Jour 199 : Hésitations

Samedi 26 septembre 2020, 20h / Cela fait trop de mois que je ne suis plus venu écrire ici. Disons les choses clairement, la levée du confinement strict le 11 mai dernier y est pour beaucoup. Il a fallu rattraper deux mois durant lesquels nous n'avons plus vu ni famille, ni amis, ni collègues. Retrouver tout ce monde et tenter de reprendre notre vie telle que nous l'avions laissée, a éjecté ce journal de mes pensées. Et puis, il y a eu ce voyage en Grèce, cette voiture qu'il fallait remplacer, ce livre qu'il fallait terminer d'écrire, ce nouvel espace de travail à apprivoiser... Cent quarante jours en tout ! Une saison. Un été. C'est souvent à cela que sert l'été : oublier l'ordinaire de nos vies.

La parenthèse était agréable. Peut-être un peu plus jouissive que les autres. Comme une bouffée d'air après une très longue apnée. Quand il est possible de respirer librement, quand rien ne vous empêche, le prétexte à l'écriture devient moins évident, le tête-à-tête avec soi-même moins fréquent. Et pourtant, il aurait peut-être fallu décrire ces quelques mois. Ils furent étranges, l'insouciance s'est souvent mêlée à l'inquiétude et vice versa.  Vous pensez l'épidémie derrière vous, dans le passé. Vous la croyez loin, sévissant sur d'autres continents... Et puis de temps à autres, les nouvelles tombent : un collègue de vos parents est malade, un cousin est malade, un ami est devenu un "cas-contact".

On a beau se dire... la menace est toujours là.

Dans cet entre-deux - et peut-être suis-je dans une forme de déni en écrivant ces mots - entre cet état d'insouciance et cet état de vigilance, j'hésite à revenir écrire ici. La vie est d'une banalité telle qu'elle ne mériterait pas qu'on s'y arrête. La vie a aussi pris un tour que je n'aurais jamais cru possible : je porte un masque quotidiennement, je me rends aux toilettes uniquement pour me laver les mains en milieu de journée, je me tiens à distance des proches fragiles... Est-ce cela nos nouvelles banalités ? Nous rappeler les uns, les autres, que nous sommes des dangers potentiels ?

Une autre réalité, administrative, frappe. La moitié des départements du pays est classée en zone rouge. Des mesures de restriction de liberté ont été prises à Lyon, Marseille et Bordeaux, bientôt à Paris. La Belgique a fermé sa frontière avec le Nord et le Pas-de-Calais avant de la réouvrir. Partout, aucun gouvernement ne veut imposer un nouveau confinement strict. Au lieu de cela, des mesures intermédiaires sont prises, comme si nous étions dans cet entre-deux. Entre le confinement de mars et la libération de mai, comme si la solution se trouvait dans un compromis entre ces deux état d'esprits. 

Cette simple hésitation nous dit une chose. Nous n'en avons pas encore fini avec ce virus, hélas. Il est toujours là. Alors, de temps à autres, je reviendrai écrire un peu de ma vie dans ce journal.

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Debout la Nuit
Posté le 01/06/2021
Les décisions de "l'entre-deux" : que pouvait faire les dirigeants, au vu du nombre de personnes déprimées, demoralisees, anxiété pouvant mener vers l'agressivité chronique ?
Redonner des miettes d'espoir. Ils l'ont fait.
À ce jour, je pense que nous allons mieux.
Imre Décéka
Posté le 09/07/2021
Je crois aussi... seulement, le variant Delta rode. j'espère qu'il ne nous gâchera pas l'été...
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