Chris avança à son tour et fut enveloppée d’une chaleur étouffante. Le passage ne provoquait aucune impression, comme si cette porte était immatérielle. Mais d’un côté et de l’autre, plus rien n’était semblable. Les cristaux orange étaient la norme. L’infrarouge des bandeaux leur donnait une teinte sanglante. Ils partaient dans tous les sens sans ordre. Dessus, des larves cramoisies se trainaient sur les surfaces. Tout ici grondait et bouillonnait en permanence, laissant comprendre que la lave en fusion du volcan était tout près, à deux doigts de jaillir d’un rocher sous pression.
— Go, souffla Tony à voix basse.
Sa voix était à peine audible. Il montra une galerie et ils se dirigèrent dans ce sens. Il tira sur les larves de la taille d’un ballon qui bloquaient le chemin et sauta par-dessus pour ne pas les toucher. Son pas se fit plus rapide. D’autres créatures se profilèrent, semblables à de gros chiens gris et osseux qui se ruèrent sur eux. Ils les abattirent sans hésiter. Les pistolets en plastique étaient presque silencieux, projetant des lasers bleutés qui ne laissaient aucun débris, mais trouaient leur cible de part en part.
Tony avançait vite, ajustant son allure afin de pouvoir détruire les obstacles. Ils se rapprochèrent d’une nouvelle galerie. D’un même geste, ils enregistrèrent une image de l’embranchement dans la mémoire de leur bandeau en appuyant sur un bouton sur leur tempe gauche et continuèrent. Tony se dirigeait la plupart du temps à gauche dans ce genre de situations. À moins qu’un obstacle évident n’en barre l’accès, comme cette fois où le chemin était tapissé d’un liquide poisseux qui avait l’air aussi brûlant que toxique.
Le dédale semblait gigantesque, bondé de créatures souvent informes. Et plus ils progressaient, plus la chaleur se faisait oppressante.
On ne savait rien de cet enfer. Tony et elle étaient les seuls à l’avoir jamais arpenté. Il se métamorphosait à chaque éruption, comme si les portails les amenaient à des endroits différents des galeries, ou pire, comme si le labyrinthe changeait complètement à chaque ouverture. La chaleur était supportable à leur entrée. Le petit chiffre écarlate en haut à droite de leur champ de vision ne cessait de grimper au fil de l’exploration. Il laissait entendre qu’à la fermeture du portail, il atteindrait des proportions impossibles à soutenir pour un humain. Tony connaissait son affaire, il avait calculé la température à partir de laquelle il était nécessaire de faire demi-tour, il savait en fonction de leur vitesse comment arriver à la sortie avant qu’elle ne disparaisse. Chris débutait, mais ça rentrait bien dans la tête quand c’était une question de survie. Et tandis qu’ils avançaient, elle écoutait les grondements et les glouglous autour d’eux, de plus en plus familiers et qui montaient en intensité graduellement.
— Là, murmura Tony.
Il s’arrêta devant une brèche profonde dans le mur. Ils basculèrent leur sac à dos sur l’épaule et prirent de quoi s’attaquer au filon, chacun d’un côté pour prélever le minerai qui scintillait ici. De l’or… De l’or pur. Ils en récupérèrent autant que possible et continuèrent d’avancer une fois leurs bagages largement alourdis.
Ils n’avaient pas fait trois pas que Tony montra un autre endroit. Dans la roche, comme sortie de nulle part, une belle porte en bois peinte en bleu clair fermait une nouvelle voie. Chris brandit son arme dans cette direction et Tony passa devant. Il ouvrit. Derrière, personne, mais ils restèrent immobiles à fouiller le décor du regard plusieurs longues secondes avant d’oser entrer. Le lieu était chargé d’objets. Il y faisait froid, un froid irréel comparé à la fournaise à l’extérieur. C’était une chambre d’enfant, une véritable et authentique chambre d’enfant qui n’avait strictement rien à faire là. Des jouets en bois trainaient un peu partout. Le lit à barreau était ouvragé et bordé de couvertures en velours. À nouveau, ils firent basculer leur sac et commencèrent à récupérer des choses. Chris photographia des dessins à la craie grasse sur les murs, Tony prenait des portraits d’un petit garçon sur une commode. Ils fouillèrent les tiroirs, cherchant un nom, des écritures. Chris en remarqua brodées sur des bavettes et dans le col de minuscules robes bleues. Ils passèrent en revue tout ce qui se trouvait là, emportèrent en plus tout ce qui avait l’air précieux et utile même si pour le coup, il n’y avait pas grand-chose, puis filèrent en sens inverse. Le grondement autour d’eux devenait assourdissant et les chiffres de températures menaçants.
— Go, murmura Tony.
Cette fois, il courut franchement. Des hordes de créatures gluantes leur barraient la route comme s’ils avaient été suivis à la trace. Ils les abattirent le plus vite possible sans jamais ralentir, quitte à les piétiner. Les embranchements se succédaient, il fallait se souvenir parfaitement du chemin. Tony savait, mais Chris était en apprentissage et c’était elle qui devait prouver qu’elle était capable de rentrer, alors elle passa la première. Elle se rappelait. Elle n’avait pas le choix. Lorsqu’ils virent le portail, ils se hâtèrent et s’arrêtèrent juste devant. Ils se retournèrent pour braquer leurs armes en direction des galeries et traversèrent le voile étoilé en marche arrière. Le regard de Chris accrocha un détail qui lui donna la chair de poule.
— Un démon, cria-t-elle. Il y a un démon !
Ils reculèrent encore, les yeux rivés sur la sortie, les pistolets brandis devant eux. Leurs dos percutèrent la barricade que la Brigade avait eu le temps de monter et qui avait stoppé la plupart des intrusions de créatures. Ils s’arrêtèrent et attendirent, concentrés. Un museau gris se laissa apercevoir, deux faisceaux bleus le visèrent en même temps et le repoussèrent sans ménagement à l’intérieur. Dehors, le sol tremblait. Le grondement du volcan était continu et soutenu. Il y eut un bref silence irréel puis une explosion tonitruante. Le tunnel vola en éclat, le portail disparut et ils tombèrent dans le vide. Tout en chutant, ils rengainèrent leurs armes. Les cristaux qui s’éparpillaient autour d’eux se volatilisaient sans laisser de trace. La barricade, elle, s’écroula lourdement. Le corps de Chris percuta la toile tendue au moment où elle retirait son bandeau. Elle manqua de le perdre quand Tony atterrit à côté d’elle. Ils rebondirent encore une fois tous les deux puis se redressèrent tandis que les membres de la Brigade les aidaient à quitter le trampoline.
Me voilà de retour pour explorer ces galeries énigmatiques, et j'ai beaucoup apprécié le voyage. On se croirait dans un fast FPS d'horreur, où il ne manque aucun ingrédient : les équipements super classe, les monstres un peu dégueu, le temps limité, les menaces de morts de tout les côtés.
Au milieu de cela, quelle surprise cette chambre froide sortie tout droit d'un manoir hanté ! Ce mélange des genres m'intrigue beaucoup et j'ai hâte de voir ce que tu vas en faire dans la suite du récit.
J'ai aimé le bandeau qui garde la topographie des lieux en mémoire, le démon avec son museau gris, et les contrastes de couleurs que tout cela m'a fait imaginer (lave rouge, liquide toxique vert, larves jaunes...)
J'ai beaucoup aimé cette phrase qui marque un temps fort du chapitre :
"Dans la roche, comme sortie de nulle part, une belle porte en bois peinte en bleu clair fermait une nouvelle voie"
Je me suis immédiatement demandée s'ils avaient déjà croisés des portes similaires dans cet endroit, car ils n'avaient pas l'air plus surpris que ça (mais c'est peut-être juste qu'ils n'ont pas eu le temps de s'étonner, dans le feu de l'action?)
Voilà mes suggestions du jour :
- répétition de "direction"
- "D’autres créatures se profilèrent, des sortes de chiens gris et osseux qui se ruèrent sur eux."
-> c'est très personnel mais j'aime pas trop "des sortes de", je préfère la formule "semblables à" ou mieux une description un peu plus poussée qui disent ce qu'ils ont de différent des chiens
Il y a aussi quelques phrases que j'ai relevé car elles m'ont semblé légèrement moins fluides que les autres ; à voir si une reformulation vaudrait le coup :
- "Chris en était à apprendre, mais ça rentrait bien dans la tête quand c’était une question de survie" -> c'est la formule "en était à apprendre" qui m'a arrêtée
- "Elle fut secouée par l’impact de son mentor avec elle."
- "Tony se dirigeait la plupart du temps à gauche dans ce genre de situations. Sauf s’il était évident qu’ils ne pouvaient pas passer par là, comme cette fois où le chemin était tapissé d’un liquide poisseux qui avait l’air aussi brûlant que toxique." -> ici c'est le début de la seconde phrase qui m'a arrêtée (j'aurais reformulé un truc du style : "A moins qu'un obstacle évident n'en barre l'accès, comme cette fois où...")
En tout cas bravo pour ce chapitre de pure action, qui fonctionne très bien, et à bientôt pour la suite !
J’ai mis du temps à répondre, pardon ! J’ai une vie trépidante en ce moment 😅 ( J’ai pris du retard sur mes lectures aussi )
Merci pour ton retour. J’ai pris tes suggestions en compte, c’est vrai que ça sonne mieux.
À bientôt !
C'est moi que v'la! Plus sérieusement ! WOW ! j'était dans l'action avec eux, pas de problème, limite j'aurai pu sursauté au cri de Chris pour le démon (oui mon imagination scénarisée)
Vraiment super sympas !
Je suis contente que ça marche !
Merci ! <3
La suite de l'histoire suit son cours avec Chris et Tony qui progresse dans divers lieux qui ont chacun leur particularité. Comme pour le précédent chapitre on arrive bien à situer où voyagent Chris et Tony.
On les voit abattre des créatures récupérer de l'or et d'autres choses, dont on ne sait pas encore c'est quoi, j'imagine que ça viendra après.
Sinon le chapitre se lit bien, j'ai juste une question concernant le démon qu'ils aperçoivent, il est différent des créatures ou les créatures sont aussi des démons ?
Je ne regarde pas trop les fautes quand je lis, mais j'ai vu une petite coquille sur la dernière phrase. Je pense que c'est aidèrent ou aidaient au lieu d'aider.
Merci en tout cas pour cette lecture et bonne continuation !
Les démons n’ont rien à voir avec les autres créatures, tu en apprendras plus plus tard, promis.
Merci pour la coquille ! Il en reste toujours, c’est fou !
Merci pour ce commentaire ! <3
Les lieux sur lesquels ils atterrissent ont l'air bien spéciaux à chaque fois : la chambre d'enfant, le trampoline... Improbable, étrange, ça attise la curiosité.
C'est peut-être moi qui ai fait une fixette dessus mais je trouve que tu insistes un poil trop à préciser que Chris est en train d'apprendre par rapport à Tony. C'est là que je pourrais sortir le conseil (que j'ai moi-même du mal à suivre) : plutôt montrer qu'elle "débute" plutôt que dire. Mais, dans mon imaginaire, Chris a l'air de se débrouiller pour une novice. Donc, je ne sais pas... Mais, ce n'est rien de méchant, gênant à la lecture. Juste un petit truc à souligner.
Sinon, action et description se mêlent bien. J'ai hâte d'en savoir davantage sur ton univers !
Je vais regarder si je peux peaufiner ça, merci pour ton avis ! <3
Un seul point qui le fait tiquer dans tout ça: si Chris et Tony sont les seuls à connaître cet endroit, c'est un peu étrange. Pourquoi eux plutôt que n'importe qui d'autre en fait? Comment sont-ils arrivés à ce poste? Quelles compétences ont-ils que les autres n'ont pas?
Merci pour le partage!