⁃ Comment vas-tu ?
⁃ J’ai le cœur en vrac, la tête prête à exploser.
Tu sais, ça défile à une vitesse folle la dedans, c’est bancal, maladroit, en désordre, toujours à côté de la plaque, un tumulte immense, une cacophonie.
J’aimerais tout prendre, tout ranger dans une boîte, tout balancer. Mais ça reste là c’est obligé. C’est bloqué. Ça m’empêche d’avancer.
Alors j’essaie d’ignorer, de refouler, de l’enfermer dans un coin de ma tête, mais ça revient. Toujours. Comme un boomerang.
Les gens bien dans leur tête ne voient pas ceux qui en ont trop dedans.
Ils ne se demandent pas si on est fragiles.
Ils n’imaginent pas le vacarme qu’on porte en nous, les pensées qui tournent en boucle toute la journée, comme une mélodie qu’on voudrait juste faire taire.
Alors on fait semblant. Toujours.
Mais je vois bien leurs regards.
Et moi, j’ai l’impression de rétrécir.
De devenir minuscule.
Une fourmi qu’on écrase sans même la voir.
(Pause. Respiration.)
⁃ Je vais bien, et toi ?
Ton retour me motive beaucoup, je te remercie !