Iladys avait fini par forcer Ron à se rendre à la bibliothèque de temps à temps. Elle lui avait révélé la maigre information que Dumbledore lui avait donnée, et ils s'étaient donc mis à lire toutes les biographies possibles de Dumbledore. Si cela intéressait moyennement Ron, Iladys était presque passionnée. D'un côté, on n’apprenait pas tant de choses que ça, il y avait toujours des zones d’ombres ; d'un autre, elle était surprise par tout ce qu'elle découvrait, et par la puissance infinie que semblait possédait Dumbledore. Elle ignorait tant de choses sur son tuteur, mais elle ne l'admirait qu'encore plus. Les jumeaux ne comprenaient pas pourquoi les deux jeunes sorciers se rendaient tant à la bibliothèque. Iladys avait bien prétexté une surcharge de travail, mais les jumeaux n'étaient pas dupes. Ils avaient été en première année, et n'avait jamais eu autant de travail. Iladys avait fini par leur affirmer qu'elle aimait juste lire, et qu'elle voulait donner le goût de la lecture à Ron. Les jumeaux restaient dubitatifs, mais ils avaient fini par les laisser tranquille. Le reste du temps, ils se promenaient tout les quatre dans le parc, faisant de temps en temps des batailles de boules de neige. Iladys avait abandonné l'idée de faire du patin à glace, et elle se contentait de regarder les garçons en faire. Cette activité ne l'ennuyait pas du tout, puisqu'elle pouvait observer Fred en toute impunité. D'autant plus que les jumeaux rivalisaient d'ingéniosité pour faire les plus belles figures, afin d'obtenir les applaudissements de la jeune fille. Même Ron s'y était mis, décidé à montrer à son amie qu'il était aussi doué que ses frères jumeaux. Un jour où il faisait trop mauvais pour sortir, Iladys avait opéré un "lâché" de chocogrenouilles, et ils avaient couru après pour les attraper, avant de se faire exploser l'estomac. Cette activité n'avait pas été complètement inutile, puisqu'elle avait eu la carte de Dumbledore dans l'une d'entre elle, et il y était fait référence à Nicolas Flamel, comme d'un alchimiste. Iladys réfléchit longuement à ce fait, en compagnie de Ron. Elle savait ce qu'était un alchimiste, mais elle ne voyait pas pour autant ce qui pouvait se cacher à Poudlard. Elle se demandait si la réponse ne serait pas dans un livre de la Réserve. Mais comment y avoir accès ? La seule solution lui semblait être la cape d'invisibilité. Pour l'instant, la dite cape n'avait servie que pour s'amuser. En effet, les Weasley et elle se la passaient soit pour un cache-cache d'un nouveau genre (le premier qui trouve la personne sous la cape a gagné), soit pour se donner une apparence étrange, en faisant disparaître une partie de son corps. Mais Iladys présumait que ce n'était pas à cet usage que Dumbledore avait prévu la cape. Mais entrer dans la Réserve en douce, avait-il prévu ça? Iladys avait des scrupules. Elle avait parlé de son idée à Ron, et ce dernier était clairement pour. Mais pour elle, c'était comme trahir la confiance de Dumbledore, Minerva et Severus. Elle décida qu'il serait plus simple d'essayer d'obtenir auprès d'eux une autorisation. Ils connaissaient tous son amour de la lecture, se ne serait pas trop difficile de les convaincre. Elle se trompait terriblement. Sa première victime fut Minerva, qu'elle alla voir après un petit-déjeuner dans la Grande Salle.
"Minerva!
- Miss Jedusor."
Iladys baissa la tête. Ca commençait mal. Si son amie la nommait ainsi, c'était pour instaurer la distance due entre son professeur et une élève. Mais elle se jeta malgré tout à l'eau.
"J'aurais voulu une autorisation pour lire des livres de la Réserve.
- Et pourquoi cela?
- J'ai déjà lu beaucoup de livres de la bibliothèque, mais certains sujets qui m'intéressent ne sont que survolés. Je suis sûre que dans la Réserve, je trouverai ce qu'il me faut."
Un étrange silence s'installa. Iladys était confiante, et souriante. Minerva la regardait en silence, comme jaugeant sa jeune élève.
"Je n'en vois aucunement l'utilité. Tu étudieras ces sujets en temps et en heure."
Sur ces mots, la professeur quitta là son élève. Iladys en resta muette de stupéfaction, surprise et déçue. Elle rapporta ce fait à Ron, qui fut aussi dépité. D'après lui, il ne restait plus que la cape d'invisibilité comme solution. Mais Iladys était décidée à tenter sa chance avec Severus. Elle se rendit donc jusqu'au bureau de son professeur, qui l'accueillit aimablement, en lui priant de s'asseoir.
"Je voulais te demander une autorisation pour lire des livres de la Réserve.
- Et pour quelle raison voudrais-tu lire des livres de la Réserve?
- J'en ai déjà lu beaucoup à la bibliothèque. Mais les sujets qui m'intéressent vraiment ne sont que très rapidement survolés. Je pense que dans la Réserve, j'aurai beaucoup plus d'informations."
Severus l'observait en silence. Elle tentait de se concentrer sur tout et n'importe quoi sauf Dumbledore, Touffu et Nicolas Flamel. Severus ne devait pas avoir accès à ces informations dans son cerveau.
"Je n'en vois pas la nécessité.", conclut-il.
Iladys quitta donc ce bureau dépitée. Il lui restait Dumbledore, mais elle ne tenta pas d'aller lui demander, elle savait que c'était peine perdue. Le directeur était parfaitement au courant des recherches d'Iladys, alors si la réponse se trouvait effectivement dans la Réserve, il ne la laisserait pas y avoir accès. Ron l'attendait, comme à l'accoutumée, dans la Salle Commune, attendant son "rapport de mission". Ils partagèrent tout les deux leur déception. Cette fois, il ne restait vraiment plus que la cape d'invisibilité. Mais quand l’utiliser ? Iladys préférait réfléchir encore quelques temps à la façon de s'y prendre, avant de se jeter à l'eau. Elle alla donc se coucher bien sagement le soir venu, en compagnie de Ron et des jumeaux. Le lendemain matin, Fred et George décidèrent de la réveiller activement. Ils s'approchèrent donc de son lit, et alors qu'elle était encore plongée dans le sommeil, soulevèrent brutalement sa couverture. Ce qui suivit n'avait absolument pas été prévu. Fred et George se fixèrent quelques instants, avant de recouvrir tout aussi brutalement Iladys, qui, réveillée désormais, ne comprenait rien à ce qu'il se passait. Ron sortit de son lit, et s'approcha de ses frères, ne comprenant pourquoi ils étaient devenus si livides.
"Ron, va chercher McGonagall.", ordonna George.
"Quoi?
- Va chercher McGonagall!"
Face au ton impétueux de son frère, Ron s'exécuta, et quitta donc le dortoir en pyjama, pour courir jusqu'au bureau de son professeur.
"Mais qu'est-ce qui se passe?", demanda Iladys.
A peine posa t-elle cette question qu'elle sentit de l'humidité, dans son lit et entre ses jambes. Elle souleva sa couverture, se demandant ce que ça pouvait être, et pu voir des tâches rouges parsemer le lit. Elle se recouvrit aussitôt, rouge de honte.
"Ne t'inquiètes pas. Ce n'est pas grave.", affirma George.
"Je sais ce que c'est!", hurla t-elle presque.
Les jumeaux écarquillèrent les yeux. Comme elle vivait avec Dumbledore, ils avaient supposé qu'elle paniquerait, en ne sachant pas ce qui se passait et d'où provenait ce sang.
"Dumbledore t'a expliqué?", demanda Fred.
"Comment vous savez vous?", demanda t-elle en retour.
"Nous avons une petite sœur qui a un an de moins que toi, et une mère qui ne se gêne pas pour lui expliquer ce genre de choses devant nous.", répondit George.
"Dumbledore t'a expliqué?", répéta Fred, incrédule, tant il avait dû mal à imaginer son directeur en train d'expliquer le système des menstruations à une fillette.
"Non, c'est Minerva.", finit par répondre Iladys.
Cette dernière apparut en compagnie de Ron, qui ne comprenait rien à ce qu'il se passait.
"Que vous arrive t-il?", interrogea le professeur.
"Iladys vient d'avoir ses premières règles.", répondit George.
Les yeux de Ron s'écarquillèrent, et il sembla avoir eu une illumination, alors qu'Iladys devint rouge comme une pivoine.
"Oh! Eh bien messieurs, si vous vouliez bien quitter la chambre."
Les trois Weasley s'exécutèrent en silence, et Iladys put se détendre un peu. Alors que Minerva s'occupait d'elle, la conduisant dans la salle de bain, et lui expliquant ce qu'elle devrait désormais faire chaque fois; elle ne pouvait s'empêcher d'être terriblement gênée. Elle se demandait si elle pourrait regarder Fred en face. Et George. Et Ron. Elle venait d'avoir ses premières règles devant eux! C'était terriblement embarrassant. Elle n'aurait jamais dû accepter de dormir dans le même dortoir qu'eux. A ce moment, elle aurait voulu qu'Hermione soit là. Elle réalisa à quel point la présence de son amie pouvait être rassurante et apaisante. Elle se demanda d'ailleurs si Hermione avait déjà eu ses règles. Une fois que Minerva eut terminé toutes ses explications, elle laissa sa jeune élève en compagnie des Weasley, dans la Salle Commune. Iladys ne savait pas où se mettre. Elle restait debout, les bras ballants, la tête baissée, tentant vainement de se confondre dans la tapisserie.
"Ca va?", demanda Ron.
Iladys acquiesça brièvement.
"Tu n'as pas mal?", demanda George.
Elle releva la tête à cette question qui lui semblait étrange.
"Parfois, Angelina, Alicia et Katie vont à l'infirmerie avant un match de Quidditch, lorsqu'elles ont leurs règles, pour prendre un remontant. Parait que ça peut être très douloureux.", affirma Fred.
"J'ai...un peu mal, aux reins et j'ai les jambes lourdes. Mais ça va.
- On va rester tranquillement ici aujourd'hui alors.", déclara George.
Iladys fut surprise. Les garçons semblaient un peu gênés eux aussi, mais totalement aux petits soins pour elle. Ils passèrent la journée à jouer aux cartes ou aux échecs, et les garçons ne cessaient de réagir à la moindre petite grimace d'Iladys, lui proposant à boire, à manger, ou de s'allonger. Elle ne cessait de répéter que tout allait bien, et que c'était de toute façon quelque chose de naturelle, pas une maladie, mais ils ne pouvaient s'empêcher de la scruter sans arrêt. Au final, se fut ce qui la gêna le plus, le regard inquiet de Fred sur elle, toutes les cinq minutes.
Dans la soirée, elle finit par être un peu seule avec Ron, et ils parlèrent de la Réserve.
"Tu devrais t'y rendre ce soir. Les vacances vont bientôt finir, et après, se sera beaucoup plus difficile.
- Mais...
- Mais quoi? Je viendrais avec toi!"
Iladys faisait la moue. Elle savait que c'était la seule solution. Et en même temps, de quoi se mêlait-elle? Albus devait bien savoir ce qu'il faisait. Ce n'était qu'une curiosité mal placé qui l'incitait à se rendre dans la Réserve.
"Vous préparez quoi comme mauvais coup dans votre coin?", demanda George en s'asseyant près d'eux, rapidement suivi de Fred.
"Rien.", répondirent en cœur Ron et Iladys, ce qui ne dupa absolument pas les jumeaux.
"Ok. Ne nous dites pas ce que vous préparez, mais on sait que vous préparez quelque chose, et vous aurez peut-être besoin de notre aide, pensez-y!", continua George.
Ron et Iladys se regardèrent en silence. Tout révéler aux jumeaux? Cela lui semblait être une mauvaise idée, et en même temps, ils étaient en troisième année, ils connaissaient mieux Poudlard qu'elle, ils pourraient sûrement l'aider.
"Je voudrais me rendre dans la Réserve, avec la cape d'invisibilité, mais...
- Mais quoi?", demandèrent en cœur les jumeaux.
"Mais c'est trahir la confiance d'Albus, de Minerva et de Severus. C'est contre le règlement!
- Et alors?", interrogea George.
Iladys le fixa, incrédule.
"Et alors? Alors c'est mal! Le règlement...
- On croirait entendre Hermione.", souffla Ron, ce qui lui valut un regard tout aussi noir qu'aurait pu lui envoyer la véritable Hermione.
Les jumeaux sourirent, amusés.
"Ecoute, les règlements, d'une certaine façon, c'est fait pour être enfreint."
Iladys fixait de nouveau George, dubitative.
"Le principal, quand tu enfreins les règles, c'est de ne pas mettre les autres en danger ou en tort. C'est toi qui enfreins la règle, c'est toi qui devras être punie. Tu prends tes responsabilités. Ce n'est rien de grave, tant que tu n'entraines pas des innocents avec toi.
- Dixit les professionnels de l'enfreignage des règles.", affirma Ron.
Les jumeaux sourirent, affichant une certaine fierté, alors qu'Iladys réfléchissait.
"Sérieusement.", ajouta Fred."Tu vas juste dans la Réserve. En plus, avec la cape d'invisibilité, tu as peux de chance de te faire prendre. Qu'y a t-il de mal là-dedans? Ce ne sont que des livres."
Iladys acquiesça.
"D'accord. J'irais ce soir.
- Je viens!", affirma Ron en levant la main.
"Non. J'y vais toute seule. Je prends mes responsabilités."
Les jumeaux sourirent, de plus en plus fiers d'eux-mêmes, alors que Ron fit la moue.
Un peu plus tard, Iladys enfila sa cape, et se dirigea dans les méandres du château, alors que ses amis, avec un dernier regard pour elle, allèrent se coucher. Elle connaissait par cœur le chemin pour se rendre à la bibliothèque, et y arriva donc sans mal. Elle n'avait jamais vu le château aussi silencieux. C'était assez lugubre en fait. Il faisait noir, il n'y avait pas le moindre bruit. Elle se dirigea jusqu'à la Réserve, et l'ouvrit avec sa baguette, murmurant la formule. Elle se retrouva devant des livres inconnus, et se demanda par où elle pourrait commencer. Elle regarda les titres, s'éclairant de sa baguette, mais il n'y en avait pas beaucoup qui l'inspirait. Elle finit par faire des recherches au hasard, prenant des livres, les feuilletant. Elle ne vit pas le temps passé, et malgré ses yeux qui commençaient à la piquer, elle persistait dans ses recherches. Elle finit par prendre un livre où un visage en sortit presque en poussant un hurlement. Elle le referma brutalement. Effrayée, et fatiguée, elle décida de s'arrêter là. Elle rangea tous les livres qu'elle avait sortis.
"Qui est là?"
Elle se figea. C'était la voix de Rusard. Elle s'activa pour ranger les livres, le plus silencieusement possible, alors qu'il s'approchait, et quitta la bibliothèque en l'évitant de justesse. Elle décida qui l'était grand temps de rentrer se coucher, et se dirigea donc vers sa Salle Commune.
"Vous feriez mieux d'y réfléchir à deux fois!"
Elle se stoppa. C'était la voix de Severus. Poussée par elle ne savait quoi, la curiosité peut-être, elle se dirigea vers la source de sa voix. Severus était là, en compagnie du professeur Quirrelle. Mais la conversation semblait houleuse, étant donné que Severus plaquait le professeur Quirrelle contre un mur.
"Je...Je...
- Ne me prenez pas pour un idiot."
Iladys les observait en silence, intriguée. Que se passait-il entre eux pour que Severus soit dans cet état? En tout les cas, le professeur Quirrelle tremblait encore plus qu'à l'accoutumée. Invisible, elle s'approcha un peu plus, pour mieux distinguer, mais trébucha et se rattrapa de justesse. Le léger bruit ou son qu'elle avait produit avait attiré l'attention des deux professeurs. Elle ne bougea plus, et retint même sa respiration, alors que tout deux scrutaient les environs. Le regard de Severus se posa sur elle, et elle crut qu'il avait vu, mais il détourna presque aussitôt le regard. Elle fit volte-face, et courut le plus vite possible dans la direction opposée. Elle se retrouva dans une aile inconnue du château, et explora un peu, plus du tout fatiguée. Elle arriva dans une pièce où il ne se trouvait qu'un miroir. Elle s'en approcha, intriguée, et se figea lorsqu'elle se trouva face à lui. En face d'elle, il y avait non seulement son reflet, mais aussi un homme, une femme, ainsi qu'un garçon de son âge qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. L'homme lui ressemblait aussi, était plutôt charmant. Un grand brun, aux yeux noirs et au visage séduisant. La femme aussi était séduisante, avec ses longs cheveux noirs et ses yeux sombres. Iladys ne pouvait plus détourner son regard de ce miroir. On aurait dit...On aurait dit...Sa famille. Sa famille telle qu'elle aurait dû être, si ses parents n'étaient pas deux fous sanguinaires. Elle fut prise d'effroi. Ils étaient là, souriant, comme une famille unie et heureuse. Une parfaite petite famille de sorciers. Elle recula, sans pour autant pouvoir détourner son regard, et finit par heurter quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Albus Dumbledore. Elle ne bougea plus, attendant. Il ne pouvait pas la voir puisqu'elle était sous la cape d'invisibilité. Mais le professeur attrapa la cape au-dessus de ses cheveux, et le lui retira.
"Bonsoir Iladys."
"Bon...Bonsoir."
Il souriait, mais elle était trop sous le coup de l'émotion pour s'en rendre compte. Elle n'osait d'ailleurs pas le regarder, et se contentait de fixer ses pieds.
"Je vois que tu as découvert le miroir de Rised.
- Le miroir de quoi?"
Intriguée, elle avait relevé la tête, alors que Dumbledore l'a poussée vers le miroir. Réticente, elle se laissa pourtant guidée.
"Que vois-tu?"
Iladys hésita quelques instants. La vérité? De toute façon, à quoi bon mentir à Dumbledore? Il semblait omniscient.
"Je vois mon père, ma mère et un garçon qui me ressemble beaucoup."
Albus acquiesça, mais il parut légèrement troublé.
"Il faut savoir que ce miroir nous montre ce que nous désirons le plus.
- Je ne désire pas revoir mes parents.
- Tu désires avoir une famille bien à toi, et quoique tu en dises, se sont eux, ta famille."
Iladys ne dit mot, et fixa le miroir. Son père, sa mère, et probablement un frère qu'elle aurait voulu avoir. Ses parents paraissaient normaux, heureux.
"Que vois-tu toi Albus?
- Oh! Tu sais, j'ai déjà tout ce que je désire."