2. Une enfance mouvementée

Nous y voilà ! J’ai posé le cadre de l’histoire, et maintenant, il est temps de plonger dans le cœur du récit. Je sais que normalement, cela ne se fait pas à ce stade, mais j’ai toujours voulu le dire, et puisque je suis le narrateur, je fais ce que je veux :

 

Il était une fois…

 

Dans un petit village féérique nommé Pixia, une douce enfant répondant au nom d’Aurore se trouvait à un tournant de sa vie. Après une tragédie qui avait frappé sa famille, son père, avec un cœur lourd, lui demanda de rejoindre sa grand-mère, Luna.  Pour préserver la sécurité de sa petite-fille, Luna prit une décision audacieuse : elle la fit passer pour une orpheline qu’elle avait recueillie. Elle lui donna un nouveau nom, Marie, pour masquer son identité et protéger son avenir.

 

Dans un petit château, situé à la lisière du village, Marie et sa grand-mère Luna menaient une vie tranquille. Ce château, bien que vieux, conservait un charme indéniable avec ses petites pierres blanches qui lui donnaient un aspect pittoresque. Le toit en briques ajoutait une touche rustique, tandis que du lierre grimpait doucement le long du pan du mur Est, créant un tableau vivant de nature.

Le jardin qui entourait le château s'étendait sur plusieurs hectares, offrait des trésors, un monde à explorer. La terrasse était un espace accueillant, dotée d'une petite table ronde en fer forgé, entourée de deux chaises confortables. Cet endroit était parfait pour prendre le thé tout en admirant la vue splendide.

La roseraie était un véritable festival de couleurs, avec des roses dans des teintes variées, allant du rouge profond au rose délicat, créant un environnement enchanteur. Un peu plus loin, le potager fournissait une abondance de fruits et de légumes fraîchement récoltés, témoignant du travail acharné des jardiniers et de l'amour de la terre.

La prairie était parsemée de fleurs sauvages, ajoutant une touche de spontanéité à l'ensemble. Un ruisseau traversait cette prairie, son eau claire glissant doucement sur les pierres, apportant une mélodie apaisante à cet espace naturel.

Enfin, un petit bois bordait le jardin, où la nature était laissée à l'état sauvage. Les arbres majestueux offraient de l'ombre et un refuge aux oiseaux et aux animaux.

 

Luna, l'incarnation de la fée nocturne, se tenait majestueusement, sa grande taille ajoutant à son aura mystérieuse. Toujours impeccablement habillée, elle arborait des tailleurs élégants, souvent dans des teintes sombres, qui semblaient épouser les ombres de la nuit.

Chaque détail de sa tenue témoignait d'un soin extrême, faisant d'elle une figure qui imposait le respect. Son visage sévère, presque sculpté dans la pierre, était encadré par un chignon serré de cheveux gris qui, tels des fils d'argent, brillaient sous la lumière tamisée. Ses yeux noirs, profonds et perçants, étaient surmontés de petites lunettes rondes qui lui donnaient un air à la fois calme et autoritaire. Ces yeux, bien qu'expriment une certaine rigueur, laissaient parfois entrevoir une lueur de tendresse, cachée derrière un masque de sérieux.

La personnalité de Luna était à l'image de son apparence : sévère et intransigeante. Elle détenait une forte sensibilité aux valeurs anciennes, souvent perçue comme vieux jeu dans un monde en perpétuelle évolution. Sa droiture était son principal atout, mais aussi sa faiblesse, car elle avait du mal à laisser place à la légèreté et à la fantaisie. Luna était une figure d'autorité, mais derrière cette façade impassible se cachait une protectrice dévouée, une fée nocturne prête à veiller sur ceux qu'elle aimait, même si elle ne le montrait que rarement.

« Marie », une jeune fille de cinq ans, une jolie frimousse illuminée par des yeux dorés, presque orangés, qui brillaient comme des éclats de lumière dans l'obscurité. Ses cheveux bouclés, hérités de sa mère, étaient d'une blancheur éclatante, parsemés d'un reflet argenté, symbole de la lignée royale des Hommes, que Luna afin de la protéger, transforma grâce à la magie les rendant d’un brun presque noir.

Elle était une enfant à l'intelligence vive, débrouillarde, élevée dans un milieu où l'éducation était primordiale. Elle était autrefois ouverte, sociable et dynamique, un petit soleil qui illuminait son entourage. Mais tout cela n'était qu'un lointain souvenir, un mirage de son enfance. Sa famille avait été décimée à l’exception de son père (du moins, c'est ce qu'elle croyait). Elle fut témoin de la mort tragique de sa mère, une scène gravée à jamais dans son esprit d'enfant. Les ombres de la peur et de la douleur s'étendirent sur son cœur lorsque l'on tenta de lui ôter la vie. Son père, dans un acte d'abandon déchirant, afin d’assurer sa survie, l'éloigna vers un lieu inconnu, un monde où l'espoir semblait absent.

Aujourd'hui, Marie est une enfant renfermée, discrète, timide et apeurée, toujours sur le fil du rasoir entre les larmes et le silence. Son regard, autrefois brillant, est devenu un miroir de tristesse, trahissant les cicatrices invisibles de son âme. La lumière de son esprit, autrefois éclatante, est désormais assombrie par les épreuves qu'elle a traversées, laissant place à une psyché profondément perturbée.

 

Luna, bien qu’animée d’un profond désir d’aider Marie, se sentait impuissante face à la douleur qui enveloppait l’enfant. Après mûre réflexion, elle prit la décision d’engager une gouvernante, une figure capable de veiller sur Marie et de l'accompagner dans son chemin vers la guérison.

C’est ainsi qu’apparut dans leur vie Aquarys, la fille de la gouvernante, une petite fée qui, à peine plus âgée que Marie, apportait avec elle une lumière d’espoir. Aquarys était une petite fille de petite taille, avec une silhouette légèrement potelée qui lui conférait un charme de poupon. Sa chevelure corail, brillamment tressée et retombant gracieusement sur son épaule, rappelait les teintes enchanteresses d’un coucher de soleil. Ses yeux bleus, éclatants et pétillants de curiosité, étaient embellis par de délicates taches de rousseur qui dansaient sur son visage, tandis que de fines lunettes ajoutaient une touche d’innocence à son regard. Aquarys portait des robes à frou-frous ou bouffantes, déclinées dans des nuances de bleu, évoquant les vagues d’une mer parfois tranquille, parfois agitée. Chaque vêtement semblait danser autour d’elle, comme si elle flottait dans de l’eau.

Sa façon d’être, à la fois rêveuse et crédule, lui conférait une aura magique, et sa gentillesse, palpable dans chacun de ses gestes, touchait le cœur de ceux qui la croisaient. Sa maladresse charmante, à chaque pas un peu hésitant, faisait sourire ceux qui l’observaient, tandis que son léger zozotement ajoutait une note de tendresse à sa voix. Aquarys était une enfant ADORABLE, à la fois pétillante et pleine de vie, capable de faire fondre même les cœurs les plus endurcis.

Que ce soit par son apparence ou par sa personnalité, elle incarnait la pureté et la légèreté, apportant avec elle une bouffée d’air frais dans la vie de Marie.

 

Pendant près de deux ans, dans un cocon de douceur et de chaleur toutes les quatre ensembles (plus les quatre autres domestiques, mais, on s’en moque). C'était dans ce petit monde que les liens se tissaient et que la magie opérait. Au fil du temps, Marie commença à s’ouvrir. Elle redécouvrait la beauté de la vie, colorée par les rires et les jeux avec Aquarys. Aquarys, avec sa nature gentille et son charme irrésistible, était devenue bien plus qu'une simple amie ; elle était devenue la lumière dans les jours sombres de Marie. Leur amitié grandissait, nourrie par des moments de complicité et d’insouciance. (Était-ce la bienveillance d’Aquarys, toujours prête à apporter un sourire, ou son allure adorable qui avait conquis le cœur de Marie ? Peut-être un mélange des deux ? Personne ne le sait…).

Dans cette atmosphère de tendresse, Marie apprenait à laisser derrière elle les ombres de son passé. Chaque éclat de rire partagé, chaque regard complice avec Aquarys contribuait à la renaissance de son esprit. Elle découvrait le goût des petites joies de la vie, un goût qu’elle croyait perdu à jamais. Hélas, dès que Marie se retrouvait seule, l’ombre n’était jamais très loin.

 

Dans le royaume des Fées, lorsque les enfants atteignaient l’âge de dix ans, était un évènement sans pareil, moment où leur essence féérique, avec ses ailes scintillantes, se révélait enfin. Cependant, un secret se cachait au-delà des apparences : dès l’âge de sept ans, un souffle de magie pouvait être libéré grâce à des cristaux enchantés. La magie pouvait être testée à la naissance. Aquarys, par exemple, était une Fée des Eaux, héritière de la magie de son père. En revanche, Marie, la Demi-Fée, née parmi les Hommes, vivait dans l’angoisse du mystère. Elle n’avait jamais été testée, craignant que la vérité sur ses origines ne soit révélée.

Chaque jour, elle se demandait : avait-elle hérité de la magie de sa mère, ou celle de son père, une Magicienne ? Ou était-elle l'exception qui pourrait manier les deux arts magiques ? Ou au contraire ne pourrait manier ni l’une ni l’autre ?

Le jour fatidique arriva : son septième anniversaire. Marie, la nervosité palpable, s'apprêtait à franchir le seuil de l'inconnu. Luna l'accompagna au temple, un lieu imprégné de magie et de mystère. La cérémonie de pré-éveil débuta, une atmosphère de tension et d'anticipation flottait dans l'air. Lorsque Marie posa sa main sur l’énorme cristal transparent, celui-ci s’illumina d’un éclat blanc éclatant.

Un frisson parcourut Marie lorsqu'elle retira sa main, échangeant un regard inquiet avec sa grand-mère. Elles savaient ce que cela signifiait : Marie s’était éveillée en tant que Fée, mais elle avait hérité de l’attribut de son père, celui de la lumière. Ce don, bien qu’exceptionnel, comportait ses propres dangers. La lumière et l’obscurité, bien que complémentaires, pouvaient être dévastatrices si elles étaient mal comprises. 

 

Face à cette révélation, les deux femmes prirent la décision de rentrer au manoir. L'angoisse de l’inconnu était toujours présente, mais elles choisirent de mettre de côté leurs craintes pour célébrer l'anniversaire de Marie avec Aquarys et les domestiques. Un gâteau d’anniversaire, des rires et des souvenirs à créer, telles étaient les promesses d'une journée teintée de magie et d’amitié. Leurs inquiétudes pourraient bien attendre demain.

 

C’était le premier jour de l’automne, un moment où la nature se parait de ses plus belles couleurs, mêlant des nuances dorées et rouges. Marie et Aquarys, deux âmes intrépides, se préparaient à faire leur entrée à l'école féérique de Pixia, un lieu où les rêves et la magie se croisaient.

L’école était un grand bâtiment, entouré de jardins luxuriants et de fleurs éclatantes. Les matinées étaient consacrées aux cours théoriques, où les élèves apprenaient les langues féériques, humaines et elfiques, ainsi que des matières essentielles comme les mathématiques et l'histoire. Chaque leçon était une aventure, chaque mot une clé pour déverrouiller des mondes inconnus. L’après-midi, en revanche, était réservé aux cours pratiques. Les enfants s’adonnaient au sport et à l’initiation à la magie. Les rires et les cris d’excitation résonnaient dans les couloirs, créant une atmosphère vibrante de camaraderie.

 

Aquarys était un rayon de soleil dans l'école. Elle adorait chaque moment passé en classe, son enthousiasme contagieux illuminait l’atmosphère. Cependant, sa maladresse en sport la faisait trébucher, lui valant des rires bienveillants de ses camarades. Aquarys était studieuse, absorbant chaque leçon avec une soif de connaissance insatiable, prête à embrasser son avenir féérique.

À l’opposé, Marie se sentait souvent en décalage. Bien qu’elle fût extrêmement douée en théorie et excellait en sport, son esprit s’ennuyait. Ayant bénéficié d’un précepteur depuis son plus jeune âge, son savoir surpassait de loin celui de ses pairs. Les leçons lui semblaient répétitives, les mots des enseignants se mêlant en un doux murmure monotone. L’initiation à la magie, à l’inverse, était un défi redouté par Marie. En tant que Demi, un mélange de deux espèces différentes, son pouvoir était moins puissant que celui des Fées. Elle se battait pour suivre le rythme, ressentant chaque échec comme une pierre pesante sur son cœur. Les étincelles de magie qui dansaient autour d’elle semblaient inaccessibles, incapable de l’utiliser.

 

Cela allait faire six mois que l’année scolaire avait commencé, et le soleil brillait haut dans le ciel, projetant des ombres dans la cour de l’école féérique. Marie, isolée et vulnérable, se trouvait coincée dans un coin, entourée par trois camarades de classe aux visages hilares. Depuis quelques mois, un vent de jalousie soufflait sur Marie, ses camarades, envieux de ses excellentes notes en théorie, avaient décidé de faire de sa vie un véritable calvaire. Ils l’insultaient, la traitant de Demi, une désignation qu’elle avait tant de mal à porter. Leurs mots étaient comme des flèches, visant droit au cœur, et la magie qu’ils manipulaient n’était rien d’autre qu’un moyen de l’effrayer, d’exacerber son sentiment d’infériorité.

Alors qu’un des garçons, emporté par son arrogance, commença à utiliser sa magie de feu, l’atmosphère devint électrique. La flamme dansait autour de lui, brillante et menaçante, comme un dragon prêt à s'échapper de sa cage. Soudain, dans un moment de perte de contrôle, une boule de feu jaillit, se dirigeant droit vers Marie.

Le temps sembla se figer, chaque battement de cœur résonnant dans ses oreilles. La terreur s’empara d’elle à l’idée d’être touchée. Dans cette seconde de panique, Marie sentit une force émergeant au plus profond de son être. Elle savait qu’elle devait agir, que sa survie en dépendait. Déployant toute sa magie, elle se concentra intensément, luttant contre la peur qui menaçait de l’engloutir.

 

Avec une détermination féroce, elle espérait créer un bouclier de lumière, une barrière protectrice qui la sauverait de cette menace infernale. La lumière jaillit autour d'elle, éclatante et pure, comme un phare dans l'obscurité, prête à la défendre contre les assauts de la colère et de la jalousie. Une boule de lumière scintillante se forma au bout des doigts de Marie, projetant des éclats dorés dans l'air frais du printemps.

De cette énergie vibrante, un bouclier en fer se matérialisa devant elle, brillant d'une intensité presque aveuglante, comme une promesse de protection. Lorsque la boule de feu, ardente et terrifiante, entra en contact avec le bouclier, un silence lourd s'installa. Au lieu d’être stoppée, la flamme incandescente sembla traverser le bouclier comme s’il n’existait pas.

Le visage des enfants se figeant dans une expression d’incrédulité. Marie, elle-même, était figée dans un état d'étonnement. Avait-elle rêvé ? Était-il possible que son pouvoir ait échoué de cette manière ? Elle regarda le bouclier, toujours présent, comme une forteresse silencieuse, mais la vérité était là : sa magie était bien plus faible que celle de son agresseur. Pourtant, le bouclier demeurait intact, défiant les lois de la magie. Les autres enfants observaient, figés dans l'horreur et l'incompréhension, la surprise se peignant sur leurs visages. Mais ce moment de révélation et d’étonnement, ne dura qu’une seconde et avant que Marie ne puisse réagir, la boule de feu, avec une rage irrésistible, la frappa. Un éclair de douleur traversa son corps, et alors que son monde se floutait. La dernière image qui s'imprima dans son esprit fut celle de l'étonnement figé sur le visage de ses camarades et son bouclier qui commençait à vaciller, avant que tout ne devienne noir.

Marie s’évanouit.

 

Marie fut délicatement ramenée chez elle et mise au lit. Sa grand-mère, Aquarys, et sa mère étaient là, leurs visages empreints d'une inquiétude palpable, comme si chaque minute d'attente les rapprochait de l'angoisse. Le temps s’étira, lourd et silencieux, chaque seconde résonnant comme un battement de cœur dans la pièce. Ils attendaient, l'espoir et la peur se mêlant dans un souffle collectif, tous rivés sur le visage paisible mais marqué de Marie.  Après environ une heure, un léger frémissement parcourut le corps de Marie.

Elle se réveilla, les yeux encore embrumés par le sommeil. Bien qu’elle eût été soignée, une sensation de brûlure persistait sur son visage, et un malaise sourd l’envahissait, comme si le monde était encore un peu flou. Lorsqu’elle ouvrit enfin les yeux, elle croisa le regard de ses proches. Ce fut comme un éclair de soulagement qui illumina leurs visages. La tension qui les avait tenus en haleine se dissipa lentement, remplacée par une lueur d’espoir. Pourtant, alors qu’elle tentait de se redresser, désireuse de retrouver son autonomie, sa grand-mère, avec une tendresse mêlée d’autorité, la stoppa :

 « Reste allongée, Marie. Tu as été sévèrement touchée. Nous t’avons soignée, mais ta fièvre persiste encore. Il te faut du repos, nous en parlerons demain, » dit Luna d'une voix calme mais qui ne laissait pas de place à la discussion.

Le lendemain, le soleil se leva sur une nouvelle journée, baignant la pièce d'une lumière apaisante. Pourtant, cette clarté ne dissipa pas l'angoisse qui pesait sur le cœur de Marie. Elle se redressa lentement, les muscles endoloris, son esprit encore flou.

« Que s’est-il passé ? Mes souvenirs sont… vagues, » murmura-t-elle, encore groggy, sa voix à peine un souffle.

Aquarys, assise à son chevet, croisa les bras et fronça les sourcils, son habituelle bienveillance teintée d'agacement. « Tu t’es évanouie après avoir pris de plein fouet une boule de feu de cet imbécile de Pyram ! » s'exclama-t-elle, la voix tremblante d’une colère mal dissimulée. « Pourquoi es-tu partie avec eux ? Ce sont des brutes ! Tu aurais dû m’appeler ! Je serais venue, toi et moi on aurait pu gérer ça. »

Marie baissa les yeux, sentant la chaleur de la honte monter à ses joues. « Pardon, Aqua… » murmura-t-elle, penaude.

Le silence s'étira entre elles, jusqu'à ce que la voix ferme de Luna interrompe la scène, tranchant l'air comme une lame bien affûtée. « Aquarys, laisse-nous. Marie et moi devons parler, seules. »

Aquarys acquiesça d’un signe de tête, lançant un dernier regard inquiet à son amie avant de se retirer de la pièce avec un soupir. La porte se referma dans un grincement sourd, laissant Marie face à sa grand-mère, l'atmosphère soudainement plus pesante.

Luna s’avança, ses pas lourds résonnant sur le plancher. Elle fixa Marie, son regard dur mais non sans une touche de préoccupation. « J’ai entendu ton enseignant dire que lors de l’attaque, tu avais fait apparaître un bouclier en métal, » commença-t-elle, son ton chargé d'une sévérité que Marie connaissait bien.

Marie leva les yeux, surprise. « Un bouclier… en métal ? Je m’en souviens vaguement... mais pourquoi un bouclier ? Je suis une Fée de la lumière, pas une guerrière. Est-il possible d'éveiller deux pouvoirs différents ? Et pourquoi la boule de feu est-elle passée au travers de ce bouclier ? » demanda-t-elle, le front plissé d'inquiétude.

Luna se pinça les lèvres, pensant à haute voix, ses sourcils froncés de réflexion. « Un bouclier en métal... cela ressemble à l’un des pouvoirs des Fées gardiennes, pas à ceux de la lumière… »

Marie redressa la tête, ses yeux s’agrandissant d’étonnement. « Une Fée gardienne ? Y en a-t-il eu dans notre famille ? »

Luna renifla, vexée par la suggestion. « Bien sûr que non ! Nous appartenons à la noblesse depuis la création de notre pays. Jamais quelqu’un avec un pouvoir aussi... commun n’a vu le jour dans notre lignée ! » Son ton glacial résonna dans la pièce, et Marie se mordit la lèvre, sentant son cœur se serrer sous cette réponse.

Le silence lourd qui suivit fit réaliser à Luna qu'elle était allée trop loin. Elle adoucit légèrement sa posture, soupirant avant de reprendre d’une voix plus douce, presque maternelle. « Mais tu es une Demi, Marie. Il est donc possible que tu éveilles des pouvoirs multiples... différents des nôtres. Quant à la boule de feu, elle a probablement traversé ton bouclier parce que ta magie est encore trop faible. Nous sommes dans l’inconnu, » concéda-t-elle, son regard se faisant plus conciliant.

Marie inspira profondément, cherchant de l’espoir dans cette brèche d'incertitude. « Est-ce que... je pourrais peut-être éveiller des pouvoirs diurnes comme maman, ou... nocturnes comme toi ? » demanda-t-elle, ses yeux brillants d’espoir.

Luna hésita, ses yeux se voilant d’un mélange de doute et de curiosité. « Comme je te l’ai dit, nous sommes dans l’inconnu. Ce que tu deviendras... il est trop tôt pour le dire. » Ses mots étaient doux, mais laissaient planer une incertitude qui pesait lourd sur les épaules de Marie.

Un silence solennel retomba sur la pièce, les non-dits se faufilant entre elles, teintés d’une inquiétude partagée.

Marie se rendit dans le grand jardin du château, le vent frais caressant ses joues. Elle regardait ses mains, encore tremblantes après l’incident à l’école. « Pourquoi mon pouvoir ne fonctionne-t-il pas comme il le devrait ? » se demanda-t-elle. Les autres enfants maîtrisaient si facilement leurs dons, mais elle... elle semblait toujours à la traîne, comme si quelque chose clochait en elle.

« Est-ce parce que je suis une Demi ? » Cette pensée la hantait depuis des mois. Elle n'était ni entièrement humaine ni totalement féerique. Cette ambiguïté l’étouffait parfois. Elle était censée être spéciale, héritière d’un sang royal et d’une lignée puissante, mais elle se sentait souvent comme une étrangère, même dans son propre corps.

Son regard se porta sur ses cheveux, bruns sombres, cachant les reflets argentés de sa lignée. « Pourquoi dois-je me cacher ? » Elle savait que c'était pour sa sécurité, pour la protéger, mais au fond d'elle, un désir grandissait, celui de montrer au monde qui elle était réellement. « Mais si je le fais, tout s’effondrera ». Sa sécurité, la protection que sa grand-mère et son père avaient tant sacrifié pour elle. Était-elle prête à risquer cela ? À risquer d'être retrouvée par ceux qui avaient détruit sa famille ?

Elle ferma les yeux, tentant d’apaiser les émotions contradictoires qui bouillonnaient en elle. « Et si je n’étais simplement pas à la hauteur ? » L’idée de ne jamais être à la hauteur des attentes pesait lourdement sur ses épaules. Sa grand-mère, sa lignée, ses camarades… tous semblaient attendre d’elle des prouesses qu’elle n’était pas sûre de pouvoir accomplir. Et si je ne pouvais jamais combler ce manque de pouvoir ? Je ne serai jamais rien d’autre qu’une Demi… »

La peur d’être rejetée, non seulement par ceux qui l’avaient blessée, mais aussi par ceux qui l’aimaient, l’empêchait d’avancer. « Je veux être forte, je veux prouver que je peux le faire... mais si j'échoue ? » Si elle révélait ses faiblesses, cela pourrait signifier la fin de tout. Elle ne voulait pas décevoir ceux qui comptaient sur elle, mais elle ne savait pas si elle pouvait réussir.

Elle rouvrit les yeux, fixant l’horizon, prit une grande inspiration pleine de nouvelle résolution : « Je vais me battre et devenir forte pour être celle qui protège ceux que j’aime et que plus jamais personne ne se sacrifie pour moi ! »

 

Plus de deux ans s'étaient écoulés, et le pouvoir de Marie, en tant que gardienne ou autre pouvoir, n'avait toujours pas refait surface. Malgré ses innombrables efforts, elle commençait à se demander si elle n’avait pas simplement rêvé tout cela. Dans quelques semaines, elle allait avoir dix ans, un âge symbolique pour les Fées.

Comme Aqua avant elle, son éveil à sa forme féérique approchait à grands pas. Ce moment tant attendu était censé lui apporter des réponses. La transformation serait révélatrice, affichant clairement quel type de fée elle était destinée à devenir. Marie ressentait un mélange d'anticipation et d'inquiétude. Allait-elle enfin découvrir ses véritables capacités, ou serait-elle déçue encore une fois ? Les jours passaient, et chaque lever de soleil semblait lui murmurer que son destin était sur le point de se dévoiler.

Prenons l’exemple d’Aquarys. Lors de sa métamorphose : de magnifiques ailes bleu-vert au contour jaune sable apparurent dans son dos. Sur ces ailes, un motif mouvant évoquait des vagues s’écrasant sur une plage, créant une image vivante et captivante. Ses cheveux, toujours tressés, se transformèrent en une tresse collée complexe, descendant élégamment jusqu’à sa taille. Sa traditionnelle robe bouffante se métamorphosa en une robe très fluide, dans laquelle on pouvait voir tantôt une mer turquoise, tantôt une mer déchaînée. Cette tenue était le reflet exact de l’océan où vivaient les Sirènes. Aquarys était également ornée de légers voiles flottant dans le vent, aux couleurs vibrantes, semblables aux nageoires de poissons tropicaux. Ses petites chaussures avaient disparu, laissant place à des pieds nus ornés de bijoux faits de coquillages s’entrelaçant délicatement. Il devint alors évident qu’elle n’était pas une simple fée des eaux, mais une fée des océans. Bien que cela n'impactât pas réellement ses pouvoirs, elle conservait la même capacité à créer et manipuler l’eau que n’importe quelle autre fée des eaux. Les deux seules différences résidaient dans le fait qu'elle invoquait de l’eau de mer et qu’elle possédait une plus grande affinité avec les espèces marines, lui permettant, dans une certaine mesure, de communiquer avec elles.

Marie se rendit au temple, accompagnée de sa grand-mère, pour célébrer son dixième anniversaire. Comme le voulait la tradition, elle s'approcha du cristal sacré, répétant le geste qu'elle avait fait trois ans plus tôt. Sa main frôla la surface lisse, et aussitôt, une douce lueur blanche, discrète mais vive, émana du cristal. Elle ferma les yeux, concentra une once de sa magie et la laissa couler dans la pierre. Une explosion de lumière irisée envahit l’espace, et les couleurs de l'arc-en-ciel se mirent à danser autour d’elle, la portant doucement vers le ciel.

Enveloppée d’un halo étincelant, Marie s'éleva lentement, flottant avec grâce. À mesure qu’elle prenait de la hauteur, des ailes éthérées, d'une transparence délicate et aux reflets multicolores rappelant ceux d’un papillon, jaillirent de ses omoplates. Elles grandirent peu à peu, frémissant dans l'air comme si elles s’éveillaient à la vie. Sa tenue changea alors, sous l’effet de la transformation. La robe cérémonielle qu’elle portait se métamorphosa en une élégante combinaison blanche, simple mais lumineuse, rayonnant d’une douceur apaisante. Ses longs cheveux, habituellement brun, reprirent leur couleur d’origine, un blanc étincelant, se redressèrent et s’attachèrent naturellement en une queue-de-cheval haute, leur reflet normalement argenté, symbole de sa lignée était désormais teintées des mêmes reflets chatoyants et irisés que ses ailes, capturant la lumière à chaque mouvement. Marie, au cœur de cette métamorphose magique, ressemblait à une vision d’un autre monde, une princesse suspendue entre ciel et terre, écho vivant des mystères et des merveilles de son héritage.

La grand-mère de Marie, Luna, fixait sa petite-fille avec une perplexité grandissante. La métamorphose qu'elle venait de voir défiler sous ses yeux était d'une sobriété déconcertante, ne révélant aucun indice sur le type de fée qu'elle était. Même le signe distinctif des fées de la lumière semblait absent. Cette transformation ne ressemblait en rien à celles qu'elle avait pu observer ou entendre raconter au fil des années. Une inquiétude subtile commença à poindre dans son esprit. Et si Marie possédait un pouvoir unique ? Bien que ces dons soient extrêmement rares, Luna savait par expérience qu'ils étaient souvent étranges et hélas, dénués de réelle puissance. Elle se remémora ce jour, il y a de cela des décennies, lorsqu'elle avait croisé une fée au pouvoir singulier : celle-ci pouvait faire apparaître des casseroles. Un talent aussi insolite qu'inutile, qui avait suscité plus de moqueries que d'admiration pour sa rareté. L'idée que sa propre petite-fille, héritière d'une lignée si illustre, puisse se retrouver affublée d'un pouvoir aussi dérisoire et ridicule était impensable. Luna sentit une pointe d'angoisse serrer son cœur. Non, Marie ne pouvait pas être destinée à faire apparaître de simples ustensiles de cuisine. Elle était vouée à de grandes choses, à honorer la grandeur de leur famille.

Le souffle délicat du vent du temple caressa le visage de Luna, comme un murmure apaisant la ramenant à la réalité. Elle fixa à nouveau Marie, flottant gracieusement dans les airs, enveloppée d'une aura lumineuse aux mille couleurs. Peut-être y avait-il davantage que ce que ses yeux pouvaient percevoir au premier regard. Peut-être que la véritable nature du pouvoir de Marie demeurait cachée, attendant le moment idéal pour se révéler dans toute sa splendeur. Malgré ses craintes, une étincelle d'espoir illumina le regard de Luna, tandis qu'elle continuait à contempler le mystère envoûtant qu'était sa petite-fille.

Malheureusement pour Marie, la magie n’était pas innée. Bien qu'elle se métamorphosât, elle ne se sentait pas plus avancée dans la maîtrise de ses pouvoirs. Ses pensées s'évadèrent vers la fête d'anniversaire qui l'attendait au château, où Aqua et les quelques amies qu'elle s'était faites à l'école devaient déjà l'attendre avec impatience. Elle imagina le grand gâteau décoré de fleurs en sucre, les bougies scintillantes prêtes à être soufflées. C'est alors que quelque chose changea sur sa combinaison. Le blanc immaculé se teinta progressivement de couleurs vives. Des motifs de gâteaux apparurent, recouvrant presque entièrement le tissu. Des macarons délicats, des tartes aux fruits, des cupcakes ornés de glaçage formaient un kaléidoscope sucré sur sa tenue. Les desserts semblaient si réels qu'on aurait cru pouvoir les goûter.

Luna fixa Marie, stupéfaite, ses yeux grands ouverts sous le choc. « Des pâtisseries ?! » s’exclama-t-elle, sa voix trahissant un mélange d'incrédulité et de confusion.

Marie, tout aussi étonnée, fronça les sourcils avant de laisser échapper un rire nerveux. « J’y pensais justement aussi ! C’est tellement étrange… Rentrons, mes amies nous attendent, et peut-être que nous finirons par obtenir des réponses à tout cela. »

Mais Luna, visiblement agacée par l’imprudence de sa petite-fille, secoua la tête avec insistance. « Non ! Regarde ta tenue, Marie ! » s’écria-t-elle, pointant un doigt accusateur. « Elle s’est recouverte de pâtisseries ! »

Marie baissa les yeux, s’attendant à voir sa combinaison immaculée tachée de crème et de glaçage. Mais à sa grande surprise, son vêtement avait retrouvé sa blancheur intacte, comme si rien ne s'était passé. Intriguée, elle releva la tête vers sa grand-mère, qui la regardait d’un air perplexe, les sourcils froncés. Une tension s'installait entre elles, mêlant mystère et confusion.

Après un long moment de silence, Luna reprit la parole, cette fois d’une voix plus posée, presque réfléchie. « Des gâteaux sont apparus quand tu y pensais... Et ce bouclier s’est matérialisé quand tu voulais te protéger… » Elle fit une pause, les yeux rivés sur Marie comme si elle analysait chaque mot. « Se pourrait-il que tu aies la capacité de matérialiser ce à quoi tu penses ? »

Marie ouvrit la bouche, stupéfaite, mais l’éclat d’excitation dans ses yeux trahissait son enthousiasme naissant. « Tu crois ? Ce serait absolument génial comme pouvoir ! » s’écria-t-elle, ses joues s'illuminant d’une excitation enfantine. « Essayons quelque chose… Je vais penser à des cadeaux ! Des MONTAGNES de cadeaux ! »

À peine avait-elle formulé sa pensée que sa tenue changea de nouveau, se couvrant d’un kaléidoscope de paquets colorés. Des rubans rouges, des boîtes ornées de motifs festifs s’étalaient sur le tissu, mais… aucun véritable cadeau n’apparaissait dans l’air.

Marie fronça les sourcils, désappointée. « Hmm… Pourquoi ça ne fonctionne pas comme je l’imaginais ? »

Luna, visiblement frustrée par l’incertitude, serra les dents, son irritation palpable. Elle se redressa, l’air résolu, et annonça d’un ton sans appel : « Très bien, nous allons tester ta concentration. Je vais t’attaquer avec ma magie. Il vaut mieux pour toi que tu fasses apparaître ce bouclier à nouveau… »

Marie sentit son cœur bondir dans sa poitrine, l'adrénaline montant rapidement à l’idée d’un duel magique avec sa grand-mère. « Quoi ?! Maintenant ?! » s’écria-t-elle, hésitante, mais Luna ne lui laissa pas le temps de protester.

D’un geste précis, Luna leva sa main, et une lueur mystique commença à crépiter au bout de ses doigts. L’air autour d’elle s’électrisa, vibrant sous l’effet de sa puissance. Marie la regarda, sentant la pression monter, terrifiée. Mais au fond d’elle, une étincelle de confiance qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant émergeait.

« Je peux le faire, » murmura-t-elle pour elle-même, son souffle s'accélérant.

Fermant les yeux, Marie se concentra de toutes ses forces. Elle imagina le bouclier, le visualisant dans ses moindres détails : solide, immuable, protecteur. Elle pouvait presque sentir l’énergie parcourir son corps, chaude et rassurante, comme si ses pensées prenaient vie dans ses veines. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, un bouclier étincelant se dressait entre elle et Luna, scintillant de mille feux sous la lumière.

Luna baissa la main, l'attaque magique stoppée dans son élan. Un sourire d’admiration se dessina sur ses lèvres, mêlé de soulagement. « Voilà qui est mieux, » dit-elle d’une voix plus douce, marquée par la fierté. « Nous commençons à découvrir l’étendue de tes capacités. »

Marie, encore sous le choc de sa propre réussite, contempla le bouclier avec émerveillement. Ses yeux s’attardèrent sur les reflets chatoyants de sa surface, fascinée par l’idée qu’elle avait pu matérialiser une telle protection simplement par la force de sa pensée. « C’est incroyable… Mon pouvoir est donc de matérialiser ce à quoi je pense ! » s’exclama-t-elle, sa voix vibrant d’une excitation nouvelle.

Luna hocha la tête, son regard toujours sérieux malgré l’admiration qu’elle portait à sa petite-fille. « Il semblerait bien, » admit-elle avec gravité. « Mais ce pouvoir, aussi incroyable soit-il, exige un contrôle absolu et une discipline de fer. » Elle fit une pause, scrutant Marie avec attention. « Nous devrons travailler ensemble pour t’apprendre à le maîtriser. Sans cela, il pourrait devenir aussi dangereux que bénéfique. »

Marie inspira profondément, prenant conscience de la responsabilité qui accompagnait ce pouvoir. « Je comprends, » dit-elle, plus calme, mais toujours émerveillée. « Je suis prête à travailler dur pour le maîtriser. »

Luna esquissa un sourire satisfait, adoucissant encore un peu plus son regard. « Bien. Nous commencerons dès demain. Ce don est rare, Marie, mais entre de bonnes mains, il pourrait changer bien des choses. »

Un vent doux parcourut le temple, faisant danser les mèches multicolores de Marie autour de son visage. Leurs regards se croisèrent, et une nouvelle complicité naquit entre elles. L'avenir s'annonçait riche en promesses et en défis, mais désormais, Marie se sentait prête à les relever. Consciente du sérieux de sa grand-mère, Marie savait que l'entraînement ne serait pas aisé. À la fois déterminée et légèrement anxieuse, elle se mit en position, prête à affronter ce qui allait suivre.

Luna, le visage serein mais les yeux perçants, fit apparaître entre ses mains une boule d’énergie aux nuances noir bleuté, pulsant comme un cœur vivant. Elle la pointa vers sa petite-fille et, sans hésitation, lança le sort. Marie prit une profonde inspiration. Elle concentra toutes ses forces, imaginant avec intensité un bouclier impénétrable se dressant devant elle. Elle murmura intérieurement des prières, appelant à l'aide les énergies bienveillantes. Le bouclier sembla se renforcer, bien plus grand et solide que le précédent. Sa tunique s'était métamorphosée en une armure étincelante, la protégeant de la tête aux pieds. Cependant, à sa stupéfaction, la magie de Luna traversa le bouclier comme s'il n'était qu'un mirage, continuant sa course sans être arrêtée. Marie sentit son cœur se serrer et ferma les yeux, s'attendant à ressentir l'impact. Mais rien ne vint.

Lorsqu'elle les rouvrit, elle vit Luna qui avait fait disparaître son sort et se précipitait vers elle. Arrivée à sa hauteur, sa grand-mère tendit la main vers le bouclier encore visible. Ses doigts le traversèrent sans rencontrer de résistance. Un éclair de compréhension illumina son regard. « Je comprends maintenant », murmura-t-elle. « Tu es bel et bien une fée de la lumière. Tu as le pouvoir de la déformer pour créer des mirages, des illusions. » Marie resta silencieuse, les yeux écarquillés. Un pouvoir aussi rare qu'insaisissable, dépourvu de véritable force offensive, ce qui déplaisait fortement à Luna. Elle soupira légèrement. « C'est un don rare, bien qu'il n'offre pas la puissance que j'espérais. (C’est toujours mieux que des casseroles !)

Un sourire naquit sur les lèvres de Marie. Bien que moins puissant que le pouvoir de création, elle sentait au plus profond d'elle-même que ce pouvoir était unique, porteur d'un potentiel encore insoupçonné et le lien qu’il représentait par une magie similaire à celle de son père lui réchauffa le cœur se rappelant ses très jeunes années et l’insouciance et la joie qu’elle ressentait à l’époque.

Malgré les réserves de sa grand-mère, elle était résolue à explorer ses capacités, à maîtriser cet art des illusions pour en faire une véritable force. Le vent murmura à nouveau dans le temple, comme un doux assentiment de la nature elle-même. Ensemble, elles se préparèrent à embrasser les défis que l'avenir leur réservait. Marie reprit son apparence normale, et toutes deux rentrèrent au château.

 

La fête d’anniversaire et leurs invitées les attendaient avec impatience. La salle à manger avait été somptueusement décorée : des banderoles roses et blanches suspendues au plafond, des ballons voletaient gracieusement dans les airs. Un immense gâteau à plusieurs étages trônait au centre de la table, entouré de verres remplis de boissons pétillantes et de plats débordant de friandises colorées. Six petites filles avaient disposé leurs cadeaux dans un coin de la salle. Installées sur des chaises autour de la table, elles discutaient gaiement en attendant l’invitée d’honneur.

Lorsque Marie fit son entrée, ses amies se levèrent d'un bond et crièrent à l'unisson pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. Elles accoururent pour l'entourer, des sourires illuminant leurs visages, et la supplièrent de se transformer. La nouvelle fée s'exécuta avec excitation. Des ailes multicolores apparurent dans son dos, et sa tenue se métamorphosa en une combinaison éthérée aux teintes chatoyantes. Ses amies la contemplèrent, éblouies par sa beauté. Elle rayonnait d'un léger halo de lumière, lui conférant un air presque surnaturel. Elle était tout simplement magnifique. Après un moment d'émerveillement, l'une d'elles la fixa d'un regard interrogateur. « Quel type de fée es-tu ? » demanda-t-elle avec curiosité. Marie avoua qu'elle n'en était pas certaine mais leur raconta ce qui s'était passé avec sa grand-mère. Les filles échangèrent des regards surpris, une lueur d'inquiétude traversant leurs yeux lorsqu'elles jetèrent un coup d'œil vers Luna. Mais rapidement, l'étonnement laissa place à l'excitation de la fête.

De son côté, Luna avait pris une décision ferme. Si la magie de sa petite-fille ne pouvait pas la protéger, elle lui trouverait un professeur pour la former au combat. Elle observa Marie entourée de ses amies, déterminée à tout faire pour assurer sa sécurité. Les rires et la joie emplissaient la salle, et malgré ses préoccupations, Luna ne put s'empêcher de sourire en voyant le bonheur rayonnant sur le visage de sa petite-fille.

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Phil Wayne
Posté le 21/11/2024
Salut Audebert95,

Voilà un nouveau chapitre un peu long ! Mais bien écrit, comme le premier, pas grand chose à dire à ce sujet ! :)

Le début de ton chapitre nous offre une description d'un univers utopique. Ton écriture contient beaucoup de détails,
beaucoup d'adjectifs. Globalement, tu nous présentes un environnement enchanteur, magique. Je note l'anaphore "Dans un petit " (Dans un petit village féérique & Dans un petit chateau) dans les premiers paragraphes. Ça donne quelque chose de mignon sur le rendu final qui n'est pas inintéressant.

Je te propose une légère reformulation pour quelques phrases :

« Le jardin qui entourait le château s'étendait sur plusieurs hectares, offrait des trésors, un monde à explorer. »
=> Un jardin entourait le château, s'étendant sur plusieurs hectares, offrant des trésors, un monde à explorer.

« La roseraie était un véritable festival de couleurs, avec des roses dans des teintes variées, allant du rouge profond au rose délicat, créant un environnement enchanteur. »
=> La roseraie était un véritable festival de couleurs, avec des roses [aux] teintes variées, du rouge profond au rose délicat, créant un environnement enchanteur.

Tu pourrais aussi déplacer le paragraphe suivant :
« Enfin, un petit bois bordait le jardin, où la nature était laissée à l'état sauvage. Les arbres majestueux offraient de l'ombre et un refuge aux oiseaux et aux animaux. »
À ta place, je le collerais à un paragraphe qui le précède comme suit :
=> « Le jardin qui entourait le château s'étendait sur plusieurs hectares, offrait des trésors, un monde à explorer. La terrasse était un espace accueillant doté d'une petite table ronde en fer forgé et entouré de deux chaises confortables. Cet endroit était parfait pour prendre le thé tout en admirant la vue splendide. Un petit bois où la nature était laissée à l'état sauvage bordait également le jardin. Les arbres majestueux offraient de l'ombre et un refuge aux oiseaux et aux animaux. »

Attention, petite faute dans cette superbe description du physique de Luna (je te l'ai mise entre crochets) :
« Ces yeux, bien qu'exprim[a]nt une certaine rigueur, laissaient parfois entrevoir une lueur de tendresse, cachée derrière un masque de sérieux. »

« toutes les quatre ensembles » => pas de -s à "ensemble", c'est un adverbe (il ne s'accorde pas comme les adjectifs).

Le seul "point noir", si l'on puit dire, c'est l'extrême longueur du chapitre. J'avoue avoir du mal à tout lire. J'accroche avec ton style d'écriture mais moins avec l'histoire elle-même, car elle est très descriptive, je n'ai pas la sensation de vivre les événements. C'est peut-être juste moi mais je préfère te le dire. Considère peut-être redécouper ton chapitre en plusieurs chapitres afin d'avoir des blocs plus digestes pour tes lecteurs ?

Voilà, voilà ! Bon courage pour les relectures & peut-être à bientôt :)
Philippe
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