— Tu te fous de moi ?! s'écria Blue dont le regard étincelait de colère.
Elle tenait dans sa main la liste du matériel nécessaire, en secouant la tête de gauche à droite faisant virevolter sa longue chevelure blond platine. Scott, qui devait s'occuper des livraisons, avait reçu l'appel de l'un de ses fournisseurs un peu plus tôt, et il s'avérait qu'il ne serait pas possible de se faire placer la batterie comme convenu. À cause de la tempête de neige qui frappait, les routes étaient trop enneigées et la circulation bloquée.
— J'y peux rien ! se défendit-il en levant les mains en l'air, ouvrant ses grands yeux bleus pâle en amande. Y a pas écrit sur mon front «Bouc-Émissaire de Blue Swan dès que quelque chose tourne mal », je suis pas sorti tout nu de chez moi en pleine nuit pour faire un rite vaudou et demander une tempête le jour de notre concert.
Blue balança ses mains vers le haut, scandalisée.
— Non, mais t'aurais au moins pu prévoir un plan B. On s'en sort comment ? On se fabrique une batterie ? On est un groupe de Rock, et on joue du Rock'n'Roll, et du Rock'n'Roll sans batterie c'est...
—... Quand même du Rock'n'Roll ? tentai-je.
Blue me fusilla de son regard ardoise tandis que Scott pouffait.
—Allez, lui dis-je. C'est pas si grave, et on peut se trouver une batterie juste pour cette fois, on a... (je regardai mon téléphone) une heure devant nous.
Elle s'assit sur une caisse et ouvrit une canette de Coca Cherry avant d'en prendre une gorgée.
—Notre concert est à vingt-trois heures, on ne trouvera personne, et encore moins quelqu'un qui puisse rentrer chez lui et nous ramener une batterie en à peine une heure.
Je jetai un regard à Scott qui me regardait en biais. Puis il se lança.
— Je crois que je connais quelqu'un.
Blue leva les yeux vers lui.
— T'es sérieux ?
— Ouais, il est venu avec des amis, je sais qu'il jouait avant, il était hyper doué, et je le crois assez cool pour lever son cul et aller nous en chercher une.
— OK, répondit-elle en se relevant, Je viens avec toi. Mais si ton plan foire (elle se rapprocha de lui et pointa son doigt sur son torse) tu me le paieras très cher.
— Oui Madame, répondit-il en déglutissant tandis que Blue quittait les coulisses. On se voit tout à l'heure si je survis à sa crise de nerfs. Et ça va être compliqué, ajouta-t-il.
Je secouai la tête en reprenant la canette que Blue avait lâchement abandonnée et la levai.
— Je boirai tout en partageant ta souffrance.
— Bois pas trop quand même, Amy, dit-il en pointant les WC du menton alors que je secouai la tête avant qu'il ne s'en aille.
Au moment où il quitta la pièce je décidai d'observer la foule par l'entrouverture du rideau de la pièce adjacente. La salle était bondée, et je commençais à comprendre la détresse de Blue – Son vrai prénom était Bleunwenn, mais elle le trouvait long et compliqué à prononcer, toute cette foule devait la faire paniquer. J'aperçus du coin de l'œil un distributeur et décidai d'aller me prendre quelque chose à grignoter, mais lorsque je me retournai, je me cognai à quelqu'un qui continua sa route sans s'arrêter.
— Eh ! m'écrirai-je. Tu peux pas regarder où tu vas ?
Il se tourna d'abord lentement par curiosité, puis lorsqu'il comprit que c'était à lui que je m'adressais, il fronça les sourcils. C'était un grand brun aux yeux verts mais qui n'avait absolument pas l'air commode.
— Tu m'as parlé ?
— Tu vois quelqu'un d'autre ?
Il ne répondit rien et se contenta de me fixer.
— Qu'est ce que tu fais là ? Cet endroit n'est pas réservé au public.
Une fois encore il resta plusieurs secondes avant de répondre :
— Ouais, t'as raison, je m'en vais.
Puis il continua sa route comme si de rien n'était. J'en étais sidérée. Nous allions devoir revoir l'accessibilité, si d'autres incidents de ce genre se reproduisaient, cela pourrait nous causer des problèmes. Après tout s'il avait été capable d'entrer dans les loges, tout le monde pouvait le faire.
Je soupirai tout en me rongeant nerveusement l'ongle, me demandant si je devais le suivre pour lui demander comment il était entré et le chasser ou non. Ce n'était pas dans mes habitudes de prendre les devants et de chercher les conflits mais...
— Eh puis merde ! m'exclamai-je en trottinant derrière lui et de le voir sortir par la porte de secours.
Celle-ci était grande ouverte, et juste avant qu'elle ne se referme, j'eus le temps de la bloquer. À travers l'entrebâillement je le vis rejoindre un homme et une femme, ils étaient plutôt loin mais j'arrivai à entendre ce qu'ils disaient.
—Rien, dit-le brun que j'avais rencontré.
— Tu en es sûr ? Kyle nous a conduit jusqu'ici, tu as dû le louper, lui répondit la jolie brune.
— Ou peut-être était-il indétectable, ajouta l'autre garçon.
Il me sembla que le brun haussa les épaules avant de répondre :
— Je l'ai senti pendant une fraction de seconde dans les loges de ce guêpier (il marqua une pause) puis plus rien.
— On devrait y retourner, suggéra la fille. On y est presque.
— Ce n'est pas une bonne idée, on devrait rentrer.
— Il a raison, et puis on pourra toujours revenir demain quand il y aura moins de monde.
La fille soupira, prête à en débattre quand quelqu'un me surprit par derrière. Je réussis à étouffer un cri en faisant face à des yeux bleus narquois.
— T'en fais une tête, le stress te bouffe ?
— Bon sang Daryl, qu'est-ce-que tu fais là ? T'as pas le droit d'entrer ici, je te l'ai déjà dit !
Mon frère souffla en courbant son large dos, rejetant ses cheveux bruns en arrière.
— Ça va, c'est pas comme si c'était un tombeau interdit. Et heureusement d'ailleurs, parce que tout le monde pourrait y entrer, et ça gâcherait le plaisir.
Je le poussai en avant après un dernier coup d'œil à la porte.
— Par où est-ce-que tu es entré ? demandai-je.
— C'était ouvert, répondit-il du tac au tac.
— Aucune action surnaturelle ? insistai-je.
— Non ! s'offusqua-t-il presque. Pour qui tu me prends ?!
— D'accord, d'accord ! Détends-toi ! J'essaie juste de m'assurer que mon adorable petit frère ne fasse pas de bêtises, le taquinai-je.
— Ton adorable petit frère te rappelle qu'il a seulement un an de moins que toi et qu'il a la capacité physique et mentale de t'en foutre une, ce qui ne serait pas malin pour toi puisque tu as un concert dans moins d'une heure.
— En parlant de ça, ça risque d'être difficile de le faire sans batteur, l'informai-je. J'espère que Blue et Scott s'en sortent et qu'ils l'ont trouvé, murmurai-je.
Finalement, Scott trouva une batterie chez son « ami » Matt. Blue était soulagée mais étant la batteuse, elle craignait de ne pas pouvoir se familiariser avec l'instrument : « Elle est réglée une octave en dessous, c'est n'importe quoi ! » dit-elle. Quoi qu'il en soit, le concert se déroula sans accrocs. Derek nous aida à ranger le matériel, et vers quatre heures et demi, nous quittâmes la salle des festivités.
Scott et Blue s'en allèrent de leur côté après avoir tenté de leur parler de l'incident qui s'était produit plus tôt avec l'étrange garçon. Ils avaient jugé plus judicieux d'en reparler plus tard.
— Bon, me dit mon frère. Prête ?
Nous devions recevoir l'Inquisiteur, quelqu'un de soit disant très important d'après nos parents. Nos «activités» n'avaient pas échappé à Haidam, une communauté de sorciers qui veillaient sur le monde du vivant.
D'après ma mère, sa visite ne pouvait pas être si terrible. Elle pensait même qu'il nous féliciterait «Avec les formes tu crois ? » suggéra ironiquement Daryl avec indécence, ce qui lui valu les foudres de mon père.
— Ouais (Je haussai les épaules) On n'a rien à se reprocher après tout. À part l'usage de notre "magie" non déclarée, avec les incidents qui vont avec...
— Ouais, après tout le texte de loi n'est qu'un livre.
— Et la mort, qu'un sommeil. L'exécution serait pas si terrible.
Il acquiesça du regard.
— On a quand même aidé beaucoup de monde avec nos pouvoirs, ce n'est pas comme si on les avait utilisé à mauvais escient, dis-je.
— C'est sûr, mais comme les hauts placés ont un balais dans le cul, ils nous pisseront certainement à la gueule dès qu'on ouvrira la bouche pour s'expliquer.
— Arrête un peu, le sermonnai-je. Ce ne sont pas des tyrans.
— Non, m'accorda-t-il. Juste des fils de...
— OK, bon, le coupai-je. Tu te sens vraiment obligé de balancer autant de vacheries à la seconde ?
Il bailla, ce qui prouva l'intérêt qu'il me portait à cet instant précis.
— Le tigre a ses rayures, et moi j'ai les injures.
—D'accord le prédateur injurieux. Je te conseille de réfléchir à comment te sortir de ce guêpier au lieu de constamment mettre à jour ton vocabulaire puéril.
Il roula des yeux en me donnant une tape sur l'épaule à laquelle je répondis avec un rire suraigu lorsqu'il essaya de me chatouiller.
Marcher la nuit m'a toujours fait beaucoup de bien, surtout à cette heure-ci. Je ne sais pas si c'était dû à l'air frais ou aux rues vides, mais c'était plaisant.
En arrivant devant chez nous, une maison dans un des quartiers de Los Angeles, je vis les lumières de chez nous éteintes. Ce qui était bizarre compte tenu du fait que nos parents nous attendaient et que nous étions sensés recevoir un invité de marque.
Je consultai mon frère du regard qui me fit comprendre d'un des ses gestes significatifs que quelque chose clochait.
On s'approcha de notre maison et on remarqua que la porte de cette dernière était ouverte. Daryl la poussa doucement, moi sur les talons, en scrutant l'intérieur. Il m'indiqua qu'il n'y avait rien et alluma la lumière.
— Papa ? Maman ? appelai-je.
— Les fossiles de l'aire jurassique ? (je lui lançai un regard noir auquel il répondit par un soupir) Les parents ?
Aucune réponse ne nous parvint.
— Ils sont peut-être allés picoler avec notre ami, l'huissier magique, proposa-t-il.
— Ça m'étonnerait. Tout le monde n'agit pas comme toi, frangin. (j'étais sur le point de monter à l'étage quand l'évidence me frappa. Je frappai mon poing sur le plat de ma main) Je sais peut-être où ils sont.
— Ah ? répondit mon frère d'un ton las en lisant une lettre accrochée au frigo. Ils sont sortis avec le messie parce qu'on prenait trop de temps comme je le disais (il leva les yeux vers moi) mais je t'écoute.
— J'allais juste dire s'il étaient au Sky. Mais je suppose que ça revient au même, répondis-je en me laissant tomber sur les marches d'escaliers.
— Je comprendrais jamais ce que ce bar a de si extraordinaire... (il ouvrit le frigo pour en sortir une canette de Pepsi) On attend sagement notre sort alors ? dit-il en ouvrant la canette.
— Je te l'ai dit, c'est peut-être rien (je déverrouillai mon téléphone et balayai mes mails). Et sinon, notre concert, ç'a été ?
Du coin de l'œil, je vis Daryl s'adosser contre le mur.
— Tu me demandes ça après chaque concert, alors que vous faites constamment la même chose. Et je te réponds toujours par l'affirmative. Tu t'attends à ce que je change d'avis à propos de votre non-innovation ?
— Arrête, on essaie de varier notre répertoire musical, c'est pour ça que je te pose tout le temps la question.
— Bah voyons ! Plagier constamment Skillet c'est pas ce que j'appelle un grand changement,
Je lui jetai un regard furtif.
— Skillet est un peu notre —
— ... Modèle, héros, seigneur et maître. Bla-bla-bla..., me coupa-t-il.
Je roulai des yeux avant d'entendre la porte d'entrée s'ouvrir. Je m'empressai de me lever et Daryl se dépêcha de boire et de jeter sa canette.
Il vint se mettre à côté de moi, feignant l'indifférence, tandis que les invités entraient.
Ma mère entra en premier, riant à gorge déployée en tenant un bout de papier à la main, suivie par mon père, plus réservé, qui se contentait de lui taper l'épaule. Puis l'invité d'honneur entra, suivant l'hilarité de ma mère.
En entrant, ils ne firent pas tout de suite attention à nous. Aussi perplexe que moi, mon frère me regardait sans comprendre en assistant à cette crise de rire sans précédent.
Puis ma mère finit par nous voir et s'adressa à nous.
— Amy, Daryl ! Excusez-nous pour l'attente, mais avec Noah et Mike nous n'avons pas vu le temps passer et... bref ! dit-elle en signifiant d'un geste de la main que cela importait peu.
— Noah ? Sérieusement ? me chuchota mon frère.
— Voici Noah Underworld, poursuivit mon père en lançant un regard complice à ma mère. Votre nouveau tuteur.
— Il veillera à ce que tout se passe bien pour vous à l'académie, poursuivit-elle. Et je sais que vous ne ferez pas de vagues.
Il me semblait avoir entendu Daryl murmurer un «L'enfant de pute » mais je ne pense pas qu'il était destiné à quelqu'un en particulier. Pour ma part, un sourire de circonstances (peut-être un peu effrayant et conventionnel) se dessina sur mon visage pendant que je les regardais tous les trois à tour de rôle.
j'aime beaucoup ton approche pour débuter ton livre. je trouve que tes dialogue sont très réussis !
j'apprécie aussi beaucoup l'univers des sorciers et de la magie ! j'ai vraiment hâte de lire la suite !
good luck !
Bienvenue sur PA !! Ça me fait super plaisir que la cover t'ait plue :)
Oh merci beaucoup ! Le début de l'histoire était du feeling total, haha. Comme quoi, parfois, faut pas se prendre la tête !
J'espère que la suite te plaira :D
À + ♥
Ils ont chacun une personnalité bien distincte, et c'est très accorcheur !
Bon courage pour la suite !
— Coyote
Merci beaucoup !
J'ai posté The Black Shadow sur PA par curiosité, du coup je suis toujours surprise quand je vois que c'est l'histoire qui est la plus appréciée parmi les 3 que j'ai publiées haha !
J'espère que la suite te plaira ♥
En tout cas merci encore, je suis contente de voir que cette histoire plait encore. Ça me motivera très certainement à la reprendre (sachant que la trame et les brouillons de chapitres sont déjà prêts !)
Ensuite j'ai trouve lé résumé très accrocheur peut être je n'emploierais pas le terme " un camp de concentration". C'est peut être un peu trop connoté surtout si après tu parles de camp de redressement.
Ce premier chapitre est pétillant comme Blue ! On voit qu'elle a du caractère et j'ai hâte de découvrir ses aventures. En plus j'adore Skillet ;)
Après j'ai noté que tu parlais à la première personne en étant Blue tout le long mais parfois tu repasses à la troisième personne.
Finalement, Scott trouva une batterie chez son « ami » Matt. Blue était soulagée mais étant la batteuse, elle craignait de ne pas pouvoir se familiariser avec l'instrument : « Elle est réglée une octave en dessous, c'est n'importe quoi ! » dit-elle. Quoi qu'il en soit, le concert se déroula sans accrocs. Derek nous aida à ranger le matériel, et vers quatre heures et demi, nous quittâmes la salle des festivités.
J'ai trouvé l'image sur Pinterest et j'ai ensuite fait quelques modifications (contraste, luminosité...etc.)
Effectivement, je devrais peut-être changer le terme "concentration", tu as totalement raison !
Oh, alors à ce sujet : Blue n'est pas le personnage principal, c'est pourquoi je parle d'elle à la troisième personne.
Ce qui t'a induit en erreur est peut-être la première réplique :
"— Tu te fous de moi ?! s'écria Blue dont le regard étincelait de colère."
...qui a dû, au premier regard, te faire penser que l'histoire était à la troisième personne.
Mais c'est sans doute ma faute pour ne pas avoir fait parler le personnage plus tôt. Puisqu'en suite je dis :
"—... Quand même du Rock'n'Roll ? tentai-je.
Blue me fusilla de son regard ardoise tandis que Scott pouffait."
J'espère que c'est un peu plus clair ! Désolée pour ça, haha !
J'ai eu une lecture agréable et fluide, j'ai beaucoup apprécié les dialogues qui sonnent percutant et vivant. L'action est rapide avec peu de description. J'aime beaucoup la complicité de la sœur et du frère. Bref une bon chapitre pour entrer dans le vif du sujet.
J'aurais aimé, d'un point de vue perso, un peu plus de description au niveau des personnages principaux, je n'ai pas encore une image mental d'eux bien défini.
Deux petites erreurs que j'ai vu au passage, après j'ai pas vraiment fait attention aux fautes :
- un tiret qui est mal passé sur la phrase "Ou peut-être était-il indétectable, ajouta l'autre garçon."
- "poign"
Je suivrais la sortie du prochain chapitre. Bonne continuation.
Merci beaucoup pour ton commentaire !
Je suis contente que ce prologue t’ait plu. Je t’avoue que je l’ai écris sur un coup de tête pendant un moment d’inspiration, haha !
Effectivement, tu as raison pour les fautes, je viens de corriger ça, merci !
J’ai écris ce chapitre il y a plusieurs années alors je t’avoue que je le redécouvre, haha ! Et en effet, je ne décris pas énormément les protagonistes. Il me semble que le prochain chapitre rectifie cet aspect. Je le relirai avant de le publier cette fois, et s’il y a lieu, j’apporterai les modifications nécessaires.
J’espère que la suite te plaira :)
À la prochaine !