« ASILE, répétait Martinelle. ASILE, ASILE, A… »
La porte s’ouvrit brutalement, et son poing s’échoua dans quelque chose de mou et d’inattendu. L’homme devant elle poussa un cri de douleur si aigu qu’il couvrit les imprécations de Martinelle. Celle‑ci, confuse, découvrit un prêtre chancelant dont le nez saignait.
« Navrée, mon père », bredouilla‑t‑elle sans pour autant attendre la permission d’entrer.
Elle le poussa presque. Puis elle rabattit la porte sur son support et y passa une grande barre de bois dans les étaux d’acier, afin de la bloquer. Le chapelain, d’un air halluciné, la regarda pousser un guéridon devant l’entrée tandis qu’elle ahanait :
« Monsieur l’abbé, je vous présente mes excuses pour avoir troublé votre sommeil à cette heure tardive mais je n’ai d’autre choix que de réclamer la protection de l’Église puisque sa sœur bien‑aimée la Couronne n’est pas en mesure de me l’accorder pour le moment et qu’il s’est récemment produit une grave conspiration dont les engrenages portent atteinte aux fondements mêmes des saints principes qui régissent notre royaume pour lequel ma famille et moi‑même n’avons cessé de prescrire le plus strict exercice des préceptes de votre culte sacré auquel…
— Mademoiselle, vous devriez être couchée, cria quelqu’un à l’autre bout de l’église. À quoi jouez‑vous dans cet accoutrement de saltimbanque ? Moi qui vous croyais épuisée ! Ludova m’a même fait repousser notre entretien dans la Salle de Langue à demain ! »
Martinelle se figea. C’était la voix de sa mère !
Emmitouflée dans un châle brodé de perles pourpres, imposante dans sa robe à collerette, la régente se tenait sous l’arche en mosaïque qui menait à la sacristie. Les vitraux derrière elle, illuminés par sa chandelle, dessinaient une auréole colorée autour de ses cheveux bouffants. En sanglots, Martinelle courut se réfugier dans ses bras. Alfrude de Figuette ne put l’enlacer en retour ; elle tenait encore le bougeoir. Sa colère avait laissé place à la confusion. D'un bras secoureur sur ses épaules, elle la laissa pleurer un peu.
« Ma pauvre Maman ! Vous aussi, vous vous êtes réfugiée ici ? Les Mandar ont pris possession du château, il faut y envoyer nos armées !
— Vous vous croyez dans un roman, s’outragea sa mère. Auriez‑vous bu ?
— Ils voulaient me lier à ces deux barbares pour me discréditer, mais j’ai vu clair dans leur jeu, mère ! Nous nous battrons ! »
Loin de s’alarmer, sa mère soupira d’agacement :
« Ah ! Vous parlez du double‑mariage prévu avec les Verlandais… Bonté divine, mais… ainsi la duchesse vous a tout dit ? Elle n’était censée vous parler que du traité d’alliance militaire… Cette commère ! Pour qui se prend‑elle ? Vous étiez censée apprendre la nouvelle de vos fiançailles par ma bouche ! Enfin… Du moins, je pensais le lui avoir fait comprendre.
— Mère, s’éberlua Martinelle les yeux en ronds de flans. Vous étiez au courant ?
— Quelle question ! C’est encore moi qui dirige ce royaume… le temps que monsieur votre frère atteigne l’âge viril, ajouta‑t‑elle avec embarras. Il est heureux que vous soyez venue me trouver plutôt que de tout dégoiser, cela dit. Vous auriez pu nous causer un grand embarras, si ce projet avait été dévoilé trop tôt à la Cour ! Ludova comptait sûrement vous faire passer pour une irresponsable, incapable de tenir un secret… »
Martinelle aurait pu se gifler ; son hypothèse précipitée quant à un prétendu enlèvement comploté par Ludova lui apparaissait désormais dans toute son absurdité. Cependant elle exprima une nouvelle fois son incompréhension :
« Vous… avez perdu l’esprit, Mère ? Les barons… jamais ils n’accepteront une union pareille ! Le peuple nous écartèlera en place publique !
— Pas si j’ai mon mot à dire », trancha un nouvel arrivant avec solennité.
D’un glapissement, Martinelle fit volte‑face. Sur le sol en marbre de la nef s’avançait un homme aussi large que haut. Son aube de velours vert et ocre, sa tiare de fleurs entrelacées en nacre ne laissaient aucun doute : c’était Robald de Roncelieu, le cardinal de l’Est.
À lui et trois autres personnes ointes et bénies revenait la lourde responsabilité de guider les quatre ordres du clergé carréiste. Il dirigeait celui des Orienteurs, célèbres pour la verdure qui poussait sur leur corps en guise de poils et de cheveux. Sa magnifique barbe de lierre lui descendait jusqu’à la taille. Au niveau des tempes, quelques pâquerettes et trèfles s'étaient infiltrés. Lorsque prêtres et prêtresses prononçaient leurs vœux, la grâce transfigurait autant leur corps que leurs esprits. C’était un prodige unique à leur religion, témoignage de la présence des Quatre Dieux dans leurs vies. Ailleurs, de dangereux sorciers rôdaient pour asservir les hommes avec leurs maléfices. Pour s’en prémunir, les autres peuples n’avaient d’autre choix que de s’en remettre à des conjureurs pour exorciser la magie. Néanmoins ces contre‑mages demeuraient des êtres pervertis, qui attiraient sur autrui le malheur. Les Orgéliens, eux, pouvaient compter sur les clercs carréistes et leurs miracles.
Le souffle coupé, Martinelle eut la présence d’esprit de s’agenouiller et de baiser la bague de l’ecclésiastique :
« Si j’avais su que Son Éminence faisait au château l’honneur d’une visite, qu’Elle croie bien que j’aurais…
— …évité d'affoler le palais, pesta sa mère. Si j’ai demandé à la duchesse Ludova de me remplacer au Salon de la Luette, c’était précisément pour m’entretenir avec le cardinal au sujet de cette double‑union. J’aurais dû deviner qu’elle sauterait sur l’occasion pour jouer sur vos sentiments ! »
À ce ton de reproche implicite, Martinelle baissa les yeux. Elle ne saisissait rien de ce qu’on lui disait. Devenait‑elle folle ou stupide ? Le cardinal de Roncelieu tenta de la rassurer d’un rire :
« Relevez‑vous, mon enfant, et séchez vos larmes. Car vos actions, toutes impulsives qu’elles aient pu paraître, sont justifiées ! Ce mariage, ou plutôt ces mariages, pourraient mettre en danger l’intégrité de votre âme. Je suis venu ici pour trouver une solution à ce dilemme, et expliquer à votre chère Maman comment vous épargner l'excommunication.
— Auparavant je dois réparer ses bêtises », lâcha l’intéressée en s’éloignant.
La garde royale s’était cachée près des gargouilles qui surmontaient l’extérieur de la basilique. On l’avait réquisitionnée pour protéger le cardinal, d'où son absence dans le reste de l’Amplair. Lorsque les soldats avaient vu Martinelle accourir près du bâtiment, ils avaient bien failli l'abattre d’une balle de mousquet, avant de se raviser. Sa mère envoya un messager avertir les officiers du château, y compris ceux dévoués aux Mandar, que la princesse « se tiendrait tranquille maintenant ». Par une fatalité tragique, celle‑ci s'était bel et bien couverte de ridicule. Martinelle ne pouvait s’en prendre qu’à sa propre impulsivité.
Elle aurait voulu disparaître dans un confessionnal et ne plus jamais en sortir. Mais on la poussait déjà, pour un nouvel entretien, vers la petite bibliothèque du Chœur‑de‑Cœur et sa cheminée. Quelques bûches s’y consumaient encore. L’air sombre, l’abbé réarrangea et bouffa des coussins pour les trois invités. Son nez, essuyé en vitesse, avait pris une couleur violette identique aux tiges de lavande qui poussaient encore sur son crâne dégarni. Martinelle lui présenta des excuses, que l’Orienteur fit mine d’accepter d’un ton sec alors qu’il servait une infusion au gingembre. La détesterait‑il à jamais ? Elle redoutait de le recroiser au Chœur‑de‑Cœur, car elle avait toujours aimé aller à la messe. Les psaumes enjoués, les notes mystiques des orgues, l’odeur apaisante des bougies à la rose… Tous ces rituels lui permettaient de s’échapper plusieurs heures de son rôle, lui assuraient qu’elle et le reste du monde partageaient quelque chose. Sur les bancs de la nef, elle retrouvait le fil de ses pensées autant qu’elle trouvait la foi.
Mère et cardinal se placèrent côte à côte sur le sofa. Martinelle dut donc s'asseoir dans une bergère qui l’empêchait de détourner le regard. Elle n’osa pas toucher à sa tisane, de crainte de paraître désinvolte. Cette convocation lui rappelait trop celle qu’elle avait endurée dans le Salon de la Luette, au point de la mettre mal à l’aise.
« Au départ, je ne vous le cache pas… j’ai rejeté ces fiançailles en bloc, toussota le cardinal. Et puis… j’ai réfléchi. Et prié. Car contrairement à ce que croient les Orgéliens, il y a maints carréistes en Verlande. Néanmoins il s’agit d’une minorité opprimée… des esclaves, pour la plupart. Et nous avons le devoir de protéger toutes nos ouailles, même les plus éloignées. Cependant personne ne veut d’une croisade ! Intégrer une pieuse princesse au clan impérial, par le biais d’une tractation morganatique, nous aiderait davantage. Vous pourriez parler pour la Foi au cœur même du pouvoir, faire entendre les doléances des fidèles. Une sainte mission ! Les trois autres cardinaux et moi‑même sommes donc... prédisposés à acter certains caveats concernant votre situation matrimoniale. »
Il levait un doigt impérieux, sans clarifier ce jargon légal. Quant à sa mère, elle restait coite. Sa peau noisette, à la lueur du feu de bois, brillait comme un masque de laque. Lorsqu’elle avait réprimandé Martinelle, elle avait manifesté un énervement incandescent. A contrario cette colère‑là semblait froide, et dirigée vers une cible différente quoiqu’indéfinissable. Le cardinal, dont les sourcils s’étaient brutalement froncés, insista :
« D’abord, il faut savoir qu’un des maris qui vous a été proposé, le prince Shen, est carréiste de conviction… Il s’est déjà fait baptiser, et croit sincèrement aux Quatre. D’ailleurs peut‑être pourra‑t‑il profiter de son passage à la capitale pour effectuer sa confirmation de foi… Afficher son dévouement en public, lors de sa première communion, devrait rassurer vos sujets. Et prouver que vos noces sont parfaitement légitimes du point de vue de la liturgie…
— Mais… il reste un autre mari, rappela Martinelle. Ne faudra‑t‑il pas le baptiser lui aussi ?
— Au contraire ! »
Elle se prit la tête dans les mains. Ces manigances politiciennes la laissaient pantoise. L’estimé Robald de Roncelieu interprétait les Saintes Écritures avec le détachement d’un avocat pointilleux, déterminé à trouver des failles lucratives au sein d’une charte commerciale. Du jaune d’or, les pâquerettes sur la tête du chef suprême passèrent au rouge vif tandis qu’il exposait ses arguments :
« L’Église ne peut valider ou invalider que les mariages qui ont été célébrés sous son autorité. Pas ceux organisés par une autre religion. Et tant mieux d’ailleurs, s’emporta soudain l’ecclésiastique. Que dirions‑nous si, à l’inverse, les cannibales de Phéniptie venaient nous donner des leçons de morale ? Ce que je veux dire, c’est que si vous épousez deux dignitaires devant l'impératrice sans avoir recours à un prêtre carréiste, vous ne serez pas en situation de péché, se reprit‑il en désignant le ciel du doigt. Cette autre union sera tout bonnement nulle et non‑avenue, contrairement à celle prononcée avec le prince Shen sous notre autorité. Parce qu’aux yeux de notre Loi, l’acte matrimonial signé avec votre second fiancé n’existera tout simplement pas. Donc pas d’excommunication possible, comprenez‑vous ? C'est un non‑évènement.
— Une absurdité, s’exclama‑t‑elle. J’épouserais tout de même un impie…
— …que le clan de la Hache, fort influent, a tout de même élu clanarque. Ce qui en ferait l’équivalent d’un duc ou d’un marquis chez nous. Il adore des idoles, certes… Mais le double‑mariage à la verlandaise relève d’une union civile gérée entièrement par les instances impériales. Aussi sera‑t‑il au moins légal du point de vue de leurs clannerets. Ce n’est pas une cérémonie religieuse… Juste une démarche administrative. Vous n’aurez pas à vous agenouiller devant leurs Mânes, les Verlandais s’y sont engagés. Et votre mère a négocié avec mes coreligionnaires ! Ils sont prêts à vous donner leur blanc‑seing morganatique, que dis‑je, leur bénédiction apostolique.
— Mais ce n’est pas le problème ! »
C’était trop. Elle crut qu’elle fondait à nouveau en larmes… cependant elle ne se souciait même plus des mots abscons employés par le pontife. Seule l’indignation subsistait en elle. Ses suppliques retentirent en échos sous les croisées d’ogive :
« Enfin, Éminence ! Je ne peux quand même pas… coucher avec un homme qui n’est pas mon mari ! Mère, dites quelque chose, je… »
Le cardinal l’interrompit :
« Même si vous… vous adonnez à un coït avec ce clanarque, les Dieux nous en gardent… vous ne feriez que tromper votre époux légitime, le prince Shen. Cela vous rendrait non pas coupable de biandrie, mais simplement de… fornication. L’adultère n'est pas un motif suffisant pour expulser quelqu’un de notre culte. Nous avons le devoir de réhabiliter les fautifs, et puis… nous ne pouvons quand même pas nous débarrasser de toutes les épouses infidèles. Il n’y aurait plus beaucoup de femmes carréistes en Orgélie.
— Ni d'hommes, lâcha la reine‑mère qui n’appréciait pas du tout cette remarque et sortait enfin de son mutisme. Pourquoi sont‑ce toujours les femmes qu’on blâme dans ces histoires de coucheries ? »
Celle‑ci repensait sûrement aux ignobles accusations dont Béatre III et elle‑même avaient été victimes. Ils avaient fait l’erreur de convoler un mois seulement après le décès de la reine précédente, Clovitte de Mandar. Elle était morte cette année‑là des complications liées à la naissance de Barnabette et Joséphade. Cette indélicatesse avait provoqué la colère de sa sœur, la duchesse Ludova, car les nouveaux époux avaient fait fi de la période de deuil réglementaire. Certains filous avaient même murmuré qu’Alfrude de Figuette avait déjà la taille épaisse et le ventre rond, lors du mariage. À en croire les rumeurs, Martinelle avait été conçue tandis que Clovitte agonisait encore. Le souverain avait, disait‑on, précipité cette union pour lui épargner le statut de bâtarde et faire d’elle la quatrième princesse. « Calomnies sans fondement, avait assuré la nouvelle reine‑consort à l’époque. Madame de Mandar les profère par haine et par jalousie ! Notre fille est née prématurée, voilà tout. » C’était du moins la défense officielle des Figuette, une version des faits qui ne souffrait aucune discussion.
Martinelle, au seul souvenir de ces racontars, s’apeurait encore davantage :
« Pourtant… Tromper son mari reste un péché mortel, n’est‑ce pas ?
— Certes. Il ne suffit pas d’être carréiste pour aller au ciel, encore faut‑il être vertueuse. Pour votre salut, je ne peux donc que vous implorer de ne pas consommer cet autre mariage. Chaque caresse de ce second mari rapprocherait de quelques pouces vos orteils des flammes de l’Enfer.
— Mais il VOUDRA le consommer, explosa‑t‑elle. C’est un… sauvage ! Et vous lui faites croire que je lui appartiens ! Il va se jeter sur moi, et… il va… me… »
Ces mots étranglaient sa gorge de l’intérieur. Martinelle ressentait dans sa chair les griffes d’une énorme bête poilue et puante. Cette idée la paralysait. Elle s’imaginait tout à fait maintenue au sol par les cheveux, bloquée au niveau des cuisses par de lourds genoux qui lui broyaient les os. Ensuite une longue traînée de bave lui dégoulinait dans l’oreille. Puis les dents descendaient vers son épaule, sans qu’elle pût les voir. L’haleine fétide de l’animal lui brûlait les paupières, et ensuite, ensuite…
Un long silence s’ensuivit. Gêné, le cardinal faisait serpenter sa langue entre ses dents :
« Je suppose que les Quatre ne sauraient vous reprocher… ce que vous ne pourriez point arrêter. Tant que vous manifestez l’intention claire de ne pas…
— Nous avons bien compris votre philosophie, pontife », le fit taire la reine avec dureté.
C’était sacrilège que de manquer ainsi de respect à Son Éminence. Toutefois Alfrude de Figuette s’en moquait bien. Tout en soulevant le haut de sa robe en fourrure de chinchilla, elle se releva. Puis elle s’agenouilla près du fauteuil de Martinelle, geste qui l’abasourdit par son humilité. Sa mère lui effleura la joue et soupira :
« Je prierai pour votre sécurité, mon petit Miel. Mais en Verlande, vous ne pourrez compter que sur vous‑même. »
La bouche béante, Martinelle se cramponna aux accoudoirs et articula :
« Madame… Est‑ce nécessaire ? Est‑ce VRAIMENT nécessaire ? »
Alors la régente retira ses mains, si fort qu’elle aurait presque pu la souffleter, puis se redressa de toute sa hauteur. D’un regard qui fusillait sa fille et ne souffrait plus aucune contestation, elle gronda :
« Pour la sécurité de notre famille ? Pour l’obtention d’alliés étrangers dont nous avons bien besoin contre les Mandar ? Pour la stabilité de nos frontières ? Pour le bien de votre pays ? Pour la continuité pacifique du règne de monsieur votre frère ? Oui.
— Vous le croyez ?
— Je le sais. »
À la mort de son mari, Alfrude de Figuette avait endossé un rôle qu’elle ne s’était jamais préparée à exercer : la gestion des affaires de l’État, qui impliquait une étroite collaboration avec le futur monarque. Aussi une distance s’était‑elle, depuis cinq ans, installée entre elle et ses deux autres enfants tant l’éducation de Gertraud l’accaparait. Lisert aurait dit que la mère était morte pour donner naissance à la régente. D’aucuns l’auraient plus volontiers comparée à une prisonnière qui s’éloignait fatalement de sa famille, malgré les visites hebdomadaires au parloir.
Dans un réflexe d’énervement, la matriarche venait de croiser les mains devant son ventre. Pour ne pas lui faire honte, Martinelle étouffa un haut‑le‑cœur. Néanmoins elle ne put s’empêcher de quémander une dernière fois, de la plus pathétique des manières :
« Maman… Est‑ce vraiment nécessaire ? »
La reine, qui détournait ses yeux noirs, eut la décence de ne pas répondre.
Dommage que celui qui se soit pris le coup de poing en pleine tête soit le seul qui ne le méritait pas... « T'es obligée mais t'inquiète, si tu te fais violer t'iras pas en enfer » ???
Le carréisme est un quadrumvirat. Il est divisé en quatre ordres qui représentent chaque aspect de la divinité (un peu comme la Sainte-Trinité chez les chrétiens). Robald de Roncelieu est cardinal de l'Est (Terre), chef des Orientieurs. Les trois ordres de la religion carréiste sont le Sud (Méridéaux, feu), l'Ouest (Reponants, ouest) et le Nord (Boréoles, eau). On croisera une soeur boréole et un abbé méridéal comme personnages secondaires plus tard dans le roman. La cardinale de l'Ouest fait une apparition rapide à un moment. Les carréistes n'ont pas de pontife suprême, les quatre cardinaux doivent se débrouiller pour définir une politique commune.
Et oui, l'argumentaire du cardinal de Roncelieu est à vomir. Son raisonnement est spécieux mais quand on voit les raisons qu'invoquaient les Papes de l'Ancien Régime pour démarier à loisir les différents couples royaux de l'Europe...
(Et concernant l'argumentaire du cardinal, oui bien sûr c'est tristement réaliste... mais ça m'empêche pas d'avoir envie de lui coller un coup de poing dans le pif)
Il y a malheureusement pas mal d'hypocrites qui cotoient la protagoniste dans cette histoire, les coups de poings se perdent !