Vendredi soir.
David marchait seul dans la rue, les mains dans les poches de sa parka, la tête dans les épaules.
David avait mal aux doigts à cause de la fraîcheur nocturne qui régnait dans la capitale parisienne.
Il avait mal, très mal aussi au fond de lui, car il ne savait pas pourquoi tout ceci, c'était passé.
La seule chose dont il était sûr, c'est que son père avait pété les plombs.
Deux heures après que cela soit arrivé, il ne comprenait toujours pas pourquoi.
Pourtant la soirée avait si bien commencée, son père avait même eu un brin de conversation, ce qui était très rare. David était descendu à la cave pour chercher un bocal de haricots qu'il voulait cuisiner pour le soir. Parce que malgré son âge (il avait seize ans.) il savait cuisiner et aurait pu se présenter devant des grands noms de la restauration sans en avoir à rougir. Îles flottantes, gâteau au chocolat, lapin aux olives, rien ne lui échappait. C'était son ancienne nourrice Bali qui lui avait transmis le goût des bonnes choses. Cette femme lui avait fait partager des recettes qu'elle détenait de sa mère et David se montrait à la hauteur du geste.
L'escalier de la cave était peu utilisé. Les marches en bois recouvertes de poussière grincèrent sous le poids du jeune homme qui les descendit lentement, la main droite posée sur la rampe faisant ainsi voleter quelques particules à son passage.
La pièce n'était éclairée que par une seule ampoule qui dégageait une faible lueur jaunâtre juste assez suffisante pour y voir clair.
Même si la cave était un endroit peu utilisée, elle n'était pas excessivement
sale et toutes les choses qui s'y trouvaient étaient soit rangées sur des étagères murales soit sagement alignées comme des petits soldats contre le mur du fond. Les bocaux de conserves se trouvaient tous sur la dernière étagère du mur de droite.
Il enserra le bouchon du bocal de sa main droite. Il sentait sa fraîcheur sur ses doigts et ferma un instant les yeux comme pour mieux percevoir cette sensation exquise. La cave sans être vraiment glaciale n'était pas pour autant de la même température que le reste de la maison, ce qui rafraîchissait quelque peu tout ce qui s'y trouvait. Il souleva le bocal et relâcha sans s'en apercevoir sa prise. L'objet glissa de ses doigts et par bonheur roula par terre sans se casser, décrivant une jolie courbe pour finir sa course sous une pile de cartons pourtant si extrêmement bien rangé que le jeune homme se demanda comment cela était possible.
David, préférant y voir la loi de Murphy, ne chercha pas d'autres explications et partit à la recherche du bocal perdu. Il poussa les cartons un à un en se demandant s'il avait bien vu la course du bocal et au moment où il allait se redresser pour regarder ailleurs il leva la tête et découvrit une porte.
Bizarrement, ensorcelé par les accords d'une musique qui lui paraissait irréelle et semblant provenir de derrière sa paroi sombre, il ne se posa pas de question sur la présence d'une porte qui n'existait pas la seconde d' avant.
D'une main fébrile il dégagea tous les cartons restant qui se trouvaient encore devant la porte.
Hypnotisé par les accords entraînant et par sa présence écrasante il était néanmoins conscient d'assister à un phénomène important et tenta de graver cet instant dans sa mémoire.
Peinte d'un noir mat la porte semblait être faite de chêne avec ses nervures recouverte d'argent.
Ces entrelacs scintillaient par à coup sans apparemment aucun ordre défini, éclairant ainsi par endroit la porte. Ajouté à la musique entraînante, le ballet de lumière acheva d' hypnotiser le garçon. Il commença à s'approcher de la porte et tandis qu'il avançait sa main droite de la poignée dorée en forme de rose, des voix majestueuses et des cors se melangerent à la symphonie.
Au son de ses voix magnifiques David ne put empêcher ses larmes de couler.
L'orchestre sembla atteindre son apogée au moment où il allait toucher inconsciemment la porte puis tout s'arrêta brusquement lorsque le garçon fut violemment tiré en arrière.
David totalement déboussolé se retrouva nez à nez avec son père qui le maintenait par les épaules, enserrant de toutes ses forces ses clavicules au risque de les casser.
Son père lui hurla au visage tout en le secouant convulsivement de:
'
ne jamais, au grand jamais ouvrir cette porte, car tu t'en mordras les doigts tout au long de ta vie, promet le moi, au nom de ta mère, sur sa tombe que je chéris.'
Le visage de son père était décomposé par la fureur, mais une lueur d'horreur semblait briller au fond de ses yeux.
David abasourdit par une telle violence venant de son père, lui qui était la pondérance même, repris ses esprits. Effrayé par ce brusque accès de fureur et par ce qu'il venait de vivre, David réussit à lui échapper sans savoir comment et sortit de la maison pour ne pas être contaminé par cette folie inexplicable.
****
Assis sur une borne à incendie, le jeune homme essayait de se remémorer les événements de la soirée mais étrangement ces derniers semblaient s'effacer tels de vieux souvenirs qu'on avaient du mal à se rappeler, se doutant même de leur réalité.La seule chose dont il se souvenait était d'avoir eu une altercation avec son père mais il ne savait pas exactement pourquoi, mis à part que la cave en faisait partie.
Il redoutait le moment où il devrait croiser le regard de son padré pour savoir ce qui l'avait mené à de telles extrémités, ayant inconsciemment peur de sa réponse et de sa propre réaction.
Heureusement pour eux cette confrontation n'aurait pas lieu de sitôt car son père était déjà sûrement partis en direction de la gare pour prendre un train en direction de Londres.
23 heures sonna au clocher de l'église lorsque David enfonça la clé dans la serrure de la porte d'entrée. Seul le vide l'accueillit comme beaucoup trop de fois. La raison de cette absence paternelle était écrite sur un post-it posé sur un plateau steak/frite froid remplaçant les haricots bœufs. Avant même de lire le post-it, le jeune homme connaissait son contenu, car avant chaque voyage d'affaires, Aimé, laissait toujours des messages dénués de sentiments du genre
« Dav, comme je te l'avais dit, je suis parti en Angleterre pour faire la promo d'un nouveau jeu. Papa. "
Bien sûr, aucun signe d'affection, aucun signe d'amour ou même quelque mot d'excuse ou d'explication pour les événements précédents griffonnées à la hâte.
S'il ne se souvenait pas du visage de celle qui lui avait donné la vie en perdant la sienne
(Une vie pour une vie)
son paternel quant à lui n'avait pas oublié l'amour qu'il vouait à sa femme et sa douleur se faisait encore sentir après tant d'années. Aimé n'avait pas connu d'autres fleurs après le décès de sa femme. Il n'acceptait pas l'idée de lui être infidèle. À chaque fois qu'il regardait son fils, il avait l'impression d'être en face de son amour éternel et pour ne pas être submergé par une vague de souffrance, cette plaie vive jamais totalement refermée, il se plongeait corps et âme dans son travail et délaissait celui qui avait vraiment besoin de lui.
Parfois, David se sentait responsable de cette froideur paternelle et éprouvait un vague sentiment de honte en regrettant de ne pas avoir su tisser des liens forts avec son père.
Après avoir mangé son plateau-repas qu'il avait préalablement réchauffé au micro onde(faisant passer les frites réchauffées avec beaucoup de mayonnaise pour oublier leur texture indigeste), David alla dans sa chambre et posa ses fesses sur sa chaise de bureau en allumant l'écran de son ordinateur. David testait des jeux pour l'entreprise de son père et avait la charge d'en essayer la plupart avant leur mise sur le marché européen. Pour le coup, David adorait le taf de son père qui lui permettait de tous les tester en exclusivité et aussi de temps à autre de découvrir des codes triches ou alors des bugues que les ingénieurs n' auraient pas découvert. Il appartenait aussi à l'équipe officielle du jeu en réseau BLAAM qui était la vitrine officielle de l'entreprise. Justement, son père lui avait demandé d'essayer le deuxième volet intitulé Médaille Oh Condor.
Ce petit bijou se basait sur la Seconde Guerre mondiale même s'il prenait tout de même quelques libertés avec les faits et en la soupoudrant de créature magique.
Habitué aux nouveaux jeux, David installa celui-ci en quelques minutes et régla les paramètres rapidement. Il cliqua sur l'icône du jeu et l'introduction commença :
Dans ce monde, l'aigle allemand n'est pas mort
( Sur l'écran, un aigle géant volait à la hauteur des nuages, laissant derrière lui un sillage sanglant, dissimulant un champ de bataille. L'aigle plongea tout à coup en piqué et David fut pris de nausées tant, l'impression de profondeur était criante de réalisme.)
Et le nazisme a déplié ses ailes sur le monde entier.
(On apercevait en bas, sur le sol les Panzers Allemands roulés sur les corps désarticulés des derniers Russes , créant une mer de sang sur la Place Rouge.)
... Le rouge est devenu la couleur du monde reprit la voix et le fascisme s'est lié avec le communisme du Vietnam.
(On aperçut alors sur l'écran un Junker voler à côté d'un avion asiatique au-dessus d'un temple vietnamien)
Un portail de feu s'est ouvert entre le monde des Enfers et le nôtre, déversant son flot de créatures démoniaques prêtes à servir sous l'étendard du Mal Humain. Seuls les USA et le Royaume Unis sont encore libres pour enlever l'univers de l'emprise de la faucille allemande.
L'Asie est devenue l'ultime terrain de jeu de la guerre. C'est ici que se scellera le sort de ce monde.
L'introduction se finit enfin et David put reprendre son souffle : l'introduction dépassait de loin ses plus folles attentes et se hâta de commencer sa première partie.
Il se rendit compte que ce jeu était un des plus complets au monde avec tout un tas de nouveaux paramètres : niveaux d'enthousiasme des troupes, armement des forces en présence, conditions climatiques de l'époque et géographique ainsi que l'avancée des troupes et l'emplacement des bases aériennes et nautiques. Il pouvait tout aussi bien choisir de commander un petit détachement ainsi qu'une armée entière mais aussi le mode de jeu à la première personne qu'il privilégia durant la période de 1960 quand les USA s'embourbaient dans les jungles vietnamiennes.
David choisit d'intégrer le corps des marines et préféra une kalachnikov à l'armement réglementaire. Lorsqu'il entra enfin dans le jeu, sa mission s'inscrivit en vert fluorescent sur son écran. Pour passer le premier niveau, il devait traverser une forêt tropicale et prendre d'assaut un poste avancé.
David resta derrière son ordinateur pendant plus de 3 heures, son front était couvert de sueur et à chaque fois qu'il échappait de peu aux pièges disposés par ses ennemis, il ne cessait de se tortiller sur son fauteuil, pris corps et âme dans le jeu. L'enceinte du dernier baraquement venant de sauter, David cliqua sur la touche cinq abandonnant ainsi le lance-roquettes pour le fusil d'assaut et arrosa de ses balles les pauvres Chinois qui tentaient de sortir par la porte dégondée. David, pris dans le jeu ne faisait pas dans le détail et lança une grenade dans la pièce pour tuer les éventuels survivants et passa le seuil une fois son cadeau explosé. Dans la semi-obscurité, le jeune homme aperçut quatre cadavres étendus sur le sol. David s'approcha du mort le plus proche pour augmenter ainsi ses munitions lorsqu'il se rendit compte avec horreur que tous ses paramètres vitaux chutaient. Il se faisait tirer dessus ! Un instant de panique le paralysa et quand il essaya de se calmer, son personnage tomba à terre, mort. Juste avant que le mot Game Over n'apparaisse à l'écran, David distingua un nazi derrière l'entrebâillement de la porte, tenant un fusil au canon encore fumant.
Dépité, David jeta un coup d'œil à sa montre et réalisa avec surprise qu'il était plus de trois heures du matin et décida d'arrêter de jouer. Quand il descendit à l'étage inférieur pour éteindre les lumières, sa main s'agrippa par inadvertance (ou peut être pas ?) à la poignée de la porte de la cave, mais celle-ci demeura close. Cela était prévisible, Aimé n'aurait jamais laissé cette porte tentatrice ouverte. David se sentait comme la dernière épouse de Barbe Bleue,
Cette salope qui avait eu la richesse et la noblesse pour elle. Même s'il ne l'avait pas sorti du trottoir, c'était tout comme. Elle aurait dû écouter ses recommandations et ne pas fouiner partout. Peut-être que son père gardait le corps de sa mère pendue dans un placard comme un manteau sur un cintre. David se tapa plusieurs fois la tête contre le mur, s'en voulant de salir ainsi la mémoire de sa mère par de telles pensées morbides. Mais malgré lui, cette petite idée fit son petit bonhomme de chemin et germa comme un cancer.
Samedi matin.
Gabrielle et Aimé, attablés dans la cuisine, peuvent enfin avoir du temps pour eux. Le petit vient juste de se taire, le pouce dans la bouche. Aimé cuisine pour sa dévouée épouse un plat de spaghetti sous la voix grave de Barry white et fredonne avec lui son refrain. L'ambiance romantique est bien, là, on peut sentir leur amour comme quelque chose de matériel qui englobe et protège leur foyer du monde extérieur. La cuisine sent bon les aromates, et comme un parfait stéréotype Barry White à été remplacé par le son d'un violon. Il leur suffit de fermer les yeux pour se croire à Venise la Magnifique. Aimé plonge sa fourchette dans son assiette et la tourne pour l'enrouler de spaghetti, Gabrielle ouvre la bouche comme si elle était redevenue une enfant, comme celui qui dort dans la chambre d'à côté, et avale sa bouchée. Elle mâche doucement, savourant cette nourriture cuisinée avec amour. Ses yeux pétillent d'amour. Le repas est lentement consommé comme leur première fois. Cette nuit n'échappe pas à la règle. Aimé pose avec tendresse sa main droite sur la courbe du sein droit tout en embrassant sa femme d'une série de baisers dans le cou. L'aube vient de se lever avant les deux amants et les surprend enlacés. Ce matin, c'est au tour de Gabrielle de s'occuper de son mari en lui emmenant son petit-déjeuner au lit.
Elle est en train de couper des oranges en deux pour pouvoir les presser lorsqu'elle sent une présence derrière elle. Elle se retourne souriante sachant que c'est son époux qu'elle découvrira. Elle a en partie raison, mais ce n'est pas le visage qu'elle aurait voulu voir. Aimé tient dans sa main gauche une lettre d'amour écrite par un étudiant et la jette à la figure de sa femme en l'insultant. Celle-ci sourit aux injures, n'y croyant pas vraiment, elle tente de calmer son mari. Cette attitude le blesse plus qu'autre chose ; excédé, il la gifle violemment. Ce geste est fatal à Gabrielle qui se cogne la tête contre le coin du plan de cuisine en tombant et meurt sur le coup.
David se réveilla en hurlant et sut que c'étaient ses propres cris qui l'avaient réveillé. Ses draps défaits et trempés de sueurs n'eurent pas besoin de lui confirmer qu'il venait de faire un cauchemar terrifiant à propos de ses parents. Surtout sur la circonstance exacte du décès de sa mère.
D'elle il ne restait que quelques rares photos que son père gardait jalousement dans sa chambre. David, lui n'avait réussi à avoir qu'une photo d'identité qu'il avait réussi à faire monter sur un pendentif. Bizarrement, il n'avait jamais demandé plus à son père, se contentant seulement du médaillon en argent qu'il portait toujours autour du cou. La dispute avec son père et son comportement vis à vis de lui ainsi que la date anniversaire de la mort de sa mère commençait à faire beaucoup pour son âge.
David essaya de se rendormir, mais son esprit triste ne lui permit pas et il passa une longue et ennuyeuse journée dans un état second embrumé par la fatigue de la nuit blanche
Dimanche.
Après une autre nuit entrecoupée de cauchemar, il passa pratiquement toute la journée du dimanche le nez collé à son écran d'ordinateur essayant de fuir la réalité, préférant se plonger dans les jeux vidéos que de réaliser qu'il avait un problème.
. Son dernier hobby en date était de se mettre dans la peau d'un marine, surtout à la place d'un sniper ayant pour arme un BARRETT et une amulette d'or pour se protéger des sorts démoniaques. Il n'avait pas sa pareille pour se cacher avec un sort d'invisibilité et attendre qu'un ennemi tombe entre ses griffes. Bien qu'il sache que ce n'était qu'une mort virtuelle qui l'attendait s'il perdait, David prenait ce jeu très au sérieux. Le reste de la journée se passa devant la télé et devant les devoirs, le club sportif où il était inscrit avait fermé ses portes pour prendre une semaine de vacances.
Dans la nuit de dimanche à lundi.
Une femme est couchée sur un lit d'hôpital, entourée par une nuée d'infirmières. Ses jambes écartées et son ventre rond indiquent qu'elle ne va pas tarder à accoucher. La sage-femme lui essuie le front avec amour et lui murmure doucement de pousser tout en soufflant.Le bébé se met tout à coup à pleurer dans le ventre de sa mère qui se met à hurler en l'entendant. Les médecins deviennent alors de plus en plus fébriles et savent qu'ils sont en face d'un choix de taille : soit ils sauveront la mère et laisseront le nourrisson se noyer dans son propre liquide amniotique ou soit ils extirperont le bébé de son ventre en sacrifiant sa mère. Pour la femme, le choix est déjà fait.
'UNE VIE POUR UNE VIE.'
Son enfant vivra même si elle doit pour cela mourir. Dans un dernier acharnement, la femme expulse son fils qui déchire en elle une veine , signant ainsi la mort de celle qui la mise au monde. David voit par les yeux du bébé et se rend compte avec horreur que c'est sa mère qui se vide de son sang sur cette table d'opération.
Son réveil indiqua 3 h du mat lorsqu'il émergea de son cauchemar. Sa respiration était à son rythme de croisière. Il essuya ses mains trempées de sueur sur ses draps et alla boire un verre d'eau dans la salle de bain. Pour la première fois de sa vie, il connut vraiment le sens de l'expression 'se faire peur':
De nombreuses cernes commençaient à apparaître sous ses paupières et ses yeux ne voulaient pas se lever de plus d'un demi-centimètre. Sa nuit était foutue. Il avait une peur bleue d'aller se recoucher sachant que les cauchemars ne tarderaient pas à revenir l'assaillirent, une fois les yeux clos. Il décida de passer sa nuit devant l'écran de son ordinateur avec une bonne tasse de café et même s'il connaissait l'origine de ses cauchemars, il préféra tout de même faire des recherches sur le web, pour quelque part se rassurer. Il ingurgita une gorgée et la recracha aussitôt dans sa tasse. De toute évidence il avait mis trop de café dans la cafetière. De quoi même réveiller un mort. Il se leva aussitôt pour aller dans la cuisine et vida la tasse ainsi que la cafetière dans l'évier pour éviter de reboire une autre tasse. Une fois la cafetière nettoyée et retournée sur l'évier David retourna derrière son écran.
Sur un site scientifique, il découvrit que les rêves étaient des sortes de soupapes qui permettaient de se libérer de la pression quotidienne en transformant en images ou en sortes de films en noirs et blanc certains événements difficiles. De plus au réveil on ne se souvenait que d'une partie de nos rêves, généralement des plus farfelus affirmait le spécialiste mondialement connu SHARTERIG pour ses livres et recherche. Il y avait du vrai dans les propos du docteur, mais étant un scientifique, il se devait de rejeter tous les phénomènes dits surnaturels comme les rêves prémonitoires. Pour David, son rêve était bien plus qu'une soupape qui permettait d'oublier ses soucis. Il devait forcément avoir un autre rôle, cela ne pouvait pas être autrement. Pour l'instant, il ne voulait pas y voir son sentiment de culpabilité pour la mort de sa mère qui était morte en couches où alors si proche que c'était tout comme.
Ses paupières devenaient de plus en plus lourdes, sans s'en rendre compte, David s'endormit devant son écran d'ordinateur, son coude droit appuyé sur cinq touches, enrichissant la langue française d'un nouveau mot : AZERTY.
6 h 30. Il sursauta lorsque son réveil sonna. Dormir assit était décidément une bien mauvaise position pour se reposer. Ses jambes lui faisaient mal, ses muscles ankylosés semblèrent être dans une chape de plomb.
Et son aspect devant la glace n'avait pas changé même après cinq minutes passées sous une douche écossaise. En caleçon, David descendit l'étage et prépara son petit-déjeuner, disposant sur la table une bouteille de jus d'orange, son petit morceau de pain à tartiner ainsi que son Nutella, un couteau et son bol. Il ouvrit la porte du frigidaire et sortit un pack de lait au ¾ vide. Il renversa sa tête en arrière et but une grande gorgée. Le lait coulait sur son menton glabre. David attendit un instant et éructa puis, il s'essuya la bouche distraitement avec un torchon et s'assit lourdement sur sa chaise, l'esprit encore endormi, fonctionnant au radar plus que de coutume. Normalement 10 minutes après s'être levé, il pétait toujours la forme. Là, il mangeait distraitement une tartine, ne sentit même pas le goût du chocolat. Après avoir lavé la table et ses couverts , David s'habilla à l'étage. Finissant de chausser ses AIR MAX , il regarda son horloge. MERDE 7 h 30 !
Il avait à peine vingt minutes pour sortir, sauter dans le métro, et courir sur trois bonnes bornes avant d'entrer au lycée exténué !
Dix secondes après, David courait comme un dératé dans la rue, son sac à dos sur une lanière , battant allègrement ses cotes. Il perça la foule tel un scalpel de chirurgien coupant un abcès. Il s'engouffra dans la bouche de métro qui se tenait en face d'un resto chinois sans ralentir, slaloma entre les passants. Arrivé devant le portique électrique, il extirpa tant bien que mal son lard feuille d'une des poches revolvers de son jean, ces derniers voulaient vraisemblablement le faire arriver en retard. Finalement, il sortit non sans effort un ticket de métro et le passa à la trouillotteuse. Le sésame passé, la barrière métallique s'éleva. Les dieux semblaient quand même être avec lui ; une navette qui se révéla être la bonne arriva en gare au même instant. David se laissa tomber sur un strapontin, poussa un profond soupir qui se termina en un rire sans s'occuper des usagers du métro qui se demandaient s'il n'était pas frappadingue.
Quel sprint ! Son prof de gym en aurait été soufflé, lui qui l'injuriait de lavette, de lopette et j'en passe.
David était de ceux qui aimaient bien regarder un match de foot à la télé avec un verre à la main, mais n'aimait pas vraiment pratiquer quelque soit le sport, soit peut être le tir à l'arc qu'il pratiquait en club, et encore en ce moment de façon erratique.
Le R.E.R partit quelques minutes après.
Il profita du trajet pour pour jeter un coup d'œil à ses leçons, espérant vainement avoir le temps d'absorber son cours de math pompeusement intitulé 'dérivé d'une fonction '.
Son prof de mathématiques s'appelait ALLAHR Benoui et venait du Soudan, il avait comme bagage Bac plus 5, un doctorat et enseignait dans un lycée en zone défavorisée, car il avait le secret espoir de faire comprendre et aimer la sublime matière aux jeunes délinquants. Mais ce n'était pas gagné d'avance au vu des boulettes de papier qui traversaient la salle de classe tirée par des sarbacanes improvisées avec des marqueurs. Pour lui, les maths, c'était du BACH , toutes les formules venaient d'elles-mêmes, si on prenait un peu la peine de chercher, car la matière était volage et caractérielle. Dès qu'elle sentait une quelconque résistance, elle s'en allait, laissant l'élève dans l'incompréhension.
Lorsque la navette arriva à son arrêt, David avait difficilement assimilé tangentes et paraboles.
Dix minutes plus tard, David s'écrasa sur les barrières fermées de l'école. Les cours avaient déjà commencé depuis vingt minutes et il ne lui restait plus qu'à passer au bureau de la vie scolaire.
Dépité, David passa par le petit portillon et se dirigea en traînant des pieds vers le bâtiment administratif.
Le surveillant accueillit David avec un sourire de rapace.
-Alors monsieur Schizeri, les cours de comptabilité sont pour vous facultatifs ? allez donnez moi votre carnet. Bien sûr, vous reviendrez fréquenter notre modeste établissement un mercredi après-midi reprit le pion de sa voix nasillarde en prenant le carnet de David.
Il l'ouvrit à la page 'retard', inscrivit l'heure d'arrivée et le jour. Ensuite, il le tamponna avec une joie non feinte.
' et v'la pour l'monsieur' dit il en regardant derrière l'épaule de David comme s'il y avait une longue file d'attente et qu'il attendait patiemment le prochain client...
****
- Et qui peut me parler du contrat de travail indéterminé, autrement dit CDI ? ...TOC , TOC . Amanda Boulet se tourna vers la porte , et répondit à la solicitation . Entrez fit elle de sa voix chantante.
- Ah, monsieur Schizeri qui vient fréquenter mon cour, mais c'est trop d'honneur ! Panne de réveil lut elle sur le carnet de correspondance.
Pas de chance, hein fit elle avec un sourire narquois sur les lèvres. David ne prit pas la peine de répondre et se dirigea vers sa place, mais une main s'agrippa sur son épaule droite. Mais puisque vous êtes là vous allez me parler du contrat de travail, de ses clauses et de ses engagements.
Murmures et rires étouffés. Une boule se forma au niveau de la gorge du garçon. Et merde, j'ai complètement fait l'impasse sur son cours ! Pensa David.
Il expira un bon coup, tenta de rappeler à sa mémoire ses maigres souvenirs et se jeta à l'eau.
. « Okay m'dame, tout d'abord le travail est régie par un contrat de travail, ce qui veut dire que vous ne pouvez pas me virer de cours sans préavis et indemnités... » Eclat de rire général dans la salle. La prof qui portait bien son nom (car c'est était un vrai boulet de canon) esquissa un fin sourire qui fit chavirer le cœur de son élève préféré.
-... Ainsi qu'un bon motif. Tu as tout à fait raison, mais ce type d'arrangement ne s'applique pas à tous les cas ,lesquels?
David se permit un de ses rares sourires :
- faute professionnelle lourde, grave.
- Bien fit la p'tite madame, retourne à ta place et tache la prochaine fois de ne pas éteindre ton réveil.
Le jeune homme la salua d'une révérence puis alla s'asseoir à son bureau, à côté d'une fille sous les sifflets de ses camarades.
Élodie le regarda d'un air extasié :
- houa t'as la tchatche ce matin, puis dit finalement sur un autre ton : T'as vu la tête que tu fais ? T'as l'air d'un croque-mort, faut pas faire de folies avec ton corps quand le lendemain t'as école.
David sourit.
-Ais je l'air si mal en point ?A mon avis, tu m'aurais vu avant, tu aurais appelé le SAMU ou SOS médecin tellement j'étais mal en point, mais là, bizarrement, j'pète le feu!
David ne lui mentait pas, car même s'il était de base timide voir même effacé il n'hésitait pas à se confier à Elodie qu'il connaissait depuis sa plus tendre enfance.
Après une minute de réflexion, Élodie approuva :
- t'as raison, je t'ai rarement vu avec autant de bagout, mais quand même continua t'elle, c'est quoi ces cernes noirs sous tes yeux ? On dirait qu't'as'fait le fait la drag-queen toute !la nuit!
David sourit avant de répondre :
- T'as en partie raison : j'ai à peine dormi 4 heures et encore quand je dis dormis, c'est vite dit pour les quelques heures passés à siester sur mon fauteuil avec comme oreiller mon clavier d'ordinateur ! David tendit son front vers la jeune fille en lui montrant de son index gauche.
-Tu ne vois pas les marques des touches de mon clavier ? Maintenant, appelle moi calcul Man ! l'homme aux touches incrustées !
- Mets-toi sur off maintenant, car je veux écouter le cours ! Affirma la donzelle en réprimant maladroitement un sourire.
- Bien madame sourit David avant de se mettre à suivre assidûment la fin du cours.
La matinée se passa sans anicroches, aucun mauvais rêves à l'horizon, et d'ailleurs David semblait avoir oublié sa courte nuit. A la cantine, il mangea aux côtés d'Élodie comme tous les midis sur une table à deux car ils ne voulaient partager leurs repas avec personne. Surtout David qui était jaloux comme un pou même s'il préférait mourir que de se l'avouer. Pourtant, il n'y avait qu'une grande amitié quasi-éternelle entre eux.
Pour l'instant.
L'après midi fut assez tranquille, David réussit le contrôle de math ce qui l'étonna fort. Comme tous les jours après l'école, Elodie rentra avec lui. Dans la navette elle parla d'une fête qui devait se faire chez Bonaventure dimanche soir prochain pour la soirée d'HALOWEEN.
- Ça va être super, il va y avoir d'la bonne musique et que du monde qu'on connaît. Est-ce que tu veux y aller avec moi ?
David sourit :
- Tu veux que je te chaperonne en fait, n'est ce pas ?
La fille haussa les épaules,
-c'est comme tu le sens mais je me suis dit que cela te fera du bien de changer d'air .
Elle se tut pour reprendre,
-tu ne sors presque plus, tu passe toutes tes journées de libre devant ton ordinateur!
Tu ne vas presque plus à ton Club de tir à l'arc. On ne sort plus si souvent ensemble comme avant! Sa fait combien de temps qu'on a pas fait quelque chose ensemble ? Sa me manque nos petits délires pas toi ?
David fit mine de reculer comme s'il prenait ses réflexions pour des balles et soupira d' un air contrit :
-Si j'avoue ça fait vachement longtemps qu'on a rien fait ensemble, puis il reprit avec un sourire charmeur
-okay j'vais v'nir à cette boom, on va s'éclater ensemble.
Elodie laissa éclater sa joie et lui sauta dans les bras.
-Super on va s'éclater dit elle en collant son visage contre le cou de David qui tentait de faire abstraction de son parfum envoûtant de jasmin. Mais elle savait au fond d'elle que David ne pouvait lui résister. Et ceci depuis la maternelle. Ils avaient fait leurs dents sur les mêmes jouets et s'étaient jamais séparés bien longtemps, fréquentant les mêmes établissements scolaires depuis des années et se retrouvaient même parfois après les cours chez leurs parents respectifs. Mais les années passant et aussi leur point de vue divergeant, ils s'étaient peu à peu s'éloigner l'un de l'autre, ne se côtoyant plus qu'à l'école. Il fallait dire aussi que leur emploi du temps était assez chargé et que David comme la plupart des adolescents était dans sa phase console ou plutôt pour lui ordinateur tandis qu'elle avait ses propres activités.
Pourtant, elle sentait qu'il pouvait avoir quelque chose entre eux, mais David trop timide ou ayant tout simplement peur de sa réponse n'avait jamais osé.
- David, tu peux venir chez moi ce soir après dîner, fit tout à-coups Élodie alors qu'ils se trouvaient à quelques mètres de chez elle, j'ai un truc à te montrer.
David acquiesça légèrement étonné.
- Si tu veux, pourquoi pas.
- Bon à toute ma choute lança alors la jeune fille excitée comme une puce, vers 21 heures !
- Vers 21 heures! Répéta David qui ne comprenait décidément plus sa meilleure amie en la regardant entrer dans sa maison.
Le jeune homme se retrouva de nouveau seul et continua son bonhomme de petit chemin.
Dix minutes plus tard, il arriva enfin chez lui. La première chose qu'il fit fut de retirer ses chaussures à l'entrée puis alla directement dans sa chambre pour commencer ses devoirs.
Depuis qu'il avait acquis son autonomie, il avait toujours fait de cette façon : les devoirs d'abord, les loisirs après et cela portait ses fruits, car en STAE il avait 15 de moyenne sans trop forcer. Il potassa son cours de philo pendant une demi heure puis écrivit une disserte sur la famille au milieu du 15ème siècle pendant qu'il avait le cours en tête. Sa montre sonna dix-neuf heures lorsqu'il mit le point final à sa rédac.
Il avait mit une heure et demi pour écrire le brouillon et au propre sur un sujet nul à chier. Très bon score.
Pour le diner, il se prépara un plat de spaghettis à la bolognaise accompagné d'un steak haché qu'il mangea en écoutant d'une oreille distraite les informations que le speakeur à la radio débitait tel un rappeur, croyant que s'il ralentissait son flot de mauvaises nouvelles, la lumière se ferait dans l'esprit des citoyens et que le peuple se rebellerait.
Quand je serais grand, je regarderais la télé dans la cuisine plaisant tout seul le garçon. Il savait cuisiner depuis 4 ans. C'était grâce à son ancienne nourrice qu'il avait eue le goût de concocter de merveilleux et délicieux petits plats. Ce n'était pas Élodie qui y irait l'empêcher de cuisiner. Elle l'avait presque acclamé lorsqu'il lui avait fait goûté son premier gâteau au chocolat. En parlant d'Élodie, David rejeta un coup d'œil à l'horloge murale ;20h30. Il est temps de partir.
David se leva, fit rapidement la vaisselle avant de quitter la maison qu'il ferma à double tour.
Une demi-heure plus tard, il sonna à la porte de son amie. Celle-ci vint ouvrir presque aussitôt comme si elle s'était tenue derrière la porte. Un sourire timide se dessinait sur ses lèvres, David dit elle.
Bah oui, tu m'as dit de venir , alors je suis là.
Tu as raison fit simplement la jeune fille. David l'a trouva bizarre par rapport à d'habitude,comme si quelque chose la tracassait mais il ne dit rien pour ne pas la froisser.
Entre dit elle en laissant le passage libre.
David accepta l'invitation puis attendit que son amie lui explique la raison de sa venue. C'est à ce moment-là que David se rendit compte combien elle était belle avec ses cheveux blonds tous propres qui sentaient bon la mandarine, ses yeux bleu clair qui brillaient de mille feux.
Pour ne rien gâcher, elle n'avait rien de la blondasse belle comme un cœur au cerveau atrophié. C'était une sorte de Barbie grandeur nature aux cheveux aux reflets rosâtre, aux muscles saillants développés grâce à une pratique intensive du tennis et du judo qu'elle pratiquait tous les samedi.
Connaissant la nature humaine ainsi que celle des hommes en particulier son père avait décidé de lui donner toutes les armes pour se défendre en l'inscrivant dès son plus jeune âge à un club de sport de combat.
Mais ce qui l'a protégeait le mieux était son caractère bien trempé et pour ceux qui l'emmerdaient ou ceux qui ne lui plaisait pas elle savait très bien leur faire savoir. Mais pour David elle était adorable, l'aidait à chaque fois qu'il se foutait dans la merde avec sa chance habituelle, car en plus d'être un geek timide, il avait une chance de poissard. Elle était devenue avec le temps dépositaire de la plupart de ses secrets et connaissait la relation conflictuelle entre son père inexistant et lui.
Par contre pour une raison qu'il ignorait il ne lui avait rien dit à propos de la fameuse soirée avec son père ou bien de ses nuits blanches entrecoupées de cauchemars.
Le dimanche après-midi, elle jouait dans le club de tennis de la ville ou elle déchaînait les foules grâce à ses performances et à ses smatchs meurtriers. Cela ne l'empêchait pas d'être l'une des meilleures de sa classe.
« Merde, tu es en train de tomber amoureux » se dit -il alors qu'une forte envie de caresser ses cheveux lui prit tout à coup. Il ne put se décrocher de ses grands yeux bleus où il se noyait dans une mer de calme , de sérénité emplie d'un amour indéfectible. Et comme une évidence, il comprit alors pourquoi elle l'avait appelé. Comme d'habitude elle savait déjà des choses qu'il apprenait plus tard et avait été la première à nommer amour le sentiment qui les reliaient.
Tout doucement, il prit sa main et la posa sur son cœur en ne la quittant pas des yeux de peur que ce nouveau sentiment ne s'envole. Elle lui sourit doucement et avança légèrement sa tête sans même un murmure.
Les mots n'avaient que faire ici, leur relation dépassant la seule parole.
De son côté David fit de même et leur bouche ne tardèrent pas se rencontrer. Ils gouttèrent tendrement la saveur de leurs lèvres sans prolonger pour l'instant leur exploration ne cherchant qu'à se connaître, se familiariser à cette nouvelle relation et à renforcer ce lien unique en son genre qu'est l'amour et la découverte de l'autre. Puis leurs dents s'entrechoquèrent, leurs langues se cherchèrent puis connurent leurs saveurs. Ce baiser dépassa tout ce que David pouvait imaginer. Élodie éclipsa par ce seul geste toutes les autres filles qu'il avait connues.
Il y en avait bien peu.
Leur étreinte leur parut durer une éternité, figeant le monde autour d'eux. Il ne se quittèrent qu'à bout de souffle , aucun d'entre eux n'avait voulut troubler ce moment pour rien au monde.
Subjugué par ce nouveau sentiment, David éclata de rire peu après suivi d'Élodie. Leurs rires exprimaient toutes les joies qu'ils éprouvaient d'être ensemble. C'était fantastique murmura David entre deux crises de fou rire, n'ayant pas l'habitude d'exprimer ce sentiment tout nouveau pour lui. Pour moi aussi confirma Élodie devenue soudain sérieuse. Je t'aime ...
Et je t'aimerais sourit David.
... Mais je veux qu'on aille doucement dans cette nouvelle relation, car je t'aime sincèrement et je ne veux pas te perdre continua la jeune fille le sourire aux lèvres.
David lui prit la main, la porta à sa boche et l'embrassa en ne la quittant pas des yeux :
- Tout ce que tu veux, je ferais tout pour que tu sois fière de moi jura-t-il .
Bien affirma la jeune fille sûre de cette révélation, connaissant David mieux que lui-même. Pris d'un doute, David demanda tout à coup :
- où sont tes parents, j'espère qu'ils ne sont pas derrière une porte en train de nous surveiller ?
Il avait tellement un air contrit que la jeune fille ne put cacher le fin sourire qu'arborait son visage. Il était si mignon quand il était gêné.
Ne t'inquiète pas dit elle mon père a emmené ma mère au ciné et mon frère est partit chez sa copine.
-Etait partit rectifia une voix derrière eux .
Élodie se tourna d'un bloc et découvrit son frère.
- Ben si, mais comme tu vois, je suis rentré fit le garçon dans l'encadrement de la porte qui avait l'air d'apprécier la situation. Maxence fit un clin d'œil à David.
-T'aurais pu me le dire que tu emmenais ton copain, j'aurais passé la nuit chez Corinne.
Ce qu'il dit ensuite, emplit de joie David.
- Je peux dire que tu as bien choisi petite sœur. Il était temps que vous sortiez ensemble ,tu as bien fait de prendre l'initiative sinon je crois que vous auriez finis chacun de votre côté lança Maxence en mettant une grande claque dans le dos de David qui faillit recracher un de ses poumons avant d'aller dans le salon.
David ne sachant que faire préféra rentrer chez lui.
- EUH oui bon à demain lança Élodie crispée.
- Ben merde alors cria son frère du salon, si vous n'êtes pas capable de rester ensemble lorsque ton frère adoré est là, comment vous allez faire au lycée ?
Personne ne prit la peine de répondre et David sortit non sans avoir embrassé sa copine.
- Ah, c'est mieux lança Maxence sur le même ton, à qui encore seul le silence lui répondit.
- À demain fit David d'une voix douce.
- À demain lui répondit la jeune fille.
David se tourna et descendit l'escalier sous le regard de la jeune fille jusqu'à ce qu'elle le perde dans la foule. David marcha sur le chemin du retour d'un pas guilleret.
Il n'y croyait toujours pas. Il sortait avec la plus belle fille du lycée, lui David qui n'avait rien du lover. C'est en ayant l'image d'Élodie dans la tête qu'il s'endormit une heure plus tard croyant naïvement qu'elle éloignerait les mauvais rêves.
-
Dans la nuit de lundi à mardi.
Non ! David se rappela de s'être réveillé après avoir crié, mais comme d'habitude, il ne se souvenait pas de ce cauchemar. Non, il n'avait pas vu le corps de sa mère coupée en morceaux et étendue sur une table métallique qui lui rappelait une table d'opération !
Il n'avait pas croisé son regard fixe, pétrifié pour l'éternité ! David éclata en sanglots devant ces horribles visions puis se leva, sachant que le sommeil l'avait quitté encore une fois.
N'arrivant pas à dormir et surtout ne voulant pas faire de cauchemar, David s'habilla de son jogging et décida d'aller courir. L'air de la nuit était d'un froid mordant et pas un chat ne traînait dans la rue à 2 plombes du mat. David piqua un sprint dans la rue Hoche puis ralentit au niveau de la rue J.Le Galleu qu'il traversa éclairé par les rares voitures qui serpentaient sur la chaussée pour s 'engouffrer dans une ruelle sombre qui lui permit de rejoindre plus vite le square Jean Pax.
Cet endroit était le squat de plusieurs jeunes qui venaient fumer ici des pets et vider quelques bières. David se foutait de ça, la seule chose qui l'importait était de ne pas se sentir seul.
Heureusement pour lui, cinq jeunes légèrement plus âgé que lui avaient pris possession du kiosque. Ils le regardèrent approcher sans dire un mot, continuant d'écluser une 8.6 chacun.
Arrivé devant eux, David se sentit gêné, mais décida de ne pas faire marche arrière maintenant.
-Est-ce que je peux me joindre à vous demanda David en dardant son regard sur ces jeunes qu'il ne connaissait pas. Au bout d'un long échange de regards entre les potes, un gars à la barbichette brune tendit une bière au jeune garçon. David la prit , la décapsula puis leur sourit : merci dit il .
- Y a pas de quoi fit une des meufs avachie par terre au milieu des mollards et des filtres de cigarettes . Ici on ne regarde pas notre situation, on ne regarde pas ce que tu fais mais on vient ici pour décompresser de toutes les conneries qui chargent le ciboulot . Elle fit les présentations : voici Pierre , Paul ,Remy, Myriam ,et moi c'est Laetitia.
David leva sa bouteille et porta un toast « à vous tous.
-A toi amigo lui répondit on en écho. On est des spécialistes de l'embrouille , alors si tu as un problème, n'hésite pas à en parler et si nous ne sommes pas dans l'coin couche sur papier ou sur écran ce qui te tracasse. C'est presque la seule façon de faire face honnêtement.
Puis changeant de sujet ils parlèrent du dernier album de Doc Gyneco qu'ils trouvaient tous dans le moove et David remercia les dieux de leur rencontre.
David rentra chez lui à 4 heures du mat complètement déchiré, ne se souvenant pas de toute la nuit, mais ayant assez de bons moments en mémoire pour l'apprécier. Après avoir bu comme un trou, ils avaient traînés leurs vieilles carcasses dans la rue, chantant, gerbant allégrement sur la chaussée enfin surtout lui qui buvait rarement de l'alcool. Il s'endormit quelques secondes après s'être allongé.
*****
David se réveilla avec une forte gueule de bois qui lui laissait la bouche pâteuse.
-Bordel qu'est ce que j'ai bu murmura le jeune homme. Tout à coup, il bondit hors de son lit en se rappelant que maintenant, il avait une copine.
Ce n'est pas le moment de puer du bec, se dit -il brusquement dessaoulé, autrement, elle risque de se barrer en courant.
Il se brossa énergiquement les chicots pendant au moins dix minutes, souffla sur la glace, faisant apparaître une buée fraîche. C'est bon dit, il satisfait. Vingt minutes plus tard, il fermait la porte d'entrée, rasé de près et sentant bon le Giorno Armlani.
Aujourd'hui, il arriva devant les grilles du lycée avec 10 minutes d'avance. D'un regard, il embrassa la foule lycéenne cherchant désespérément sa dulcinée.
Il la trouva enfin , légèrement en retrait des autres, cachée derrière un poteau télégraphique. David s'approcha doucement d'elle en prenant garde de ne pas se faire voir. Il passa derrière elle, posa ses mains sur ses yeux et lui susurra au creux de son oreille des mots d'amour qui la firent rougir de plaisir. Elle se tourna doucement et enlaça son amant au sens figuré du terme, n'ayant pas encore consommé leur idylle. Devant ce sourire charmeur et cette personne qui lui appartenait corps et âme le jeune homme sentit son cœur fondre comme une glace au soleil.
- Bonjour, toi fit la jeune fille d'une voix douce et extrêmement sensuelle pour quelqu'un de son âge. David pencha sa tête pour l'embrasser jusqu'à ce que ses lèvres furent près de la toucher : bonjour toi. Leurs âmes s'embrasèrent à leur contact et ce baiser fut si intense qu'ils reléguèrent toutes les autres personnes au second plan.
Les yeux clos pour mieux savourer les étreintes, ils ne virent pas plus qu'ils entendirent approcher Magalie, stupéfaite par ce qu'elle voyait.
David et Élodie ensemble! Pas possible ! Que fait un cygne avec un vilain canard ?!Elle essaya de dissimuler ses sentiments au fond d'elle, mais ne put se départir de ce sourire moqueur qui ravageait son mignon petit visage. Se sentant étrangement blessée par leur bonheur.
- Euh bonjour dit elle en ignorant qu'elle privait ses deux tourtereaux de leur droit le plus cher.
David quitta difficilement cette bouche si prometteuse pour rencontrer une emmerdeuse qui n'avait rien de mieux à faire que de venir les faire chier.
- Salut fit Élodie légèrement gênée que cette fille vienne les interrompre.
- Salut, dis T'as entendu la nouvelle demanda la fille qui avait un beau corps mais un faciès chevalin, qui répondit avant que Élodie puisse en placer une :
le prof de EPS a eu un accident !
- Noon, c'est vrai qu'est ce qu'il a eu ? Demanda David avec un sourire de squale. Il a coincé sa tuut dans le minou de Marie-Anne et tu es jalouse que ça ne soit pas dans le tien ?
- Qu'est-ce qui te prend murmura Élodie plongeant son regard bleu dans les durs yeux de son petit copain et fut étrangement surprise de découvrir une nuance de noir dans son regard vert, la découvrant pour la première fois. --Bah quoi, tu trouves ça normal qu'un gars d'une quarantaine d'années sorte avec une gamine de moins de vingt ans ? Moi, je trouve cela dégueulasse, s'il représente l'autorité parentale, mais en profite pour se... David se tourna vers une Magalie pâle comme la mort.
- mais c'est vrai, il paraît que toi aussi, tu aimes te taper des mecs plus âgé que toi, surtout s'ils peuvent te payer du Gucci.
La jeune fille stupéfaite n'attendit pas d'en prendre une troisième fournée dans la tête et s'enfuit à toute jambe.
- Pourquoi tu lui as dit cela rétorqua sèchement Élodie, elle ne t'as rien fait.
- Elle m'énerve de tourner autour de nous, elle fait semblant d'être bien avec nous, mais dès qu'on a le dos tourné, elle bave sur notre compte avec son groupe de pétasse et je ne peux pas blairer cela.
Excuse-moi, mais c'est inné avec des meufs pareilles.
- Je ne te savais pas si survolté ! Remarqua la jeune fille.
- Et encore, tu n'as pas tout vu fit David d'une voie orgueilleuse.
Élodie rit de cette blague , même ses yeux souriaient et l'étrange lueur qu'elle avait vue dans les yeux de David avait disparu, mettant ceci sur son imagination. David adorait les personnes qui riaient avec les yeux, car on pouvait mentir en souriant de la bouche pour un rien, mais les yeux, eux ne mentaient pas.
La sonnette signalant le début des cours retentit et les deux jeunes gens entrèrent au lycée bras dessus bras dessous. Dans les couloirs, les gens se tournaient sur leur passage, ne croyant pas ce qu'ils voyaient et alimentant les ragots à leur insu, enrichissant la vie de la School 'Story. Même les professeurs parlaient entre eux de cette histoire. Certains les avaient en cours pour assez les connaître et dans l'ensemble étaient content qu'ils sortent enfin ensemble vu depuis le temps qu'ils se connaissaient. D'autres n'appréciaient pas leur idylle , ne voulant pas que le lycée devienne un club de rencontres. Mais ni David ni Élodie ne s'occupaient du remous qu'ils engendraient et continuaient à vivre leur vie comme si de rien n'était sauf que là les baisers fougueux étaient en plus
******
David était couché à plat ventre, les jambes écartées. Dissimulé par l'obscurité et les feuilles mortes, il posa un carreau sur le fût, arma son arbalète et dirigea son joujou en direction des deux gardes qui palabraient autour d'un bon feu de bois au lieu de surveiller les environs. Le trait fila vers ses victimes qui près du feu faisaient des cibles idéales pour un tireur embusqué comme lui. Un corps sans vie tomba à terre, rapidement suivi par son alter ego dans l'autre monde. David se releva lentement, satisfait de son résultat. Pour lui, l'arbalète était l'arme idéale, car même si elle avait une courte portée, elle était en revanche très puissante. Il aurait aussi pu s'approcher par-derrière et les finir au couteau, mais il n'aimait pas se salir inutilement. Après avoir dissimulé grossièrement les corps derrière un fourré, David continua sa lente progression. Il arriva enfin au camp proprement dit. Ce dernier avait une disposition assez commune avec ses tentes de couleur noires comme la nuit et des allées parallèles, cloisonnant le camp en fonctions des castes militaires présentes.
David fit apparaître entre ses mains un katana au pommeau d'ébène noire poli et brillant par tant d'années d'utilisation et avança doucement en direction de la plus grande tente. La lame était extrêmement fine et longue, mais était plus solide que ses cousines communes et ne trahissait qu'un amour éhonté pour la perfection avec ses deux tranchants permettant de frapper de taille et d'estoc et de prendre l'ascendant sur son ennemi par la surprise. La puissance du dragon était gravée pour l'éternité sur le métal brillant.
David avança toujours sans fioriture en direction de la tente qui semblait appartenir à un général avec ses dorures et ses ornements.
Deux gardes Gorilles recouverts d'armures rutilantes protégeaient l'entrée avec zèle. Mais cela ne semblait pas gêner le jeune guerrier qui se contenta de prendre à pleine main une conque qu'il porta à ses lèvres. Un lent mugissement en sortit et se répandit dans toute la contrée, donnant ainsi le signal de l'assaut. Une fois la dernière note achevée, le camp fut en effervescence, retentissant de cris de surprise et de rage.
Alors que les premiers combattants se rencontraient avec fracas, le général sortit enfin de son repaire. C'était un gorille de 2 coudées et demi de haut au corps recouvert d'une armure de cuir et de métal mélangeant adroitement le rouge au bleu ainsi qu'un heaume de guerre. Une hache de guerre aux doubles tranchants oscillait lentement entre ses mains massives. Lorsqu'il s' aperçut qu'un seul guerrier humain l'attendait l'arme à la main, il montra ses crocs étincelants en une grimace comique. Ce gamin avait le toupet de venir l'affronter alors que les ossements de nombreux guerriers humains traînaient dans le désert à cause de leur effronterie.
Le combat sembla durer une éternité, la rapidité de David compensant sa petitesse et la grande science du maniement de la hache permettait de protéger la masse du général. David ne comptait même plus les multiples plaies qui zébraient son corps et la perte de son sang ajouté à sa fatigue donnait l'avantage pour le moment au gorille.
Le jeune guerrier tenta le tout pour le tout, dévoila le style incomparable du Serval, alliant l'art martial à l'escrime dans des techniques acrobatiques aux figures aériennes.
Endrolg surprit par ce brusque sursaut de vie perdit l'avantage ainsi qu 'un œil. David ne se battait pas pour lui, mais défendait avec ferveur l'honneur de sa dame. Pour lui, la peur de la mort ne voulait rien dire sauf si elle l'empêchait d'accomplir la volonté de sa déesse et était en même temps le moyen de lui plaire. Les deux guerriers se battaient pour une cause aussi différente que commune et étaient prêt à risquer leur vie pour elle. David perdit son bras gauche coupé au niveau du coude d'un coup de hache à la course dévié au dernier moment. David grimaça de douleur, mais cela ne l'empêcha pas de répliquer sur-le-champs avec son sabre poisseux de sang. Sachant de toute façon qu'il allait y rester, il baissa sa garde quelques secondes et pria sa Déesse pour que son sacrifice ne soit pas vain.
. Endrolg aperçut l'ouverture et arma son bras, laissant une partie de son corps sans défense. Les deux guerriers s'affaissèrent sur le sol, enlacés dans une étreinte nerveuse précédant la mort. Le mot game over clignota sur l'écran, accompagné par les hurlements de frustration de David se leva brusquement et jeta son clavier de colère.
Une lueur couleur acier dans le regard.
Il venait de perdre ! L'image de synthèse disparut et fut remplacée par un message d'Endrolg :
Tu t'es bien battu, mais je balaie tes soldats comme le vent balaie les feuilles mortes, contemple le seul astre qui se fond dans la nuit. Tu m'as peut-être harakiri, mais ma mort ne veut rien dire, car pour me tuer, tu as dû te sacrifier. Je suis plus fort que toi.
De colère, David retapa sur le clavier et répondit :
La semaine prochaine, je traînerai ta putain de dépouille dans la Grand rue, derrière mon cheval.
Endrolg ricana :
- imbécile, ne vois-tu donc pas qu'il est trop tard ?
Endrolg était en réalité le pseudo d'un internaute aussi fanatique que David quand il s'agissait des jeux en réseaux. Ils possédaient tous les deux une team de jeu en réseau et presque aussitôt l'esprit de compétition les avaient monté l'un contre l'autre. Chacune des deux équipes voulait gagner et à chaque victoire d'une partie l'autre déclarait la prochaine lutte.
-Oui, on se reverra samedi prochaine lors de la compétition mondiale des jeux en réseau. Ne te fais pas tuer au premier tour, je veux me réserver ce privilège écrivit le jeune arrogant.
David répondit par deux mots : fuck you
***
Alors comment s'est passé ce match contre l'équipe adverse demanda Élodie à l'autre bout du téléphone quand elle l'appela vers huit heures ?
-Super répondit David sur un ton badin, Endrolg est aussi con que d'habitude sinon plus et il n'arrête pas de me défier. Il faut absolument que je le batte samedi prochaine sinon je crois que je vais en mourir de honte ; on va se battre contre les meilleures équipes du monde ajouta David.
- Hormis l'autre imbécile, cela doit être super et pourtant, tu as l'air triste s'aperçut la jeune fille, pourquoi ?
- Parce que bizarrement, j'aurais plutôt préféré passer la journée avec toi que de participer à un tournoi de jeu vidéo, oui, je sais cela fait cliché crut bon d'ajouter le jeune avant de toussoter pour cacher son trouble.
-Oh, c'est trop mimi, je vais te manquer minauda la jeune fille avant de reprendre sur un ton plus sérieux, tu peux participer à ton tournoi, car j'ai une compétition de tennis en province toute la journée et je ne reviendrais que vers les six heures du soir.
Un court silence précéda cette nouvelle et Élodie reprit rapidement :
- Pourquoi ne viens-tu pas manger à la maison samedi soir et aussi pour y dormir ? demanda la jeune fille pas froid aux yeux, ne t'inquiète pas, tu connais déjà ma famille.
David sentit quelque chose bouger au niveau de son bas-ventre à l'idée de passer toute une nuit avec celle qu'il aimait mais l'idée de revoir son père en tant que petit copain lui faisait un peu peur.
De toutes façons reprit la joueuse de tennis nous passerons le dimanche après-midi ensemble . N'oublie pas que Bonaventure nous à invité à une fiesta le soir et à assister à une séance de spiritisme.
-Mais non qu'est ce que tu crois ? mentit David je m'en souvenais et puis on se voit demain, non?
- Bien sur à seize heures fit Elodie légèrement intriguée, ne sachant pas s'il mentait à propos de la soirée!
Et ils continuèrent de parler de tout et de rien comme savent le faire tous les amoureux.
Dans la nuit de mardi à mercredi.
Il était plus de minuit et son ordinateur se faisait encore bombardé de messages catastrophes des membres de son équipe ' jeux en réseaux'.
On s'est fait laminer gémissait l'un.
On va perdre pleurait l'autre.
Je reste chez moi pour la compet, pas la peine que j'ai la honte devant des milliers de personnes prévint l'un.
Infatigable, David disait inlassablement la même chose :
Pour le grand tournoi on va pas jouer à n'importe quel jeu ; on va tous jouer à BLAAM. Franchement je pense qu'on à une chance de finir dans les 10 premiers si on se sert les coudes. Sûr ? demandèrent tous les joueurs avec un note de doute qui transparaissait à travers l'écran.
-Sûr répondit David avec le sourire aux lèvres. Il avait gagné cette bataille là.
****
Nouveau cauchemar. Nouvelle nuit blanche. David se réveilla encore en pleine nuit, en sueur. Maudit cauchemar , maudit sommeil qui se barre ! Laissez-moi dormir normalement, je sens que je vais devenir fou si cela continu ainsi... 'Pour continuer de te sentir bien tu n'as qu'a coucher tes ennuis sur papier et à faire face le cœur clair répondit la voix de Laetitia dans sa tête, spécialiste de l'embrouille comme un clairon chantant la victoire. David décida de s'approprier l'idée de ses amis mais en la changeant légèrement. Il se dirigea vers son bureau où son ordinateur brillait dans la nuit.
Il bougea légèrement la souris et fit apparaître les thèmes du bureau, dirigea son curseur vers Microloft Vord et cliqua dessus. L'écran devint obscur pendant 1 seconde puis le nom du constructeur flotta sur l'écran pendant deux secondes et disparu à son tour pour laisser place à une page blanche.
David resta quelques instants devant son ordinateur ne sachant trop commencer son récit, ses idées étant en pagaille. Sans trop savoir pourquoi il commença par :
C'est la première fois que je veux écrire une sorte de journal et je ne sais pas trop m'y prendre mais de nombreux événements m'obligent à coucher par écrit ce que je ressens sinon je vais devenir fou. David s'arrêta un instant et contempla sa première ligne tâchant de voir si ces quelques mots résumaient bien la situation.
Satisfait de son début il alla dans le vif du sujet.
-Depuis quelques jours, ma vie est complètement chamboulée et j'ai perdu de nombreux repères malgré cette histoire qui commence pourtant bien. Ah oui, tu n'es pas au courant cher journal ! Je sors avec Elodie, la fille que je connais depuis toujours. Mais je ne vais pas me plaindre de cette nouvelle relation ! Si j'écris c'est à cause de ces cauchemars qui envahissent mes nuits et m'empêchent de dormir ! Ces rêves sont si poignants et si détaillés qu'ils paraissent réels et ébranlent mon esprit. Non, ma mère n'a pas été tuée !!! Elle est morte en couches à ma naissance ! Par ma faute, je suis un assassin malgré moi ! Mon Dieu aidez-moi, je ne sais pas ce que je raconte ! Seigneur vient m'aider, je deviens fou ! Pourquoi tous ces rêves, toutes ces nuits blanches ? À quoi tout cela rime à la fin ? J'ai l'impression de vivre dans un perpétuel brouillard où se perdent beaucoup de situations primordiales qui pourraient m'aider à comprendre pourquoi je subis tout ceci, mais je suis face à un mur blanc que rien ne peut briser. Ce tombeau est mon tombeau. Et papa qui n'est pas là, partit en vadrouille dans le monde vendre des conneries pour son boulot. Si seulement il était là, cela irait mieux, car je ne veux pas tourmenter Élodie , elle qui est si douce, enfin s'il daigne articuler plus de trois mots !
Sans s'en apercevoir David laissa quelques larmes rouler le long de ses joues, mouiller les touches de son clavier. Continuant sur sa lancée David tapa frénétiquement sur les touches comme un naufragé se maintenant à un bout de bois pour ne pas mourir noyé. Pour lui aussi son salut viendrait de ses actions et de son caractère et il n'était pas prêt à abandonner maintenant . Heureusement quand même qu'il avait Elodie pour se raccrocher à la réalité..
Mes pensées sont si embrouillées que je n'arrive même pas m'exprimer correctement .Pour elle je tiendrais le coups ! Je le dois et le ferais.
David continua à écrire pendant deux heures puis s'écroula sur son lit mort de fatigue.
Il serait resté éveillé quelques instants de plus il aurait vu son ordinateur s'allumer tout seul, le curseur de sa souris se promener sur les éléments du bureau puis cliquer sur Microloft Vord. Arriver sur une nouvelle feuille, la souris glissa vers la fenêtre fichier qui se développa à son approche. La souris descendît tout en bas de la liste puis alla dans le dernier fichier crée par David , le journal en l'occurrence. D'un trait noir d'ébène , la flèche surligna tout ce qui était écrit puis la touche 'suppr 'du clavier s'enfonça faisant disparaître toutes preuves du récit de l'enfant. L'utilisateur mystérieux de l'outil informatique retourna dans le menu et alla jusqu'à effacer le nom du fichier dans le soucis du travail bien fait. Une fois la chose faite la souris fit le chemin inverse , passa du fichier à quitter puis du bureau à démarrer où il cliqua sur arrêter la session.
****
Pour s'aérer ce mercredi là, David décida d'aller au ciné voir un bon film tout seul.
Sa copine avait entraînement de tennis toute l'après-midi et ils ne se verraient pas avant seize heures.
Il décida donc de s'engouffrer dans une salle obscure en attendant patiemment l'heure du rendez-vous. Le film était un navet hollywoodien et David s'endormit dès les 10 premières minutes. Heureusement pour sa santé mentale il ne fit aucuns cauchemars et parvint à dormir pendant 1 h 40 sans interruption. Ses ronflements de camion Mercedes génèrent légèrement ses voisins mais aucuns d'entre eux n'eurent le courage de réveiller quelqu'un qui dormait si bien. À la sortie du ciné, David plissa les yeux pour s'habituer à la clarté presque aveuglante du soleil même si on était fin octobre. Pour un milieu d'automne le climat était particulièrement clément voir même un peu trop chaud. Le jeune homme se promena dans la ville, scruta les téléphones portables à toutes les devantures de magasins de téléphonie. Son portable si imposant et archaïque que ses amis l'appelaient cabine téléphonique . Cela était bien suffisant pour qu'il envisage de de le changer. Le 3310 venait de sortir.
Pris d'une intuition subite il s'arrêta au niveau d'une pharmacie, regarda derrière lui pour voir s'il n'n'était pas suivit. Comme si on allait s'amuser à le pister !
Puisil se tourna vers l'entrée et poussa la porte. La boutique était investie par une dizaine de personnes qui attendait patiemment de se faire servir par les deux pharmaciennes de la bâtisse complètement débordée par une grippe Laiequel. La file s'écoulait lentement et David avançait tel un nouveau-né, pas à pas. Arrivé devant le comptoir David prit une teinte rougeâtre et demanda d'un mince filet de voix quasi inaudible au delà de 50cms, « une boite de préservatifs s'il vous plait. »
Estelle Maupas qui était une vrai marâtre ne pu qu'apercevoir la gêne du jeune et fit d'une voix qui elle n'avait rien d'effacée
-De quoi? Qu'avez vous dit ? Excusez moi je n'ai rien compris fit elle d'un signe d'incompréhension.
David devint de plus en plus rouge et ne put débecter que des mots qui n'avaient à priori aucuns sens. La salope qui se délectait de sa gêne continua « des quoi ? qu'est ce vous voulez ? » La vielle pétasse ne cessait de quitter des yeux le jeune homme qui faisait d'un coup 10 ans de moins, ses yeux devenant eux aussi rouges et sa vessie se contractant.
'Qu'est ce qu'on s'éclate disait les yeux de vache la marâtre ah la la , v'la de quoi passer une bonne journée !On veut se dégorger l'poireau hein mon gamin ? t'as raison tien ,c'est mieux que la veuve poignet !'
Inspirant profondément il prit son courage à deux mains et déclara d'une voix claire « je voudrais une boite de préservatifs , madame et je me moque de la taille. »
La femme au regard de bovidé esquissa un sourire carnassier comme celui du lion en voyant son prochain repas arriver puis se tourna vers la préparatrice des commandes et limite cria à sa collègue qui n'était pourtant qu'à quelques centimètre d'elle.
-Ingrid une boîte de 50 Durax médium, voir même du small.
Apres un sourire contrit au jeune homme qui avait viré pivoine la préparatrice revint avec sa boîte qu'elle donna à la vieille mégère qui se délectait sans impunité de la gêne du jeune puceau.
(Si on aurait demandé à David ce qui s'était passé après ce malheureux incident le jeune homme aurait dit qu'il aurait fuit l'antre de la harpie la queue entre les jambes car c'est pour lui ce qu'il voulait se rappeler.)
Mais la vérité était tout autre.
Quand la vieille grognasse tendit le petit paquet en papier rempli de munition elle se rendit compte que quelque chose avait changé sur le jeune homme même si sur le coup elle ne pu dire quoi.
Mais avant même qu'elle puisse vraiment creuser la question le jeune amoureux lui prit le paquet des mains.
-Merci vieille peau tu ne dois pas souvent en utiliser. C'est sûrement pour ça que tu es une telle connasse qui se masturbe en harcelant un p'tiot bien propre sur lui. Ça te fait plaisir de le voir mal à l'aise hein grognasse ? Sache que mise à part du plastique bien dur tu verras jamais de vrai de près .
Sur ses belles paroles, David jeta un billet de dix euros sur le comptoir et quitta l'officine sous les regards ahuris des clients et du personnel de la pharmacie.
En baissant le rideau métallique de son officine Estelle Maupas lâcha d'un coups son doigt de l'interrupteur censé actionner le mécanisme d'ouverture.
-je sais ce qui n'allait pas avec ce gosse ! Son regard n'était pas le même comme si bizarrement ce n'était pas le même garçon !
En marchant tranquillement vers le domicile de son aimée , David constata que son chewing-gum ne faisait plus effet , qu'il puait du bec en fait. Il fouilla donc dans ses poches et découvrit qu'il était en rade. Il entra dans le premier bureau de tabac venu et ressortit quelques secondes après avec son paquet de gommes à mâcher dans la poche. Il s'assit sur le perron de l'entrée d'Elodie et décida de l'attendre un peu. Il jeta un œil sur son portable et vu l'écran digitale couleur passer de 16h55 à16h56.
Encore 5 minutes et nous seront ensemble.
Étant un fan de Renault, David sifflota l'air de Mannathan Kaboul. Pour lui ce chanteur dépassait de loin toutes les Jennifer et autres Nolwenn. Le jeune homme sortit de sa poche son paquet de chewing-gum , retira l'enveloppe cellophane, la jeta par terre donnant ainsi encore du travail aux personnels de la voirie, ouvrit le paquet en suivant les pointillés puis porta un feuillet à son nez et s'amusa à percer l'odeur de la menthe à travers l'enveloppe de d'aluminium. Il en fit une boulette qu'il envoya plus loin après avoir enfourner la précieuse pâte odorante.
- Pollueur siffla une voix dans sodos.
David sursauta de peur et se retourna. David devint tout penaud comme un gamin pris en faute puis se ressaisit voyant Elodie sortir de chez elle. Elle éclata de rire et essaya de dire entre deux crises:« Le saut que tu as fais mon ami , j'ai jamais vu ça ! »
David tout d'abord vexé par l'attitude de sa jeune amie ne tarda pas à la suivre, son rire étant irrésistible.
David se leva et l'enlaça dans ses bras avant de l'embrasser à la naissance du coups. La jeune fille se laissa aller à l'étreinte et sentit des milliers de frissons parcourir son corps au contact de la bouche sur sa peau. Les deux futurs amants sentirent leur excitation monter d'un cran. Un vent froid fit tressaillir la jeune femme qui eut la chaire de poule. David le remarqua et murmura 'tu as froid ?'
-Oui, rentrons, allons dans ma chambre ...mes parents ne sont pas là et mon frère est partit chez sa copine...
-J'ai déjà entendu cela quelque part rétorqua David d'un ton badin.
-Mais là monsieur j'ai été vérifié dans sa chambre et à part des chaussettes sales sentant le camembert je n'ai rien trouvé. A moins qu'il s'est plié en 4 dans son armoire, il n'est pas là . Nous avons la maison pour nous tous seuls et nous nous contenterons que de ma chambre et peut être du salon.
David fit mine de reculer outré , mais cela ne se fait ! Je n 'ai pas le droit d'aller dans votre chambre mademoiselle. Pour toute réponse ,Elodie lui mordilla le lobe de l'oreille et l'entraîna à l'étage. 'Allez doux imbécile 'murmura-t-elle
Elodie ferma la porte de sa chambre tandis que David en fit le tour. Le contraste entre cette chambre et la sienne était frappant : alors que celle de David ressemblaient à une cellule de monastère ou de prison par sa simplicité et par son manque de personnalité , celle de sa petite amie était couverte de posters des Lackers de Los Angeles et de match de tennis représentant Serena Williams contre Anna Kournikova. Houa commenta le jeune homme la dernière fois que je suis venu ici il y avait que des affiches d'Hélène et Les garçons et des posters grandeurs natures de Dany Briand.
-Cela fait combien de temps que tu n'es pas venu ?demanda la poupée Barbi.
-Plus de 4 ans admit David malgré lui.
- autant de temps que cela s'amusa Elodie en voyant sa mine déconfite.
Je ne t'en veux pas, c'est normal chacun d'entre nous a du faire ses propres expériences pour avancer dans la vie. Elle se tut un instant pour l'embrasser et souffla à son oreille.
-Arrêtons un peu de parler compliqué et viens me serrer dans tes bras.
Ne se faisant pas prier l'amant prit sa petite amie dans ses bras jeunes et solides puis la berça au rythme d'une musique imaginaire qu'eux seuls entendaient grâce aux pouvoirs de l'amour, la tête posé au creux de son cou . Sa main droite ne cessait de caresser sa longue natte aux couleurs du soleil couchants découvrant sa soyeuse texture du bout de ses doigts fins.
- Si tu m'aimes , aimes moi jusqu'au bout contre vents et marées chuchota la jeune fille qui voulait donner l'ultime preuve de son indéfectible amour.
David repoussa un instant sa fiancée pour pouvoir la regarder droit dans les yeux.
-Redis le moi encore une fois ma vie et je le ferais déclara -t-il sérieux !
Elle plongea ses yeux au plus profond de lui et chercha son âme qu'il lui donna sans contrainte et répéta : 'Je t'aime , montre moi à quel point tu m'aimes.'
Alors David prit sa promise par la taille et se dirigea vers son lit à tâtons, les yeux clos, sa langue cherchant la sienne. Il la déposa délicatement sur le lit et en ayant encore les yeux fermés il l'aida à retirer son t-shirt. Il s'arrêta lorsque le vêtement couvra le visage de la belle donzelle l'empêchant d'y voir clair et le fougueux amant retint ses bras levés au ciel pour couvrir de baiser le corps sublime, partant du nombril et remontant doucement jusqu'aux seins qu'il malaxa tendrement entre la fine étoffe qui n'empêcha pas les tétons de durcir. La jeune fille ne put contenir un soupir de contentement sous la passion. Alors n'y tenant plus l'adolescent l'aida à se débarrasser rapidement du reste de ses vêtements.
Devant cette nudité irréelle, il sentit son âme vibrer et ils se regardèrent tous deux les yeux pleins d'une lueur brillante qu'on nomme plaisir.
David ne tarda pas à suivre l'exemple de son aimée et se retrouva aussi dans le plus simple appareil tel Adam et Eve dans le Jardin Divin. Ils mirent le temps nécessaire pour que leurs corps apprennent à se connaître par des caresses de plus en plus appuyés. Les esprits s'échauffèrent rapidement et leurs soupirs commencèrent à emplir la pièce. David entra doucement en elle tel une abeille se posant sur une fleur ,l'aidant, créant un lien par leurs regards qui ne se quittèrent pas, se soutenant mutuellement et transmettant ainsi leurs sentiments. Elodie poussa un petit cri de douleur qui fit arrêter le jeune amant et se demanda comment quelque chose pouvait être à la fois si bon et douloureux.
-Ça va? demanda t-il inquiet pour elle.
-Oui soupira-t-elle, continus. Le jeune homme ne se le fit pas dire deux fois et bientôt sa voix se mêla à la sienne ,emplissant la pièce de leur joie.
Une chose couleur vermeil coula tel de l'eau sur le drap et le tacha à l'endroit de leur union...Ils sommeillèrent l'un dans les bras de l'autre , profitèrent de ce repos bien mérité pour reprendre des forces , ne sachant pas encore que c'était une des dernières fois qu'ils profitèrent d'un moment de calme pour se retrouver. David quitta à regret sa fiancée une demi heure avant que ses parents ne viennent redoutant le moment de le revoir. Il savait que la situation ne serait plus jamais la même après se qu'ils avaient fait. Pourrait t-il lui aussi parler avec le petit copain de sa fille comme si de rien n'était (s'il en aurait une) alors qu'il savait que ce dernier avait transformé son petit ange ,sa petite chose pour en faire une femme ? Avec le pucelage c'était une partie de l'enfance de sa fille qui s'envolait et aussi leur propres jeunesses...
****
Le reste de la semaine se passa sans accident notable hormis bien sûr ses cauchemars et ses insomnies à répétition mais sa relation avec Élodie lui permit de tenir le cap. Il avait l'impression d'être sur un petit nuage à chaque fois qu'il se trouvait à ses côtés.
Le weekend arriva enfin.
Le jeune homme réveillé depuis trois heures du matin décida d'oublier pour une fois ses jeux interactifs et préféra regarder des épisodes des chevaliers du zodiaque en cassette vidéo. Ce qu'il adorait par dessus tout était les mangas japonais et pouvait se regarder dix épisodes des Chevaliers du Zodiac à la suite si l'envie lui prenait. Il décida de déjeuner vers 06 heures du matin. Et vers 08 heures en attendant Marius qui devait venir le chercher à 11 heures pour l'emmener à ce rendez-vous tant attendu, David fit le ménage dans la maison, lavant de fond en comble toute les pièces .Sauf la cave...
A 10 heures le jeune sportif se cuisina des pâtes avec une escalope de dinde pour avoir des forces car il savait qu'une fois le tournoi commencé il ne pourrait plus manger. Alors que l'eau frémissait le téléphone sonna. David jaugea un instant la casserole ainsi que son contenu puis courut en direction du salon vers le téléphone. A la quatrième sonnerie, l'adolescent décrocha .
-Allo ? fit -il d'une voix totalement dénuée d'émotion. En reconnaissant la voix d'Elodie un sourire habita son visage. Comment vas tu petite poupée ?
-Très bien, je pense à toi.
- Moi aussi. N'oublie pas que ce soir tu manges à la maison et que tu reste pour dormir lui rappela la jeune fille.
- Comment ferais je pour l'oublier demanda le garçon tout ce qui à trait à toi est gravé dans ma mémoire.
-Oh vilain garçon minauda la plante rare, cesse tout de suite ton numéro de Casanova.
- Mais je te le jure affirma le garçon de toute son âme, rien ne compte plus que toi, tu es ma vie ,mon passé et mon avenir...
-Je t'aime autant que la vie le coupa sa fiancée, je t'attends avec impatience . Dépêche toi de gagner ce concours et de me revenir. Tu es ma drogue, ma raison de vivre .Il est plus difficile de se séparer de son amant que d'arrêter la cigarette, c'est mon père qui me l'a avoué quand il à essayer d'arrêter confia la belle gazelle.
- Et il continu sûrement toujours fit David sceptique. Et il y avait de quoi. Le père de sa promise était un géant d'un mètre quatre vingt pesant facilement le quintal. Sa profession de cadre supérieur lui donnait beaucoup de responsabilité, autrement dit beaucoup de soucis qu'il tentait d'étouffer sous la fumée de ses cibiches. Les années passants, il passa d'un premier temps de 10 cigarettes /jours à un paquet puis son ascension professionnelle eu un tel boom qu'il l'a répercuta sur deux paquets pour évacuer le stress. Il prit vraiment conscience de son suicide lorsqu'un matin il s'écroula sur la chaussée pendant sa gym matinale. Avec l'aide d'un tabacologue et surtout de ses proches il arrêta complètement ses tueuses en vente libre, ce qui lui permit de passer encore un échelon dans la hiérarchie de l'entreprise. Mais pour tester son courage, il avait toujours des clopes non entamés dans un tiroir de son bureau qu'il regardait tout les matins non sans fierté.
- mauvaise langue je ne l'ai jamais revu fumer le contredit la jeune fille. Bon faut que je te quitte pour me préparer à mon tournoi. Je te souhaite bonne chance et viens à huit heures.
- Ne t'inquiète pas je serais là à l'heure et merde aussi pour toi. David entendit les zygomatiques d'Elodie se froisser en un sourire.
-Allez, à ce soir.
David retrouva ses amis devant l'entrée des artistes à Bercy. Tous portaient la veste officielle de leur sponsor et leurs visages étaient crispés par la peur.
David les secoua de toutes ses forces :
- ressaisissez vous leur ordonna t-il, oubliez que c'est un tournoi unique et mondial.
-T'as le dont de nous remonter le moral fit remarquer Antoine
-Et alors, tu crois que cela m'amuse d'essayer de faire de vous des hommes ? Vous êtes bien content d'essayer des jeux en avant première mais dès que cela devient un peu plus sérieux il n'y a plus personne. Si ça peut vous soulager, pensez qu'on est là pour passer un bon moment de déconne. Je suis sûr , moi que si on joue franchement, sans embrouille on peut facilement passer le premier tour. Tout penaud les membres de l'équipe se regardèrent puis remarquèrent que ce que David disait était vrai.
Ce fut une troupe unie qui pénétra dans l'enceinte de Bercy. Pour l'occasion elle était devenue la plus grande salle de jeux du monde où allait se réunir les plus grands joueurs mondiaux.
Toutes les plus grandes équipes étaient réunies dans cette salle pour définir en un grand tournoi laquelle serait digne du titre de champion du monde de jeu en réseau. David reconnut au loin le célèbre Yorika Lamak qui présidait la compétition avec Aljemia. Ce dernier était le plus grand e-sportif de l'époque, manipulant avec un brio quasiment magique tous les ordinateurs reliés à la grande toile. On disait aussi qu'il était le Blader, autrement dit le plus grand joueur de BLAAM. Il avait finit ce jeu d'un seul coups au bout de 5 heures sans utiliser une seule fois les codes de tricheries ni se servir des combinaisons d'invulnérabilités. Au japon, sa terre natale où il excellait, les gens de la caste des fous des mangas lui vouaient un culte quasi sacré. David et ses fidèles arrivèrent devant le stand de leur sponsors et saluèrent Henry Malcotun, ami et collègue de son père chargé de représenter sa boite. Ce dernier les salua chaleureusement, puis darda son regard marron sur celui de David :
-Cela fait longtemps qu'on ne s'est pas vus, la dernière fois tu avais 5 centimètres de moins et tu sembles changé?
David sourit : ah tu exagères quand même, tu m'as vus il y a 3 mois quand tu es venus chez nous, je peux pas avoir changé en un si peu de temps.
-Tu rigoles, tu semble plus heureux qu'avant et moins renfermé. Henry se tut un instant puis changea de sujet ? Tu as vus les équipes ?
-Ouais, il n'y a pas que des nuls, cela va être un sacré boulot pour arriver au moins dans les cinq premiers.
Henry répondit simplement : faites ce que vous pouvez.
N'étant pas arrivée dans les premiers, l'équipe de David fut dispersée dans toute la salle au milieu de tous ses autres concurrents. David trouva une place à coté d'une joueuse japonaise qui lui fit son plus beau sourire lorsqu'il s'installa près d 'elle. David pour paraître distingué s'inclina en joignant ses mains.
-Kon'nichiwa la salua t-il.
-Kon'nuchiwa beau brun répondit la petite poupée aux yeux bridées dans un français impeccable.
David rougit de honte jusqu' aux oreilles.
Quelqu'un s'installa à coté de lui sur un ordinateur par chance inoccupé et sourit en voyant le jeune homme.
David était en train de mettre sa bécane en route quand il entendit qu'on l'appelait.
Il se tourna d'un bloc et devint pâle comme la mort quand il découvrit Endrolg à ses côtés. Endrolg avait un peu le look de l'intello de service avec ses beaux habits et ses gros culs de bouteilles qui lui permettait de ne pas être aussi aveugle qu'une taupe. Depuis leur première rencontre sur des serveurs de jeux, aucuns des deux ne pouvait se sentir et il n'y avait pourtant aucune raison sauf le feeling .
-Alors prêt à perdre ?
David se retint de lui sauter à la gorge et se contenta de brandir son majeur tel un étendard.
Un rire ressemblant à un chant de crécelle lui répondit :
-mais moi aussi je t'aime.
Là, David était prêt à se jeter sur lui lorsqu'il se rendit compte que Aljemia était monté sur une table pour attirer l'attention de tous.
Il jeta un regard circulaire à toute l' assemblée puis après un raclement de gorge commença son discours :
- Tout d'abord je vous remercie d'être venus aussi nombreux. Je vois ici des dizaines de jeunes venus de nations différentes rassemblés dans cette salle unie par une passion commune, celle des jeux vidéos.
(Aljemia se tut un instant pour que son speech soit imprégné par toutes les personnes et reprit.)
Les rôles seront automatiquement distribués et tous les personnages auront leurs propres armes mais sachez que vous n'êtes pas venus ici pour une deuxième ou troisième place.
Vous êtes là pour gagner et surtout sauver la princesse Jade enfermée dans la plus haute tour du plus haut château de tous les temps, Babylonnya. Mais sachez que dans cette tour les combats ne seront pas finis, vous devrez vous mesurez à l'adversaire le plus puissant de tous les temps ; autrement dit moi.
Un brouhaha inimaginable s'installa , des joueurs criaient au subterfuge, d'autres tapaient des pieds et sifflaient pour montrer leurs abnégations.
David, lui était étrangement calme, il savait que s'énerver comme ces petits connards ne servait qu'à se déconcentrer pour une compétition qui venait de gagner encore plus du prestige et de gloire.
Car il savait ce que cela représentait véritablement
Aljemia regarda ses petits qui n'avaient d'imagination ni assez de couilles pour pouvoir le battre avec une lueur dégoûtée au fond de ses yeux. Leur chuchotements d étonnement remplissant la salle. Il leva son regard au dessus de tout ce bordel et inspira profondément :
Silence !! hurla -t-il
Aussitôt le calme installé Aljemia finit enfin son discours
Celui qui survivra au massacre, tuera la bête et sauvera le princesse gagnera (Yorika Lamak lui tendit lentement un long paquet recouvert par un linge rouge) non seulement la prospérité, dix mille euros mais aura aussi gagné mon sabre de Yamakusa.
Personne ne comprenait mais David savait lire entre les lignes ; Aljemia devait avoir aujourd'hui près de trente cinq ans et depuis une dizaine d'années n'avait perdu aucun combat. La fatigue et la lassitude l'avait gagné et il avait volontairement changé les règles pour trouver celui qui le remplacerait.
-Maintenant prenez connaissance de votre personnage et découvrez ses qualités pour pouvoir les exploiter au maximum conclut Yorika Lamak.
Le silence s'installa et chacun prit connaissance de son personnage.
Pour David c'était un guerrier du nom de Dendé appartenant au corps Des Chiens de Gardes, une troupe de mercenaire d'élite qui louait leurs services aux plus grands de l'Empire. Ils étaient aussi tellement liés à l'Empire qu' une partie d'entre eux servaient l'Empereur jusqu'à la mort . Les capacités du guerrier étaient sa rapidité, son grand savoir magique et militaire ainsi que sa jeunesse qui lui permettait d'entreprendre toutes les folies.
Il était vêtu d'une armure tout de cuir noire ayant pour emblème la gueule hurlante d'un loup et portait un heaume d'acier noir surmonté de du même emblème argentée. David découvrit avec stupeur que son personnage avait un katana au pommeau d'ébène noire tout comme lors de son combat contre Endrolg et aussi parmi un grand florilège d'arme sophistiquées une arbalète noire comme la nuit.
David ne se souvenait pas des premières dix minutes mais savait qu'il avait laissé la place à un certain Dendé qui se battait avec un style et une hargne qui n'appartenait qu'à lui. Pour lui il n'y avait que le sabre qui comptait et il ne se servit pas du tout de ses pistolet à neutron et autres jouets qui ne faisaient pas long feu dans les corps à corps. Dendé avait reconnu les membres de sa section grâce à leurs uniformes identique au sien et s'était aperçu que malheureusement deux soldats étaient déjà tombés. Les survivants se rassemblèrent autour de leurs chefs et le suivirent dans cet enfer. Dendé évita de justesse la hache meurtrière d'un troll et en profita que ce dernier emmène la hache vers lui pour lui faire sauter le caisson tel le chapeau d'un œufs à la coque. Dans ce combat il découvrit des elfes hargneux, des trolls sanguinaires et des chevaliers bardés d'aciers.
Dendé se battit encore des heures durant et tua des centaines d'ennemis vêtus soit d'armures de métal ou de cuir sans s'arrêter avant de lever la tête et de contempler la haute forteresse à la pierre sombre où était enfermée la princesse. A la dernière fenêtre du dernier étage de la dernière et haute tour brillait une chétive lueur orange. C'était ici que se trouvait la royale captive. Il essuya la sueur de son front d'un mouvement brusque de la main et reprit son ascension taillée à coups de sabre.
Mais de nombreux combattants étaient morts en bas dans la vallée et il ne devait rester qu'une poignée de guerriers encore debout. Dendé évita par chance d'un pas de danse comique une rafale de kalachnikov qui finit sa course dans l'abdomen d'une jeune nymphe qui s'écroula aussitôt. A sa droite David n'aperçut pas la jeune asiatique tressauter sur son siège et s'affaler à terre.
La nuit recouvrit le champs de bataille comme une vieille couverture mais le combat faisait rage et decimait le rang des valeureux. Un guerrier bardé d'acier traversa la foule armée et se dirigea vers David, sa lochabre dressée prêt à frapper.
David para de justesse le coups et entendit Endrolg rire ; alors gamin tu viens enfin mourir entre mes mains.
Le jeune guerrier serra les dents :Tu rêves vieux, c'est moi qui va hisser ta tête au dessus d'une pique.
Pris de folie Endrolg hurla : alors montre le moi.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Un coups de sabre coupa en deux la hache de combat et un autre aussi bien placé fit voler le casque d'acier.
Dendé stupéfait, s'arrêta de combattre. Devant lui se trouva le véritable vampire originel, Drake.
Sa tête n'ayant plus rien d'humain n'était qu'un vaste puit sombre où brillait deux lueurs rougeâtres. Il sourit et dévoila deux rangées de crocs étincelants.
Alors tu voulais me voir et bien tu m'as vus hurla Endrolg avant de se jeter sur David , une épée massive entre les mains que Dendé évita avec peine. Les coups étaient de plus en plus violents. Après un assaut particulièrement rude le guerrier glissa et tomba un genou à terre.
Tu es mort prévint le vampire en lançant son épée qui ne toucha jamais son but.
D'un coups désespéré, David s'était jeté en arrière et son sabre en avant.
Dans la réalité, Endrolg s'était évanoui sa tête posée sur son clavier et bizarrement personne s'en était aperçu
David/Dendé se débarrassa rapidement des derniers guerriers et passa la lourde porte de l'enceinte du château.
Il passa sans encombre les quatre cours intérieures et s'arrêta devant un guerrier agenouillé qui bloquait l'entrée. Dendé reconnut sans peine Aljemia, l'ultime épreuve.
David était un guerrier honorable. Il salua son adversaire et se mit en position défensive.
Alors Aljemia vêtu d'un kimono déplia ses longues jambes et se leva armé d'un sabre. Il rendit le salut et s'en plus attendre se jeta dans le combat. Avant qu'il ne puisse réagir David avait reçut deux estifilades sur sa poitrine.
Il prit rapidement conscience du danger et une colère froide l'envahit.
Dendé ne sut jamais comment il avait battu le champion. Il ne se rappelait que d'un vague combat aérien qu'on dit fantastique où il affligea des blessures par dizaines à son ennemi.
Finalement le corps traversé par un sabre, le personnage d'Aljemia mourut avec honneur.
Alors le petit personnage de David entra dans la tour, rencontra la princesse et lui roula une galoche sous les cris de liesse de la foule subjuguée par ce tournoi. Pour la première fois depuis des heures, David leva le nez de son écran d'ordinateur et se rendit compte avec stupeur que tous le monde le sifflait, le portait en triomphe.
Aljemia fendit la foule avec un paquet entre ses bras et vint s'incliner devant David. Tu t'es battus avec bravoure et honneur et je suis fier de te céder mon sabre . Sur ses mots il tendit alors un sabre noire entrelacé de fils d'or au pommeau de saule.
David s'inclina en retour, j'accepte ton présent et je tacherais d'en être digne.
Les deux guerriers, le nouveau champion et l'ancien se serrèrent l'un contre tandis que l'esprit du vainqueur voguait déjà vers d'autres horizons, vers une certaine fille blonde au mèches teintées de rose.
Une fois rentré chez lui le jeune se déshabilla en marchant et éparpilla ses habits jusqu'à la salle de bain tout en oubliant que c'était lui aussi qui était de corvée de lessive. Une fois nu il fit tourner le robinet de la baignoire et en attendant qu'elle se remplisse il alla dans sa chambre enfourner quelques affaires dans son sac de voyage. Jean blanc et chemise immaculée pour la petite soirée de dimanche soir ainsi que sa paire de Timberland noire. Il courut vers la salle en se rappelant que les robinets étaient ouverts. Heureusement l'eau n'avait pas encore quittée son récipient et noyée la pièce dans ses débordements. L'adolescent glissa délicatement dedans, redoutant et attendant en même temps le moment où l'eau submergera son corps ,quand il sera complètement allongé , le dos contre la faïence froide de la baignoire contrastant avec l'eau fumante.
Une demi heure plus tard il ressortit de la pièce d'eau enroulé dans un drap de bain à moitié séché. Il finit de s'essuyer dans son petit univers et passa rapidement un caleçon propre (il ne supportait plus de mettre autre chose, les slips lui serraient à l'entre jambe et des plaques rouges étaient apparus sur l'aine), jean ainsi qu'un polo Eden Porc , la célèbre tête de cochon vêtu d'un nœud pap. Il chaussa ses airs max couleur bleu nuit puis retourna à la salle de bain. Il fouilla dans sa trousse de toilette et en sortit son parfum Bleue de Nuit. Il s'en aspergea à des points qu' il se disait stratégique c'est-à-dire sous chaque oreille, sous le cou et aussi sous chaque dessous de bras pour que chaque personne qui l' embrasse où se trouve dans son giron soit subjugué par son odeur. Satisfait, David quitta l'appartement.
Tout à coups alors qu'il marchait tranquillement dans la rue en sifflant un vieil air paillard venu tout droit de ses vacances en Bourgogne, il se rappela qu'il n'avait pas acheter de présents ou tout au moins des fleurs comme l'exigeait la règle de l'hospitalité.
Il courut donc en direction du centre commercial en espérant trouver une boutique ouverte à cette heure indue. Par chance le fleuriste était encore dans son magasin quand une tempête nommé David y entra le souffle court.
- Que voulez vous demanda le vieil homme au front dégarni.
-Un bouquet de rose répondit le coureur de fond.
D'un sourire le patron de la petite bâtisse découvrit ses dents de porcelaines.
-Combien ?
Le jeune homme jeta un coups d'œil dans son porte feuille et sortit un billet bleu.
-Pour vingt euros ,d'accord fit le bien aimable vieil homme.
Vingt minutes plus tard le garçon enfonça la sonnette de son index. Une femme blonde d'âge mur vint ouvrir la porte...la mère d'Elodie, par conséquence sa belle mère si leur histoire durerait éternellement. Son visage s'éclaira, la rendant encore plus séduisante lorsqu'elle reconnut le jeune homme et que ce dernier lui tendit le bouquet en la saluant. N'en tenant pas compte elle préféra tendre la joue avant de remercier le garçon pour son geste. Bien sur comme tous les hôtes digne de ce nom elle ajouta ':il ne fallait pas...sur quoi le jeune homme poli comme tout ajouta la phrase bateau "ce n'est rien voyons,c'est normal".
Ils continuèrent ses formules de politesses bien encrées dans les idées françaises jusqu'à la porte de la salle à manger où la mère d'Elodie le quitta pour mettre les fleurs dans un pot .Le père de son aimée et son fils jouaient aux dames sur la table déjà mise; entre les couteaux ,verres et assiettes. Nul trace de sa promise ...
-La princesse n'est pas prête le devança Jacques le chef de famille en se levant de sa chaise aussitôt imité par un Maxence lui aussi bien habillé.
Allait- il en boite de nuit ?
La poigne de Jacques était franche mais David ne se déroba pas, donnant à ses doigts la bonne pression.
-Salut ça va ?Cela fait un bail qu'on ne s'est pas vu...
-Au moins deux ans aux bas mots admit à contre cœur David.
Mr Confrin planta son regard d'aigle dans celui du jeune garçon :
- Comment c'se fait ?
- J'ai eu pas mal de boulot depuis que la femme de ménage s'est barrer une fois son contrat fini et faute de pouvoir en retrouver une autre je fais toutes les taches ménagères. Mon père part souvent à l'étranger pour son travail et n'a pas le temps de se soucier des taches subalternes...
- Je comprend fit l'homme franchement désolé de la vie du pauvre garçon et légèrement gêné .Il est assez difficile de partager les problèmes des autres . Heureusement qu'il y avait sa petite princesse pour lui remonter le moral. Et sûrement pas que le moral...mais là c'était un domaine qu'il ne voulait pas aborder. L'arrivé de sa fille fit taire sa conscience et il ne put empêcher cette bouffée de fierté l'envahir à chaque fois qu'il la voyait. C'est ma fille voulait-il crier à la face du monde. C'est la plus belle ,la plus intelligente et je suis son père. Bien sûr la seule chose vraie était sa paternité qui le poussait à dire ces choses mais cela était naturel.
David lui, l'a trouvait encore plus magnifique que d'habitude même si elle n'était vêtue que d'un chemisier en coton noire et d'une jupe bleue foncé avec une paire de talons argentée. En l'embrassant le jeune homme s'aperçut qu'elle avait fait l'effort de se maquiller légèrement, elle qui était naturellement jolie pour ne pas utiliser de façon excessive sa palette de peinture comme la plupart des jeunes qui en faisaient trop et au final ressemblait à des camions volés.
Le repas et la soirée furent des plus familiale et David trouva rapidement ses marques. Lors du repas il partagea la conversation et tint facilement son point de vue face au père d'Elodie qui était un homme de parole et qui n'attendait rien des autre
- Ce n'est pas en gémissant qu'on arrive à quelque chose dit-il à un moment. Regarde tous ses chômeurs qui descendent dans la rue pour avoir plus de sous, pour garantir leur revenu disent -ils !Mais ils feraient mieux de chercher du travail ! Les journaux en regorgent mais ses salauds estiment qu'ils préfèrent gagner plus à rien faire que de se salir les mains.
Moi j'ai partagé ma jeunesse entre l'école et les petits boulots pour pouvoir payer mes études. Tu sais, je viens d'une famille de 8 enfants et je sais ce qu 'est être dans la merde.
Mais on peut sans s'en sortir quand on a la volonté. Et quand ils font la grève dans la rue enrichit Maxence, ils emmerdent les gens qui travaillent pour les engraisser.
-Oui approuva Jacques, la semaine dernière ils m'on bloqué plus d'une heure devant la défense sous prétexte qu'on tente de leur supprimer quelques acquis sociaux !
-Mais ils en ont déjà pas assez ?demanda le fils.
- Faut croire que non souffla David qui partageait leur point de vue mais le pire c 'est que les journaux d'annonces regorgent d'entreprises qui cherchent de la main d'œuvre.
-Mais les gens n'en veulent pas !Tu comprends ? s'exclama aussitôt le chef de famille que le débat faisait briller les yeux, c'est du boulot où la plupart du temps tu te salis les mains, comme la maçonnerie par exemple.
Moi j'ai travaillé dans des usines comme balayeur étant jeune. J'ai fait les trois huit et je m'en suis sortis. Devant ses bonnes paroles il se tut, conscient de s'être laisser aller par son sujet de prédilection et vida son verre.
De toute la soirée on ne parla plus de politique.
Apres le repas ils organisèrent tournoi de dame où David brilla étonnamment bien pour aller en finale où il se retrouva en face du chef de famille. Il tenta de faire bonne figure mais tous virent rapidement qu'ils y avaient une grande différence de niveau entre les deux protagonistes et même s'il arrivait à grappiller quelques pions il n'espérait pas réellement gagner. Le père lasse de se faire manger des pions pour endormir la méfiance de son gendre passa rapidement à l'attaque. Il força David a lui mangé un pion mais ce que le garçon ne vit pas tout de suite était qu'il lui ouvrait du coups une voix royale jusqu'au Dame et même s'il ne l'a fit pas à ce coups ci il avait déjà préparé le terrain pour le prochain coups. La défense de David étant trop aéré, il faucha ses pions à travers le plateau telle la mort avec sa vieille faux.
- Je joue tous les jours au boulot entre midi et deux depuis 2 ans crut bon d'ajouter le vainqueur.
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Kevin regardait d'un air extasié la foule massée devant les portes du magasin King Jouet de Trafalgar Square, attendant avec impatience que les lourdes grilles soient levées pour profiter de l'événement.
Pour le lancement d'un de leur jeu phare, la boîte avait choisi de monter tout un évènement autour de leur personnage fétiche, choisissant ce dimanche matin, jour d'halloween pour le dévoiler au grand jour. Des représentations en carton à taille humaine des personnages principaux trônaient partout dans le magasin au côté d' acteurs spécialement payés pour l'occasion, transpirant dans leurs fausses combinaisons spatial spatial tandis que deux bad girl seulement vêtues d'un croq top rouge, d'une jupe porte feuille de même couleur aux hanches alourdies par deux holsters occupés de révolvers de pacotille et chaussées de bottes de cowboy vermeil priaient pour que les lourdes portes ne s'ouvrent pas tout de suite, redoutant instinctivement le terrible courant d'air glacial qui ne tarderait pas à s' engouffré dans le magasin. Un capitaine des space marine était assis derrière un bureau surélevé assailli par une centaine de
boîte de jeu vidéo et de produits dérivés à dédicacer alors que des extraterrestres zombies se traînaient dans les rayonnages. Kévin aussi excité qu'une puce trépignait sur place sans cesser de regarder les chiffres de l' horloge analogique de son smartphone s'égrainer. Il était si agité qu'il se lâcha et alla même jusqu'à faire une tape amicale sur l'épaule de Aimé qui lui répondit par
(oh chance étonnante ! )
un de ses rares sourires même si celui la paraissait distant, comme s'il n'était pas réellement là et ne semblait pas vraiment s'intéresser à l'événement qu'il avait pourtant monté avec son collègue. Ce dernier, ayant appris le métier sous sa férule depuis presque six ans le connaissait suffisamment pour savoir qu'il était de nature taciturne et ne s'épanchait pas sur ses sentiments mais savait également reconnaître quand quelque chose n'allait pas.
Il essaya de redescendre d'un cran dans son émotivité.
-bah alors je ne te sens pas dans le moov, qu'est ce qui t'arrive ?
Aimé parut revenir à lui.
-hum je ne sais pas y a quelque chose qui ne va pas.
Kévin s'offusqua.
-quelque chose ne va pas ? Qu'est ce qui ne va pas ? C'est l'un des meilleurs évènements qu'on à organisé et sa promet d'être aussi bien que la Comic 'con de San Diego !
Aimé réfléchit un moment pour pouvoir mettre des mots sur les sentiments qui troublaient son âme.
-hum je ne sais pas.
(Puis tout à coup ce fut comme une évidence.)
J'ai un terrible pressentiment. Quelque chose de terrible va arriver.
Puis estomaqué par ce qu'il venait de réaliser, il souffla seulement avec de la détresse dans la voix:
-Non, pas David.
Puis sous le regard éberlué de son collègue il se rua vers les portes qui venaient de s'ouvrir, remontant avec peine à contre courant la cohue des fans qui se battaient pour investir en premier le magasin.
*******
Les amoureux se couchèrent tard mais ne s'endormirent que plus tard encore, l'un ayant la main épousant le galbe d'un sein ,l'autre le bras passé autour du cou...
Ce fut la seule fois depuis des jours que David pu dormir une nuit complète. Ils émergèrent lentement d'un sommeil réparateur et descendirent déjeuner à midi alors que les autres dînaient sans éprouver de gêne. Ils devaient être habitués avec Maxence pensa David, tu penses un tel fêtard. Ils passèrent le début de l'après midi dans la chambre de la fille ,voulant connaître encore leurs corps, explorer d'autres chemins de passions. Ils consentirent enfin de quitter le nid vers les quatre heures pour faire du lèche vitrine.
Ils firent un tour aux Galeries Lafayette et imitèrent entre les rayonnages les vieilles bourgeoises essayer le dernier rouge à lèvres de chez Maqui, commenter l'odeur du nouveau bébé de Kokay. Dans les rayons lingerie féminine, David fit mine d'essayer une culotte de dentelle sous les éclats de rire d'Elodie. Ils sortirent deux heures plus tard du gigantesque magasin les bras chargés de colis.
Ils se promenèrent sur l'avenue comme deux amoureux, allèrent de l'Elysée à la Concorde...Ils s'arrêtèrent sous l'arc de triomphe comme de multiples touristes et restèrent silencieux un instant devant la Flamme du Soldat Inconnu. Les deux grands pères de la jeune fille étaient du même village de Savoie et étaient morts l'un dans les bras de l'autre, comme deux enfants se réconfortant mutuellement devant l'approche de la Faucheuse qui les avaient emportés par un éclat d'obus ,les déchiquetant comme l'Ogresse qu'elle était.
Elodie eu une pensée pour ses hommes morts pour la France et les bras emplis de sacs ,une larme coula au coin de l'œil. La jeune fille la laissa tracer un sillon mauve de son rimmel. David gêné devant ses larmes ne sut que dire que faire. Son cœur saignait pourtant devant son chagrin. Tout à coups il lâcha à terre sans s'en occuper toute les affaires et engloutit sa fiancée dans ses bras. Ils restèrent ainsi quelque instant oubliant le troupeau de chinois en train de photographié un couple de jeune français s'enlacer. Finalement la jeune s'échappa doucement de ses bras
-c'est bon murmura-t-elle d'une petite voix puis tranquillement ils s'éloignèrent de ces tombeaux médiatiques.
Vers les 7 heures et demi ils pénétrèrent dans un restaurant chinois où ils commandèrent un canard laqué pour deux.
Sans le savoir David mangeait pour la dernière fois de sa vie de la cuisine chinoise.
Elodie adorait l'atmosphère de ce restaurant :tous ces gens parlaient dans une langue chantée qui avait le rythme dans la peau. Les amoureux restèrent une heure, parlant un peu avec le gérant de l'établissement. Ce dernier était un petit asiatique ayant l'air de ne pas avoir dépassé la trentaine. Il n'arrêtait pas de faire rire ses clients par des blagues certes un peu lourdes mais qui faisaient rire tout le monde.
Voyant l'heure tournée implacablement les deux tourtereaux se dépêchèrent de rentrer chez la belle.
Une fois arrivés, la jeune femme prit possession de la douche et se prépara pour aller à la soirée de Bonaventure. David décida d'attendre dans la salle à manger devant la télévision aux côtés de sa belle famille. Il put regarder l'émission de Delarue en entier et commença à s'impatienter quand une voix l'interpella derrière lui.
David essaya de dire quelque chose mais il perdit le fil de des pensées lorsqu'il vit une déesse se présenter dans l'encadrement de la porte .
Ses cheveux scintillants captaient la lumière et faisaient apparaître sur sa tête une coiffe de reine. Elle était vêtue d'une petite robe aux minces lanières de plastique translucides rose et d'une paires d'escarpins montants ficelés au mollets. Même son maquillage de rouge ne gâchait rien. Toute l'assistance était clouée devant un tel spectacle.
-Ben mince alors lâcha son frère qui n'en revenait pas. L'état de David était au dessus de tout ,à tel point qu'il ne pouvait décrocher un mot sa mâchoire était pantelante et ses yeux se nourrissaient du paysage ,dévorant littéralement sa promise du regard.
Sans se départir de son aplomb habituel et semblant se réjouir de la réaction de sa famille et plus particulièrement celle de David, elle franchit d'un pas de mannequin la distance qui les sépara et doucement remonta sa mâchoire :
Fais attention murmura-t-elle d'un souffle tu risque de perdre ta langue si tu reste ainsi.
La phrase fut saluée d'un éclat de rire générale. David rougit violemment puis embrassa Elodie à fleur de bouche avant de disparaître à l'étage.
Il s'arrêta à mi chemin, se tourna puis fit en la regardant « tu es superbe » Pour toute réponse elle lui envoya un baiser et David fit mine d'être touché au cœur avant de continuer l'ascension sous les rires.