Le bruit, ici, n'était pas aussi naturel que dans d'autres lieux. Au-dehors de ses apparences de forêt urbaine, il était plutôt bienvenu de ne pas s'appesantir sur les chemins et ne pas se débarrasser de l'inquiétude par des habitudes toutes usées. Ici, un bruit en particulier avait bien trop de droits. Il vous oppressait ou vous mordait la moelle si vous ne faisiez pas attention. C'est un bruit de feuilles dans le vent, de poursuivants si aisés de plein droit. De ceux qui nous heurtent en plein visage sans honte. En passant le seuil de cette forêt, toute personne inspire à sa chance puis perd toutes ses illusions une fois passée la moitié.
On y voit de tout. De la faune urbaine allant de fouines crapuleuses à de sangsues insidieuses. Il faut se méfier de cette gente là qui pourrait se pendre à votre cou pour avoir le meilleur coût. Lui ne s'en souciait pas. Il passait comme une ombre sans qu'on ne le voit vraiment. Les yeux des personnes le dévisageaient à peine. Ces abysses du Vide glissaient sur lui de bon matin comme s'il était fait de papier glacé. L'air fâché de l'avoir vu, ils l'oubliaient instinctivement et finissaient toujours par s'éloigner sur un autre chemin. Il ne savait si c'était parce qu'il était au-dessus du naturel du genre humain. Cependant, cela l'importait peut tant qu'il pouvait, avec son encre noire, aller esquisser son propre dessein.
D'ailleurs, n'avait-il pas, là-bas, une magnifique page blanche à imprimer de tous ses émois.