Perplexe, Martial n’avait pas obtenu de réponse à sa question. Il n’imaginait pas que son ami puisse lui mentir, surtout sur un évènement aussi important de sa vie. Il avait dit que ces parents l’avait informé de l’accident. Donc il fallait remonter à la source pour savoir la vérité. Plus encore, il ne pouvait douter de la sincérité de ses propres parents. Maintenant qu’il pensait avoir effacé l’origine de cet accident, ces parents devraient en toute logique le lui confirmer.
Il se prépara pour sa journée au bureau, faisant en sorte de ne pas se presser pour faire passer le temps, afin de ne pas appeler trop tôt.
« Allô maman, comment ça va ?»
Il échangea brièvement avec sa mère sur sa situation professionnelle puis sur la scolarité de Robin et Justine.
Restés sur la cité girondine, ses parents avaient l’occasion de recevoir leurs petits enfants chez eux plus souvent que ne le faisait Martial. C’était une moindre satisfaction pour lui. Il avait l’impression que grâce à ses parents sur place, les effets du divorce avaient encore été minorés pour les enfants.
Au bout de quelques minutes, il tenta une première approche sur l’accident du 16 avril 1988.
A cette simple évocation, avant même qu’il ne pose une question, il entendit sa mère conclure :
« Martial, j’entends ton père qui rentre, je vais te le passer »
Il se retrouva en communication avec son père et dû recommencer sur les évènements de la vie de tout les jours. Au bout de quelques minutes, ce dernier enchaîna :
« Tu voulais quelques chose de particulier, fiston ? »
Il s’avait que son père serait plus direct avec lui et demanderait plus d’explication avant de faire un commencement de réponse.
Allait-il raconter les expériences en cours avec le professeur Pingh ?
Certainement pas. Ses parents chercheraient alors sur internet à en savoir plus sur ce curieux personnage. Lui-même n’avait pas pris le soin de vérifier ce que lui avait dit Damien. Ce Mr Pingh était-il le gourou d’une secte, un manipulateur ou un chercheur qui sacrifiait ses cobayes au nom de la science ?
Ses parents tomberaient forcément sur quelque chose d’alarmant. Et quand bien même oserait-il leur poser la question de l’accident.
Allait il remettre en doute leur parole, les traiter de menteurs si la réponse ne le satisfaisait pas.
« Non, rien de particulier, c’était pour prendre de vos nouvelles. Bonne soirée à vous deux » rajouta t il pour conclure.
Ce matin là, Martial savait qu’il manquerait de concentration sur ses dossiers. Ce n’était pourtant pas le moment de laisser partir à vau l’eau ses activités professionnelles. Il ne pouvait pas se permettre un nouvel échec commercial.
Pour faire le break, il décida de rentrer déjeuner chez lui.
Machinalement, il releva le courrier dans sa boîte aux lettres. Une enveloppe blanche attira son attention. En temps normal, il aurait mis directement à la poubelle tout ce qui avait un aspect de courrier publicitaire. Mais, son geste s’arrêta net lorsqu’il reconnu, sans même avoir à la lire, une date inscrite en gros caractères d’imprimerie sur la face blanche.
Celle-ci était naturellement cachetée, non oblitérée. Ses yeux restaient figés sur cette date :
16 AVRIL 1988
Il prit le temps de rentrer à son appartement, s’installa confortablement avant d’ouvrir la missive.
C’était une lettre qui était on ne peut plus anonyme : pas de nom, pas d’adresse d’expédition, pas de date, pas de signature.
Comme à l’ancienne, le texte laconique avait était découpé dans des articles de presse. De nos jours, l’informatique permettrait de préserver l’anonymat avec ses multiples polices et tailles de caractères.
Mais les auteurs de cette lettre l’avait joué autrement, peut être pour se faire plus intimidants encore à l’encontre de son destinataire.
Le texte tenait sur une simple ligne :
CESSE DE FOUILLER DANS LE PASSE SINON TU LE REGRETERAS