- XXIV -

Loup était gêné d’apporter de la boue et de la pluie sur le bateau si propre et si chaleureux qui l’avait accueilli la veille. Il eut soin d’essuyer ses pieds avec le pan intérieur de sa cape détrempée, mais la cape aussi était boueuse.

― Enlève ça, la chemise aussi… bon, de toute façon, tu vas prendre une douche, et je vais te donner quelque chose de chaud à te mettre, s’amusa Cora. Tu es blessé de partout, qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? commenta-t-elle, pendant que Mila tentait d’emmailloter Crapouille dans une couverture.

Rien ne semblait la surprendre. En à peine deux minutes, elle avait tiré des draps, une salopette, un gilet des tiroirs de sa chambre, y envoya Bell et Loup, et leur montra où était la douche.

― Je pose la lampe ici, pour que vous ayez de la lumière. La salopette, elle est à moi, elle sera sûrement un peu grande. Mais si je te donne les habits de Pat, ce sera pire !

― C’est très bien, merci, Cora.

Elle posa une main légère sur l’épaule du jeune homme déboussolé. Il frissonna. Elle reprit :

― C’est Bell ? Tu es sûr ?

Bell était mal à l’aise dans ce lieu clos, sur le plancher mouvant, avec cette inconnue qui s’agitait autour d’elle. Elle se tenait à distance, dégoulinante, trempée de pluie, de boue et de sang. Loup hocha la tête.

― Tu sais comment faire… ?

Cora ne termina pas sa question, qui resta en suspens pendant un instant. Loup tourna vers elle ses yeux qui brillaient dans la pénombre, et sourit.

― Je m’en occupe.

Dès qu’elle eut refermé la porte, il prit une douche rapide, s’habilla et saisit un bol dans un placard. Il le posa par terre, sortit la fiole de son sac, qu’il avait soigneusement enroulée dans des vêtements. Elle était intacte. Il en vida une partie dans le bol. Une gorgée suffirait. Bell s’approcha pour renifler.

― Ne bois pas tout de suite ! prévint Loup.

― Pourquoi ?

― Je pense que tu préfèreras faire ça dans l’intimité.

― Qu’est-ce que c’est ? demanda Bell, sans comprendre.

― Une potion pour redevenir humaine.

Bell ne répondit pas. Elle regardait ailleurs. Ça ne l’intéressait pas. Loup avait redouté ce moment. Quand bien même il ne serait pas trop tard, Bell aurait peut-être envie de poursuivre sa vie de louve. Pouvait-il lui imposer de quitter sa peau de bête, après tout, n’était-ce pas son choix, à elle ? Et s’il lui donnait la potion sans le lui dire, est-ce qu’il ne la privait pas de ce choix, par pur égoïsme, parce qu’il ne voulait pas qu’elle l’oublie, parce qu’il voulait qu’elle reste avec lui ? D’un autre côté, Bell n’avait pas tous les éléments. Elle ne se souvenait plus de ce qu’elle aimait dans la vie humaine, alors comment pouvait-elle se décider en toute conscience ?

― Je ne sais pas si…

La fin de la phrase de Bell s’égara dans le doute, dans l’espace béant de sa mémoire effritée.

― Bell, c’est normal, si tu n’as plus envie de redevenir comme avant, tu perds la mémoire.

Il fallait lui parler, conserver un contact visuel et physique. C’était ainsi qu’il avait pu retrouver la trace du temps, depuis qu’il avait rencontré Bell.

― C’est peut-être pas un mal, repartit Bell, qui gardait suffisamment de souvenirs pour hésiter.

C’étaient d’abord sa générosité et sa franchise qui l’avaient touché, qui démentaient tous les préjugés qu’il s’était construits à l’encontre des humains. C’était pour cela qu’il avait résolu de l’accompagner, en partie. Et aussi parce qu’en restant près d’elle et en lui parlant, il s’était senti moins perdu. Il avait su où il allait. La richesse de la vie intérieure de Bell avait irrigué la sienne, ses souvenirs avaient fini par ressurgir un à un, en vrac, puis se placer, l’un après l’autre, dans un ordre qui faisait sens et lui donnait de l’élan. Il ne lui avait suffi que de quelques jours pour prendre sa décision de redevenir humain et de tout faire pour sauver Bell. Mais avait-elle vraiment besoin de lui ? Au final il se disait, avec une certaine dureté, que c’était lui qui avait besoin d’elle et non l’inverse.

― Isabelle, prononça-t-il, en prenant son temps… tu te souviens… Elena, ta petite sœur ?

Il s’assit en tailleur face à elle et chercha son regard. Même dans la semi-obscurité de la chambre éclairée par une seule lampe, les yeux bleus de Bell conservaient la même intensité qu’en plein jour.

― J’ai pas de sœur.

― Tu en as plein, mais ta préférée, c’est Elena. C’est toi qui lui as appris à lire. Vous regardiez le coucher de soleil ensemble, et vous lisiez des histoires le soir, avant de dormir. Tu disais qu’elle avait l’air d’un oiseau, d’une fée. D’un oiseau-fée. Qu’elle chantait tout le temps.

― Tu connais Elena ?

― Non, c’est toi qui m’en as parlé. Tu te souviens ?

― Elle danse, aussi.

― C’est ça, sourit Loup. Et Laëtitia, tu te souviens, de Laëtitia ? Avec ses tartes à la pivoine.

― À la violette.

― C’est chez Laëtitia que tu as rencontré Crapouille.

― Crapouille, le petit chat évanoui ?

― Elle va mieux, depuis que tu as essayé de la noyer dans ta bave, plaisanta Loup, en glissant sa main dans la fourrure. Et Laëtitia nous a donné du miel, quand je me suis blessé à la patte. Regarde, j’ai encore les cicatrices, annonça-t-il, fièrement, en tendant la main pour qu’elle voie bien.

― C’était toi ? Tu étais pris dans un piège.

― C’était moi.

― Mais tu te blesses tout le temps ! commenta Bell, consternée.

Et, posant les deux pattes sur ses genoux, elle appliqua deux coups de langue sur les griffures qu’avait laissées Crapouille à l’épaule de Loup. Ce geste-là lui dilata le cœur, comme quand on jette une fleur séchée dans de l’eau et qu’elle reprend d’un coup les formes et les couleurs de la vie.

― C’est vrai, chuchota-t-il.

― Et quand je te mettais du miel, tu le léchais tout de suite après, pour que je t’en remette.

Enfin il eut ce rire, qu’on croyait qu’il avait abandonné comme il avait quitté sa peau de loup. Ce rire qui donnait l’impression que c’étaient des pierres qu’il avait dans l’estomac, et que la joie qui le secouait, dans un éclat sombre et bizarre, était l’occasion pour lui de les recracher. Combien en avait-il encore, tapies au fond de lui-même ? Allait-il un jour venir à bout de ces pierres ? Ou est-ce que c’était seulement son rire qui était ainsi et ne changerait pas ? Toujours est-il que Bell le reconnut, le rire de Loup. Elle en tressaillit et se retourna pour le dévisager.

― Et Jeff ? Qui donne toujours l’impression qu’il est fâché alors qu’il fait tout pour faire plaisir.

Bell mit un certain temps à répondre. Elle en était à un autre souvenir.

― J’étais tellement en colère que j’avais réveillé tout le hameau, fit-elle, au bout d’un moment.

― Bell, continua Loup, après un moment. Si tu restes louve, tu oublieras tout ça, et tu ne verras plus ni Elena, ni Laëtitia, ni Jeff, ni Crapouille, ni moi. Tu finiras par tout oublier et par partir, tu comprends ?

Bell ne répondit pas. Elle posa la tête sur son genou et ferma les yeux, pendant que la main de Loup passait et repassait dans la fourrure encore humide. Elle comprenait Crapouille et sa fureur des caresses. Cela faisait en elle des frissons qui se renvoyaient les uns les autres leurs vibrations enivrantes en les amplifiant par réverbération.

― Si je reste avec toi, j’oublierai moins.

― Je ne pourrais pas te retenir éternellement. Tu serais malheureuse avec un humain.

― Et si tu redeviens loup ?

― Non, répondit aussitôt le garçon.

C’était quelque chose qu’il ne pouvait envisager. De toute manière, ils ne seraient plus rien l’un pour l’autre, si personne ne gardait les souvenirs. Bell se blottit contre Loup. Le temps passa. Loup en était un peu plus conscient que Bell.

― C’est toi qui choisis, murmura-t-il. Je te laisse la potion dans le bol. Et le sac. Il y a tes vêtements à l’intérieur. Je serai sur le pont, ajouta-t-il en l’embrassant sur le haut de la tête.

 

 

La pluie s’était calmée. Cora avait fini par allumer toutes les bougies, ce qui donnait au pont du bateau un air solennel et chaleureux. Le sol était déjà sec, Mila et Cora avaient ressorti tout leur attirail de coussins et de tapis autour de la table basse, et caressaient Crapouille qui se tortillait de plaisir en arrachant les coutures des coussins. Loup s’assit à côté d’elles et resta silencieux.

― Ma puce, s’il te plaît, emmène Crapouille et va jouer un peu plus loin. Je voudrais parler à Loup, dit Cora en embrassant sa fille.

Mila n’avait pas tout de suite envie de quitter les bras de sa mère. Elle demanda d’un ton câlin :

― Je peux prendre une pelote de laine, pour jouer avec Crapouille ?

― Prends la plus petite, alors.

Mila bondit comme si elle était montée sur des ressorts, et fila ouvrir une trappe où étaient vraisemblablement rangées les pelotes de laine.

― Ça va aller ? s’intéressa Cora, en désignant la cabine d’un mouvement du menton.

― Je pense qu’elle va vouloir redevenir humaine, mais ce n’est pas sûr… Tu savais que Bell était une louve ? ajouta Loup, qui avait été surpris par la simplicité avec laquelle Cora les avait laissés entrer, lui et sa louve couverte de sang.

― Bien sûr, répondit-elle, avec un fin sourire. Laëtitia nous avait prévenus.

Loup mit un certain temps avant de reprendre la parole.

― C’est pas un hasard, si j’ai croisé votre route, affirma Loup, soupçonneux.

― Absolument pas. On t’attendait, avec ton petit chat à pattes blanches.

Il sourit.

― C’était elle, aussi, les oiseaux ?

― Ah ! Là, on n’est pas au courant. Il faudra lui demander.

― Sacrée bonne fée, cette Laëtitia.

Cora éclata d’un rire qui résonna sur tout le pont du bateau. Loup ne l’accompagna que d’un sourire. Avec cet auvent couleur de nuit et les lumières qui s’y réfléchissaient faiblement, ce lieu, qui n’avait jamais cessé d’être chaleureux, se couvrait d’un voile protecteur propice aux confidences. Même le silence y prenait une texture plus épaisse et douce. Loup se risqua à exprimer ses craintes.

― Tout à l’heure, Pat avait l’air fâché…

À la grande surprise de Loup, Cora ne se départit pas de sa gaieté.

― Il s’en veut de t’avoir suggéré d’aller voir les chasseurs. Et quand il culpabilise, il est grognon. Tu sais, parfois, Pat, c’est qu’un vieil ours mal léché !

― Il est pas fâché contre moi ?

Cora ouvrit de grands yeux étonnés.

― De quoi il pourrait t’en vouloir ?

― Je… J’ai pas vraiment suivi ses conseils… et deux hommes ont été blessés… gravement…

― Qui ça ? fit-elle, soudain inquiète.

Loup tenta de se rappeler les prénoms.

― Il y en avait un qui s’appelait Morice et l’autre…

― Victorin, son frère, compléta Cora. Ah ! Je m’en doutais un peu, laissa-t-elle échapper avec une nuance d’impatience. C’était pour ça que je n’étais pas contente que Pat t’ait parlé des chasseurs.

Elle se tut pendant un instant et reprit, agitée :

― Au début, quand on l’avait, à l’école, il était bien. Un peu agité, mais rien d’alarmant. Et puis, peu à peu, il est devenu une vraie terreur. Morice, je veux dire. D’ailleurs, il n’est jamais passé chez les grands, il a arrêté l’école avant. Heureusement pour moi, je ne devrais pas dire ça, mais… C’était déjà l’enfer, avec Pat, alors imagine ! Pat continue à se demander ce qu’il a mal fait, avec lui, mais tu sais, parfois, ça nous échappe, on n’est pas responsable de tout ce qu’il se passe dans la tête des enfants… Le petit Vik, il était pas méchant, mais suiveur. Je ne l’ai pas vu longtemps, non plus. Ce qui est arrivé à ces garçons, honnêtement, je ne pense pas que ce soit de ta faute.

― Je comprends pas de quoi tu parles, signala Loup, quand il put en placer une. Est-ce que vous connaissez ces gens-là ?

― À peu près tous les jeunes gens de cette ville. On enseigne, Pat et moi, trois à quatre mois par an. On tourne sur trois villes toute l’année : Tarne, Pélanges-sur-l’Albane et Valdoré. C’est parce qu’il n’y a pas assez de professeurs, expliqua-t-elle en voyant Loup froncer les sourcils.

― Vous ne m’aviez pas dit ! s’étonna Loup, qui se rendait compte qu’il savait peu de choses sur ses amis.

― Tu ne nous as pas demandé non plus, rétorqua Cora, d’un ton faussement indigné. C’est pour ça qu’on vit sur un bateau. Pat prend les petits, et moi les grands. Au fait, Pat ne t’a pas donné un parapluie ? reprit Cora, qui passait aisément d’un sujet à l’autre, parce que ses pensées tournaient à toute vitesse. Je lui avais dit d’en prendre deux.

― Un parapluie… arc-en-ciel ?

― Oui. Ou bleu.

― Il l’a donné à une fille. Zia, je crois.

― Zia ! Elle était là, aussi ? Comment elle va ?

― Euh… je pense, pas très bien.

― Hmm. Une vraie petite teigne, celle-là. Mais elle est mignonne, quand elle veut.

Loup resta sans voix. Il aurait pu appliquer beaucoup de qualificatifs à Zia, mais « mignonne » n’en était pas un.

― Elle m’a attaqué, dans une ruelle…

― Quelle brute ! s’exclama Cora, en retenant un rire attendri qui consterna Loup. On lui a dit mille fois d’arrêter de cogner dès qu’elle avait quelque chose à dire… Elle t’a pas trop fait mal, au moins ?

― J’ai failli être égorgé et perdre un œil, mais ça va, plaisanta Loup, qui tenait quand même à rétablir la justice et se positionner dûment en victime.

― Tu veux qu’on regarde ça ? demanda Cora avec sollicitude.

― Non, ça va, un ami a mis du miel et ça ne me fait plus mal, répondit Loup, qu’un peu d’attention suffisait à rendre heureux.

― Un ami ?

― Joey, tu connais, Joey ? Dix ans, de grands yeux noisette.

Cora chercha dans sa mémoire, fit la moue et secoua la tête.

― Il ne doit pas aller à l’école. Comment c’était, l’école, pour toi ? demanda-t-elle soudain.

Loup ne savait pas trop comment dire qu’il avait passé une grande partie de son enfance à courir dans les bois.

― Euh… j’ai manqué cette étape…

Cora eut un air attristé et le prit par l’épaule, comme s’il n’y avait rien de pire au monde que de n’être jamais allé à l’école. Loup trouva cette réaction exagérée, mais se laissa faire avec une sorte de satisfaction. À certains égards, il était encore un enfant, et Cora l’avait bien remarqué. On n’entendait plus que les gloussements de joie de Mila qui jouait avec Crapouille et sa pelote de laine irrémédiablement emmêlée.

― Je vais aller voir comment va Bell, reprit-il, parce que, dans cette étreinte, il commençait à sentir onduler une vague mélancolie, dont il ne voulait pas que Cora soit témoin.

― Très bien. Il ne pleut presque plus. On va dîner, mettre Mila au lit, et après je vous laisse. Je vais aller voir où en est Pat. Il doit avoir emmené les garçons chez le médecin. Et je veux voir Zia, aussi. Elle est toute seule, depuis que son père a disparu, la pauvre. Je n’apprécie pas qu’elle traîne avec Morice, mais si Vik et lui ont été blessés, elle doit être un peu perturbée. Tu veilleras sur Mila et le bateau ?

 

 

La pluie tombait à présent en fines gouttelettes, et Zia plongeait ses chaussures trouées dans la boue en faisant tourner son parapluie arc-en-ciel sur son épaule. Elle n’allait pas le rendre, ce parapluie. Il était beau. Et pour une fois qu’on lui donnait quelque chose… Ses chaussures s’égayaient dans la gadoue avec un bruit de succion. L’eau glaciale s’infiltrait dans les trous de la semelle et chatouillait ses orteils. Elle aurait traité d’idiot quiconque serait resté ainsi, les pieds dans l’eau, à attendre que la pluie cesse, mais elle était seule. Elle aurait trouvé idiot de ne pas le faire, maintenant que personne n’était là pour la trouver idiote. Elle se sentait quand même un peu idiote. Et même idiote de se sentir idiote. Avec ce temps, tout le monde était rentré chez soi, bien au chaud, avec leurs proches. Zia détestait la pluie. Et elle avait envie de ruiner ses chaussures dans la boue. Il fallait bien, d’une manière ou d’une autre, satisfaire ses pulsions destructrices, se disait-elle, s’adressant à elle-même un sourire démoniaque. Elle faisait tourner dans sa main le parapluie. Dans la grisaille, celui-ci pouvait passer pour un astre bariolé qui s’était décroché du ciel et roulait sur la terre.

La pluie cessait, la nuit était tombée. Rentrer. Il fallait rentrer le plus tard possible pour s’endormir tout de suite. Il n’était peut-être pas assez tard, mais la pluie l’avait fatiguée, la peur aussi. Elle était revenue sur ses pas aider Pat à transporter les garçons chez le médecin, mais Pat n’avait pas vraiment besoin d’aide, besoin d’elle. Elle s’était sentie inutile et encombrante. Et puis il était venu lui parler. Zia aimait bien quand Pat prenait le temps de lui parler, parce qu’il avait une manière de s’adresser à elle qui faisait qu’elle avait l’impression d’être importante. Elle ne se croyait pas digne de cette considération, mais elle en réclamait encore. Et puis, il avait fini par dire ça, aussi : rentre chez toi. Elle voulait savoir si Vik allait mourir. Rentre chez toi. Tu reviendras demain. Chez elle, ce n’était rien qu’un grand espace vide. Elle avait vendu les meubles, un à un. Il ne restait que le grand lit de ses parents, qu’elle avait gardé, quand même. Qu’elle vendrait vraiment si elle n’avait plus le choix. Si elle avait pu être utile, le médecin lui aurait demandé de l’assister pour sauver Vik, mais elle n’était pas utile.

Elle sauta dans une flaque.

Vers qui se tourner, sans Vik et Morice ?

Zia tournait et retournait son parapluie arc-en-ciel entre ses mains pendant qu’elle se dirigeait machinalement vers sa maison vide, longeant les murs. À un moment, elle dut s’arrêter. Il y avait des jambes en travers de son chemin. C’étaient celles d’une femme au regard doux, qu’elle avait déjà croisée plusieurs fois dans la rue. Dans ses bras, le petit garçon à la main fraîche comme un cours d’eau.

― Joey, dit-elle simplement, sans aucune intonation.

Joey ne répondit pas. Il dormait presque, serré contre sa mère. La jeune fille s’adressa à elle, de sa voix neutre, où ne perçait qu’une grande lassitude.

― Vous voulez venir, chez moi ? Pour vous réchauffer ?

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Phémie
Posté le 26/01/2025
Bonjour Baladine !

J'ai dévoré d'une traite les deux chapitres qui me restaient à lire, et c'est dur de ne pas avoir la suite ! Le rythme de PA nous force à savourer, ce que je n'ai jamais trop su faire en lecture...

Les deux chapitres étaient très bons. J'ai beaucoup aimé avoir le point de vue "loup" de Bell, ce qu'elle ressent quand Loup la caresse (car on imagine qu'il a pu avoir ce type de sensations lorsque les positions étaient inversé, mais on n'a jamais été dans son point de vue à ce moment là il me semble).

Le final de ce chapitre, avec le point de vue de Zia, est un de mes passages préférés : la manière dont tu écris ses pensées, sa solitude, c'est très touchant.

Le moment clef où Loup donne la potion à Bell est également fort, j'aime la manière dont il la lui présente et les mots qu'il a, le voyage dans leurs souvenirs communs qu'il lui fait faire. Peut-être que ça passe un petit peu trop vite à mon goût pour une scène aussi attendue (mais je suis peut-être trop gourmande car j'aime aussi beaucoup cette espère de pudeur ou de retenue que Loup a lorsqu'il s'exprime...)

Lorsqu'on apprend que Cora et Laëtitia se connaissent, j'ai trouvé que Loup ne posait pas beaucoup de questions sur comment elles se connaissent ou comment elles ont communiquées (grâce à la pie je présume?). C'est pas forcément un grand curieux cependant.

En tout cas l'histoire prend une jolie tournure car les péripéties partaient dans pas mal de directions différentes depuis quelques chapitres et là les personnages se retrouvent, les liens entre eux sont dévoilés, le récit reprend une unité et une cohérence forte. Bravo et merci encore pour ce partage, c'est toujours un très bon moment de lecture.

Très belle semaine et à bientôt
Baladine
Posté le 29/01/2025
Coucou Phémie, et merci infiniment pour ce joli commentaire. Je suis contente que ces deux chapitres t'aient plu. Pendant la réécriture, j'ai coupé pas mal de passages qui étaient présents dans le premier jet, et ça fait que le livre est devenu un peu court, alors c'est important si tu me dis qu'il y a des endroits où tu aimerais davantage de précisions, comme dans l'échange avec Bell ou le dialogue avec Cora. J'ai eu peur que ce double moment doux dure un peu trop longtemps et qu'on s'ennuie alors j'ai pas trop allongé, mais si tu dis qu'on reste sur sa faim, je vais peut être y aller alors :)
Tant mieux si tout prend sens, je suis rassurée ^^
Bonne soirée à toi et à très bientôt !
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