— Comment ça s’est passé ? demanda le chef Strada.
— Bien, répondit Tony. On a fait une bonne récolte, on a de l’or et les affaires d’un petit garçon.
Il tendit son sac à deux collègues qui s’approchaient. Chris laissa le sien à un autre.
— On a largement assez d’indices pour retrouver l’endroit visé par le spectre, mais il n’était pas à l’intérieur. On n’a pas pu le tuer.
— Ça suffira pour mettre le gamin en quarantaine. Excellent travail.
— Par contre, Chris a vu un démon.
Tout le monde se tourna vers elle.
— Au moment où on a traversé le portail, répondit-elle mal à l’aise. Il y avait un homme, grand, brun, peau pâle, habillé en noir. Je l’ai aperçu un quart de seconde, il nous a juste suivis des yeux, je crois.
— On va étudier ça, assura le chef.
— Vos mémoires, demanda un jeune brigadier en tendant les mains vers eux.
Ils déclipsèrent un cube de plastique à l’arrière du bandeau optique et le lui remirent. On leur en donna deux autres en échange qu’ils installèrent aussitôt avant de ranger leur matériel dans les sacs vidés de leur récolte.
— Rentrez chez vous, on démonte la barricade. Vous avez mérité un peu de repos. Mais restez prêts quand même.
— Bien, chef, répondit Tony. Tenez-nous au courant pour le démon.
— Dès qu’on aura tiré les images de votre sortie, vous aurez un bilan complet.
Il se tourna vers Chris et lui posa une main sur l’épaule. Elle eut l’impression de retrouver son sac rempli d’or et de matériel.
— C’est très bien, jeune fille. Reste vigilante.
— Merci monsieur, répondit-elle avec aplomb.
Il la relâcha et elle rejoignit Tony qui la regardait avec un sourire en coin.
— Il te fait toujours peur ? se moqua-t-il gentiment.
— Tais-toi ! dit-elle gênée.
Il rit.
— Tu as encore fait du bon travail. Je vais demander à ce que tu sois mise à l’épreuve. Il ne te reste plus qu’une seule chose à apprendre… Dès demain je te montrerai comment former ton futur partenaire.
Elle respira profondément, prise de vertige à cette idée.
— Combien d’équipes en tout la Brigade espère-t-elle envoyer dans les limbes ?
— Deux pour le moment, cinq à l’avenir, mais deux ce serait déjà un grand pas. Deux fois plus de chances de dénicher des spectres et de libérer leurs prisonniers. Deux fois plus de minerais précieux. Deux fois plus de chances de convaincre le monde de notre utilité et de nous soutenir, et peut-être que nous pourrions briser le mur qu’ils ont construit autour de nous et retrouver nos vies d’avant. Ou au moins de connaitre la paix.
— Ce mur est très bien là où il est, répondit Chris en repensant au démon. Et il faudra toujours une Brigade pour repousser les incursions.
— Rien ne dit que les portails s’ouvriront éternellement. Et je ne suis pas contre revoir ma famille un jour, rétorqua Tony avec douceur.
— Non, c’est sûr…
Ils regagnèrent la ruelle où Tony habitait en une demi-heure. Sa maison mitoyenne, aussi banale que ses voisines, était construite sur le même moule, avec son toit plat formant une terrasse nue qui recouvrait un petit bâtiment d’un étage aux murs que la poussière avait rendus ocre. Comme les autres, pas de vitres au fenêtres, mais si la plupart se contentaient d’un rideau en guise de porte, celle-là en possédait une en lames de chêne peinte en rouge.
Au moment de rentrer, Chris se retourna pour observer le volcan. Le soleil se levait juste à côté, le ciel d’un rose laiteux s’illuminait, le magma avait cessé de luire et les grondements s’étaient éteints. Le silence et l’aube se déployaient peu à peu. Son regard dévia sur le dôme d’un gris électrique qui s’élevait de toute part autour de la ville. Il était particulièrement brillant ce matin, teinté des lueurs de l’horizon.
— Chris ?
Elle se tourna vers son mentor et hocha la tête. Pas de temps à perdre, la prochaine pourrait s’ouvrir n’importe quand, ils avaient besoin de dormir.
J'aime bien les informations que tu donne sur l'univers et les problématiques/objectifs des personnages juste dans une petite réplique de quelques liges mais qui en dit long (avec cette répétition de "deux fois plus de..." qui donne beaucoup de force aux ambitions de Tony).
Ici peu de retour sur le style, je trouve que tu maîtrise bien les dialogues. C'est vivant, prenant.
Peut-être, juste histoire d'avoir quelque chose à dire, un petit travail sur le rythme de cette phrase grâce à une ou deux virgules en plus :
"Sa maison mitoyenne, aussi banale que ses voisines (,) était construite sur le même moule (,) avec son toit plat formant une terrasse nue qui recouvrait un petit bâtiment d’un étage aux murs que la poussière avait rendus ocre."
(la fin de la phrase est très belle est n'est pas assez mise en relief par la ponctuation dans la version actuelle je trouve)
Voilà, chapitre court donc pavé un peu plus petit de ma part !! ;)
Belle soirée !
J’ai rajouté les virgules, la phrase est plutôt longue et ça l’allège.
Merci pour ton retour ! <3
Je vais paraître cucul la praline, mais les deux là … une romance?
J'ai beaucoup aimé les dialogues. il sont très naturels.
Bravo encore à toi !!
Je suis contente que tu aies accroché. Une romance ? Mmh… on verra 😏.
Mais bon, tu commences à me connaitre !
Merci pour ce commentaire et à bientôt !
Un chapitre de transition qui se lit très bien notamment à travers des dialogues bien plus nombreux que dans les précédentes chapitres. Ce que j'ai bien aimé comparé aux précédents chapitres.
Dommage que le debrief contient peu de détails dans les informations notamment sur les affaires du petit garçon ou des indices concernant les spectres, mais j'imagine que c'est fait exprès pour apporter les réponses plus tard.
On voit aussi que Chris progresse vite et qu'elle est talentueuse vu qu'elle va bientôt former elle même un partenaire.
Merci pour la lecture et bonne continuation !
J’espère que tu passeras un bon moment avec cette histoire !
J'ai bien aimé voir apparaître davantage le chef. Ca donne une toute autre dimension aux personnages, je trouve. On sent bien le côté "équipe" et la façon dont Tony a chambré Chris sur le "il te fait toujours aussi peur ?". C'est un petit détail qui parait insignifiant sans doute mais ça m'a fait sourire.
Merci pour ces chapitres !
Coquillettes :
- j'avais oublié la fin du chapitre 2, pour moi il y a un des deux verbes à conjuguer à l'imparfait dans la dernière phrase : "... les aidaient à quitter le trampoline."
- "Comme les autres, pas de vitres au fenêtres" --> aux
C’est noté ! Merci !
1) les spectres enlèvent des enfants, mais on peut supposet que la chambre permet de les retrouver
2) la brigade empêche les choses de sortir.
3) il y a des démons dont le rôle est indéterminé
4) le mur est autour de la zone, et personne n'entre personne ne sort.
C'est là où je m'interroge: pourquoi? Il semblerait que tout soit sous contrôle? Donc pourquoi ne peuvent-ils/elles pas sortir rendre visite à leurs familles? Un sas de sécurité ne semble pas trop dur à mettre en place, non? Ou alors, il y a une raison qui m'est inconnue, mais en ce cas, je trouve bizarre qu'elle ne soit pas mentionnée. Une infection? Autre chose? Et internet, ça passe? Ils sont coupés de leurs familles, mais peuvent-ils quand même discuter? Les questions se bousculent dans ma tête! Ce quibme donne, bien évidemment envie de continuer! Je te donne seulement mes envies et frustrations, ça ne veut pas dire qu'il faut les combler, c'est à toi de voir ;)
C’est amusant de voir ta façon de penser, et ça me guide aussi. Je sais où ça pêche vraiment et où il te faut juste plus de patience.