Chapitre 10 : La dure loi des émotions

Par Lucinda

En rentrant chez moi, je sens une tempête d'émotions tourbillonner à l'intérieur. Je ne sais pas quoi penser de ce qui vient de se passer. Ce baiser, ce moment fugace partagé avec Ethan, est comme une étoile filante dans ma mémoire, brillant intensément avant de disparaître. J'essaie de chasser le goût sucré de ses lèvres de mon esprit, mais c'est impossible. C'est un poison doux-amer qui me hante.

Lucas, quant à lui, semble de plus en plus sur mon dos. Son regard se pose sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer, et je sens le poids de sa protection peser sur mes épaules. Chaque fois que je tente de m'approcher d'Ethan, je peux presque sentir la tension émaner de Lucas, une alarme silencieuse qu'il active à la moindre tentative.

— Qu'est-ce qui se passe avec toi, Cheryl ? Il m'interroge d'une voix qui mêle inquiétude et reproche. Je veux que tu restes loin de cette meute. Ils ne sont pas dignes de confiance.

Sa contrariété est palpable, et bien que je comprenne qu'il veut me protéger, cette surveillance me suffoque. Je n'ai jamais été du genre à suivre les règles sans poser de questions, et son attitude autoritaire éveille en moi une rébellion latente. Pourquoi ne peut-il pas comprendre que je suis capable de prendre mes propres décisions ? Je me demande ce qui se passerait si je décidai de lui échapper, de prendre ma vie en mains, même si cela signifie braver les dangers que Lucas essaie de me protéger. L'image d'Ethan, avec son sourire provocateur et ses yeux captivants, me pousse à envisager cette évasion. Je ne peux pas ignorer ce lien, cette connexion étrange que nous partageons, et je sais que je dois le revoir.

— Lucas, c'était juste une fête ! Pourquoi tu réagis comme ça ? J'y suis allée une heure à peine, je ne vois pas le problème.

— Une heure ? Tu penses vraiment que c’est suffisant pour comprendre à quel point ils sont dangereux ? Tu ne sais pas ce que ces loups sont capables de faire.

— Et toi, tu ne sais pas ce que je suis capable de faire ! J’en ai marre de ton contrôle étouffant. Je ne suis pas ta petite protégée, je peux prendre mes propres décisions !

— Prendre tes propres décisions ? Comme t'approcher d’Ethan ? Tu es sérieuse ? Tu es en train de jouer avec le feu, Cheryl !

— Je sais exactement ce que je fais ! C'est juste un mec, Lucas, pas un monstre. Tu ne peux pas décider de qui je peux côtoyer comme ça !

— Ne minimise pas ce qui se passe. Ethan n'est pas comme les autres. Il est imprévisible.

— Peut-être que je n'ai pas envie d'être protégée tout le temps. Tu te crois supérieur, mais ça ne va pas m'arrêter. Je ferai ce que je veux !

— Alors, va chercher des ennuis ! C'est ça que tu veux ? Je suis fatigué de devoir te tirer du danger. Si tu continues comme ça, je ne peux rien faire pour toi.

— Peut-être que tu devrais laisser tomber, Lucas. Je n'ai pas besoin d'un garde du corps, je veux juste vivre ma vie.

Corey fait son entrée dans le salon, l'expression stupéfaite figée sur son visage.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? demanda-t-il, la confusion palpable dans sa voix.

— C’est de ta faute Corey! Pourquoi as-tu emmené Cheryl là- bas? lâche Lucas, le ton accusateur.

Instantanément, Corey change de regard à mon égard, et je peux lire dans ses yeux toute la haine qu’il ressent.

— Tu te fous de ma gueule ? s'exclame-t-il, la voix pleine de mépris. Si je ne l’avais pas accompagnée, elle y serait allée toute seule.

La colère monte en moi, et je sens une boule d'angoisse se former dans ma poitrine. Je ne sais déjà pas ce que je ressens vraiment, et les avoir tous les deux sur mon dos est une torture.

— Je ne suis pas une gamine qui a besoin de votre protection. je rétorque, ma voix tremblante

— Tu ne crois pas que je t’ai vu parler avec Ethan? C’est un manipulateur et une fois ce qu’il auras eu ce qu’il veux de toi, il te jettera comme toutes les autres!

Je secoue la tête, incapable de supporter le poids de leur jugement.

— Je n'ai pas besoin de ce genre de discours, surtout pas de toi ! Je suis fatiguée de votre contrôle.

Sans attendre une réponse, je décide de fuir et me réfugie dans ma chambre. Je claque la porte derrière moi, le cœur battant, espérant que dans le silence de ces quatre murs, je pourrai enfin comprendre ce que je ressens pour Ethan.

Mais Corey n’a pas l’intention de me lâcher. J’entends déjà le bruit de ses pas qui s’approchent, et la porte de ma chambre s’ouvre à la volée. Il me toise, et un silence pesant s’installe entre nous. Les battements de mon cœur résonnent comme un tambour dans le calme de la pièce. Puis, enfin, il brise le silence.

— Tu as mangé ?

— Non, dis-je en haussant les épaules, luttant contre le désespoir qui monte en moi.

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, il m'attrape par la main et me tire sans ménagement, sa poigne ferme et insistante.

— Tu voulais baiser avec un humain en te nourrissant, n'est-ce pas ? dit-il avec un certain dégoût, son regard trahissant son mépris. Tu le feras ce soir, mais je ne serai pas loin.

Mon estomac se tord à ses mots, et je suis en proie à une confusion intense.

— Pourquoi tu fais ça ? demandai-je, la voix tremblante d'indignation.

— Parce que je veux te prouver que tu n’as aucun contrôle, et que tes émotions prennent le dessus, rétorque-t-il avec une froideur déconcertante.

Je le suis, sans un mot, sentant la frustration monter en moi. Il a tort, et je lui prouverai. Je suis déterminée, je sais que je peux garder le contrôle de mes émotions. Je sais encore faire la différence... enfin, c'est ce que je croyais. Mais alors que je marche à ses côtés, un doute s’insinue dans mon esprit, un murmure sournois qui me dit que peut-être, juste peut-être, il a raison.

On entre à nouveau dans cette boîte de nuit, le même rituel qui se répète. Mes yeux parcourent la foule, je cible un homme, puis deux femmes, et je sens mes émotions s'intensifier. Mon corps réagit, je réalise que ma culotte est déjà trempée d'excitation. J'ai envie de sexe, un besoin brûlant qui pulse en moi. Je scrute les hommes autour de moi, observant leurs visages, leurs comportements, et l'un d'eux attire particulièrement mon attention. Il ne m’a pas encore remarquée, mais ça ne va pas tarder. Je joue de mon charme, encore plus qu'à l'accoutumée. Je suis provocante, sexy, et je me fais la promesse de ne pas le lâcher avant d'avoir eu sa queue. Chaque pensée me ramène à une seule chose : son sang dans ma bouche, la satisfaction de mon désir personnel.

Il succombe bien trop vite, mais tant pis pour lui. Il propose une chambre d’hôtel, et j’accepte sans hésitation. Quand il sort une capote, je balaie son geste d’un regard envoûtant. 

 

— Ce soir, c'est inutile, murmuré-je, plantant cette idée dans sa tête. 

Je ne peux pas attraper de maladies, et lui non plus, pas ce soir. Un des nombreux avantages d’être vampire : plus besoin de plastique. Dès que nous sommes dans la chambre, je prends les commandes. Je le manipule exactement comme je le veux. Mes lèvres effleurent sa peau, puis je m’attaque à ce que j’aime le plus : son sang. Juste là, entre ses cuisses, sur cette artère qui pulse sous ma langue. Le goût est divin, une explosion de saveurs me traverse, et il bande déjà avant que je ne fasse plus. Il n’en faut pas plus, je glisse sur son sexe, sentant sa chaleur m’envahir.

Le sang s’écoule lentement de la commissure de mes lèvres, et j’en veux encore, toujours plus. Je le mords au cou sans hésitation, mes crocs s’enfonçant alors que je le baise sans retenue, avec une violence presque animale. Mes émotions explosent, tout contrôle m’échappe. L’adrénaline du sexe mêlée au sang me plonge dans un état d’extase pure. Je ne fais plus attention à rien, même pas aux battements irréguliers de son cœur, perdue dans cette frénésie insatiable. L’adrénaline pulsait encore dans mes veines, chaque fibre de mon être réclamant cet extase perdu. Je venais d'atteindre le sommet du plaisir, lorsque, brutalement, deux mains fermes me saisirent par les épaules et me jetèrent au sol sans ménagement. Le choc ne me fit rien, aucune douleur, juste une frustration brûlante qui bouillonnait dans ma poitrine. Je me retournai immédiatement, mes instincts prenant le dessus, et je bondis sur Corey. Tout ce que je voulais, c'était le blesser, le détruire. Peut-être même le tuer. J'avais encore soif, soif de cet extase, de ce plaisir insatiable qui me consumait.

— Cheryl ! hurla Corey avant de m'asséner un coup vif sur la joue.

Le monde vacilla autour de moi, et je titubai, finissant à nouveau au sol. Cette fois, je ne me relevai pas. À travers la brume de mes émotions déchaînées, je le vis. Corey, accroupi au-dessus de l’homme, lui donnant son propre sang pour le maintenir en vie. Puis, avec une habileté cruelle, il effaça ses souvenirs. L’homme, l’air hagard, se releva et quitta la chambre, l’esprit embrouillé, ignorant pourquoi il s’était retrouvé là. Corey se redressa, mais avant qu'il ne puisse faire un geste, je me jetai sur lui, encore nue, mes lèvres cherchant les siennes avec un désir violent et désespéré. Mais il me repoussa sans la moindre hésitation.

— Cheryl, arrête ! Sa voix était plus calme, mais empreinte d'une autorité qui me perçait jusqu’à l’âme. Tu dois redescendre.

Le mot résonna en moi comme une claque. Redescendre. Il avait raison. Le sexe et le sang, c’était comme une drogue, quelque chose que je n’arrivais pas à contrôler. Mais une part de moi refusait de céder, refusait d’accepter cette réalité. Mon corps tremblait encore de désir, mais quelque chose dans son regard me ramena un instant à la réalité. Sur le chemin du retour, le silence pesait entre Corey et moi, un silence lourd de reproches non dits. Tant mieux. Je n’avais aucune envie d’entendre ses sermons habituels, ces phrases pleines de condescendance qui disaient que, comme toujours, il avait raison. Que je ne savais pas me contrôler. Que j'étais encore trop jeune, trop impulsive. Merde ! J'avais perdu cette manche. Six mois à être vampire, à penser que j’avais tout compris, que je pouvais maîtriser cette faim. Quelle idiote.

Mais maintenant que mon esprit se calmait, une autre pensée revenait, obsédante.

Ethan.

Ce foutu loup-garou ne sortait pas de ma tête. Ce baiser interdit... Ce mélange de violence et de douceur qui m’avait prise de court. Comment j’allais faire avec lui ? Et surtout, est-ce qu’il voudrait encore me revoir, après ça ? S'il m'avait juste utilisée comme il le faisait avec toutes les autres, peut-être qu'il ne me regarderait même plus. Mais une part de moi, celle qui refusait de céder au doute, espérait le contraire.

Ethan...

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