-Tu m’excuses, Charlotte, je réponds…
-Oui bien-sûr, c’est qui ?
-La nana qui habitait avec Éric quand il a fait son stage à Londres.
-Ah vous avez gardé le contact ? C’est sympa !
Je saisis mon smartphone sur l’écran duquel une adorable frimousse de blondinette était barrée d’un terme en caractères gras : « Inkeri ». Je faillis tomber du transat sur lequel, tartinée d’écran total de part et d’autre des deux pièces de mon bikini, je faisais semblant de croire que j’allais bronzer.
Un point précis sous le tropique
Du Capricorne ou du Cancer
Depuis, j’ai oublié lequel
Mon pouce glissa sur le symbole vert en forme de combiné de téléphone.
-Salut la Finlande.
-Hi Léa ! Comment tu vas ?
-Je vais bien, je suis chez mes parents, je déménage dans un mois.
-Tu trouvé logement à Paris ?
-Oui, un studio minuscule qui me coûtera plus cher que celui que j’ai occupé pendant cinq ans et qui était deux fois plus grand, mais c’est ainsi…
-Tu as gagné ta bourse ?
-Oui, je l’ai gagnée comme tu dis.
-Bravo toi. Je suis contente.
-Et toi alors, quelle décision as-tu prise ?
-Je ai beaucoup réfléchi. Avec parents nous parlé et ils soutiennent moi.
-Donc… tu repars à zéro ?
-Ils ont donné moi seulement une condition à moi.
-Laquelle ?
-Je gagne argent à moitié pour nouvelles études.
-Autrement dit, ils te demandent de financer une partie de ta réorientation ?
-Oui, et je trouve normal.
-C’est sûr, mais tu as déjà pris sur toi l’année dernière en suivant les deux cursus.
-Mais je pas choix faire autrement.
-Oui, je m’en souviens.
-Tu sais, tu beaucoup m’aider, quand nous discutons de tout cela avant tu repartais, l’été dernier.
-C’est toujours un peu le bordel, avec toi, le choix des temps de l’indicatif !
-Tu moques moi ?
-Oh, c’est pas mon genre …
-Tu aimes pas entendre compliments, pas vrai ?
-Euh…
-Là c’est toi qui a bec cloué !
-T’as progressé en expressions idiomatiques, par contre… En tout cas, je suis contente qu’on ait pris le temps de parler de tes hésitations, il y a un an. C’aurait été dommage que tu t’obstines dans une voie qui ne te plaisait pas, même s’il t’a fallu un peu de temps pour t’en rendre compte. Et elle est validée ta première année à la fac d’arts d’Helsinki ?
-Oui, et j’ai obtenu droit de orienter option design pour prochaine saison.
-Génial, c’est ce que tu souhaitais, bravo !
-Mais donc je dois la moitié de mon temps travailler dans agence banque. C’est ultimatum de parents donné à moi.
-Dans une banque à Helsinki aussi ?
-Oui.
-Ça va c’est un bon compromis, non ?
-Oui, je suis heureuse beaucoup.
-Je le suis aussi. Quand tu signeras ton premier canapé ou ta première chaise super originale, tu m’en enverras un exemplaire ?
-Je faire réduction deux pourcents à toi.
-Ah ouais ! On sent le master en carrières bancaires, là…
-Je plaisante. Éric va bien ?
-Oui, il arrive dans l’après-midi.
-Donc toi à Paris, et lui pas, pour prochaine année ?
-Et non, en plein master d’architecture, c’est trop compliqué de changer d’école, il va faire sa dernière année et on avisera ensuite. On aura terminé nos études au même moment dans un an. Il sera temps de se positionner, si on a un peu le choix.
-C’est l’inconnu pour vous.
-Oui, en effet. Mais on va gérer.
-Vous avez séparés six mois l’année dernière, déjà.
-Oui, et on a vu ce que ça a donné, pas vrai ?
-Moi je pas me plaindre.
-Tu m’étonnes. On va quand même éviter de jouer à ça lui et moi à chaque fois qu’on sera éloignés pendant quelques temps.
-Ça pas mal terminé entre vous, pourtant.
-En effet. Ça nous aurait même rapprochés encore…
-Je été utile à vous ?
-M’en fous que t’aies été utile ou pas. Je suis contente de t’avoir rencontrée et qu’on soit devenu amies.
-Tu sais, j’ai rencontré fille à Helsinki, mois dernier.
-Ah oui ? Dans ton université ?
-Oui, mais elle en arts plastiques.
-Et ça se passe bien ?
-Plutôt oui.
-Mais tu arriverais à renoncer aux hommes ?
-Si je passer ma vie avec une personne, il faudra bien que renoncer à un sexe.
-J’en connais qui soutiendraient la thèse inverse, mais je comprends ce que tu veux dire.
-Mais peut-être compliqué pour moi que vivre avec fille.
-Tu te voyais plutôt avec un mec, pour une vie de couple ?
-Oui, je pensais que filles c’était en attendant rencontre définitive, tu comprendre ?
-Et tu pensais que tu finirais banquière, également…
-Je pensais beaucoup choses fausses.
-Non. Les choses changent, simplement. Parfois il faut accepter de changer aussi, pour ne pas se retrouver perdu.
-Je t’envoie photo d’elle, tu veux ?
-A l’occasion oui, avec plaisir. Elle s’appelle comment ?
-Kaija.
-Blonde ?
-Brune !
-Vous avez des brunes en Finlande ?
-Comme vous avoir aussi quelques blondes toutes blanches en France.
-Je ne vois pas de qui tu parles…
-Je vais aller manger avec parents. Je laisse toi. Merci des bonnes nouvelles.
-Merci d’avoir appelé, Inkeri. Je t’embrasse.
-A bientôt. Xoxo Léa.
Le menton posé sur le rebord de la piscine, dont seule sa tête dépassait de l’eau, Charlotte me regardait.
-T’as l’air très amie avec elle.
-Mais je t’en avais parlé, non ?
-Le prénom bizarre, comme le fromage à tartiner ?
-Inkeri, et non pas Kiri, idiote !
-Mais c’est marrant, parce que c’est Éric qui a vécu six mois avec elle, et c’est avec toi qu’elle a sympathisé au point de rester en contact.
-Je l’ai croisée à chaque fois que je suis allée à Londres, quand même, et c’est une fille adorable. T’as d’autres questions, madame l’inquisitrice ?
-Elle est jolie ?
-Très.
-Et t’as jamais eu peur ?
-T’es jolie et j’ai pas peur de toi.
-Tu sais très bien ce que je veux dire !
-Oui.
-Oui t’as eu peur ?
-Non.
-Oui quoi, alors ?
-Oui, je sais très bien ce que tu veux dire.
-Mais donc ?
-Non.
-T’es stoïque, toi.
-T’as peur que Loïck fréquente des bombasses ?
-Bah… je suis pas toujours cent pour cent tranquille… En gros ça va, mais s’il devait être en coloc avec une nana bien foutue, je serais pas sereine tous les jours, je crois.
-Ce sur quoi tu n’as aucune emprise, n’en cherche pas la maîtrise.
-Hé mais faut te faire exorciser, toi, t’es possédée par un tibétain. Mais sérieux, tu crois qu’il a pu se passer un truc entre Éric et Vache-qui-rit ?
-Oui, j’étais là et j’ai même participé.
-Haha ! Bien répondu. J’aime bien ton côté zen, c’est nouveau chez toi…
-Oui, c’est quand j’essaye de bronzer malgré les questions stupides de ma petite sœur…
-Ouais enfin petite sœur ou pas, tu bronzeras pas !
-T’es sûre que tu ne préfères pas un aller simple, pour le Chili ? Ils ont besoin de vétérinaires, là-bas, non, pour les angines des lamas ?
-Le Pérou ! Tu dis ça mais en fait tu m’adores, non ?
-Si.
Charlotte fit quelques longueurs pendant que j’essayai en vain de capter de la vitamine D au soleil, à défaut de synthétiser de la mélanine.
Dans quel pays, dans quel district ?
C’était tout au bord de la mer
Depuis j’ai oublié laquelle
Ma bienheureuse léthargie fut de courte durée. Ma mère vociférait depuis la cuisine dans l’espoir que je l’y rejoigne. Je me levai, enroulai un paréo autour de ma taille, et gravit la petite pente dallée qui séparait la piscine de la terrasse attenante à la maison.
-Que puis-je faire pour toi, maman ?
-Éric arrive dans l’après-midi, c’est bien ça ? Donc il ne déjeune pas avec nous, tu es bien sûre ?
-Oui, c’est ce qu’il m’a dit.
-Alors comment expliques-tu qu’il t’attende dans ta chambre ?
-Putain, tu me dis ça comme ça ???
-Chacune son tour de taquiner l’autre !
Je me précipitai dans l’escalier. Ma mère tenta un vieux réflexe.
-Dis-donc, t’aurais pu passer un t-shirt, pour entrer dans la maison.
-A quoi bon, il va me l’enlever…
-Léa !!!
J’ouvris la porte de ma chambre et trouvai Éric, assis sur mon lit, un bouquet de fleurs dans une main.
-C’était pour ta mère mais elle m’a dit de te les offrir à toi !
-Vire-moi ces tiges ridicules…
-Hé, ce sont des roses, quand même.
-M’en fous !
-T’as l’air en forme.
-Maverick, bête de sexe, fais-moi l’amour ou je ne réponds plus de mon corps.
-Tu cites souvent les navets eighties, toi ?
-Quand j’ai envie de baiser, je pourrais même te citer la soupe aux choux.
-Je vois moins le rapport qu’avec Top Gun.
-Éric…
-Oui ?
-Tais-toi !
Éric se tut.
Nous ne nous étions pas vus depuis deux semaines, en raison des démarches que j’avais dû effectuer à Paris pour mon inscription au master spécialisé, puis c’est lui qui s’était trouvé accaparé par un stage court de fin de première année de son propre master. J’avais retrouvé les sensations vécues pendant l’hiver quand, londonien jusqu’en décembre, il n’avait été auprès de moi que par brèves intermittences. Après mes allers et retours en Angleterre de l’été dernier, la rentrée universitaire m’avait rendue moins disponible et nous avions pris notre mal en patience jusqu’à la fin de son séjour en décembre.
L’éloignement avait au moins eu cet avantage que les retrouvailles n’en avaient été que plus explosives à chaque fois.
Assise sur lui, le haut du bikini encore noué dans mon cou, je redécouvris les joies de l’orgasme en serrant de toutes mes forces mes bras autour de ses épaules, pendant que son sexe, dressé dans ma chair, diffusait avec force son bonheur saccadé.
Après quelques minutes fiévreuses au charme désordonné, nous descendîmes retrouver mes parents qui préparaient le repas, auquel Charlotte se joignit, tout heureuse elle aussi de revoir celui qu’elle appelait son « beauf ».
Éric resta jusqu’au dimanche soir, puis nous quitta pour équilibrer ses visites entre ses deux parents, dont la procédure de divorce se poursuivait. Pour la première fois depuis bien longtemps, je me retrouvai dans l’ambiance ouatée d’une insouciance aussi délicieuse que passagère. J’avais tout juillet entier à passer chez mes parents, avec Charlotte dont le départ pour l’Amérique du Sud n’aurait lieu qu’à la fin du mois.
J’organisai mon déménagement, prévu le 2 août avec l’aide d’une camionnette, d’Éric, de Mélanie et de quelques autres amis de mon ancien amphi, mais sans Charlotte, qui se serait déjà envolée avec son randonneur de petit ami, pour marcher sur les traces des Incas.
Je passai un mois de juillet des plus agréables, dorlotée par mes parents ravis de m’avoir à la maison, à passer du temps avec eux, avec ma sœur, et à revoir quelques anciens camarades de classe qui ne s’étaient pas déjà envolés vers leurs horizons de jeunes adultes actifs. Éric passa plusieurs journées avec nous, principalement le week-end. Il avait trouvé un job d’étudiant pour le mois de juillet, ce qui lui avait permis de dégager son mois d’août afin que nous puissions y être ensemble à Paris avant que nos études respectives ne nous éloignent.
Un peu avant la fête nationale, ce fut celle de Charlotte. Elle apprit qu’elle terminait ses concours à la place 234, ce qui lui offrait une inscription dans n’importe laquelle des quatre écoles de vétérinaires. Elle choisit celle de Lyon, qui avait toujours eu sa préférence, et qui avait l’avantage de posséder une résidence universitaire dans laquelle une chambre était systématiquement mise à disposition des étudiants de première année arrivant d’une autre région. L’avenir de ma petite sœur se dessinait, et il ressemblait à ce qu’elle avait toujours rêvé qu’il devînt.
Mes parents, quant à eux, se préparaient à voir s’éloigner leurs deux filles, à un mois d’intervalle, et bien plus loin que je ne l’avais été depuis mon bac.
La fin du séjour fut ainsi chargée, par anticipation, d’une certaine nostalgie.
Une canicule s’installa fin juillet.
Le mercredi 31, Charlotte et Loïck partirent en covoiturage pour Paris d’où un avion devait les mener à Cuzco. Ma sœur avait réussi à dégotter un vol charter low coast qui, moyennant deux escales et près de vingt-et-une heures de trajet, n’amputerait pas démesurément leur budget. Ils avaient tous les deux puisé dans leurs économies pour se payer cette randonnée dans la cordillère des Andes, mais la formidable réussite à son bac avait également apporté son lot de récompenses méritées, permettant le financement de ce projet.
Etait-ce le Nouveau Mexique ?
Vers le Cap Horn, vers le Cap Vert
Etait-ce sous un archipel ?
Deux jours plus tard, nous prîmes place, Éric, Mélanie et moi, dans la camionnette qu’Éric était allé chercher, après l’avoir chargée des quelques meubles et cartons que j’emmenais dans ma nouvelle vie provisoire. Je n’avais aucune garantie de rester durablement à Paris, même si les embauches à la sortie d’un master spécialisé étaient relativement fréquentes, parfois même dans l’entreprise où le stage avait eu lieu. Mais rien ne prouvait ni que je serais dans ce cas de figure, ni que le stage en question se déroulerait en région parisienne… Je plongeai donc dans l’inconnu à assez court terme. Par conséquent j’avais loué un studio partiellement meublé. Il était pourvu d’une salle d’eau et d’une kitchenette équipée, ce qui nous épargnerait le supplice d’avoir à hisser un réfrigérateur au sixième étage d’un immeuble sans ascenseur. J’aurais par ailleurs le luxe de disposer d’un lave-linge, installé dans la salle de bains, qui m’éviterait les déplacements au lavomatic, auxquels je m’étais habituée, mais que j’étais heureuse de pouvoir oublier. Du rangement intégré aux sous-pentes du dernier étage que j’allais occuper, ainsi que le long des murs pignons, permettait de laisser de côté les armoires imposantes.
Nous partîmes donc avec l’essentiel de mes affaires personnelles, vêtements, vaisselle, livres, disques, dvd, bibelots et tableaux, ainsi que mon lit, ma table de nuit, une commode, ma télévision, ma chaîne stéréo, et quelques éléments de décoration.
Les deux volontaires qui s’étaient joints à notre expédition nous suivirent en voiture.
Nous fûmes à Paris en début d’après-midi.
Le studio que j’avais trouvé était dans le sixième arrondissement, tout près des jardins du Luxembourg. Bien que situé dans un quartier assez huppé, il était le moins cher de ceux que j’avais visités, car résultant de l’aménagement d’une ancienne chambre de bonne à laquelle le minimum de confort avait été intégré sous la forme d’une salle d’eau mignonne mais exigüe, comportant une cabine de douche, un lavabo et des toilettes (et un lave-linge, donc). L’ensemble avait une superficie un peu inférieure à vingt-cinq mètres carrés mais était très bien organisé. Entièrement repeint en blanc, il serait aisément personnalisable. Situé dans un immeuble en arrière-cour, le long d’une petite rue à sens unique, il siégeait au sixième et dernier étage, en haut d’un escalier en colimaçon pentu et étroit.
Mais surtout, sa situation en hauteur, dans un quartier dépourvu de buildings élevés, lui conférait un atout qui m’avait séduite et en avait fait mon coup de cœur. Depuis les fenêtres orientées nord-ouest, la vue sur les si célèbres toits parisiens se prolongeait, de gauche à droite, de la Tour Eiffel jusqu’au Sacré Cœur.
La contrepartie de cette perspective, que je devais au dernier étage bien dégagé, état évidemment la température qui régnait dans l’appartement, en période de canicule. Quand j’ouvris la porte, après six étages dans les jambes, une bouffée d’air surchauffé nous fit suffoquer. Nous entrâmes dans le sauna et ouvrîmes les fenêtres en grand. L’air parisien qui avait déjà dépassé les trente degrés fut paradoxalement rafraichissant.
Prenant notre courage et mes cartons à deux mains, nous multipliâmes les allers et retours, ciselant nos mollets et nos cuisses tout en nous déshydratant, et une heure plus tard, cinq zombies ruisselants se retrouvèrent affalés sur le carrelage de la kitchenette ou de la salle de bains, reprenant leur souffle en descendant des litres d’eau tiède.
Les deux copains qui avaient donné un coup de main partirent en fin d’après-midi. Mélanie resta jusqu’au début de la soirée. C’est à elle qu’il revenait de ramener la camionnette, et elle ferait donc le trajet retour, de nuit, seule au volant. Nous descendîmes chercher une terrasse où dîner d’une salade tous les trois, et elle nous quitta juste après, alors que le soleil commençait enfin à décliner, apportant au moins de l’ombre, à défaut d’une douceur qui ne s’installerait jamais dans la capitale surchauffée et privée du moindre courant d’air, même à la nuit tombée.
Éric et moi remontâmes une énième fois les escaliers vers dix heures du soir. J’étais épuisée mais je n’avais aucune envie de dormir. Mon homme devait rester avec moi jusqu’à mon anniversaire, où nous retournerions chez mes parents pour le fêter là-bas, en compagnie de Charlotte, qui devait rentrer de l’Amérique du Sud l’avant-veille. Une vie de couple de trois semaines m’attendait donc avec lui, et j’en étais à la fois ravie et intimidée. C’était la première fois que nous allions vivre en couple un semblant de quotidien. Je savais la vie à deux riche en enseignements, et souvent révélatrice de la vraie nature des sentiments. Coincé entre la fin de mes études qui se dessinait, et les nombreuses inconnues de mon entrée dans la vie active, ce petit moment amoureux sous les toits de Paris ressemblait à une pause poétique dans mon passage inexorable à l’âge adulte qui se matérialisait.
-On déballe les cartons, demandai-je ?
-Tu veux pas laisser ça pour demain ? On en a assez fait pour aujourd’hui, non ?
-Oui, mais il me faudra plein de trucs, des fringues, mes produits de toilette, et pour le petit-déjeuner, il faudra aussi …
-Léa… décroche un moment…
Éric me prit par la main et me tira vers les fenêtres grandes ouvertes, tout en restant dans mon dos. Les derniers rayons orangés du coucher de soleil irisaient au loin la structure métallique de Gustave Eiffel, qui semblait baigner dans un halo vaporeux, mélange de chaleur, de pollution et de milliers de scintillements mystérieux. Quelques volutes d’air, pas encore piégé par les rues et les immeubles, réussirent à trouver un cheminement jusqu’à mon visage, dont la moiteur s’assécha.
-Je l’ai bien choisi, mon appart, tu ne trouves pas ?
-Si.
Éric m’avait répondu en passant ses bras autour de moi, dans un mouvement sensuel qui déborda très largement vers ma poitrine, couverte d’un petit débardeur blanc et d’un soutien-gorge, blanc également.
-Si tu veux faire l’amour, il faudrait quand même déballer…
-Tais-toi !
-Euh…
-J’ai une idée.
-Raconte.
-Pour te mettre un peu à l’épreuve, et lâcher prise sur tes histoires de cartons à déballer.
-Et quelle est cette idée ?
-Laisse-moi carte blanche.
-Pour … ?
-Pour te faire l’amour.
-Mais c’est-à-dire ?
-C’est-à-dire que tu me laisses faire, tu t’abandonnes.
-Et concrètement ?
-C’est difficile, hein ?
Éric avait un regard à la fois coquin et secret. L’inconnu m’avait toujours attirée, ce qui était paradoxal compte-tenu de ma personnalité parfois rigide et de mes névroses obsessionnelles de tout contrôler autour de moi. Si Lola m’avait appris une chose, c’était la joie trouble et complexe de se jeter dans le feu de ses angoisses, un peu comme on saute à l’élastique pour défier son vertige.
-Ok ! Essayons. Je suis à toi…
Éric m’emmena sur le lit. Le matelas avait été posé dessus mais aucun linge ne le couvrait. Je faillis dire quelque chose, mais me retins. J’avais accepté de jouer le jeu.
-Ferme les yeux.
-Ok…
Je m’allongeai, et plongeai dans l’obscurité. A l’affût du moindre son, je tentai de suivre Éric à la trace. Je l’entendis ouvrir un ou deux cartons, sans savoir ce qu’il y cherchait, puis marcher autour du lit, sans comprendre la logique de sa trajectoire. Le grattement d’une allumette suivi du bruit caractéristique du souffre qui s’enflamme aiguisèrent ma curiosité.
-Ouvre les yeux.
Éric avait disposé quelques bougies et éteint les lumières du plafonnier. Des halos vacillants ondulaient sur les murs blancs, se mélangeant aux dernières lueurs du crépuscule.
-Donne-moi ta main.
Je tendis ma main droite à Éric qui l’enroula dans un foulard qu’il avait trouvé dieu sait comment. Je compris ce qu’il avait en tête.
-T’es sûr … ?
-Tu m’as donné carte blanche. Ça va aller ?
-Euh…
-Tu me fais confiance ?
-Oui.
Il fit serpenter le foulard autour de mon poignet, et l’y fixa à l’aide d’un petit nœud qu’il ne serra pas, pour ne pas me faire mal. Un deuxième foulard vint couvrir mon poignet gauche. Malgré l’accord que je lui avais donné, la situation m’impressionnait. Jamais je ne m’étais livrée à ce jeu érotique, dont je convenais intellectuellement qu’il n’était pas bien méchant, mais qui devenait une tout autre affaire quand il s’agissait de mettre littéralement son corps entre les mains de quelqu’un, et de lui en donner l’accès libre sans pouvoir intervenir. Mon cœur s’emballa dans ma poitrine.
Éric posa un genou sur le matelas et tendit mes bras vers le haut. Il fit passer le débardeur par-dessus ma tête et sembla satisfait de constater que le soutien-gorge, sans bretelles, pourrait s’enlever plus tard. J’en fus soulagée aussi. Certaines situations font revenir des élans de pudeur que l’on croit révolue.
Puis il tira doucement les foulards en arrière et mes bras se tendirent. Il accrocha les deux extrémités soyeuses à la tête du lit, aussi éloignées l’une de l’autre que possible, et plaça des oreillers dans mon dos, afin que mon corps y repose, mi allongé mi redressé, et que la position soit confortable. Malgré l’aspect autoritaire du fantasme qu’il s’apprêtait à réaliser, je sentais dans chacun de ses gestes de l’amour et de la douceur. Je me détendis un peu.
Éric renonça à attacher mes pieds. Il n’y avait de toute façon plus de foulard disponible et pas de montant au bas du lit auquel les fixer. Il se déshabilla entièrement et vint se coller à moi, son sexe encore au repos lové contre ma cuisse. Mes réflexes prirent le dessus avant que mon cerveau n’envoie les informations pertinentes, et je tentai d’enrouler mes bras autour de son corps pour le câliner. Les pièges de satin se tendirent. Cela le fit sourire.
-Ah ça t’amuse, ça, hein ?
Pour toute réponse, il m’embrassa, posant sa langue veloutée contre mes lèvres réceptives, et son corps nu glissa contre moi. Je sentis le pénis gonfler contre ma jambe, puis, quand ses mains se posèrent sur le soutien-gorge pour entamer une caresse à travers le tissu, le gonflement se fit dur, et un nouveau barreau de lit fit son apparition entre lui et moi. Les baisers quittèrent ma bouche et descendirent. Éric fit sortir mes seins de leurs bonnets protecteurs et sa langue en cajola les tétons à sa disposition. Des fourmillements ambigus, toujours mêlés de désir et d’appréhension, parcoururent ma peau qui sembla diaphane dans l’obscurité qui se renforçait. La bouche poursuivit sa quête, et embrassa le diable dans mon nombril, comme pour l’associer à son œuvre l’espace d’une heure. Je sentis ma légère jupe rouge quitter mes hanches et longer mes jambes jusqu’à disparaître quand mes pieds nus passèrent au travers. Chaque mouvement d’Éric faisait virevolter son sexe érigé, qui allait de droite et de gauche comme la baguette d’un chef d’orchestre. Mes jambes se couvrirent de caresses et de chair de poule quand ses mains remontèrent des chevilles jusqu’au haut de mes cuisses, pour les honorer à loisir, au gré de son envie du moment, seule détentrice du cheminement des opérations. Enfin, le coton blanc qui recouvrait mon sexe plongea vers le bas et alla retrouver ma jupe au pied du lit. Éric écarta mes jambes. Je résistai un instant, pour la forme, puis le laissai dévoiler ma nudité le long de laquelle il passa un doigt, recueillant les premières gouttelettes de rosée, ce qui accentua la condensation intime quand la phalange indiscrète rencontra le bourgeon, lui aussi en train de s’éveiller.
Éric s’allongea tout contre moi, le pénis poussant contre ma cuisse droite encore endolorie des interminables montées et descentes dans les escaliers. Il embrassa mon cou, ma nuque, puis mes seins, qui débordaient du soutien-gorge blanc comme s’ils avaient tout à coup doublé de volume, ce qui donnait l’impression étrange d’avoir pour quelques instants la poitrine opulente de Mélanie… La main droite qui avait visité l’orée du bois retourna y chasser des trésors et, bras tendu vers ma toison, Éric y fit pénétrer son index. Comme un pirate jouant du crochet, le petit serpent agile se faufila dans mes replis pour y délivrer son message amoureux. Mon ventre s’illumina et, dans mon cerveau à l’affût, le curseur hésitant s’éloigna de l’inquiétude pour se rapprocher plus encore du désir qui déjà basculait vers le plaisir.
J’eus subitement envie de serrer dans mes bras l’homme qui me masturbait, dans un élan de tendresse mâtinée de prudence, comme l’on câline parfois pour que le contact sensuel puisse à tout moment permettre de repousser une caresse maladroite ou une initiative moins heureuse. Mais les deux foulards qui retenaient mes mains prisonnières m’en empêchèrent et je fus bien obligée de laisser Éric faire de moi exactement ce qu’il voulait, comme il le voulait.
Le doigt coupable quitta provisoirement mon sexe et Éric dégrafa mon soutien-gorge dans mon dos. Mes seins libres apparurent, aussi petits qu’ils avaient donné l’illusion d’être proéminents tant que les balconnets les avaient poussés par en-dessous. Mais Éric parut s’en satisfaire et il les baisa, les lécha, les caressa jusqu’à ce qu’ils gonflent, pour de bon cette fois-ci, dressant leurs tétons vers le septième étage de l’immeuble qui n’était autre que le ciel, dans lequel les étoiles faisaient leur apparition, à l’instar de celles qu’Éric allumait dans mes yeux qui se fermèrent à nouveau. Je retournai en autisme, m’en remettre totalement à lui.
C’est sûrement un rêve érotique
Que je me fais les yeux ouverts
Et pourtant si c’était réel ?
La main que j’attendais repartit vers le bas de mon corps et deux doigts entrèrent dans mon sexe trempé, après avoir délicatement écarté les lèvres qui, loin de faire barrage, s’étaient ouvertes comme pour mieux signifier que je lui appartenais. Sans être brutal, Éric fut plus énergique que d’habitude. Il m’avait déjà caressée, avec beaucoup de douceur et de tact, mais jamais alors que, ligotée au lit sur lequel reposaient nos corps exaltés, la vue de mon être à sa merci n’était venue flatter son orgueil et sa virilité. Malgré mes yeux fermés, j’eus l’impression de suivre la polygonation de sa verge contre mes cuisses et mes hanches. Tout en irradiant ma peau de délicieux picotements, le gland prometteur laissait sur son passage quelques coulées voluptueuses, comme un escargot progressant lentement vers son but.
Éric respirait avec force, emporté par ses multiples ivresses. J’eus comme l’impression de voir à travers ses pupilles l’image de mes bras tendus et fixés, seins offerts, tétons dressés, bassin secoué par les gestes vigoureux des doigts allant et venant en moi, tout autant que par les premiers spasmes qu’ils engendraient dans mes entrailles.
Sans que je ne sache pourquoi, Éric arqua légèrement les dernières phalanges insérées au fond de mon vagin. Les sensations s’en trouvèrent tout à coup décuplées et le cri que je poussai dut l’encourager car il redoubla de vitesse et d’intensité. Lui, d’ordinaire adepte des lenteurs langoureuses, se prenait à son propre jeu, et il nous entraina tous les deux dans une spirale bien différente. Sa main fit des bruits de piston en entrant et sortant de mon sexe dont les eaux débordaient et faisaient ventouse, accentuant les impressions de succions qui se cumulaient aux troublants accès de violence sensuelle avec laquelle Éric se déchainait en moi, dans une version très peu édulcorée de sa patience habituelle.
Mon corps se raidit et une nouvelle fois, j’eus le réflexe de vouloir serrer dans mes bras l’homme qui allait me faire jouir. L’idée de vivre ce moment si fort, si particulier, et si psychologiquement intense, seule les bras en croix, fut déstabilisante. Contre toute attente, cela exacerba encore ma fièvre et l’espace d’une seconde, je crus que je n’allais pas seulement jouir mais me pisser dessus, tant l’explosion dans mon ventre fut chargée d’ambivalences. Des cris de soulagement et de plaisir mêlés hurlèrent entre mes dents serrées, mon ventre se creusa comme pour expulser tous mes organes inutiles, et mes yeux s’ouvrirent brutalement. Une partie de mon cerveau vit Éric, arc-bouté au-dessus de mon entrejambe, la verge pivotant comme un métronome coincé sur prestissimo, les muscles du bras droit bandés pour soutenir le rythme infernal auquel deux de ses doigts disparaissaient à intervalles réguliers dans mon sexe béant. L’autre moitié de mon cerveau s’avoua vaincue et cessa de communiquer avec le monde.
Je jouis avec une violence inouïe. Des larmes ruisselèrent sur mes joues, sans que je ne sache si elles exprimaient une émotion, une sensation ou une réaction… J’avais arrêté de réfléchir, et m’étais soumise non à Éric, mais à mon être le plus intime, dont j’avais accepté que mon amant en fût le pilote exclusif l’espace d’une étreinte.
Il vint m’embrasser et ses mains serrèrent mes joues avec la maladresse de l’excitation incontrôlable qui était la sienne. Son corps pressa sur le mien, et les foulards se tendirent, accentuant la tension sur mes poignets. Ours au désir brut, Éric fit pénétrer son pénis dans la fente qu’il venait de quitter, encore endolorie par l’orgasme. Je ne sentis presque pas les premiers va-et-vient. Anesthésiée et ligotée au lit, j’eus pendant quelques secondes l’impression d’être un sextoy vivant, dans lequel un homme en rut épanchait son désir, se préparant à y éjaculer avec fougue, avant de le nettoyer soigneusement et de le ranger dans un tiroir discret pour la prochaine soirée de solitude.
A ma grande surprise, cette idée provoqua en moi le plaisir évanoui, qui réapparut avec véhémence. Éric s’inclina à quarante-cinq degrés, les mains posées sur mes mamelons que ses pouces trouvèrent encore la force de caresser, flottement anecdotique de deux peaux l’une contre l’autre, mais geste de tendresse essentiel qui fit basculer le tourbillon en un équilibre parfait d’amour et de force, de tendresse et de puissance.
Un second orgasme gronda en moi et son approche me fit autant peur qu’elle me fascina, comme un ciel d’été qui vire au noir à l’approche de l’orage qui va ramener la fraicheur tant attendue, mais seulement après le déchaînement de la grêle, des tornades et des pluies diluviennes.
A bout de souffle, Éric oublia qu’il avait juré de quitter le monde civilisé, et que je l’avais accepté.
-J’ai envie… enfin… est-ce que je peux … ?
-Fais ce que tu veux !
Il remplia mes jambes contre moi, mes genoux venant se loger sous mes seins, et prit appui sur mes cuisses pour me pénétrer une dernière fois. La profondeur qu’il atteignit déclencha les bourrasques salvatrices et je me remis à gémir. Quand Éric comprit que l’orage avait débuté et que ni lui ni moi ne pourrions l’empêcher, il quitta mon sexe, et son pénis dégoulinant de cyprine se posa entre mes seins. Leur modeste taille ne permettait pas de l’enserrer aussi voluptueusement qu’un hot dog dans un petit pain de mie, mais il ne chercha que le contact explosif de ma poitrine et de mes tétons contre son gland débordant de miel prêt à se déverser.
Alors que les ondées de la pluie battante se déversaient en moi, remontant de mes genoux jusqu’à la naissance de ma poitrine, je vis la braise rouge contre ma peau blanche se dénouer en un jet puissant, et le deuxième orage m’inonda de l’extérieur. Le sperme gicla contre mes seins, coula vers mon ventre, déborda mes collines pour se déverser dans tout mon décolleté, se mélangeant à mes propres sécrétions, comme un coït délocalisé qui s’épanche à l’air libre.
Éric s’affaissa, guerrier vaincu d’avoir si vaillamment gagné une bataille où nulle victoire définitive n’est possible. Sans qu’il s’en rendit compte, son pénis expulsa une dernière salve de bravoure, qui vint zébrer mon pubis avant que le sexe mou ne retrouve sa place conte mes hanches et que l’enveloppe humaine qui entourait le cœur dont les battements évoquaient encore le tonnerre qui s’éloignait, ne s’affaisse contre moi.
J’étais attachée, je n’avais rien pu faire, j’avais été objet consentant d’un désir d’une puissance aussi irrésistible que communicative, mais j’avais quand même le dernier mot. L’homme à terre, dont la semence figeait sur mon corps brûlant, était comme ces insectes fascinés par les mortelles lumières. Plus que jamais, je me sentis mante religieuse.
Au bout de quelques minutes de silence et d’apaisement, Éric dénoua les foulards qui retenaient mes poignets. Spontanément, je le pris dans mes bras, et nous roulâmes tendrement l’un sur l’autre, nus sur le matelas sans draps, dans l’air encore torride d’une nuit sans fraîcheur, les corps glissant contre les traces visqueuses de nos plaisirs.
Sous le soleil exactement
Pas à côté, pas n’importe où
Sous le soleil, sous le soleil
Exactement, juste en dessous
Alors tout d'abord, je suis ravie de voir enfin la suite de l'histoire ! :)) Très belle surprise après cette attente, et malgré le temps qui s'est écoulé, j'arrive toujours très bien à me plonger dedans !
Concernant le récit, je continue d'en découvrir avec curiosité chaque nouveau tournant... Léa quitte donc son appartement pour Paris ! C'est vraiment intéressant de suivre ainsi, petit à petit, l'évolution d'une personne, d'autant plus que le texte est très rapproché du point de vue de Léa, dont il laisse transparaître toutes les sensations et émotions... C'est une histoire vraiment enrichissante !
Comme toujours également, une écriture fluide, limpide, souvent drôle avec sa pointe de sarcasme ou d'ironie... C'est une lecture très agréable :))
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Je retrouve d'anciennes notes que j'avais prises au sujet des anciens chapitres, mais elles datent un peu, j'espère que je me souviendrai encore de ce que je voulais en dire...
CHAPITRE 52
“Je les voir à 18h30, je ne pense pas que ça durera longtemps.”
>> vois
“-L’association tient un stand dans mon école d’architecture. Je les voir à 18h30, je ne pense pas que ça durera longtemps. Si tu veux, tu me rejoins là-bas et on va se manger quelque chose dans la foulée.
-Ça me va très bien.”
>> Je trouve que la réponse de Léa est un peu... mécanique. J'aurais vu quelque chose d'un peu plus spontané, mais je ne sais pas si ce n'est qu'une question d'habitudes orales personnelles ?
“-Moi, le lundi, je pars à 13 heures, quand tu arrives, en gros. Hier j’avais fini un peu avant, c’est pour ça qu’on ne s’est pas croisé.”
>> croisées ?
“-Enfin je l’ai fait spontanément avec Nicolas, donc je l’ai refait avec Martin. Mais il m’a posée la question, c’était marrant.”
>> posé
“Chapitre très doux…”, avais-je noté. Je ne m'en souviens plus trop, mais j'ai donc dû trouver le chapitre doux, hihi^^
CHAPITRE 54
J'ai noté “génial !!! J’adore l’alternance taxi/soirée ! J’adore l’ambiance de nuit posée avec délicatesse !”
CHAPITRE 55
“Le petit groupe habituel d’une dizaine d’étudiants, auquel je faisais partie par intermittence, envisageait une sortie pour le samedi soir.”
>> duquel ?
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... Et nous revenons dans le présent hihi^^
CHAPITRE 68 (je crois ?)
“Mes cinq trois années de lycée et mes cinq années d’études. Je suis très peu dépensière.”
>> “cinq trois” > trois, je suppose ?
“où seules quelques vaches inspirées en termineraient la lecture avec dans l’œil le vide absolu enfin en rapport avec la pertinence de la prose éditoriale.”
>> hahaha, bien dit :))
Voilà voilà, vivement la suite !^^
À tout vite :)
Je note que je continue mes fautes de frappes qui me passent sous le radar malgré les innombrables relectures ! Heureusement que tu veilles.
Je suis heureuse en tout cas que le récit continue de te plaire. En particulier le chapitre "Joe le taxi" pour lequel j'avais effectivement modifié la narration habituelle parce que je voulais vraiment créer une rupture : il y a un avant et un après cette soirée, pour Léa. J'avais besoin qu'on sente venir la mélancolie, la lassitude, la tristesse aussi, d'une situation qui est allée trop loin et qui commence à la dépasser. Et j'aimais l'idée d'être dans sa tête, à observer d'autres vies défiler pendant qu'elle se rend compte que la sienne lui échappe.