Elle ravageait tout sur son passage, indifférente à la forêt qui l’entourait. Rongée de colère, elle traçait sa route, suivant une piste d’animaux qui serpentait entre les arbres et les buissons. Elle cassait les branches, piétinait les logis et faisait fuir les habitants. Sa rage l’aveuglait. Ni les jonquilles naissantes, ni les cris d’effroi du merle, ni la pluie fine et froide ne pouvaient l’arrêter.
La forêt d’abord indifférente s’irrita à son tour. Elle écarta quelques troncs, arrangea ses ronces et redessina le sentier. Le chemin laissa l’intruse dévaler la pente, tout droit dans l’impasse.
L’humaine parvint dans le creux d’une carrière de grès abandonnée. Encerclée de roche, elle ne s’arrêta pas et s’attaqua à mains nues à la paroi. Elle s’y colla, s’agrippa et tout à coup s’y enfonça. Sa colère comme une lave brûlante s’infiltra dans les fissures. Elle se glissa dans les couches tectoniques où enfin elle s’apaisa. Le roc l’emmitoufla dans sa chaleur intemporelle. Sourde, aveugle, elle resta lovée là, bien calée, encastrée, minéralisée.
A l’extérieur de la tanière, une mésange risqua un trille. Un ours grogna dans les broussailles. Il avait fui à l’approche de la furie. Il observait de loin l’étrange créature, dont le visage endormi surnageait à la surface de la roche. Il s’approcha prudemment. Allaient-ils devoir cohabiter ?
Hâte de lire le mois de mars !
A bientôt !
En effet, moi aussi j'ai envie d'avoir l'image et le texte côté à côte. Je n'ai pas de site ni de blog, mais peut-être que dans quelques mois je chercherai à faire quelque chose comme ça.