Dans la grotte de la résistance
Depuis leurs arrivées au sein de la résistance, les Yeghes avaient un peu plus de mal à s’intégrer. Ils avaient l’impression de retrouver leurs anciennes conditions de vie au sein du conseil ministériel. Être cachés et obligés de vivre cloitrés, même dans l’immense grotte, ne leur plaisait pas. Ils s’étaient faits au grand air et avaient du mal à revivre enfermé. De plus, contrairement aux autres, les Yeghes ne faisaient pas de bons soldats. Peu habiles avec une arme, ils ne toléraient pas la violence. C’était dans leur nature d’être de grands pacifistes.
_ Tes maux de tête se sont calmés? s’inquiéta Elpi.
_ Oui, c’est le fait de vivre dans une grotte. Le son y est décuplé et j’ai du mal avec mes oreilles hors du commun, mais les Siréliens doués de guérison m’aident au jour le jour, la rassura Mirà.
_ J’aimerais tellement pouvoir sortir, avoua la femme paon en caressant ses bras couverts de plume.
_ Propose-toi pour la chasse ou la ronde dans ce cas.
_ Je me sens incapable de faire les deux, se confia Elpi en prenant son visage dans ses mains.
Son corps de femme était entièrement recouvert de plumes verte, or et bleu à l’image d’un beau paon. Les Yeghes n’avaient pas de fonction reproductrice et n’avaient donc pas de sexe, bien qu’ils arborassent une poitrine ou des pectoraux dessinés. Hormis cela, leur corps était semblable aux humains, ils avaient des bras, des jambes ainsi qu’un visage avec un nez, des yeux, des oreilles et une bouche. Malgré tout, ils étaient appréciés. On aimait apprendre à les connaitre et on les côtoyer avec plaisir même s’ils avaient du mal à se trouver des occupations.
Les Oripeaux avaient eux aussi un peu de mal à s’intégrer. Contrairement aux Yeghes, ils pouvaient se battre sans problème. Ils ne rechignaient pas à la tâche de défense ou de la chasse, en revanche ils avaient des mœurs libérées très éloignées des Siréliens. En effet, ceux qui aimaient et vivaient avec une âme sœur pour le restant de leur vie avaient du mal à concevoir la sexualité très libérée des Oripeaux.
_ J’ai entendu dire que leur roi, celui qui est resté attendre Vikthor, était le père de tous leurs enfants ! commenta Alia, une amie de Sophya.
_ Ils ne vivent pas comme nous, mais ils ont aidé mon frère sans le connaitre. Il faut se montrer ouvert, nous ne détenons pas forcément la vérité absolue sur la façon de vivre sa vie, la reprit la sœur Peyrache.
Sophya avait toujours été ouverte d’esprit. Elle était timide, mais elle ne jugeait pas son prochain. Elle-même n’avait pas toujours eu une vie conforme aux mœurs siréliennes. Avec son père et son grand frère, ils avaient vagabondé longtemps avant de se poser. Elle avait même fini par habiter seule avec Vikthor alors qu’il n’avait que quatorze ans parce qu’ils voulaient se poser et que leur père préférait continuer à voyager. Il leur avait alors trouvé une ferme, et ils avaient continué leur vie tous les deux sous la protection de Bénédit.
_ Vous avez pu avoir des nouvelles ? se renseigna Tomàs.
_ Sophya ! cria Bénédit pour toute réponse.
_ Oui ? accourut sa protégée.
_ Notre ami veut savoir où en sont tes recherches sur Arthur et Vikthor.
_ Il y a ce message radio avec sa voix qui passe en boucle, mais c’est tout, râla Sophya.
_ Ce n’est pas tout à fait vrai, la corriger Alia.
_ Oui, à vrai dire c’est bizarre. Ils n’ont pas été déportés, ils ne sont ni sur la liste des prisonniers faite par la milice ni sur celles des admissions au camp ou d’une Bant. On pourrait donc croire qu’ils sont quelque part dans la nature, mais Arthur et Vikthor ont également étaient retirés des noms recherchés par les miliciens. On ne peut donc pas savoir ce que Garnel en a fait, rectifia Sophya.
_ C’est étrange ! convint Tomàs.
_ Oui, s’ils ont disparu du système, c’est mauvais signe, blêmit Sophya.
_ Si on fait comme s’ils n’avaient jamais existé, c’est qu’ils bien sont détenus quelque part. C’est clairement ce que veut dire le faux souvenir évoqué dans son discours. C’est un message inventé de toute pièce comme ce que lui fait dire les ministres. Il doit être dans un endroit méconnu de tous, où on ne pourra venir le chercher, déclara Bénédit en passant la main sur son visage taché par un vitiligo.
Cela faisait trois jours que la résistance recherchait les deux amis sans relâche, à travers leurs informateurs, les journaux et la radio. Personne n’avait d’informations sur eux, mais le fait qu’ils avaient aussi disparu des radars de la milice n’était pas bon signe. Sophya s’empêchait de penser au pire, elle avait peur que son frère puisse avoir péri dans sa volonté de venir en aide à la famille Agape. Elle essayait de se rassurer en se disant qu’elle l’aurait senti, que Garnel l’aurait exposé sur la place publique comme Sonfà, mais la peur était bien présente malgré tout.
_ Je vais prendre le relai et écouter toutes les émissions de radios inimaginables et passer moi-même un message en boucle. Ne sait-on jamais, conclut Sophya.
Elle ne pouvait pas se résoudre à perdre son frère en plus de son âme sœur. Après avoir fait le tour plusieurs fois de toutes les ondes, elle se décida à prononcer un message. Elle allait appeler du monde à venir à eux, sans pour autant donner sa position tant qu’elle n’aurait pas confiance.
_ Peuples du Nouveau Monde, nous sommes en guerre. En guerre contre les injustices, contre les déportations et ses assassinats causés par le conseil ministériel. Nous vous appelons à vous rebeller vous aussi. Brandissez votre poing comme nous l’avons fait avant vous et résistez, répéta sans relâche Sophya dans son micro.
Le grésillement de la radio était devenu un ami bien lassant pour Sophya. Il était incessant et il l’a miné. Au bout de plusieurs heures à parler dans le vide, Sophya posa enfin le micro pour pleurer abondamment. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas lâché prise.
_ C’était toi le grand frère, c’est toi qui devrais être là à mener les autres ! s’énerva la jeune femme en pestant contre son frère absent.
Au fond, elle lui en voulait d’avoir disparu soudainement sans un adieu. Même si c’était pour la bonne cause, il lui avait menti et l’avait abandonnée. Il avait promis d’être toujours là pour elle, mais c’était en ce moment qu’elle avait besoin de lui et qu’il était absent. Elle frappa à plusieurs reprises dans le mur à côté d’elle. L’écho causé pouvait rameuter quelqu’un dans la grotte, mais elle ne s’en soucia pas. Elle avait besoin de se défouler.
_ Tout va bien ? la surprit Tomàs.
_ Oui ça va. Désolé, je sais que vous gérez mal le sentiment de colère vous les Yeghes, mais j’ai beaucoup de choses sur les épaules, sanglota Sophya.
_ Oh, mon amie, je te comprends et je connais aussi ce sentiment. J’ai voulu aider Sonfà et je suis resté impuissant à ne pas réussir à lui venir en aide contre ce foutu conseil ministériel. Pour la première fois de ma vie, j’ai connu la colère, il m’a fallu l’accepter pour passer à autre chose, le rassura l’homme arbre.
_ Comment était Sonfà dans ses derniers instants ?
_ Courageuse, je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi brave. Elle avait peur que Manon l’aide et ne voulait pas nous causer de problème. Elle a été courageuse jusqu’au bout. Je la porterais toujours dans mon cœur, lui raconta Tomàs.
_ J’aurais aimé la soutenir dans ses derniers instants, bafouilla la jeune physée.
_ Oh, mais je suis certain qu’elle l’a été. Elle a parlé à Vikthor et Manon était avec elle. Ils ont vécu ça ensemble, affronté cela à trois. Elle n’a pas été seule et tu as dû occuper ses dernières pensées, la rassura Tomàs.
_ Merci, se moucha Sophya.
_ On retourne avec les autres ? lui proposa le Yeghe.
_ Oui, mais avant je tente un dernier message. Tu parles avec moi ?
_ Peuples du Nouveau Monde, nous sommes en guerre. Nous devons nous battre contre les injustices, les déportations et les assassinats causés par le conseil ministériel. Nous vous appelons tous à vous rebeller. Brandissez votre poing comme nous l’avons fait avant vous et résistez, reprirent Tomàs et Sophya.
Alors qu’ils n’avaient encore eu que des crépitements pour seule réponse, les deux amis s’apprêtaient à quitter le poste de la radio quand une voix se fit entendre.
_ Nous vous avons entendu et nous aussi nous résistons, grésilla une voix masculine.
La résistance s'organise. Et lorsqu'ils seront réunis, ça va être grandiose !
Tu avais donc raison, les radios font le lien !
Oui ce sera dans le tome 2 mais ça va péter
Oulàlà, petit choc des cultures en cours on dirait… Mais c’est clair que les siréliens et les oripeaux, c’est pas le même délire ! ^^
« Il faut se montrer ouvert, nous ne détenons pas forcément la vérité absolue sur la façon de vivre sa vie » AH ! BIEN DIT SOPHYA ! <333 Faudrait le dire à un certain nombre de gens ça…
D’ailleurs tu n’as pas tellement insisté sur la réaction de Sophya face à la mort de Sonfà, je me trompe ? Elle devrait être en train de pleurer dans son lit en mangeant de la glace là T_T
« _ C’était toi le grand frère, c’est toi qui devrais être là à mener les autres ! s’énerva la jeune femme en pestant contre son frère absent. » Ben écoute il fait comme il peut le pauvre hein T_T Là il est en train de draguer en prison, il peut pas être partout en même temps !
Ce « foutu » conseil ministériel ? Mais comment tu parle Tomas enfin surveille ton langage mon garçon xD
Ahhh ok j’ai rien dit on en parle bien ^^ la paaaauuuvre ! N’empêche Tomas il est super gentil, je l’aime trop <3 juste le concept des Yeghes est génial, I love them all !
« _ Nous vous avons entendu et nous aussi nous résistons, grésilla une voix masculine. » OHOHOH ! VOYEZ VOUS CA ! J’ai une petite idée de qui ça peut être… ;)
Ben, l’ambiance est plutôt calme et ça repose ^^ mais bon y’a ce petit fond tristounet là… pfff, un peu d’entrain que diable ! Oui je sais que tout part à vau l’eau mais quand même ! >.<
Donc si je me rappelle bien, le prochain chapitre c’est… le retour du Gaultier ? x)
Ah et je te ramène des petites coquilles qui s’étaient perdues dans la grotte :
Être cachés et obligés de vivre cloitrés, même dans l’immense grotte, ne leur plaisaient pas. => plaisait
les Yeghes ne faisaient pas de bon soldat. => bons soldats
Peu habile avec une arme, => peu habiles
C’était dans leur nature d’être de grand pacifiste. => grands pacifistes
_ Tes maux de tête se sont calmés, s’inquiéta Elpi. => avec un point d’interrogation après calmés non ?
de plume verte, or et bleu à l’image d’un beau paon. => plumes
_ C’est étrange ! convenu Tomàs. => convint
Désolé, je sais que vous gérer mal le sentiment de colère vous les Yeghes, => gérez
Non c'est clair que ce sont presque des opposés et encore il connaissent pas Flopin XD
Sophya parle de Sonfà dans le chapitre où ils vont à la grotte ! Elle s'est pas levé depuis des jours quand Bénédit vient la secouer et la sortir du lit et on en reparle en fin de chapitre ! Mais en gros, elle a pas le temps de faire son deuil et ça lui donnera toujours une douleur.
Oui SOphya est une personne ouverte d'esprit !
Ahaha mais elle, elle le sait pas. Elle baisse un peu les bras là x)
Arrête pour une fois qu'il s'énerve !
Oui Tomàs et les Yeghes sont des amours... sans préjugés, ni haine... que de l'amour en barre !
Oui je vous ai fait deux chapitres successifs tout mignon ! FRANCHEMENT HEIN ! Oui dans le prochain, Gaultier revient :).
Merci pour les coquilles !