Prologue

Par David.J
Notes de l’auteur : Il y a des lieux qui existent et d’autres qui… insistent.
Un immeuble haussmannien. Un appartement parfait. Une vie qui aurait dû suivre son cours.
Mais Nina le sait. Quelque chose cloche.
Un étage qui n’existe pas.
Une porte qui ne devrait pas être là.
Un couloir oublié qui attend qu’on le retrouve.
Et maintenant… vous l’avez vu aussi.
Une impression étrange ? Un frisson ?
Vos ressentis m’intéressent !
Dites-moi ce que vous ressentez en découvrant cette histoire.

Le Chapitre 1 – Une Disparition Impossible est déjà disponible.
Mais prenez garde… Certains endroits ne vous laissent jamais repartir.

Paris, 2025.

Spécialiste de la restauration de bâtiments historiques, Nina avait appris à lire les murs, à en extraire les histoires oubliées. Mais certains mystères, une fois mis au jour, ne se laissaient pas refermer.

L’appartement était un rêve, un haussmannien spacieux du 7ᵉ arrondissement, avec ses moulures élégantes, son parquet en chêne ciré et sa vue imprenable sur la Seine. Un bijou rare, une chance inespérée. Trop belle pour être vraie ? Nina et Julien n’avaient pas hésité une seconde avant de signer.

Dès leur installation, cependant, quelque chose l’avait intriguée. Une impression diffuse, un souffle imperceptible, un murmure insidieux glissant sous la peau. Par moments, un léger écho surgissait dans les couloirs, non pas comme un bruit naturel, mais comme un reflet d’autre chose. Et parfois, il y avait ce silence absolu, un vide sonore si anormal qu’il donnait l’impression que l’immeuble retenait son souffle. Comme s’il écoutait.

Mais un détail architectural impossible la hantait plus que tout.

Lors de la visite, elle avait minutieusement étudié les plans d’origine : l’immeuble comptait cinq étages. Pourtant, sur place, l’ascenseur passait directement du 4ᵉ au 6ᵉ. Pas de bouton “5”, pas la moindre porte dans l’escalier. Depuis la rue, aucune fenêtre supplémentaire ne laissait deviner un espace dissimulé entre ces niveaux. Comme s’il n’avait jamais été conçu.

Troublée, Nina avait interrogé la concierge.

— Il n’y a jamais eu de cinquième étage ici, mademoiselle. Oubliez cette histoire.

La vieille femme s’était crispée, détournant le regard, ses doigts se tordant sur le trousseau de clés qu’elle serrait dans sa paume. Tout, dans son attitude, trahissait son envie pressante de mettre fin à cette conversation.

Julien, lui, s’était contenté de rire.

— Tu es toujours en train de chercher des mystères ! C’est sûrement une simple erreur dans les archives.

Mais plus elle fouillait, plus les anomalies se multipliaient. Jusqu’en 1954, l’étage figurait bien dans les documents cadastraux. Puis, plus rien. Son existence semblait avoir été méthodiquement effacée.

Un soir, après un dîner en ville, ils rentrèrent tard. L’immeuble baignait dans un silence étrange, trop profond, trop dense. Une tension invisible pesait dans l’air, une attente muette, comme si l’espace retenait son souffle.

Ils pénétrèrent dans l’ascenseur. La cabine démarra. Puis, sans avertissement, elle s’arrêta net dans un grincement sinistre.

Les lumières clignotèrent, projetant des ombres mouvantes sur les parois métalliques. Un courant d’air glacial s’infiltra dans l’espace exigu, charriant une sensation oppressante, comme si une présence venait de s’immiscer avec eux.

Puis, contre toute logique, les portes s’ouvrirent.

Devant eux s’étirait un couloir plongé dans une obscurité trouble, bordé de portes anciennes aux poignées ternies par le temps. Un corridor oublié, figé dans une époque révolue.

Une odeur indéfinissable flottait dans l’air : vieux papier, bois humide… et autre chose. Un relent métallique, rance, imprégné d’un passé qui refusait de s’éteindre.

— Julien… Tu vois ce que je vois ?

Il acquiesça lentement, sa mâchoire crispée. Aucun d’eux ne parlait, mais ils savaient. Ils savaient tous les deux.

Ils étaient face au cinquième étage.

Julien s’avança prudemment, puis s’immobilisa, comme s’il venait de percevoir quelque chose. Ses épaules se tendirent imperceptiblement.

— Tu ressens ça ? demanda-t-il d’une voix plus basse que d’habitude.

Elle ouvrit la bouche, mais aucun mot ne sortit. Elle sentait la même chose.

L’air était plus dense, presque tangible. Devant eux, le couloir paraissait trop long, trop profond, comme s’il menait à un endroit qui ne devrait pas exister. L’espace lui-même paraissait… distordu, les murs semblant vibrer sous un voile invisible, comme une image trop longtemps figée qui hésitait à reprendre vie.

Julien déglutit et observa les ombres indéfinissables qui rampaient le long des murs.

— Juste un coup d’œil, Nina. Je reviens tout de suite.

Un frisson parcourut son dos. Une sensation primitivement dérangeante, une impression d’être observé de l’intérieur.

Nina le vit inspirer lentement, comme pour s’ancrer. Une fraction de seconde, il hésita.

Elle fit un pas en avant pour le retenir, mais son regard se figea sur le sol poussiéreux.

Une ombre venait d’apparaître.

Elle s’étirait juste devant Julien, projetée sur le parquet terni du couloir. Mais il n’y avait rien, personne derrière lui pour l’engendrer. Aucun angle, aucune lumière ne justifiait cette présence mouvante. Une silhouette trouble, informe… qui ne correspondait à rien.

Un grondement enfla dans les murs, une fréquence trop basse pour être captée par l’oreille humaine, mais que Nina ressentit dans ses os, comme un signal archaïque réveillant quelque chose d’oublié.

— Julien, attends…

Mais avant qu’elle ne puisse l’arrêter, il avait franchi le seuil.

Les portes de l’ascenseur claquèrent avec une brutalité mécanique, un claquement sec et définitif, comme une mâchoire d’acier refermant son piège.

En un instant, le silence figea tout. Comme une pause dans le réel. Ses pensées peinaient à comprendre ce qu’elle venait de voir. L’ascenseur… fermé. Julien… derrière. Derrière quoi ? Il ne devait pas y avoir de derrière. Pas d’espace. Pas d’étage.

Et pourtant, il y était. Une fraction de seconde plus tôt, il était là.

Mais plus maintenant.

Nina hurla, tambourina contre le métal froid, ses ongles raclant la paroi sans même qu’elle en ait conscience. Son souffle s’étrangla dans sa gorge, incapable de croire ce qu’elle voyait.

L’ascenseur redémarra seul, entamant une ascension implacable vers le sixième étage.

Quand les portes s’ouvrirent, elle jaillit hors de la cabine, le cœur battant à tout rompre, et s’élança vers l’escalier.

Julien. Il fallait qu’elle le retrouve.

Elle descendit les marches à toute vitesse, son souffle court, comptant mentalement les paliers.

Six… Cinq…

Non.

Il n’y avait pas de cinq.

Pas de sol. Pas de vide. Pas même un interstice.

Juste du néant. Une absence pure, sans contours, sans limites.

Son regard glissait dessus comme sur du vide liquide, incapable de s’y accrocher.

Elle cligna des yeux. Encore. Mais rien ne bougea. Son regard glissait sur ce vide comme sur un mirage figé, un faux reflet dans un miroir brisé. Une absence si parfaite qu’elle en devenait presque palpable.

Elle avait beau respirer, l’air ne lui semblait plus réel.

Elle s’arrêta net.

Mais… où était-elle ?

Le vide.

Pas un mur. Pas une porte. Même pas un espace obstrué.

Un néant complet, comme si ses yeux glissaient sur une absence pure.

Comme si le cinquième étage n’avait jamais existé.

Un frisson glacial la parcourut.

Elle fit un pas en avant, tendit la main…

Et sa paume ne rencontra que l’air.

Elle balaya l’espace devant elle. Rien.

C’était impossible.

Il aurait dû y avoir quelque chose.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine.

Elle recula d’un pas, incapable d’accepter l’évidence.

Non. Ce n’était pas possible. Elle avait forcément raté quelque chose.

Son cerveau refusait d’admettre l’absence.

Une main tremblante sur son front, l’autre agrippée à la rambarde, comme si le monde vacillait sous ses pieds.

Son souffle était saccadé, trop court, comme si l’air lui-même s’amenuisait autour d’elle.

Ses pensées tournaient en boucle, comme une aiguille rayant un disque. Julien. L’ascenseur. Le couloir. Le 5e étage. Julien. L’ascenseur.

Elle allait devenir folle.

Elle se retourna brusquement, gravit les marches jusqu’au sixième étage, redescendit aussitôt, vérifia de nouveau.

Six… Quatre.

Elle ferma les yeux un instant, le souffle coupé.

Là où Julien avait disparu, il ne restait rien.

Pas même une trace.

Pas même un souvenir tangible de l’endroit où il s’était tenu.

Un silence absolu. Oppressant. Comme si l’univers venait de corriger une erreur.

Puis, très doucement, quelque chose effleura l’air à côté d’elle.

Un murmure effleura son oreille, glacial, irréel. Pas un mot. Pas un son distinct. Plutôt une présence. Comme si quelque chose, là-bas, à la lisière du néant, l’appelait sans pouvoir franchir la frontière invisible.Un souffle. Une bribe de voix, perdue entre les dimensions.

Une sensation fugace, irréelle.

Comme si quelque chose d’invisible se souvenait encore de lui.

Son nom. Julien. Il était là, gravé en elle, aussi réel que l’air qu’elle respirait.

Mais alors… où était-il ?

Julien avait disparu.

Englouti par l’inexpliqué.

Et quelque part, dans ce néant… il était peut-être encore là.

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Neptoposide
Posté le 28/02/2025
Bonjour,

Ce prologue m’a captivé, et je suis curieux de connaître la suite. J’ai tout de même une question. Le fait que l’étage ait disparu du plan cadastral est en effet intrigant, mais vous n’abordez pas, dans le prologue, le constat visuel du bâtiment, ce que je trouve regrettable. Le nombre d’étages du bâtiment est visible depuis la rue ; il suffit de se tenir devant et de compter.

J’aime beaucoup l’idée ainsi que la manière dont vous le racontez, mais il me semble qu’il manque une explication pour que je me sente complètement immergé dans l’histoire. J’ai essayé de trouver une idée ésotérique ou surnaturelle à vous proposer, mais je n’en trouve pas. Peut-être que cette explication vient plus tard ; dans ce cas, ne tenez pas compte de ce message.

Merci pour ce partage et cette lecture très agréable.
David.J
Posté le 28/02/2025
Merci pour votre retour et votre analyse détaillée ! Vous soulevez un point intéressant, et effectivement, l’absence d’un étage visible est un élément central du mystère. J’évoque bien cette impossibilité architecturale dans le prologue, notamment en précisant que depuis la rue, aucune fenêtre supplémentaire ne trahit l’existence d’un niveau caché. Mais qui sait ? Peut-être que ce mystère trouvera une explication plus tard… :)
Neptoposide
Posté le 01/03/2025
Parfait hâte de découvrir la suite 👍
Fidelis
Posté le 19/02/2025
Ah, c'est une histoire terminée, une légende urbaine, j'aime bien, le sujet est bien trouvé, et y a matière à faire durer quelques chapitre de plus.

Super idée, bon au niveau de l'écriture y a des bricoles à revoir, mais ça viendra en écrivant, on est tous à la même enseigne, j'ai relevé juste un détail qui pique un peu, un redite, un oubli....

Langlois ajuste minutieusement. L’immeuble est silencieux à cette heure de la nuit, mais l’électricité vibre dans l’air, amplifiée par le générateur que Langlois ajuste minutieusement.

Je suis pas sur au début, Nina et Langlois se vouvoyez ensuite ils se tutoient, c'est fait exprès ?

Il y a peut être une linéarité un peu gênante, dans le sens ou tout se passe trop bien, mais ça évoluera avec ta plume je pense et assez vite vu les idées que tu as, bien joué, on se prend à l'histoire et elle nous mène.
David.J
Posté le 19/02/2025
Merci beaucoup pour ton retour ! Je suis ravi que l’histoire t’ait plu et que le concept t’ait accroché. Effectivement, il y aurait matière à creuser davantage et à développer certains aspects sur plusieurs chapitres.

Merci aussi pour tes remarques sur l’écriture, ça m’aide beaucoup ! La redite et l’oubli m’avaient échappé, je vais les corriger. Pour le vouvoiement/tutoiement, c’était une hésitation, mais je vais clarifier ça pour éviter toute incohérence.

Quant à la linéarité, c’est un super point, je vais essayer d’apporter plus de tension et de rebondissements pour éviter que tout se déroule trop facilement. Encore merci pour ton retour constructif, ça motive à peaufiner la plume et à faire évoluer l’histoire !
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