Hologram - NICO touch the walls (Fullmetal Alchemist Brotherhood)

Par Pouiny
Notes de l’auteur : https://youtu.be/UqIahGU9ZtY

Je ne sais plus à quel âge j’ai découvert cette série. J’étais sûrement au début de mon lycée. C’était désormais loin d’être la première que je regardais. Avec ma sœur, nous étions très curieux de ces animés japonais et nous faisions en sorte de rattraper notre retard sur toutes les séries fabuleuses qui étaient sorties alors que nous n’avions aucun moyen de les voir autrefois. Je m’inscrivis sur des forums spécialisés pour demander conseil. Dans le lot de ce qui m’avait été proposé, je regardai notamment Angel Beats!, une œuvre qui transperça mon âme d’adolescent.

 

Puis, grâce à un vidéaste axé sur les critiques de manga, je découvris son nom. Nous étions en vacances de Noël chez ma grand-mère, un des rares moments où ma sœur acceptait de ne pas constamment travailler. Nous lançâmes ensemble le premier épisode. Nos parents nous raillâmes sans doute, entendant des cris japonais résonner dans le salon. Mais nous ne nous en soucions pas. En quelques minutes, nous étions captivés par ce début en drame. Fullmetal Alchemist est loin d’être un manga comme les autres.

 

J’avais l’habitude de suivre de grands héros, ou au moins des personnages d’apparence banale avant de devenir exceptionnelle. Avec cette histoire, nous suivions une personne forte, certes : mais construite sur un fort traumatisme. Déjà, le lien entre le héros et son frère fit très rapidement le lien entre la relation que nous avions, ma sœur et moi. Cela du l’interpeller aussi, car après quelques épisodes, elle s’exclama : « En fait, tu es Edward! »

 

J’étais connu pour être une forte tête, susceptible, qui râlait fréquemment avec une voix puissante. Très souvent, on se servait de ceci pour me rabaisser dans la famille. C’était la première fois qu’effectivement, un héros pouvait me ressembler. Un héros qui, comme moi, avait souffert, et ce qui le rendait grincheux, irascible, avec des cicatrices et des faiblesses. Et pendant que ma sœur me fit cette remarque, je pensais : « En fait, elle est Alphonse ».

 

Elle, elle était l’enfant sage. Celle qui faisait les choses comme il fallait, qui était toujours gentille et patiente et qui, pourtant, continuait de me suivre quand je l’entraînais dans des bêtises. Ce n’était qu’à cause de moi qu’elle vola des cerises dans le jardin d’un des voisins, ou que l’on attrapait des kakis qui dépassaient de l’arbre sur la route. Ce n’était qu’à cause de moi qu’elle était là, à ne pas travailler malgré la quantité de devoirs qu’elle s’imposait, pour regarder des animés que mes parents critiquaient. Je la retrouvais parfaitement dans cette immense armure à la voix douce de jeune enfant. Les deux frères Edward et Alphonse Elric étaient comme une version de nous transposée dans un autre monde. Un monde où enfin, je devenais l’aîné et elle la cadette, ce dont nous rêvions tous les deux.

 

Nous avons dévoré la première sortie de cet animé en quelques semaines. Réalisant qu’il s’éloignait du scénario original du manga, nous comprîmes qu’il nous en fallut plus. Commença alors une longue quête pour moi. Je me lançai dans la collection complète des livres.

 

Parfois, entre deux cours de conservatoire, j’avais entre une et deux heures à tuer. Je profitais du peu d’argent que j’avais en poche pour, chaque semaine, m’acheter un tome de la série. Il arrivait que le volume que je voulais ne fût pas disponible, ce qui m’obligeait d’attendre la semaine suivante. Quand le livre était de nouveau en rayon, je me le procurai et le lisais assis par terre dans le conservatoire jusqu’à ce que la porte pour mon cours de solfège s’ouvre. J’avais souvent froid en lisant. Mais je ne décrochais jamais avant la dernière seconde.

 

Fullmetal Alchemist est l’une des rares œuvres qui me firent pleurer, dans ce couloir miteux. Ce cirque continua des années. J’eus le temps de rater mon diplôme de fin d’études une fois, quitter le conservatoire et m’installer dans une autre ville avant de finir le manga. Quand enfin, j’achetai le dernier volume, mon cœur se serra. Cela faisait cinq ans que j’avais commencé la série. Ma sœur était partie de la maison familiale. Et pourtant, il nous restait encore une chose à faire.

 

Avec le temps passé, la deuxième série sur l’œuvre était sortie sur des plateformes légales. Je profitai de la présence de ma sœur lors de vacances d’été pour la dévorer avec elle. Pour la première fois, je ne l’avais pas regardé en cachette sans elle, même si je connaissais déjà l’histoire grâce aux mangas que j’avais collectionnés et entassés jusque-là. Très vite, la qualité de l’animation par rapport à ce que l’on regardait sur mon petit ordinateur portable dans le grand salon de ma grand-mère nous frappa.

 

Quasiment tous les génériques de Fullmetal Alchemist, même ceux de la première série, sont bons. Nous les avons tous écoutés, aimés, chantés. Mais l’un d’entre eux me marqua plus que les autres : ce fut celui choisi pour terminer le deuxième animé et ainsi clôturer pour de bon tout ce que je pouvais avoir avec cet univers. « Hologram », de NICO touches the walls.

 

On peut y trouver un rock lent et mélancolique, mettant en musique la chute de la montre en argent, symbole important du héros, représentant tous ses traumatismes et souffrances passées, mais encore sa volonté d’aller de l’avant en continuer de la porter aussi bien par désir que par obligation. L’ambition de se surpasser par-delà la douleur se retrouve également dans cette main tendue vers le ciel, serrant le poing comme pour entrer en guerre. « Des rayons de lumière s’entrecroisent, et sans même me dire quelle est ma destination, leur éclat transperce toutes les directions ». Il n’y a pas besoin de comprendre les paroles pour ressentir ce que transmet la chanson. L’interprétation du chanteur suffit à transporter dans un sentiment intense et douloureux, entre la force et la peur. Et cette ambiguïté qui guida nos héros jusqu’à leur grand final est très sûrement la raison pour laquelle ce fut cette musique et pas une autre qui fut choisie pour conclure cette belle œuvre qu’est Fullmetal Alchemist.

 

Je ne m’attendais pas à l’entendre. C’était bien le genre d’information que je ne pouvais pas avoir en ne lisant que les livres. Nous étions en fin d’après-midi, après une semaine de visionnage intensif, ou ni ma sœur ni moi n’arrivions à nous arrêter. Et maintenant que la musique avec les crédits défilait, il fallait se rendre à l’évidence : c’était terminé. Ce qui avait pris six ans de ma vie venait de trouver sa fin, avec une musique douce-amère. Je n’étais plus Edward, elle n’était plus Alphonse : nous devions désormais passer à autre chose.

 

Et peut-être que d’une certaine manière, je n’ai jamais pu. Je me reconnais encore dans ce personnage qui est maintenant bien plus jeune que moi. Mon rêve serait un jour de porter son manteau rouge vif, depuis longtemps symbole de son identité et de son courage. Et toujours, quand j’entends ce générique ayant aussi bien signé le début comme la fin d’une œuvre, je revois tout ce qu’a pu signifier cette histoire. Des soirées froides, assis sur un carrelage dans un bâtiment non chauffé. Des soirées ou des après-midis de vacances, allongés devant un petit ordinateur dans un grand salon. Puis, des vacances d’été flamboyantes, où l’on fermait les volets pour mieux apprécier notre adieu à cette série qui, plus que nous accompagner, nous avait définis en tant que frère et sœur.

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Cora Elzéar
Posté le 27/01/2022
Comme j’ai aimé cet anime ! Je l’ai découvert il y a une dizaine d’année et qu’il m’a bouleversé. Du coup ta comparaison dans ta fratrie me parle. Il est heureux de voir que vous avez quitter ces représentations car bien qu’attachantes, elles ne sont guères joyeuses. Je vous souhaite d’avoir pu vous relevez des épreuves de la vie qui est rarement tendre.
(Et merci l’animation japonaise pour les chefs-d’oeuvre que vous pouvez partager. D’ailleurs, par curiosité, je me demande si tu as vu Nodame Cantabile, qui se passe dans le milieu de la musique ?)
Pouiny
Posté le 28/01/2022
j'avoue que je lis / regarde très peu d’œuvres qui parlent de musique classique, parce qu'ayant connu ce milieu ça me rappelle de mauvais souvenirs. Je pense notamment à "Your Lie in April" que mon collocataire m'avait fait regarder et ça avait été très difficile x) je sais que c'est le centre d'un manga de se surpasser et donc c'est logique que dans une oeuvre de ce genre ils montrent les personnages vomir dans les toilettes avant une représentation, le stress des concours, les appréciations des jury qui sont parfois absurde tellement c'est perché... Mais l'ayant vécu ça me touche différemment que quand c'est un combat dans une œuvre fantastique x) Donc non, je n'ai pas vu cet oeuvre, mais qui sait, je garde le nom quelque part en tête

Et oui, il faut bien passer à autre chose, mais c'est toujours bizarre de voir des oeuvres se terminer et de voir que l'on change d'idole x) Désormais, pour ma soeur et pour mes amis, je suis Izuku Midoriya de My Hero Academia xD

Merci beaucoup pour ton retour ^^
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