À pierre fendre

Monsieur Roquetaille croise invariablement ses doigts pour se donner bonne figure. Sinon il tripatouille tout comme un empoté. Autant éviter.

Sa cliente sanglote sans discontinuer depuis qu'il est revenu de la chambre froide. Il a bien proposé de lui laisser un peu d'intimité, elle a refusé. De la raccompagner chez elle, elle a refusé aussi. Il a même ramassé son collier – celui dont elle s'était débarrassé de rage. Sans plus de succès.

Tout ce qu'elle a su requérir, c'est de l'aide pour réchauffer son corps, «  glacé à pierre fendre » selon ses mots. Ensuite, elle a entamé de déboutonner son long manteau. Sans cesser de pleurer.

Les sous-entendus mettent monsieur Roquetaille mal à l'aise. Les jetés de chemisier également. Aussi, il recule jusqu'à se retrouver dos au mur. Ses doigts se croisent sur le collier. Une perle d'obsidienne est fendue.

Il balbutie :

— Ma... madame, voyons...

— Appelez-moi Prune, monsieur Roquetaille.