V. La requête

Par Eldien

Carssa fut réveillée par les rayons chauds d’un soleil déjà proche de son zénith. Lâchant un juron, elle se leva et entreprît de s’habiller en quatrième vitesse, prenant toutefois le temps de faire une série d’étirements à la sortie du lit pour délier ses muscles encore endoloris par son voyage. 

Pour se réveiller totalement, la jeune femme s’aspergea le visage de l’eau que l’aubergiste avait laissée pour elle dans un petite cuve de métal trônant devant le miroir de cuivre poli. Le regard de la femme qu’il réfléchissait lui était presque étranger après tant de temps passé sur la route, loin de toute civilisation. 

Elle remarqua que ses cheveux avaient poussés et atteignaient maintenant la ligne de ses épaules, encadrant un visage fin de longue mèches d’un gris presque blanc. 

Ses lèvres fines, tout comme ses joues creusées, portaient les marques du trajet difficile qu’elle avait vécu. Ses pommettes dures accentuaient encore davantage la sévérité du regard fatigué que son reflet lui rendait. Le tourisme n’était vraiment pas une activité à pratiquer pour se détendre, constata-elle en lâchant un petit soupir. 

 La jeune femme avait toujours eu un regard sévère qu’elle avait appris à apprécier. L’air dur qu’elle se donnait lui avait servi maintes et maintes fois. Les voyageurs solitaires étaient rares, quelle que soit la région, les rumeurs allaient bon train lorsqu’elle arrivait quelque part et cultiver cet aura de femme mystérieuse et dangereuse était une nécessité qu’elle avait vite été contrainte d’adopter. De plus, il était très plaisant de voir l’air décontenancé des curieux lorsqu’elle répondait, acerbe, à leurs questions malvenues. Certains la considéraient comme désagréable et elle avait appris à s’en satisfaire. Leur opinion n’était qu’une protection supplémentaire face à tout intérêt qui aurait tôt fait de la mettre en danger. 

Elle nettoya la blessure de la veille avec l’efficacité découlant de l’habitude, rassurée de voir que la plaie était assez peu profonde. Seule une légère pulsation au crâne lui rappelait le bref combat. 

Une fois habillée et rafraîchie, la jeune femme partit prendre place dans la salle commune de l’auberge. Elle avait besoin d’un petit-déjeuner copieux.  

 

L’ambiance de la salle était radicalement différente de l’air de fête de la veille. La plupart des tables étaient vides et l’odeur de bière et de ragoût avait été remplacée par la douceur du mobilier fraîchement lavé. Carssa prit place au comptoir et demanda au tenancier un repas, ravie de découvrir que le comptoir ne collait plus. 

 Le vieil homme souriant lui servit un bol de la soupe chauffant derrière lui qu’elle accepta avec gratitude : 

 - Cadeau de la maison ! Pour vous remercier de ce que vous avez fait hier. Ça fait des lustres qu’ils embêtent la clientèle et que personne ne peut rien faire. Vous nous avez sorti une bien belle épine du pied  ! 

- Ce n’est rien, j’ai juste horreur d’être dérangée après un long voyage, répondit-elle en remuant sa cuillère dans sa soupe trop chaude sans trop y prêter attention. 

- Et vous venez d’où, si je puis me permettre ? 

La jeune femme s’interrompit soudainement et prit un instant pour jauger l’homme. 

 L’aubergiste n’avait absolument rien de menaçant. Son ventre proéminent pointait sous son tablier sale, attirail classique d’un homme de sa profession. Ses cheveux roux étaient coupés courts sur son crâne légèrement dégarni et un semblant de barbe lui mangeait le visage. Celui-ci, un peu rond et rougeot, inspirait confiance comme l’aurait fait celui d’un vieil oncle amical s’inquiétant pour un membre de sa famille. Son apparence était l’image même d’un tenancier de sa stature. C’était a se demander si sa bonhomie l’avait destinée à ce métier ou si elle était une conséquence de son expérience.

- Je suis venue tout droit de Paesca, finit par répondre la jeune femme lorsqu’elle se rendit compte qu’elle le dévisageait depuis un bon moment.  

L’homme siffla admirativement. 

- Le pays des fleuves miroirs ! Ça en fait une sacrée trotte ! Et vous n’avez eu aucun souci avec les Écorceurs sur la route ? Moi j’ose pas bouger de cette ville sans la moindre escorte, et même si beaucoup aiment fanfaronner en disant qu’ils pourraient faire la route jusqu’aux contrées voisines, peu auraient le courage de vous imiter.

- Je sais me défendre, éluda-t-elle en attrapant inconsciemment le pendentif au bout duquel se balançait un cristal brillant d’une douce lumière rouge autour de son cou. 

L’aubergiste se tut un instant, lustrant un verre d’étain tout en la jaugeant du regard. 

- Ouais, enfin cristal ou pas, il y en a plus d’un qui a disparu sur la route menant à notre chère Tredor. Chaque jour qui passe voit les Écorceurs s’amasser plus nombreux à la lisière de la forêt. Ils n’ont toujours pas l’air d’avoir digéré qu’on les repousse plus loin dans leur précieuse “nature”, cracha l’aubergiste, accentuant le mot de façon grossière, le faisant sonner comme une insulte.

 Deux mille ans que le saint Baelok nous a libéré des autres races et de leur joug ! Deux mille ans que l’Homme peut manier les six pouvoirs et ces saloperies n’ont toujours pas compris qu’on ne les laisserait plus faire comme il leur plaît ! 

- Il faut dire que la forêt est maintenant une plaine de cendre. Ça me ferait mal qu’une bande de types brûlent ma maison, posent leur fesses dans mon salon pour tranquillement griller leur viande.”

 La phrase lui avait échappé avant qu’elle ne prenne le temps d’y réfléchir. Quelle idiote... 

L’homme s’était arrêté d’astiquer son verre et lui lançait maintenant un regard plus que glacial. 

- Vous semblez être une bonne fille. Vous nous avez sorti d’un sacré pétrin et j’ai une dette envers vous. Mais si vous ressortez ce genre de discours hors de mes murs, vous allez vous attirer des ennuis ma p’tite. Tout le monde n’est pas aussi ouvert d’esprit que moi... J’ai vu certains des corps qui revenaient du front. Et aucun humain ne pourrait faire ce qu’ils ont fait à ces pauvres gars. 

Levant le menton de sa soupe, Carssa planta ses yeux dans ceux de l’homme qui avait vite perdu son air d’oncle affable. 

- Je n’ai pas plus d’amour que vous pour les forces de la nature. Mais je déconseille à ceux qui viennent brûler les foyers des autres de s’en vanter devant moi, cracha-t-elle avec hargne. 

Le ton tranchant et fielleux de la femme surprit tellement le tenancier qu’il pâlit et recula d’un pas. Sans doute venait-il de se rappeler la correction qu’elle avait administrée aux trois hommes de la veille et qu’il ne la connaissait nullement. 

 

Après un instant de réflexion muette, il fit demi-tour pour s’arrêter de nouveau et sembla se questionner en se dandinant nerveusement sur place. Il se retourna soudainement, et évitant son regard, fit glisser un bout de papier plié sur le comptoirs fraîchement lustré : 

- Un gars a déposé ça pour vous. 

Sur ces mots, il disparut dans ses cuisines sans demander son reste. 

 

La jeune femme soupira. Il semblerait qu’elle ne soit plus en état de grâce dans cet établissement. 

Toi et ta grande gueule…

Après avoir englouti la fin de son repas, elle prit son sac de cuir laissant tout de même le prix du repas sur le comptoir de peur qu’il n’ait changé d’avis concernant son cadeau et ne se décide à appeler la garde pour solde impayée. Elle prit la note de papier et sortit de l’auberge avant d’insulter quelqu’un d’autre. 


 

La note lui étant destinée lui indiquait de se rendre au bureau du maître des forges. 

Malgré l’heure tardive, Carssa était impressionnée par la vitesse à laquelle le forgeron avait réussi à trouver l’auberge dans laquelle elle séjournait. Il faut dire qu’une jeune femme aux cheveux gris qui menace les bandes ne doit pas courir les rues par ici. Les Keltiens, tout particulièrement, n’avaient pas du tout l’habitude des femmes à fort caractère. Ils avaient tendance à prendre beaucoup de place sur le devant de la scène et à laisser le sexe féminin gérer les coulisses. 

Lorsqu’une femme remettait en question cet état de cause, ils avaient tendance à rapidement perdre contenance et à s’agiter. C’était d’ailleurs l’une des principales raisons pour lesquelles la jeune femme avait eu beaucoup de mal à s’intégrer pendant sa jeunesse. Carssa n’aimait pas être reléguée au second plan et appréciait énormément voir tous ces gros durs s’empourprer et perdre leurs moyens lorsqu’elle les battait, que ce soit à la course ou dans une quelconque bagarre d’enfant. 

Abattant son capuchon sur son visage, la femme se fondit dans la foule. 

La journée était déjà bien avancée et les rues qui longeaient le lac central étaient bondées. 

Au milieu de l’eau, là ou l’eau prenait une teinte rouge, s’élevait dorénavant une colonne de vapeur.

 Il lui semblait que la lumière pulsait tel le cœur d’une créature géante battant dans les profondeurs des eaux sombres. Au loin, les forges étaient toujours en marche et la fumée qu’elles crachaient couvrait le ciel d’une nappe gris sombre. Même en plein jour, les soufflets s’activaient sans cesse, rythmant la respiration d’une ville qui produisait sans arrêt. 

 

 Carssa se sentait étouffée ici… Pressée de repartir en quête d’un air plus sain, elle accéléra le pas. 

 

Elle arriva rapidement aux forges et se fit indiquer le chemin du bureau du contremaître par l’un des colosses luisant de sueur qui passait par là, portant des barres de fer de plusieurs pieds de long comme s’il ne s’agissait que de fétus de paille. 

Elle arriva rapidement au pied du seul bâtiment fermé que les forges comprenaient. La jeune femme prit un instant pour se recomposer et, toquant à la porte, elle entra. 

 

Margor était assis à un bureau qui semblait minuscule comparé à sa corpulence extraordinaire. On aurait dit un homme adulte assis à une table d’enfant. Il leva la tête et un léger sourire se dessina sur son visage. 

 

« Carssa ! Assieds toi, je t’attendais. » 

Un homme à longue queue de cheval, vêtu d’un large tablier de cuir qu’elle n’avait pas remarqué en entrant se leva de la chaise face au bureau. Il lui fit un léger signe de sa tête constellée de taches de suie. 

« Herdot est un de mes hommes et fait partie des meilleurs forgerons de la ville. C’est lui qui m’a prévenu de notre... Souci. » 

Les mains dans le dos, le forgeron semblait mal à l’aise dans un bureau. À moins que ça ne soit la conversation qui lui déplaise, pensa la jeune femme. 

Sans lui laisser le temps de s’installer, Margor enchaîna : 

- Nous avons eu des disparitions. Il semblerait que l’équipe envoyée aux égouts pour gérer l’écoulement des eaux usées ne soit pas revenue depuis deux jours. 

- Et vous n’avez rien trouvé de mieux qu’une femme tout juste arrivée pour retrouver des ouvriers étourdis, lança-elle avec un sourire cynique. 

Le forgeron debout s’empourpra. 

- Mes hommes sont les meilleurs du royaume ! Ce ne sont pas le genre de gars à se perdre dans nos égouts, aussi labyrinthiques soient-ils ! 

- Dans ce cas, pourquoi ne pas aller les chercher vous même ? 

L’homme la regarda bouche bée quelques instants. Il se reprit et répondit rapidement d’un ton pompeux. 

« J’ai des équipes à gérer Mademoiselle, et je n’ai le temps de me séparer d’aucun de mes hommes ! »

L’homme au tablier se justifiait comme un enfant qu’on avait traité de trouillard après avoir refusé un gage stupide. 

« D’ailleurs, si vous le permettez je vais les rejoindre immédiatement, les soldats du front attendent la prochaine livraison d’armes et c’est pas ces mâche-racine qui leur laisseraient une journée de paix. » 

Sans attendre de validation de la part de son chef, l’homme sortit du bureau comme s’il avait le diable aux fesses. 

Surprise de la réaction extrême du forgeron, Carssa lança un regard interrogateur au géant qui avait la tête enfoncé dans une de ses mains immenses. 

« Je sais ce que tu vas dire... Mais la situation est plus compliquée que tu ne le penses. » 

Il se leva et alla servir deux verres d’eau au meuble métallique posé dans un coin de la pièce.

- Les ouvriers ont peur.

- Comment ? Des Keltiens connaîtraient la peur ? Cela serait donc possible ?

Margor la fit taire d’un regard dur.

- Les ouvriers ont peur, répéta-t-il. Depuis quelques semaines, une ambiance étrange règne dans les égouts. Les hommes parlent de soupirs qui résonnent dans les couloirs, de fantômes qui rôdent, cherchant des âmes à dévorer.

- Fadaises.

- Bien sûr qu’il s’agit de fadaises ! tonna le géant. Mais je connais mes hommes. Ce sont des gars courageux qui ne chercheraient jamais d’excuses pour échapper à leur boulot. Et maintenant deux d’entre eux ont disparu et aucun ne veut être le troisième, et je ne peux pas les en blâmer.

La femme fit les cents pas dans la pièce, analysant les faits. Les Keltiens étaient connus pour être des gens bruts, n’ayant aucun attrait pour le mysticisme ou les légendes. Si les pauvres âmes qui avaient été envoyées à Tredor l’avaient sans doute été pour réparer une faute commise, ils restaient fidèles aux principes de leur peuple. De cela, elle en était certaine. Mais en arriver à propager des histoires absurdes de fantômes et à refuser d’obéir aux ordres ? Il y avait forcément quelque chose de louche...

 

- Et la garde ? Il n’y aurait pas moyen d’en envoyer un ou deux pour savoir ce qu’il en est ?

- Tous les hommes sont sur le pied de guerre. Une autre escouade est rentrée du front dans un état catastrophique. La guerre contre les êtres de la forêt continue de s’envenimer et, connaissant notre bon gouverneur, ce n’est pas prêt de s’arrêter.

 

Les lèvres pincées, Carssa s’abstint de tout commentaire. Margor s’adoucit et lui sourit, ce qui avait tendance à faire remonter ses pommettes comme deux pommes bien rouges au-dessus de sa barbe.

- Je connais ce visage. Je sais ce que tu penses de nous autres et de nos méthodes. Mais la situation est ce qu’elle est. Après avoir pacifié les environs de la capitale, nos guerriers ont bien été forcés de mener le combat sur le terrain des ennemis. Sur chaque territoire conquis, on construit des forts et des cités destinés à asseoir notre position et à nous préparer à repousser les Écorceurs un peu plus loin, et...

- Et Tredor est une énième ville-forge établie pour équiper l’armée qui repoussera encore un peu la ligne de front plus loin de la capitale, je m’en souviens.

- Tout à fait. Le souci que nous rencontrons actuellement, c’est que les lignes de front ont avancé plus vite que prévu. La livraison de cristaux de la capitale ne se fait plus qu’au compte-goutte et seules nos armes permettent de garder le statu quo intact. Toutes nos forces sont concentrées sur la seule chose qui permet à cette cité de tenir debout.

- Tout ça pour dire qu’il te faut une étrangère pour retrouver tes paumés.

La phrase laissa comme un vide dans la conversation.

- Tu n’es pas une étrangère. Tu as grandi à la capitale, fit le contremaître d’un ton doux.

Elle soupira :

- Je ne suis pas Keltienne pour autant.

Un instant passa sans qu’aucun d’eux n’ose reprendre la parole.

Carssa finit par se claquer les genoux et s’exclama :

- Enfin bref ! Il faut bien que la jeune et jolie bergère retrouve tes brebis égarées. Indique moi la direction des égouts que je règle ça en vitesse.

- Je t’y emmène tout de suite. Mais avant, est ce que tu es équipée pour tout ce que tu pourrais rencontrer ?

La phrase était lourde de sous-entendus. Si Margor réagissait ainsi, c’est que la menace était réelle. Protecteur comme il l’était, son mentor devait se faire violence pour la laisser aller au devant du danger, quel qu’il puisse être...

Touchée par sa confiance, la jeune femme prit le cristal dans sa main et tendit la seconde parallèle au sol.

Ressentant le calme parfait de l’étendue d’eau qu’elle se figurait en elle, l’esprit de la jeune femme entra en contact avec le cristal. La chaleur de la pierre se diffusa de sa paume jusqu’à emplir sa main d’une onde douce et familière. L’énergie coulait le long de son corps, remontant doucement son bras, l’emplissant d’une force et d’une vigueur nouvelle. Un sentiment de confiance gonflait en elle en même temps. Elle se sentait prête à faire face à tout ce qu’elle pourrait trouver dans ces caves.

Alors qu’elle allait toucher la pierre carmin de ses doigts, sa concentration se brisa et son esprit fut balayé en un éclair du lien qu’elle avait créé. Elle accusa le coup comme si on l’avait physiquement tirée en arrière ou mis une baffe, voir les deux en même temps.

Étourdie l’espace d’une seconde, Carssa se débattit lorsqu’elle ressentit des bras s’enrouler autour d’elle.

« Ça va ! Ça va ! Tout va bien, ta pierre s’est brisée, ça va aller... »

La voix profonde du géant eut instantanément un effet rassurant. C’étaient ses bras durs comme la pierre qui l’entouraient, la protégeant comme chaque fois qu’elle était en panique et qu’il était venu la calmer lorsqu’elle était enfant.

Petit à petit, les battements frénétiques de son cœur se calmèrent. Sa main était blanche, contractée sur ce qu’il restait de son cristal rouge. Elle ouvrit la paume sur ce qui était maintenant un écrin sanglant.

Être projeté hors de sa concentration alors qu’on manipule un cristal pouvait s’avérer particulièrement dangereux. Si le contrecoup physique et psychique de la rupture brutale du lien était déjà plus que désagréable, il était courant pour le rejeté de ressentir un état de panique accompagné d’un sentiment de perte intense devant la disparition d’un outil aussi précieux.

Son cristal, le seul bouclier offrant à l’humanité la possibilité de survivre sur ces terres empoisonnées par l’éther s’était brisé, et un sentiment de faiblesse et de nudité l’envahit tandis que le choc se dissipait.

Malgré tout, elle avait été chanceuse que l’événement se déroule à l’abri du cristal de Tredor. Si, par malheur, il s’était brisé lors de son duel face aux anguilles des cendres, elle aurait vite rejoint le corps du soldat qu’elle avait découvert.

La jeune femme ouvrit la paume avec difficulté. Sa main était contractée, comme parcourue de crampes. Elle avait serré le poing si fort sous l’effet du choc que ses ongles s’étaient plantés dans sa paume et que des éclats de pierre s’étaient fichés dans sa peau, faisant couler de fines rigoles de sang sur le sol de la pièce.

Le cristal, quant à lui, était brisé, comme fendu en deux par le tranchant d’une lame invisible. Elle pouvait déjà voir le cœur de la pierre commencer à se déliter, passant de l’état solide à une poudre carmin.

- Ton voyage a été long. Tu as dû épuiser son énergie ne serait-ce qu’en venant ici...

- J’ai échangé un cristal bleu de cinquante lunes pour cette saloperie. Je me suis complètement fait arnaquer.

Couvrant son désarroi d’une grimace maladroite, Carssa se remit rageusement debout et rangea les restes du cristal dans sa bourse.

- Hé bien tu n’as qu'à passer voir Guedi, le cristomancien situé sur l’artère principale du Quartier marchand. On fait souvent affaire avec lui et il te dépannera bien d’un cristal. Ce serait une folie de s’aventurer sur la piste de mes hommes sans le moindre cristal.

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