3. L’adolescence d’une fée

Depuis ses dix ans, Marie avait entamé un chemin qui la distinguait profondément des autres jeunes de son âge. En plus de suivre les cours habituels, elle s’était immergée dans le monde du combat. Son apprentissage n’était pas celui que l’on trouve dans les académies ordinaires ; il embrassait une variété de techniques et de disciplines. Elle apprit à se battre à mains nues, à manier des épées avec une précision remarquable, à lancer des couteaux avec une rapidité déconcertante et à décocher des flèches aussi vite que le vent. Mais c’étaient surtout les couteaux qui devinrent son arme de prédilection. Après cinq années d’entraînement rigoureux, son talent, hérité en grande partie de son père, s'était révélé redoutable.

 

Elle avait également affiné son pouvoir magique. Le jour où elle parvint à associer la puissance mystique qu’elle maîtrisait à la précision de ses attaques physiques, elle devint une force implacable, inarrêtable. Ses adversaires, même les plus aguerris, se retrouvaient déconcertés par cette danse létale qui combinait grâce, puissance et magie. Depuis ce jour, plus aucun enfant du village ne se risquait à la provoquer. Marie, avec sa maîtrise absolue de ses capacités, incarnait l'intimidation elle-même, malgré son apparence juvénile.

 

Désormais âgée de quinze ans, elle se tenait à l'aube de l'adolescence, une période où beaucoup se cherchent encore, hésitent. Mais Marie, elle, semblait déjà sculptée dans la certitude de ses compétences. Cependant, une chose n’avait pas changé au fil des années : sa relation avec Aquarys. Leurs liens étaient restés aussi forts que jamais, peut-être même plus profonds. Ensemble, elles partageaient leurs rêves, leurs peurs, leurs ambitions, se promettant mutuellement de ne jamais se trahir.

Cet été-là, les journées s’étiraient sous un soleil de plomb, offrant une sorte de calme trompeur. Une tranquillité presque suffocante envahissait le village, tandis que Marie et Aquarys, bien que profitant de ce répit estival, rêvaient d'aventures, d'émotions plus intenses que celles offertes par ces journées trop parfaites.

 

Mais ce calme fut bientôt brisé par une nouveauté inattendue. La grande maison, qui se dressait à la périphérie du village, avait été abandonnée pendant des années. Elle était devenue le sujet de maintes rumeurs, ses murs abritant soi-disant des légendes oubliées. Pourtant, contre toute attente, elle fut soudainement rachetée par une famille venue de la capitale. Le village entier en parla : une famille riche et influente, des gens différents de ceux qui peuplaient habituellement cet endroit reculé. En peu de temps, la demeure fut rénovée avec une modernité qui contrastait avec l’authenticité rustique du village.

Les rumeurs allaient bon train. La mère, disait-on, était une styliste renommée, une icône de mode à la capitale, apportant avec elle une touche de sophistication dans ce lieu jusque-là empreint de simplicité. Quant au père, il était désormais le directeur de l’université locale, un homme d’une stature imposante, dont l’influence semblait s’étendre bien au-delà de sa simple fonction.

Toutefois, ce qui captivait vraiment l’attention de Marie et Aquarys, c’était l’arrivée des deux fils jumeaux de la famille. Ils avaient dix-sept ans et apportaient avec eux une aura de mystère et de nouveauté. Leur présence semblait bouleverser l’équilibre silencieux du village. Qui étaient-ils ? Pourquoi leur famille avait-elle quitté la capitale pour s’installer dans un village aussi reculé ? Leur attitude désinvolte et leurs sourires énigmatiques faisaient naître mille questions dans l’esprit des adolescentes.

Dans ce coin du monde où l’ennui régnait souvent en maître, l’arrivée de ces jumeaux représentait une bouffée d’excitation. Marie et Aquarys, incapables de contenir leur curiosité, décidèrent de rendre visite à ces nouveaux venus. Comme il était de coutume dans le village, elles apportèrent un cadeau : une tarte, préparée par le chef local, réputé pour ses délices. Avec un mélange d’anticipation et de nervosité, elles frappèrent à la porte de la grande maison.

 

C’est le père qui leur ouvrit. Grand, charismatique, il dégageait une certaine chaleur dans son sourire.

« Bonjour, mesdemoiselles ! Entrez donc, vous êtes les premières à venir nous saluer. Quelle attention délicate, vraiment. »

Marie, bien que polie, ne put s’empêcher de ressentir une légère appréhension. Les histoires qui circulaient autour de cette famille étaient parfois teintées de mystère. Elle avait appris à ne jamais ignorer son instinct. Se tournant vers Aquarys, elle murmura :

« Tu es sûre de ça ? On ne sait rien d'eux... »

Aquarys, toujours optimiste et enjouée, la rassura d’un sourire.

« Oh, détends-toi, Marie ! Ils n'ont pas l'air dangereux. On est juste là pour dire bonjour et partager une tarte, rien de plus. »

La légèreté d’Aquarys l'emporta, et les deux filles entrèrent dans la maison. Le père les conduisit dans un vaste salon, baigné de lumière naturelle. Le mobilier, tout en élégance et en modernité, trahissait l’influence de la mère styliste. Bientôt, toute la famille se réunit dans la pièce. La mère arriva avec un sourire tout aussi accueillant, suivie par les jumeaux. Ces derniers, à peine entrés dans la pièce, captèrent instantanément l’attention des filles.

 

Ils étaient identiques et pourtant, quelque chose les différenciait profondément. Grands, élancés, leurs cheveux noirs comme le jais et leurs traits asiatiques leur donnaient un air mystérieux. Rairi, l'aîné, semblait irradier de confiance. Ses yeux dorés brillaient d’une intensité captivante, et ses cheveux lisses, tirés en arrière avec un ruban doré, ajoutaient à son allure princière. Vêtu d’un costume impeccable, il dégageait une prestance presque royale. Chaque geste semblait calculé pour impressionner.

À l'opposé, Koori, le cadet, dégageait une énergie plus froide, plus distante. Ses yeux d’un bleu presque transparent lui donnaient un air impénétrable. Ses cheveux, toujours en désordre, contrastaient avec l’apparence soignée de son frère. Habillé de manière décontractée, dans des vêtements simples et confortables, Koori semblait moins intéressé par l’image qu’il renvoyait. Pourtant, il ne passait pas inaperçu. Il y avait chez lui une force tranquille, une indifférence presque glaciale qui captivait malgré lui.

 

Rairi fut le premier à briser le silence.

« Alors, c'est vous, les filles qui font parler tout le village ? Il semblerait que nous ne soyons pas les seuls sujets de curiosité ici. » Son sourire était charmeur, presque provocateur.

Marie, bien que surprise par l’aplomb de Rairi, ne se laissa pas déstabiliser.

« C'est plutôt vous qui attirez l'attention. Une famille de la capitale ici, c’est... inattendu. »

Après un moment de silence, Koori, le plus discret des jumeaux, brisa l'atmosphère tendue avec une voix basse et détachée. Son ton monotone semblait cacher quelque chose de plus profond, une pensée qu'il n'exprimait pas pleinement : « Ce n'était pas vraiment notre choix de venir ici, mais on s'y fera. Les petits villages ont leur charme. » Il jeta un coup d'œil furtif à son frère, un léger signe qui ressemblait à une incitation silencieuse à se recentrer sur la conversation.

Aquarys, jamais à court d'enthousiasme, se saisit de l'occasion pour illuminer la pièce de son optimisme habituel. « Vous allez voir, on ne s'ennuie jamais ici ! Il y a toujours quelque chose à faire ou à découvrir, surtout quand on est bien entouré ! » dit-elle avec un clin d'œil complice à Marie, qui restait plus réservée, scrutant silencieusement les jumeaux avec curiosité.

Progressivement, la tension initiale s’estompa, remplacée par des rires et des échanges pleins de vie. Marie, d’abord prudente et légèrement en retrait, se laissa emporter par la convivialité qui s’installait. Les jumeaux, de leur côté, semblaient intrigués par les deux amies, surtout par la dynamique entre elles : la spontanéité d'Aquarys et le calme calculé de Marie créaient une alchimie, non sans leur rappeler la leur, piquait leur curiosité.

Le lien entre eux tous se tissait naturellement, comme un fil invisible. Chacun, à sa manière, apportait une énergie nouvelle à ce groupe naissant. Les regards complices se multipliaient, surtout entre les deux frères, qui semblaient se comprendre sans avoir besoin de parler.

« On a entendu dire que vous êtes les meilleures combattantes du village ? » lança Rairi avec un sourire provocateur, les yeux pétillants d’un éclat taquin.

Marie, n’aimant pas se mettre en avant, tenta de minimiser : « On se débrouille, mais c'est surtout Aquarys qui est impressionnante. »

Aquarys éclata de rire et prit la parole avant que quelqu’un d’autre n’ait le temps de répondre : « Marie, ne sois pas si modeste ! Elle est redoutable, surtout avec des couteaux. Et quand elle associe ça à sa magie, je ne voudrais surtout pas être son ennemie. Heureusement, je suis sa meilleure amie ! »

Les jumeaux échangèrent un regard complice, visiblement fascinés par cette révélation. Un sourire mystérieux se dessina sur les lèvres de Koori, comme s'il projetait déjà des plans pour tester ces compétences dont il venait d'entendre parler. « Intéressant... Peut-être qu'un jour, on aura l'occasion de voir ça de nos propres yeux. » Sa voix, bien que calme, contenait une promesse voilée.

Les jours qui suivirent furent marqués par de nombreuses retrouvailles. Les quatre adolescents, bien qu'issus de mondes différents, se rapprochèrent rapidement, partageant des moments qui allaient des simples promenades aux discussions profondes sur la vie, leurs rêves, et leurs aspirations. Pourtant, derrière ces instants de complicité, une question restait dans l'esprit de Marie : qu'est-ce qui se cachait vraiment derrière cette famille venue de la capitale ?

 

À l'aube de la rentrée, l'excitation se mêlait à l'appréhension. Marie et Aquarys, en première année de lycée, étaient à la fois nerveuses et impatientes de découvrir ce que cette nouvelle étape leur réservait. Elles s'étaient habillées avec soin, arborant des tenues neuves pour marquer ce jour important. De leur côté, Rairi et Koori, en dernière année, avaient pris les choses avec plus de légèreté, chacun affichant son propre style distinctif.

En franchissant les portes du lycée, Marie et Aquarys furent immédiatement frappées par l'effervescence ambiante. L'arrivée des jumeaux n'était pas passée inaperçue. Leur présence charismatique avait fait naître une vague de curiosité et d’admiration chez les élèves. En quelques heures, tout le lycée semblait déjà parler d’eux. Rairi, avec son allure élégante et son sourire ravageur, captivait les foules. Koori, plus distant et réservé, attirait tout autant l'attention, mais d’une manière plus mystérieuse, presque magnétique.

« Tu as vu ? Ils sont déjà entourés de fans ! » s’exclama Aquarys amusée à Marie alors qu’elles apercevaient les jumeaux dans le couloir, assaillis de toutes parts par des regards admiratifs.

Marie hocha la tête, un léger soupçon d’inquiétude dans la voix : « Oui, Rairi semble avoir conquis tout le monde avec son charme. Et Koori... il est plus en retrait, mais il intrigue tout autant. »

Rairi, au centre de l’attention, savourait chaque seconde. Il jonglait habilement entre les compliments et les questions, son charisme naturel lui permettant de se mouvoir avec aisance dans cette mer d’admirateurs. Koori, de son côté, semblait presque déconnecté de l’agitation qui l’entourait. Appuyé contre un mur, les bras croisés, il observait la scène avec un calme glacial, ses yeux perçants chacun des visages qui passaient devant lui. Malgré son attitude distante, il ne manquait pas d'attirer l'attention, surtout celle des filles, fascinées par son air taciturne et énigmatique. Pourtant, Marie ne pouvait s’empêcher de se demander qui étaient réellement ces jumeaux, au-delà de leur apparence séduisante et de leur aura mystérieuse.

 

Le déjeuner arriva rapidement, et les quatre amis se retrouvèrent à la cantine. Rairi, comme à son habitude, était déjà entouré d’admiratrices. Il attirait les regards comme un aimant, répondant avec légèreté à toutes les questions et savourant les compliments. Koori, lui, restait fidèle à lui-même : silencieux, distant, mais toujours présent, son regard scrutant l’horizon avec une intensité qui trahissait des pensées plus profondes que celles qu’il laissait paraître.

Marie et Aquarys s’installèrent à une table, où les jumeaux les rejoignirent peu de temps après.

« Alors, comment s’est passée votre première journée ? » demanda Marie, curieuse de connaître leurs impressions sur cette nouvelle expérience.

Rairi, un sourire malicieux aux lèvres, répondit : « C’était amusant, je dois dire. Ce lycée a un certain charme. Et vous, comment trouvez-vous cette rentrée ? »

Aquarys, pétillante comme toujours, s'exclama : « C'est génial ! Il y a tellement de choses à découvrir, et avec vous deux ici, cette année sera inoubliable, j’en suis sûre. »

Marie, quant à elle, restait plus silencieuse, observant attentivement ses amis. Elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine appréhension face à tout ce qui se passait. Bien qu’elle se réjouisse de cette nouvelle amitié, une part d'elle restait sur ses gardes. Il y avait quelque chose chez Rairi et Koori qu'elle ne parvenait pas à cerner entièrement, quelque chose de caché sous leur charisme et leur présence imposante.

 

La journée s'acheva sous un coucher de soleil, ses rayons dorés inondant le lycée d'une lueur douce et réconfortante. Pourtant, dans les couloirs, une tension presque imperceptible planait. La proximité entre les filles et les jumeaux ne passait pas inaperçue, surtout aux yeux des autres élèves. L’amitié qui s’était tissée durant l’été attisait la jalousie. Les murmures se faisaient entendre ici et là, les regards envieux suivaient chacun des mouvements des deux amies. Rairi et Koori, surtout, captaient l’attention de toutes les filles, et voir Marie et Aquarys si proches d’eux faisait naître un sentiment d’amertume chez certaines.

Marie, bien que consciente de cette rivalité silencieuse, n’y prêtait pas réellement attention. Elle avait toujours su se tenir à l’écart des querelles futiles, mais cette fois-ci, l’atmosphère était différente. Elle sentait que cette jalousie naissante pourrait bientôt devenir un problème, surtout si elle continuait à grandir dans l'ombre.

Aquarys, quant à elle, semblait imperméable à tout cela. Sa joie de vivre et son optimisme naturel la protégeaient des rumeurs et des ragots qui circulaient autour d’eux. Elle continuait à sourire et à rire, toujours prête à profiter du moment présent, ignorant les tensions qui bouillonnaient en arrière-plan.

 

 

Quelques mois plus tard, un jour où les journées humides de l’automne laissaient leur place à l’hiver, la jalousie des autres filles atteignit son paroxysme. Marie et Aquarys marchaient tranquillement vers la navette, insouciantes, discutant de tout et de rien. Pourtant, un groupe de filles les intercepta brusquement, leurs yeux brillants de rancune et d’envie. Il y avait dans leur regard une hostilité mal contenue, une amertume née de la complicité qu’elles affichaient avec les jumeaux.

« Vous vous croyez meilleures que nous juste parce que vous traînez avec eux ? » cracha l'une des filles, sa voix pleine de venin. « Ça ne durera pas ! »

La tension dans l’air était palpable, une onde de colère et de frustration traversant le petit groupe. Marie, silencieuse, observa chaque mouvement, ses sens en alerte. Mais c'était Aquarys qui, fidèle à son caractère doux et conciliant, tenta de désamorcer la situation. Son sourire, habituellement si apaisant, ne trouva pas d’écho.

« Nous n'avons jamais cherché à être meilleures. Nous sommes simplement amis, c'est tout. » Sa voix était calme, presque rassurante, mais les autres filles restèrent sourdes à ses paroles. Leur rancœur était bien trop profonde pour être effacée par quelques mots.

 

L'une des filles, poussée par cette frustration, fit un geste brusque vers Aquarys, cherchant à l’intimider. Mais cette fois, Marie était prête. Elle avait passé des années à perfectionner ses techniques de combat, à affiner chaque mouvement, chaque réflexe. Elle ne comptait pas rester passive face à cette provocation.

Avec une agilité quasi surnaturelle, Marie intercepta le coup, ses gestes rapides et précis. En un clin d'œil, elle attrapa le bras de son adversaire, exécutant une prise qui la maîtrisa en un instant. Son geste fut d’une efficacité implacable, sa force mesurée, son intention claire. Marie relâcha rapidement la fille, qui, furieuse d’avoir été si facilement neutralisée, laissa échapper un cri rageur.

« Assez joué, » dit Marie, d'une voix calme mais tranchante, tandis qu'une énergie mystérieuse commençait à se former autour d’elle. D’un simple geste, elle activa sa magie. Immédiatement, plusieurs doubles d’elle-même apparurent, des illusions parfaites qui l'entouraient, créant une scène à la fois fascinante et terrifiante. « Vous n'avez aucune chance. »

Les filles restèrent un instant, figées, déconcertées par cette Démonstration de force et d’ingéniosité. La magie de Marie, combinée à ses talents martiaux, créait une aura presque surnaturelle autour d’elle. Sentant la menace, elles reculèrent instinctivement, la peur se lisant désormais sur leurs visages. En un instant, leur confiance s’effrita, et, terrifiées, elles abandonnèrent leur amie, s’enfuyant sans un mot.

Aquarys, toujours à ses côtés, observa la scène avec un sourire amusé, son regard brillant d’une malice douce. « Tes amies se sont enfuies, » lança-t-elle, sa voix légère tranchant avec la tension qui venait de se dissiper. Elle fit un clin d'œil malicieux à la fille restante. « Tu veux essayer à deux contre une ? »

Face à la détermination et à l’assurance de Marie et d’Aquarys, la dernière fille, déstabilisée, n'eut d’autre choix que de fuir à son tour, lançant des injures en guise de dernier acte de bravoure. Sa voix s’éteignit rapidement dans le lointain.

 

Une fois la menace disparue, Aquarys se tourna vers Marie, un sourire éclatant illuminant son visage. Ses yeux pétillaient d'admiration et de fierté. « Elles n'ont eu que ce qu'elles méritaient. Franchement, c'était du grand art ! Je ne pense pas qu'elles reviendront de sitôt… »

Marie hocha la tête, mais son esprit était déjà ailleurs. En alliant ses illusions à sa maîtrise du combat, elle avait prouvé qu’elle n'avait plus besoin de la protection de quiconque. Pourtant, elle savait que les véritables menaces ne ressembleraient pas à ces simples lycéennes en colère. Les vrais dangers étaient bien plus grands, bien plus puissants. Ce jour-là, elle avait compris que sa maîtrise de la magie et des armes pourrait ne pas suffire face aux dangers de son passé.

 

Les mois qui suivirent furent marqués par des moments de bonheur simple, des éclats de rire partagés, des découvertes, et un sentiment de camaraderie inébranlable entre nos quatre amis. Leur amitié semblait indestructible, à l'abri des tempêtes de la vie lycéenne.

Aquarys, avec son optimisme contagieux et son charme naturel, attirait facilement de nouveaux amis. Son rire léger résonnait dans les couloirs du lycée, sa joie de vivre illuminant le quotidien de ceux qui l’entouraient. Elle avait ce don particulier de rendre les autres heureux, de les réconforter d’un simple regard ou d’une simple parole. Quant à Koori, il restait fidèle à lui-même : mystérieux, distant, mais rassurant. Derrière ses silences et son air impassible, il veillait toujours sur les siens, un pilier calme dans un monde de tumulte.

Marie, quant à elle, continuait à se forger une réputation. Discrète mais redoutablement efficace, elle se faisait respecter par ses camarades, autant pour ses compétences en combat que pour sa magie. Elle devenait peu à peu une figure incontournable, une alliée sur qui l'on pouvait compter. Mais malgré ses prouesses, une ombre planait toujours sur elle. Ses pensées étaient souvent tournées vers l’avenir, vers les épreuves qui l'attendaient au-delà des murs du lycée.

 

Les rumeurs et les intrigues de l’école continuaient de circuler, ils demeuraient imperméables aux commérages. Leur amitié était solide, fondée sur des valeurs plus profondes que les ragots insignifiants des autres élèves. Pourtant, même au sein de ce groupe soudé, des changements subtils commençaient à s’opérer.

Koori, habituellement si réservé, commença à nourrir des sentiments pour Marie. Il ne les exprimait pas ouvertement, mais ses regards, parfois, trahissaient l’intensité de son attachement. Marie, cependant, semblait ne rien remarquer, trop absorbée par ses propres réflexions et ses responsabilités grandissantes. Aquarys, toujours perspicace, ne tarda pas à comprendre ce que Koori ressentait. Elle captait ces petits détails, ces regards volés, ces silences chargés de sens que les autres semblaient ignorer.

Aquarys elle-même traversait une période de questionnement. Peu à peu, elle prenait conscience de son attirance pour les filles. Cette révélation la surprit d’abord, mais avec sa nature ouverte et son esprit libre, elle accepta cette nouvelle facette d’elle-même avec une aisance déconcertante. Un soir, alors qu’elles étaient assises sous le ciel étoilé, elle confia ses pensées à Marie, dans un moment de pure sincérité.

« Je pense que je préfère les filles, » murmura-t-elle d'un ton doux, presque comme si elle confiait un secret ancien à une sœur. Marie, sans même hésiter, lui sourit chaleureusement. Aucune parole n'était nécessaire. Leur lien était si fort qu'un simple sourire suffisait à exprimer tout le soutien et l’acceptation dont Aquarys avait besoin.

 

L’année passa ainsi, entre rires, confidences, et moments partagés. Rairi, avec son charme irrésistible et sa personnalité flamboyante, continuait de captiver l’attention des filles du lycée. Mais malgré son apparente légèreté, il restait indéfectiblement attaché à son frère Koori. Ensemble, ils formaient un duo inséparable, chacun complétant l’autre à sa manière.

À la fin de l’année scolaire, Rairi et Koori quittèrent le lycée pour rejoindre l’université où leur père travaillait dans une ville voisine. Marie et Aquarys, elles, entamaient leur deuxième année. Malgré la distance, les jumeaux restaient en contact régulier avec les filles. Ils se retrouvaient souvent les week-ends, partageant des histoires d’université, de nouveaux amis, mais aussi de questionnements face à l’avenir.

Leurs liens se renforcèrent au fil du temps, au point que leur amitié dépassa largement les simples camaraderies scolaires. Aquarys veillait toujours sur Marie avec une tendresse protectrice, consciente des cicatrices invisibles que son amie portait en elle. Quant à Koori, son attachement pour Marie, bien que discret, ne faisait que grandir avec les mois.

 

Enfin, après des années de complicité et d’aventures partagées, le jour tant attendu de la remise des diplômes arriva. La cour du lycée était remplie de rires, d’accolades, et de promesses d’avenir. Les élèves, vêtus de la toge traditionnelle, se tenaient prêts à franchir le cap vers l’inconnu. Marie et Aquarys se tenaient côte à côte, observant la scène avec un mélange d'excitation et de nostalgie.

Rairi et Koori, ayant obtenu leur diplôme deux ans plus tôt, se tenaient dans le public, entourés de Luna, de la mère d'Aquarys, et des serviteurs. Leur regard était rempli d'un mélange de fierté et de nostalgie alors qu'ils observaient les filles sur scène.

« C’est étrange, n’est-ce pas ? » murmura Marie, lançant un coup d’œil vers ses amies. « Tout ça… c’est fini. »

Aquarys, avec un sourire complice, lui prit la main et répondit : « Non, ça ne fait que commencer… »

Le soir venu, sous un ciel parsemé d’étoiles, ils se retrouvèrent une dernière fois, assis dans l’herbe, partageant des souvenirs et des rires. Leur avenir restait incertain, mais une chose était sûre : ils affronteraient chaque défi, ensemble, liés par des années d’amitié indéfectible.

Le soleil se leva lentement, enveloppant le groupe d'une lumière douce, presque dorée, comme un symbole que, malgré la fin d’une époque, leur histoire ne faisait que commencer.

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