8. Les hommes en noir.

Par JFC

— Te voilà de retour !

            Un homme vêtu de noir, encapuchonné, s’avance lentement, son long bâton frappant le sol à chaque nouveau pas. S’agenouillant devant un trône grossièrement taillé dans de la pierre, il garde la tête baissée et reste muet. Plusieurs secondes se passent ainsi, sans qu’aucun des deux hommes ne rompe le silence de ce lieu obscur.

Un « CLAP ! » sonore indique alors que l’homme assis sur le trône vient de refermer son livre, et qu’il a fini de lire. Prêt, il écoute le rapport de l’homme agenouillé en face de lui.

— Tout s’est bien déroulé.

— Ton masque, enlève-le !

— Permets-moi de le garder.

Des bruits d’ongles tapotant sur la couverture rigide d’un livre se firent entendre.

— Bien.

— Merci.

— Tu es bien conscient que tu es le seul à qui je permets ce genre de caprice, n’est-ce pas ?

— Je le sais, et je t’en remercie. Mais la vue de ce visage, tu le sais, me dégoute et m’emplit de rage.

Des étincelles rouges crépitent soudain autour de l’homme agenouillé, tandis qu’il sert son bâton comme s’il voulait le faire souffrir.

— Lève-toi, Kuro !

— Bien sûr.

Tandis que la colère de l’homme en capuche noir continue à créer des étincelles, son bâton brille d’une lumière aveuglante. Toute la pièce s’éclaire soudain, révélant une salle quasiment vide. Seuls un trône et une haute bibliothèque débordant de livres s’y trouvaient. Voilà tout ce que comportait la pièce !

Étrangement, malgré la puissance de l’onde lumineuse émise par le bâton de Kuro, elle ne parvint pas à arracher l’homme sur le trône à l’obscurité qui l’enveloppait. Contrairement à ce dernier, Kuro devint parfaitement visible, bien que son apparence restât intégralement dissimulée sous ses vêtements. Son visage, lui aussi, était masqué par une surface noire et lisse, dépourvue de toute fente, ni pour la bouche ni pour les yeux. Ce masque lugubre et oppressant, chargé d’une aura inquiétante, aurait suffi à faire trembler de peur les hommes les plus robustes.

— Raconte-moi ! ordonna l’homme assis.

— La première incursion chez les Humains à étaient aussi rapide qu’efficace. Nous n’avons subi aucune perte, contrairement à ses animaux, rajoute-t-il en ricanant.

— Les âmes ?

— Seuls les plus jeunes et les plus forts. Comme prévu, en quantité. Nous aurons donc beaucoup à faire.

— Bon travail ! Maintenant, assure-toi que les choses avancent le plus rapidement possible.

— Il sera fait selon tes désirs.

— Parle-moi de nos alliés !

— Nygaard s’est encore fait remarquer. Contrairement à ses congénères, la vue des enfants, même des sous-espèces, ne l’attendrit pas. Il reste une véritable bête sauvage assoiffée de sang et de chaos, lâcha Kuro en ricanant. Si seulement ils étaient tous comme lui.

— S’ils étaient tous comme lui, nous aurions moins de cobayes.

— Tu as raison, je n’y pensais pas. Pardonne-moi.

— Les autres ?

— Les choses ne bougent pas rapidement là-bas, je devrais peut-être…

— J’irais ! Toi reste ici, et avance dans tes expériences. Elles sont importantes.

— Avec plaisir. Je suis sur le point d’y arriver. L’âme et le corps.

— La guerre est imminente, Kuro. Nous devons finir nos préparatifs au plus tôt.

— Les autres races n’ont eu aucune chance, il en sera de même pour les Humains.

— Ne les sous-estime pas. Ils ont déjà prouvé leurs forces par le passé. De plus, ils ont un allié puissant.

Kuro baissa la tête et recommença à serrer son bâton. Les étincelles réapparurent, plus puissantes encore. Le sol à ses pieds se fissura. Pris d’une colère incontrôlable, le mage noir abattit son bâton sur le sol à plusieurs reprises, sans laisser la moindre trace sur son étrange morceau de bois. Pendant plusieurs minutes il laissa sa colère se déchainer. Une fois calmé, il se jeta à genoux.

— C’est de ma faute s’il est toujours en vie. Je te demande pardon.

— Ne t’en fais pas. Comme tant d’autres avant lui, il finira par disparaitre.

— De ma main ! hurla Kuro.

— Et le monde m’appartiendra.

— Ensuite ? voulut savoir l’homme encapuchonné avec extase.

— Chaque chose en son temps, Kuro.

Le mage noir savoura cet instant en silence.

— D’abord les Elfes ! précisa Lyth.

— Oui. Leur protection magique, accordée par l’Alkast Atria, ne leur sera d’aucun secours.

— Seuls ceux qui ont du sang d’Elfe peuvent pénétrer Yggdol. Sauf si l’on possède un pouvoir supérieur à Atria.

— Tu n’auras aucun mal pour t’y rendre le moment venu, siffla le mage.

— Oui, grâce à toi, Kuro.

L’homme assis sur le trône se leva et fit un pas en direction de Kuro. Lyth était éclairé par un mince filet de lumière traversant un vitrail non loin de là. Des longues oreilles pointues. Des longs cheveux, noirs et lisses, dont une frange s’arrêtant pile entre les yeux. De sa voix grave, il congédia le mage, qui observa une dernière fois les yeux aux pupilles rouges de son maitre, avant de disparaitre dans un claquement sec.

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