Chapitre 5

Notes de l’auteur : TW maladie, TW mort & cadavre, TW gore

Le béton s’était écoulé sur les portes comme de la bave puis le nappage s’était solidifié comme de la lave. Tout autour de la bâtisse, les entrées et autres sorties de secours sont scellées par ces suintements dégoûtants. Les éclaireurs éphraïmites ont détruit les grandes portes à l’explosif avant le passage du groupe d’Athéna. Alors quand celui-ci arrive devant le monstre, il ne peut que se tétaniser devant sa grande gueule hideuse. L’acier tordu et le béton brûlé ressemblent à s’y méprendre à un bec ouvert dont aucun bruit n’en sort. Théo prend les devants avant que Sophie puis Rose ne le suivent. Athéna et Elias restent en retrait quelques instants : elle devine facilement l’appréhension sur le visage de son camarade d’aventure. 

L’histoire du bâtiment en est pour beaucoup. Bien que les premiers foyers se soient réellement développés autour des hôpitaux, nord comme sud, le centre-commercial reste une étape importante de l’histoire de la pandémie. Athéna se souvient très bien de cette journée où, dépassées par les événements, les autorités enfermèrent les soignants et les derniers survivants avec les horribles monstres à l’intérieur. 

 

« - Ça va aller ? questionne Athéna.
- Bien sûr, on ne fait qu’aller dans un bâtiment absolument terrifiant, blague Elias pour se rassurer. »

 

Athéna l’invite à la suivre de près, elle qui est bien plus habituée à affronter ces missions délicates. À l’intérieur, l’absence de fenêtre plonge l’endroit dans une stupeur glaçante, clivé de l’extérieur et privé de lumière. Athéna déambule dans ce qui lui semble être un décor de cinéma inanimé. Elle connaît pourtant toutes ces pancartes et ces chaînes de magasin, mais aucune d’elles ne semblent réelles. Il s’agit sûrement d’une reconstitution à l’échelle d’un endroit où Athéna a vécu sans jamais réussir à reproduire les émotions, les odeurs et les lumières d’origine. Au sol, elle retourne une pancarte publicitaire où se colle une affiche d’un film. Un frisson nostalgique lui saisit l’échine quand elle reconnaît l’actrice photographiée avec sa robe en feu. Elle se souvient l’avoir vu au cinéma avec l’une de ses amies du lycée, elle pourrait même s’imaginer le goût des pop-corns qu’elle avait mangé. Elias allume à son tour sa lampe torche pour s’approcher d’Athéna, curieux de savoir ce qu’elle observe si intensément.

 

« - T’as trouvé le Graal ? questionne-t-il.
- Tout comme. Je suis allée le voir un peu avant tout ça avec une amie.
- Intéressant. Ça parle de quoi ? »

 

Athéna réfléchit quelques instants pour laisser sous-entendre une histoire entre deux femmes dont l’une est la portraitiste de l’autre. Un film qui serait loin d’être accepté dans le camp des Éphraïmites encore moins par Esther et les autres. Elle se demande si Elias a pu déjà voir une salle de cinéma autre que les amphithéâtres du camp. Athéna abandonne ses divagations lorsque la lumière des lampes de leurs camarades se fait de plus en plus lointaine. Le gosier qu’ils explorent paraît assez long pour ne pas en voir le bout comme couvert d’un épais voile de ténèbres. 

Elle parvient à tout de même retrouver le chemin vers sa médiathèque préférée, celle avec sa devanture bordeaux et ses réductions sur les bandes-dessinées. La vitrine a subi de violentes dégradations sûrement dues aux affrontements qui s’y sont déroulés. Athéna veut explorer l’endroit, mais ces camarades continuent leur exploration spéléologique dans les entrailles du bâtiment. Elle aurait sûrement retrouver sa place habituelle, un simple fauteuil rond au-dessus duquel triomphe un fantastique tableau de Van Gogh. Derrière les étagères vides, elle aurait peut-être trouvé quelques livres couverts de sang et de crasse. À la place de la pancarte de bienvenue, celle accrochée normalement au-dessus du comptoir, il figure des impacts de balles. Toutes alignées et à hauteur de la taille, elle ressemble aux marques laissées par les pelotons d’exécutions militaires du début de la quarantaine. Une puissante odeur de moisissure et de décomposition lui pique les yeux et cela la dissuade d’aller plus loin. 

 

En rejoignant l’allée principale, Athéna se fait surprendre par une sculpture d’art gréco-romaine. Comprenant que la silhouette humanoïde est loin d’être réelle, elle soupire profondément sans manquer de jurer dans sa tête. Droite au milieu du carrefour, le faisceau de sa lampe torche projette une ombre aux mesures monstrueuses sur les murs derrière elle. Un défunt aux vêtements de police repose contre le socle de la statue n’ayant plus que son squelette bruni pour témoigner de son passage. Il tient dans sa main une note qui, sans doute, doit raconter les péripéties du centre-commercial. Athéna s’abaisse pour ramasser la lettre avant de lire religieusement les secrets qu’elle renferme. Elle conte l’histoire d’un homme, enfermé contre son gré, « sacrifié pour la patrie », un de ses malchanceux affectés ici aux plus mauvais moments. 

 

« - Qu’est-ce que ça raconte ? »

 

La voix chuchotée d’Elias la sort de sa lecture et elle relève la tête pour repérer les autres membres du groupe. Athéna hausse les épaules n’étant pas sûre de vouloir dire la vérité au risque d’effrayer l’adolescent. Elle élude la question en un mensonge simple puis elle range la note dans son sac. Peut-être qu’Esther apprécierait avoir quelques informations sur l’histoire de ce bâtiment. Les derniers mots restent gravés dans sa tête comme pour la mettre en garde : « Que le gouvernement aille en enfer pour ce qu’ils ont fait ».

 

Plus elle s’enfonce dans le centre-commercial, plus Athéna possède la sensation de profaner une sépulture d’une civilisation étrangère. Toutes les devantures intactes se conservent dans une anomalie temporelle où elles ne deviennent que la caricature de ce qu’elles étaient. Tant d’objets triomphent dans les vitrines comme des offrandes que l’on apporte à une divinité. Ces marchandises se dévoilent sous les faisceaux des lampes torches, accentuant leurs traits monstrueux et leurs ombres gargantuesques. Derrière le pénible fumet de poussière, Athéna jure sentir l’odeur métallique du sang. Son imagination transforme les jointures pustuleuses des murs en veines se faufilant jusqu’au plafond. 

En suivant ces vaisseaux sanguins, Athéna trouve l’entrée vers le cœur de l’épidémie. De grandes bâches transparentes pendent au centre de l’allée principale, déchiquetées et ensevelies d’une épaisse couche de crasse. Elles confinent ce qui se trouve de l’autre côté, gargouilles et insectes hideux qui attendent peut-être d’être libérés. Quelques marches en acier forment un chemin vers une porte dessinée par une glissière et les fenêtres sont couvertes d’une moisissure verdâtre. 

 

La fine muraille paraît illusoire face à la violence de la maladie. Si elle trouvait son utilité lors des tentatives infructueuses pour soigner les patients, elle joue dorénavant le rôle pervers d’un voile dissimulant ce qui se cache derrière. Rien n’assure le groupe qu’aucune ruche d’insectes affamés ne les attend. Athéna comprend que les premiers éclaireurs se sont arrêtés ici. Il s’agit d’un point de non-retour, une frontière entre leur monde et le vrai visage de cette pandémie.

En tant que cheffe du groupe, Athéna se porte volontaire pour ouvrir la porte. Si cela ne tenait qu’à elle, elle aurait déjà rebroussé chemin pour retrouver le confort du camp. Théo se poste à ses côtés pour la couvrir d’une éventuelle menace directe. Le canon placé à proximité de son oreille ne la rassure pas réellement. La main d’Athéna empoigne la tirette avant de calmer sa respiration.

 

Elle s’imagine déjà trouver le pire derrière cette bâche déchirée. S’il s’agit d’un insecte, sa vie repose sur les réflexes de Théo. Peut-être devrait-elle user de ses poings ? Que fait-elle s’ils sont plusieurs ? Comment fuit-elle s’il s’agit d’une ruche ? Peut-être devrait-elle essayer de refermer la porte quoiqu’il en coûte. Au contraire, peut-être devrait-elle la laisser ouverte et prendre ses jambes à son cou.

La fermeture couine, déraille, se coince et le son qu’elle produit ressemble à celui d’un cochon qu’on égorge. Athéna retient son souffle, elle aimerait même arrêter les battements de son cœur. Aucune gargouille ne lui saute au cou, aucune silhouette horrible ne lui court dessus. Malheureusement, l’ouverture n’est pas assez grande pour faire passer ne serait-ce qu’un membre du groupe. De son couteau, Athéna déchire la bâche qui s’ouvre comme la panse d’un animal.

 

Une puissante émanation d’aliments pourris lui saisit la gorge et Athéna se couvre la bouche pour ne pas se laisser aller à la nausée. Aucune entité morte, vivante ou morte-vivante ne l’embusque derrière la porte. Elias la rejoint puis colle les semelles de son aînée, Ses yeux scrutent le moindre recoin de pénombre, la moindre imperfection dans les murs, la moindre cachette. En proie à l’angoisse, l’esprit commence à imaginer des bruits, à halluciner des silhouettes ineffables et à ressentir la sensation dérangeante d’être suivi.

Le centre d’un monstre avec un si grand gosier ne peut être un autre organe qu’un long estomac s’élevant vers le ciel. Sous le dôme s’étend un tube digestif dont le groupe peut en faire le tour. Au centre, les vestiges d’escaliers se suspendent dans le vide n’attendant qu’une secousse pour céder à la gravité. Des magasins s’encastrent dans les parois d’un œsophage qui dépérit à la faible lumière de timides rayons du soleil.

Athéna s’approche au bord du gouffre pour pointer sa lumière vers les sous-sols. En contrebas, elle croit observer des silhouettes inquiétantes de créatures qui s’agitent de violentes chorées. La vision de la fosse au lion la foudroie d’un glacial frisson et elle espère à cet instant ne jamais y tomber. Ainsi, prise d’un profond sentiment de solitude, Athéna se demande s’il ne fallait pas mieux prier le Divin. Car sur les ordres d’Esther, Athéna est contrainte de venir ici et d’être jetée dans la fosse au lion. Peut-être que dans sa miséricorde, le Divin scellera la gueule des insectes pour venir en aide à son enfant.
 

« - Ça grouille, constate Rose avec une certaine lassitude.
- On inspecte seulement ce palier, décide Athéna. Ce sera suffisant pour aujourd’hui. »

 

Toujours en gardant un contact visuel avec les autres membres, Athéna et Elias décident de faire un tour rapide du palier. L’esthétique commerciale est défigurée par l’impressionnant dispositif médical. Un hôpital militaire s’étend tout autour de la glotte alors que de ses vestiges, il en reste surtout son échec. Les faisceaux des lampes torches percent les rideaux qui dévoilent l’intimité de silhouettes humanoïdes tordues et recroquevillées. La douleur pourrait être photographiée sur leur visage s’il n’était pas recouvert d’alvéoles monstrueuses, de bulles de pus et d’escars nécrosés. Athéna cherche à ne pas poser ses yeux sur les statues damnées, un profond sentiment de malaise contracte ses viscères. L’angoisse s’accentue lorsque sa vue, trompée par la peur et l’instinct de survie, fait soubresauter les gargouilles immobiles. La sueur perle à grosses gouttes sur son front mais l’odeur de la transpiration ne cache pas celle de la mort. 

À chaque nouveau cadavre, elle s’attend à ce qu’une ombre dégoûtante lui saute à la gorge. Pour tenter de se concentrer, Athéna se met à énumérer le nombre de morts avant que le vertige des chiffres lui fasse perdre le compte. Quelques larmes s’échappent de ses glandes lacrymales car les vapeurs putrides lui brûlent les yeux. Elias régurgite son repas, le réflexe humain de dégoût face à autant de maccabés. Prenant soin à ce qu’il ne tourne pas de l'œil, Athéna attrape son bras afin de l’aider à avancer. 

 

À l’intérieur des armoires, la survivante découvre en grand nombre divers pansements, ustensiles et médicaments. Athéna ne pensait pas mettre la main sur un aussi grand trésor et elle pense déjà à la réaction d’Esther. Elle espère maintenant que tous pourront rentrer sain et sauf au camp éphraïmite pour le lui en faire part.

 

« - Je crois qu’ils se sont servis de cette boutique pour ranger leurs affaires, remarque Elias. »

 

Athéna pose la trousse de secours qu’elle inspectait pour rejoindre l’adolescent posté un peu plus loin. L’ancien magasin de lingerie paraît avoir souffert des nombreux affrontements. Son écriteau agonise sur le sol tandis que le rideau de fer s’est déchiré en deux. La porte sortie de ses gonds et l’impressionnante fissure permet au duo de pénétrer à l’intérieur.

 

Sa lampe torche éclaire les terrifiants mannequins nus de tous vêtements. Au milieu de cette forêt d'arbres humanoïdes, Athéna reconnaît la démarche étrange d’un insecte. Le corps tuméfié de ce qui s’apparente à une femme possède les stigmates d’une transformation avancée. Les vaisseaux sanguins nécrosés ressortent en marbrure sous l’épiderme blafard presque translucide du malade. Ses loques dévoilent sa maigreur terrifiante, les os marquant la gargouille d’horribles reliefs. Ses yeux sont dépourvus d’iris et de sclérotique, tous deux dévorés par la pupille noire. Des croûtes de sang séché s’écoulent le long de sa cavité buccale alors que sur son crâne, quelques mèches de cheveux subsistent.

L’insecte halète comme une hyène et bave comme un chien. Son corps s’ébranle de violent spasme dont elle semble souffrir à en témoigner ses plaintes récurrentes. Athéna demande à Elias de rester où il est avant que l’Éphraïmite ne traque le prédateur. Elle avance silencieusement sur ses pas pour arriver à sa portée. 

Elle frappe l’arrière de son crâne avec la crosse de son fusil. L’insecte déséquilibré tombe en avant. Athéna ne lui laisse pas le temps de se ressaisir. Elle écrase son visage avec sa semelle. Les couinements de la gargouille cessent dans un sinistre craquement. Ses membres soubresautent avant de s’immobiliser pour toujours.

 

« - Bordel, jure Elias. »

 

Athéna n’a pas l’énergie de le reprendre sur son langage.

 

« - En combien de temps deviennent-ils aussi moches ?
- Probablement plus d’une dizaine d’années, répond Athéna.
- Mais comment survivent-ils aussi longtemps sans manger ? »

 

Athéna hausse les épaules. Elle ne connaît personne d’assez insensé pour répondre à cette question. Les insectes n’ont pas suffisamment été étudiés avant que le monde s’écroule. Ainsi, ce manque d’informations sur leur prédateur a toujours profondément frustré Athéna. 

Tâchant de garder la tête froide, elle s’affaire à ouvrir les sacs plastiques entreposés dans cette annexe. Les affaires, vêtements et autres bijoux des patients sont enfermés à l’intérieur. À l’époque, ils étaient probablement destinés à être brûlés pour ne plus encombrer l’espace. Elias regarde les différentes coutures en se laissant perdre dans ses pensées. À quelle gargouille du dédale macabre appartenait cette chemise de bureau ? Est-ce que l’enfant au T-shirt de pompier a pu partir sans souffrir le martyr ? Comment s’appelle cette personne à la robe à fleur ? Athéna aussi ne peut s’empêcher de se poser ces questions quand dans les mains, elle tient le plus personnel objet de ce que fut un humain. Prise de vertige face à l’ampleur des bouts de tissus, elle décide de mettre fin à sa recherche. S’ils s’assurent de les désinfecter, les Éphraïmites pourront les recycler pour en faire des matériaux à travailler. Ce sarcophage s’apparente à une mine d’or et Athéna s’avoue être partie défaitiste à l’égard de cette mission. Tout a été laissé tel quel sans que personne parvienne réellement à percer ces mystères. Elle prend note de cet endroit puis elle informe à Elias l’envie de rejoindre le groupe.

Athéna et Elias rencontrent tout d’abord Rose sur leur chemin. Cette dernière a préféré laisser Sophie et ses injures avec son mari pour venir vérifier l’accès aux étages supérieurs. Après qu’elle se soit inquiétée l’une de l’autre, Rose leur indique que Théo a demandé de se retrouver devant le supermarché. Les deux derniers membres veulent absolument se glisser à l’intérieur pour aller jeter un coup d’œil aux marchandises présentes. Le rideau d’acier est cabossé, criblé d'impacts de balles et il se trouve même plié à certains endroits. En les voyant approcher, Théo pointe un chariot de soin sur roulette à côté d’un des lits :

 

« - Je vais soulever la porte, explique-t-il. Tu vas glisser le meuble dessous pour la bloquer. »

 

Athéna acquiesce d’un geste de la tête. Rose prête mains fortes à son mari tandis qu’Elias et Sophie restent en retrait.

Au signal d’Athéna, Théo et Rose soulèvent le rideau de fer. Il grince plus qu’il ne coulisse. Les murs s’effritent et le sol tremble sous la pression. Le bruit horrible qu’il produit s’arrête quand Athéna bloque le chariot sous la porte. Le meuble couine sous la masse et le groupe se hâte d’entrer dans le supermarché.

 

« - Seigneur, jure Sophie. »

 

De ses propres yeux, Athéna observe tétanisée la terrifiante architecture qui se dessine devant eux. Elle eut déjà le malheur d’explorer des nids d’infection dans une maison, dans des égouts ou dans des magasins. Or ce dernier, par sa taille et la complexité de sa construction, ne ressemble en rien à ceux du passé. Ces nids composent certainement l’aspect de ce fléau qui terrifie le plus Athéna. Au début de la pandémie, elle se rassurait en pensant que les insectes allaient tout bonnement finir par mourir de faim. Cependant, le parasite a autant trouvé le moyen de se reproduire, de survivre mais aussi de s’organiser avec ses congénères. Les murs sont tapissés d’une matière organique noire, gluante, formant comme des bulles et des formes alvéolaires sur le plafond. Elle peut ressentir le pouls lent et les procédés organiques dégoûtants des créatures prises au piège à l’intérieur des cocons. Une odeur d’amiante happe l’air des poumons alors que les ténèbres paraissent plus sombres encore. Terrifié, Elias attrape une bandoulière du sac d’Athéna pour ne pas s’éloigner d’elle.

 

« - C’est beaucoup trop dangereux, murmure Rose.
- Il faut savoir où est-ce qu’il s’arrête, rétorque Théo. »

 

Athéna secoue vivement la tête.

 

« - Rose a raison, renchérit Athéna. Il nous faut des renforts et du matériel.
- Le Divin est avec nous, assure Sophie. Il sera notre renfort »

 

Elle n’eut pas le temps d’ordonner aux membres de son équipe de revenir sur leur pas que Théo et Sophie avancent déjà à l’intérieur. Les voyant s’écarter, Athéna n’a d’autre choix que de les suivre puisqu’ils demeurent sous sa responsabilité. La sensation de la matière gluante sous les semelles des chaussures s’avère inconfortable et les bruits de pas s’apparentent à une multitude de cartilage que l’on écrase. Dans les reliefs sur les murs, Athéna a l’impression de voir des visages et des silhouettes entières se former comme s’il s’agissait de fleurs qui poussent. En fil indienne, le groupe s’engouffre entre les rayons où les toiles noires jonchent les allées et recouvrent les anciens produits.

 

«  - Vous êtes trop loin, chuchote Rose à l’attention de Théo. »

 

Athéna, au milieu, observe du coin de l’œil Elias et Rose pour s’assurer qu’ils n’ont pas été happés par les profondeurs. Elle se rappelle de la vitesse à laquelle les insectes frappent et à quelle violence ils se ruent sur leur proie. Ainsi, Théo ne crie qu’une seule fois quand sa carotide se sectionne sous la mâchoire d’un insecte.

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Le Diable
Posté le 15/09/2024
Quand je vois que quelqu'un m'a vendu son âme - et à plus forte raison s'il s'agit d'un auteur - j'ai toujours beaucoup de plaisir à aller inspecter son travail. Je constate avec plaisir que votre plume est assez diabolique en effet, dégoulinante d'horreurs et impitoyable pour les personnages qu'elle fait naître!
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