré c’était raconté à haute voix ce qu’il avait envie de leur faire et d’y penser très fort pour que Manon profite de tous les détails en lisant ses pensées. Il aurait pu s’amuser de cela pendant des jours si Manon n’avait pas retourné son plan contre lui.
_ Tu vois, j’imagine vous attacher comme des bêtes et vous trainer, vous trainer, s’amusa Loris.
Cependant la colère s’empara de lui quand Solenne baîlla bruyamment devant lui et l’ignora, prête à se rendormir profondément.
_ Ne sois pas déçu ! Je me suis toujours occupé de ma sœur, alors commandé à son cerveau de dormir et de ne pas t’écouter dire des atrocités c’est un jeu d’enfant pour moi, le coupa Manon.
Il eût beau remuer le passe-plat, jamais Solenne n’ouvrit de nouveau les yeux. Les miliciens qui étaient venu voir d’où venait le raffut restèrent cependant à bonne distance.
_ Garnel a donné l’ordre de ne pas les laisser sortir de leur cellule pendant son absence, uniquement pour leur toilette et personne ne doit rentrer dans leur chambre, intervint un des miliciens.
_ Je sais bien ! Tant pis ma belle, je vais quand même rester devant ta porte et te polluer l’esprit, reprit Loris en s’asseyant dans le couloir.
Tendu sur sa chaise, il fit maintenir le passe-plat ouvert de la porte en métal pour que Manon puisse le voir. Il pensait avoir repris le dessus, il en était certain. Pourtant sous ses coups, sous ses tortures Manon avait appris de lui. Elle aussi avait grandi, muri et elle ne le craignait plus. En tailleur sur son lit, droite comme un i elle se prépara à contrer son esprit. Si les frères Asage pouvaient se montrer redoutable, Loris allait apprendre que Manon n’était pas non plus à prendre à la légère.
_ Alors allons-y Loris, allons-y ! lui répondit Manon.
Le duel se préparait, pas une bataille de poing mais de pensées cette fois. A sa grande surprise quand Loris imagina les tortures les plus terribles, les mots les plus dur, il ne reçut pas de réaction de Manon.
_ Quoi tu fermes ton esprit ? C’est tout ce que tu as contre moi ! La fatigue viendra te prendre avant moi petite ! gronda Loris.
_ Je sais bien, sinon votre frère ne vous aurez pas laissez-nous veiller. Vous ne devez être bon qu’à ça d’ailleurs ! Vous êtes le chef de la milice, dirigeant des camps de déportations et vous êtes là, à garder deux adolescentes. Quel grand homme vous êtes Loris ! Ricana Manon.
_ Je ne vous permets pas ! S’emporta Loris.
_ Oh oui pardon, demi-frère ! J’avais oublié, pourtant Garnel avait insisté sur ce point. Vous n’êtes que le demi. Demi comme demi-portion, surenchérit Manon.
_ Assez, ça suffit ! Je suis bien plus important que ce que vous croyez ! s’insurgea Loris
_ Un semi-homme ?
Elle avait su lui faire perdre tout contrôle de son esprit mais elle n’en avait pas fini avec lui. Comme une vengeance qu’elle ravalait depuis longtemps, Manon lui fît voir ce qu’elle avait dans la tête quand elle pensait à lui. Pas de la violence ou de la peur non mais de l’absurdité. Dans ses pensées, elle s’employa à diffuser des images d’un Loris des plus ridicules. Elle le tournait en dérision contre son grès et ça le rendait malade.
_ Oh regarde, un Loris qui danse tel un pantin tenu par son DEMI-FRERE. Quand il est seul, le pantin est inutile, bête et désarmé. Regarde-moi cette poupée de chiffon ! Bouh qu’elle est laide, ignorante et superflue ! S’amusa Manon dans la tête de Loris.
_ Cesses cela tout de suite !
Il était fou mais il voulait à tout prix avoir le dessus. Il voulait reprendre la partie en main en s’acharnant à la torturer dans son esprit mais à chaque fois, elle le tournait en ridicule.
_ Tu voudrais m’attraper, me punir ? Mais tu ne le peux pas… La marionnette que tu es ne peut marcher, elle ne peut pas courir non plus sans Garnel. Regarde comment tu tombes, comment tu deviens mou et flasque. Tes muscles ne servent à rien sans la tête pensante de ton maitre. Regarde comment tu es désarmé, tel un enfant apeuré sans son papa !
Les yeux de Manon était remplit d’une rage qu’on ne lui connaissait pas mais qui l’animait au plus profond d’elle. Là sur l’instant, contre Loris, elle n’était plus tout à fait elle-même mais pourtant ça lui faisait du bien. Elle se défoula, se vengea avec plaisir et délectation. Tant que Garnel n’était pas là, elle le pouvait. C’était lui qu’elle craignait, lui et pas son avorton de petit frère. Il avait beau lui montrer ses grands yeux noirs, tambouriner sur le métal à s’en faire mal aux mains Manon ne silla pas.
Son immense cicatrice qui lui barrait l’œil gauche jusqu’à la joue n’intimidait plus la jeune fille qu’il avait en face de lui. Elle aussi était rempli de cicatrices à présent, invisibles à l’œil nu mais bien présentes. Internes et peut-être si profondes qu’elles ne partiraient jamais mais Manon avait décidé d’en faire sa force. Son caractère d’insoumise allié à son désespoir furent un ennemi trop brave pour Loris.
_ Ça suffit ! Petite insolente ! Je m’en vais oublier tes horreurs, tes facéties ! gronda Loris.
Il lui aura fallu deux nuits et quelques heures du jour pour en venir à bout et le faire mettre à genoux. La première soirée il avait tenu bon jusqu’au repas du midi puis il était revenu plus en colère le soir venu, prêt à l’affronter silencieusement encore ! Cependant cette seconde fois, l’aube eût raison de lui.
Manon n’était pas peu fière d’avoir résister à l’envahisseur et de l’avoir fait tourner en bourrique tout ce temps. Elle s’était bien amusée et avait préservé sa sœur de toutes ses scènes. Maintenant il ne restait plus qu’à attendre Garnel. Peut-être que lui, il la remettrait à sa place mais ça en valait le coup. Cela lui avait fait du bien. Malheureusement, elle ne comprit trop tard que Loris était parti pour mieux l’affronter mais cette fois sur son terrain. La torture physique. Enragé, il allait désobéir à son frère et faire sortir les sœurs Agape de leurs cellules.
Le troisième jour sans Garnel se déroula comme les autres. Depuis son départ, les sœurs ne se douchaient plus ensemble et Solenne fût la première à être emmené aux sanitaires collectifs comme à chaque fois. Enfin c’est ce qu’elle pensait mais contrairement aux autres jours ce ne fut pas le cas. Au lieu d’aller se laver, elle fût invitée à rejoindre la salle de réception. Pour une fois ce n’était pas Garnel qui siégeait dans le trône mais bien son frère.
_ Bonjour ma petite souris ! Assis toi prêt de moi, viens je t’en prie, lui ordonna Loris.
_ Qu’est-ce que vous faites ? balbutia Solenne apeurée.
_ Je vous attache mon enfant ! Car tu ne dois pas bouger d’un pouce, sinon ma marque sera ratée !
_ De quoi vous parlez ? Quelle marque ? s’inquiéta Solenne en pleurant.
_ Menottez sa sœur le plus possible et porter la jusqu’ici. Attachez-la à une chaise et le plus que vous pouvez. Elle ne devra pas pouvoir bouger un orteil, juste battre des cils pour regarder ce que je vais faire à sa protégée.
Retenue par des dizaines de chaines, comme s’ils détenaient une bête féroce, les miliciens placèrent Manon au centre de la pièce. Il lui était impossible de se lever de sa chaise, même son cou était tenu pour qu’elle ne puisse pas baisser la tête. Elle pleurait, elle hurlait de toutes ses forces. Pourtant il était déjà trop tard quand elle comprit ce que Loris avait prévu de faire à sa sœur. Il voulait aussi marquer Solenne à tout jamais, autant que Manon. Malheureusement, tant qu’il ne l’aurait pas fait, rien ne l’arrêterait.
*se rappelle que les filles vont prendre très cher*
Mais pourquoi c'est Solenne qui prend ? Ok pour Manon c'est de la torture mentale mais bon... C'est stratégiquement débile de l'énerver.
Je comprends Manon, j'aurais aussi craqué au bout d'un moment, mais je le sentais venir. Loris est tellement bête et cruel dans le fond qu'il allait bien finir par outrepasser ses droits et s'en prendre directement à elles.
Bon, vu que tu t'arrêtes là, j'ai bon espoir que tout ne se passe pas exactement comme Loris le prévoyait. Hein ?
Je sais ce qu'il me reste à faire pour avoir la réponse ;-)
Oui elle en pouvait plus et quand tu as des pouvoirs autant t'en servir !
Oui ça c'était le risque à prendre mais après tout Manon est jeune !
Ahaha peut être pas effectivement !
Alors la réponse n'est pas dans le prochain chapitre mais dans celui juste après ! Promis 🙂
« Alors qu’il pensait avoir tout bien ficelé, son plan avait eût quelques ratés. » C’est sûr que la situation n’est pas génialissime actuellement XDD
(d’ailleurs au passage, avait « eu » quelques ratés)
« Le loup loin de la bergerie, c’était Loris qui était chargé de garder le troupeau. » Sympa la métaphore ! Surtout si tu rapporte ledit troupeau au sens figuré, c’est-à-dire des gens qui suivent juste le mouvement et croient tout ce qu’on leur dit T_T vive la propagande et la manipulation…
« Il faisait du boucan en pleine nuit pour les empêcher de dormir et adorait apeurer la plus timide des sœurs. » M-mais… il est sérieux ce connard ??? è.é
« Cependant la colère s’empara de lui quand Solenne baya bruyamment devant lui et l’ignora, prête à se rendormir profondément. » J’avoue que je m’y attendais pas mais c’est génial XD Bravo Manon !
(PS : « bâilla »)
Tempi ma belle => tant pis
Si les frères Asage pouvait se montrer redoutable => pouvaient se montrer redoutables
« _ Oh oui pardon, demi-frère ! J’avais oublié, pourtant Garnel avait insisté sur ce point. Vous n’êtes que le demi. Demi comme demi-portion, surenchérit Manon. » MAIS AUCUN RESPECT XDDD j’aime cette nana !
« _ Un semi-homme ? » MAIS NOOON JE FAIS QUOI MAINTENANT AVEC L’IMAGE MENTALE DE LORIS EN HOBBIT ??? T_T
« Dans ses pensées, elle s’employa à diffuser des images d’un Loris des plus ridicules. » Un Loris en Hobbit donc, c’est bien ça. Un Loris tout bouclé avec des pieds poilus qui fume sa petite pipe devant sa petite maison et son petit potager… <3
« Manon n’était pas peu fière d’avoir résister à l’envahisseur » Manon est devenu le village gaulois d’Astérix maintenant. Faut arrêter hein ton histoire ne va plus ressembler à rien dans ma tête XD
Heu… c’te fin qui casse l’ambiance par contre T_T Hého Loris le Hobbit sadique il va se calmer ouais ?!
Bon... Eh ben c'est fou ce qu'on s'amuse bien avec les Asage mdr, une vraie colonie de vacances... ce serait bien que quelqu'un vienne les aider siouplait, ça devient urgent là...
Oui, tu vois je t'avais dit que Garnel aurait quelques déboires...
Ahaha oui je vais utilisation plus fois l'allusion au loup dans les prochains chapitres.
Bah tu avais oublié qu'il était dingue celui là ?
Mdr j'ai trouvé ça drôle aussi! Solenne qui s'ennuie et s'endort devant un Loris fébrile mouahaha.
Non elle est énervée, elle en a plus rien a battre. Elle tente le tout pour le tout ! ..
Mdr, j'y avais pas pensé. Je pensais pas dans ce sens là mais au moins ça le rend ridicule.
Il est plutôt du genre à chasser et a déplumer vivant des poules que de faire du jardinage mais bon !
Tu as trop d'imagination toi aussi!
Oui je voulais rajouter un peu de tension. On saura la suite dans le fameux chapitre 46...
Oui stp Vikthor bouge ton cul! Le prochain chapitre est centré sur lui, promis !