Le cours de botanique du lendemain matin conduisit une nouvelle fois la classe de première année en dehors du château.
Après un petit déjeuner assez agité où Jude ne cessa de ruminer à propos des essaies du samedi à venir, tous se rassemblèrent pour rejoindre la serre du professeur Lavigne. Cette dernière se trouvait à cheval entre le château et le parc, pareil à une immense formation de verre qui perçait la pierre opalescente du château. En la voyant se profiler, Lyra ne put s’empêcher de la comparer à une énorme cloque, commentaire malheureusement soufflé à haute voix qui eut au moins le mérite de faire rire Jude.
Contrairement aux autres classes, on accédait aux serres via l’extérieur en passant par de grandes portes ouvragées. Ses arcades de fer forgé lui donnaient un air organique fascinant.
Les élèves, tous rassemblés devant ces dernières, avaient commencé à discuter de ce qui les attendait. À travers les vitres légèrement couvertes de buée, l’on apercevait des plantes aux étranges formes, certaines propulsant des jets de poussière colorée, d’autre ondulant comme des lassos, d’autre encore soufflaient des panaches de vapeur. Lyra observait avec curiosité une grosse fleur aux pétales alvéolés d’où s’écoulait un drôle de nectar gluant. À intervalle régulier, la fleur s’ébrouait, agitant sa corolle d’un long frisson. La sorcière se fit la réflexion qu’on aurait dit qu’elle régurgitait son jus.
— Je comprends mieux pourquoi ils nous ont fait parvenir cette note, marmonna Jude en jouant avec cette dernière.
À peine réveillé, les élèves de première année avaient trouvé, accroché à leur porte, une note écrite à la main par le professeur Lavigne. Elle y demandait instamment à ce que les élèves n’oublient pas leur matériel de protection, insistant bien sur le fait de prendre ses gants. De peur que certains ne la remarque pas à cause de la fatigue – du moins le pensait Lyra – la note était accompagné d’un parfum vivifiant qui les avait rapidement réveillés. Jamais Lyra n’avait vu Evanore aussi en forme de bon matin.
— Tu crois qu’elle nous fera étudier des plantes aussi sauvages dès le premier cours ? demanda-t-elle en posant les yeux sur la plante voisine de la fleur, une espèce de pousse aux feuilles agitées de soubresauts.
Une mandragore, songea-t-elle en reconnaissant les stries caractéristiques de ses feuilles.
— Possible, fit remarquer Jude l’air pensif. En tout cas ça ne m’étonnerait pas.
Puis, fronçant les sourcils, il se dépêcha d’ajouter.
— Tu sais, on n’a toujours pas regardé dans quel club on pourrait s’inscrire.
Lyra se redressa et se tourna vers lui.
— Nous avons encore le temps, non ?
— Peut-être, mais mieux vaudrait ne pas s’y prendre trop tard. Déjà que la plupart sont affreusement élitistes…
Il serra la note dans sa main. Lyra cherchait encore une réponse quand les portes de la serre s’ouvrirent en grand sans on dos. Lorsqu’elle se retourna, la jeune fille fut frappée, comme ses condisciples, par l’apparition qui s’offrait à elle.
Émergeant d’un nuage de brume aux parfums de jasmin entêtant venait d’apparaître une jeune femme dans la fleur de l’âge. Elle était si belle que beaucoup de bouches restèrent ouvertes bêtement, autant chez les garçons que chez les filles. Certaines d’entre elles, agacées par les remarques des garçons aux cours précédents, se firent un malin plaisir de se moquer d’eux à leur tour.
Si le professeur Crane avait du sang de Marchand de Sable dans les veines, le professeur Lavigne devait avoir celui de nymphe dans les siennes. Ses longs cheveux platine dévalaient ses épaules en des cascades soyeuses et se terminaient par des pointes d’une étonnante couleur rosée. Elle avait un visage ovale parfait et des yeux en amande étincelaient d’un émeraude vif piqueté d’or. Ses lèvres charnues avaient la couleur des roses tandis que des pétales s’accrochaient à sa personne comme les plus curieux des accessoires.
Contrairement aux professeurs Delafosse et Crane qui arboraient des tenues sommes toute assez formelles à la coupe réglementaire et aux couleurs discrètes, la robe que portait le professeur Lavigne était plus semblable aux drapés aux couleurs pastel que portaient les muses dans les représentations qu’on en faisait.
— Tu crois que c’est un critère de sélection, la beauté, pour devenir professeur ici ? glissa sinistrement Jude à l’oreille de Lyra.
— J’en doute, à moins que tu ne trouves le professeur Alambic particulièrement séduisant, répliqua-t-elle avec un haussement d’épaules.
Tout amertume sembla alors s’envoler de ses traits et un sourire enjoué revint étirer ses lèvres.
Indifférente à leur réaction, le professeur Lavigne parcourut la foule d’élèves des yeux avant de demander :
— Tout le monde est là ?
Quelqu’un dans l’assistance manqua s’évanouir, mais personne ne le remarqua. Ou si c’était le cas, personne ne s’en préoccupa. La voix du professeur Lavigne était aussi douce que le velours et aussi mélodieuse que le chant des nymphes. Si son apparence n’avait pas conquis tout le monde, sa voix se chargea de les achever.
Il n’y eut aucune réaction dans les rangs des élèves, mais ayant apparemment étudié la liste de ces derniers, le professeur hocha la tête pour elle-même.
— Parfait, déclara-t-elle, veuillez entrer, je vous prie.
Et elle s’effaça pour les laisser passer. Il y eut un instant de flottement avant que le premier élève ne se libère de l’envoûtement que la sorcière exerçait sur eux. À sa suite, les autres se réveillèrent enfin et suivirent le mouvement.
La serre était encore plus grande que ce que Lyra avait débord imaginé et si haute de plafond qu’ils auraient aisément pu faire voler des vouivres et même peut-être un dragon. Une forte odeur de terre humide, de rose mais aussi de moisissure flottait dans l’air.
Des rangées de tables bordaient autant les murs que le centre de la pièce elle-même, formant un fabuleux labyrinthe ou le moindre pas risquait fort de mal tourner. Les élèves devaient prendre garde à ne pas bousculer de pot sans craindre une catastrophe. Un garçon de Vaillant dont Lyra avait oublié le nom, érafla sans le vouloir la fameuse plante-lasso. Cette dernière, sur un élan de colère, projeta sur lui ses vrilles effilées et le manqua de peu alors qu’il se baissait pour l’esquiver. La plante ne parvint qu’à lui effleurer la joue sur laquelle une fine ligne rouge commença à fleurir, puis à saigner.
— Faites attention, les avertit le professeur Lavigne à leur suite – elle se mouvait avec une impressionnante facilité et une grâce envoûtante au milieu des tables encombrée.
Si les élèves crurent d’abord qu’elle essayait de les protéger, ils déchantèrent bien vite. Au lieu de rejoindre le garçon qui saignait, le professeur Lavigne se coula jusqu’à la plante qu’elle caressa amoureusement. Ses lianes acérées se calmèrent aussitôt et il leur sembla même l’entendre ronronner.
— Les Herbes-lasso sont très rares, dit-elle de sa voix éthérée.
Puis sous les yeux éberlués de ses élèves, elle leur indiqua le fond de la pièce où étaient installé des bancs et un vieux tableau noir bordé de vigne. Lorsqu’ils se furent tous installé, certains regardant d’un œil inquiet la plante la plus proche, le professeur les rejoignit.
— OK, murmura Jude à l’oreille de Lyra en tenant à l’œil la plante à côté de lui qui dégoulinait d’un étrange mucus verdâtre bien trop près de son épaule. Maintenant c’est sûr, tous ces profs sont cinglés.
— De quoi tu parles ? demanda-t-elle distraitement.
— Tu plaisantes ? s’insurgea-t-il tout bas. Elle vient littéralement de nous dire de faire attention à ne pas blesser une fichue plante qui a attaqué un élève ! J’ai l’impression que la plupart des profs d’ici s’inquiète plus de leur matière que de la sécurité de leurs élèves.
— Ce sont des passionnés, riposta calmement Lyra.
— Je te rappellerai ça le jour où j’aurais perdu un bras ou un œil à essayer de manipuler une quelconque Herbe-lasso, se renfrogna-t-il en serrant contre lui son sac comme un bouclier.
Lyra leva les yeux au ciel, amusée, avant de reporter son attention sur leur professeur qui venait d’apparaître devant le tableau noir avec trois pots remplis de plantes aussi différentes qu’effrayantes.
*
— Je n’ai jamais assisté à un cours aussi terrifiant, confia Jude deux heures plus tard dès sa sortie de la serre.
Il portait au visage, comme bon nombre de ses condisciples, des estafilades sanguinolentes. Même ses vêtements étaient entaillés par endroit. Seuls ses gants et son tablier, qu’il finissait de fourrer dans son sac, étaient resté indemnes.
Lyra balaya ses camarades de classe du regard. Aucun d’eux n’avaient été épargné par les branches épineuses des rosiers sangis. La plupart affichaient des mines atterrées, d’autres parfaitement horrifiées. Il n’y avait qu’un garçon, visiblement de Boidébène, dont le sourire illuminait le visage. Ce dernier était tout aussi entaillés que les autres, mais cela ne l’empêchait apparemment pas de se réjouir de ce premier cours de botanique.
— Ton colocataire a l’air de s’être bien amusé, lui, fit-elle remarquer avec amusement.
Lorsqu’il posa un regard sur lui, Jude grimaça. Timothy Thompson les avait assistés à l’étude des rosiers sangis. Il avait été enchanté de pouvoir se joindre à leur table et avait passé les deux heures suivantes à radoter à propos des vertus de cette plante souvent utilisé dans certains philtres enchantés. Lyra comprenait un peu mieux le désarroi de son ami, bien qu’elle n’en porte par particulièrement ombrage. Après tout, elle avait l’habitude de l’entendre monologuer, lui aussi, ça ne changeait pas de beaucoup. Eh puis, la passion de ce garçon pour la botanique ésotérique était touchante.
Remarquant leur regard posé sur lui, Timothy se retourna et leur fit signe, un sourire encore plus grand aux lèvres. Jude se renfrogna, mais Lyra le gratifia d’un sourire et d’un signe de la main. Ravi, ce dernier s’éloigna en trottinant.
— On ne dirait pas qu’il vient d’affronter un rosier assoiffé de sang, grommela Jude.
— Peut-être parce qu’il l’aimait bien, son rosier assoiffé de sang, sourit sereinement Lyra.
Puis, face à sa mine rembrunit, elle ajouta.
— Ne lui en porte pas trop rigueur, il est juste passionné.
Jude jeta un regard morne à Lyra. Elle aussi avait souffert de cet affrontement contre le rosier. Des entailles lui barraient les joues et le nez. Son seul réconfort était de savoir que Théodore, Avery et Sierra avaient tout autant de difficultés à récolter le suc de leur rosier. Théodore retenait même ses larmes alors que Sierra bataillait pour lui retirer quelques épines plantées dans sa joue. La plante l’avait attaqué si vivement qu’elle en avait perdu ses épines.
— J’en aurait presque de la peine pour lui, avoua-t-il à mi-voix.
— Crois-tu que nous devrions allez à l’infirmerie ? demanda distraitement Lyra en tirant sa baguette pour raccommoder son uniforme.
— Pas besoin, répondit Jude en la gratifiant d’un sourire alors qu’elle arrangeait également le sien d’un coup de baguette. J’ai ce qu’il nous faut.
Il sortit alors de son sac un petit pot en verre. À l’intérieur se trouvait un baume à l’étrange couleur verte et à la délicate odeur de menthe poivrée.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Une recette maison, avoua-t-il en passant les portes du réfectoire.
Ils prirent place à une table et, alors même que les assiettes devant eux se remplissaient déjà de mets appétissants, Jude plongea des doigts dans la mixture et en badigeonna le visage de Lyra.
— Tu es sûr que je ne finirais pas avec des furoncles de la taille d’une pèche ? insista-t-elle avec inquiétude.
— Pour qui me prends-tu ? fit-il mine de s’indigner en terminant d’en étaler sur sa tempe. C’est une recette de Caleb, expliqua-t-il en s’occupant de ses propres plaies.
La cuillère qu’il avait ramassé sur la table ne faisant pas un excellent miroir, Lyra lui prit le flacon des mains pour s’en occuper elle-même.
— Merci… bredouilla-t-il du bout des lèvres.
Sous ses doigts, Lyra sentait son visage s’échauffer un peu.
— Tu dis que ça vient de Caleb ? demanda-t-elle avec douceur.
Jude eut un sourire un peu triste.
— Tu le connais, il avait toujours de bonnes astuces dans sa manche.
— De quoi est-il fait ? demanda-t-elle en étalant une bonne couche sur l’entaille qui lui barrait le nez.
— Menthe poivrée, des fleurs de souci, un soupçon de magie et le très mystérieux ingrédient secret dont je tairai le nom, énuméra-t-il avec un clin d’œil mutin. Il m’a fait promettre de garder le secret, expliqua-t-il devant son air intrigué.
Lyra termina d’appliquer le baume et regarda le résultat. Les plaies commençaient déjà à se refermer sur le visage de Jude. En touchant sa joue, elle réalisa qu’il en était de même pour les siennes.
— En tout cas, dit-elle avec un sourire en lui rendant son petit pot, on peut dire que sa recette est efficace, tu as enfin récupéré ton beau visage.
Une lueur malicieuse passa dans son regard.
— Donc tu reconnais enfin que j’ai un joli minois, déclara-t-il avec un sourire en coin.
— Ai-je jamais dit le contraire ? demanda-t-elle sur le même ton.
Un sourire de connivence passa entre eux et ils finirent par en rire.
*
Le cours de potion qui avait lieu l’après-midi se révéla nettement plus commun que le précédent. Pour commencer, la salle comportait bien quatre murs, un toit et des rangées de tables et de tabourets. Il n’y avait pas de bête curieuse ni d’agencement étrange et le professeur Crimson était des plus ordinaires. Sa voix n’avait ni la mélodie du professeur Crane, ni le charme du professeur Lavigne. Quant à son apparence, elle était plus similaire à celle stricte et austère du professeur Delafosse que de quiconque d’autre. Seuls ses cheveux noirs qui lui tombaient sur le visage lui donnaient un petit air de ressemblance avec le professeur Blackwood, rapidement balayé par son teint blafard, ses yeux rubis étincelants et sa silhouette dégingandée.
La première chose que Lyra remarqua en mettant les pieds dans la salle des potions fut les nombreuses étagères qui recouvraient les murs. Toutes débordaient de différents ingrédients aussi horribles que fabuleux allant du cœur de dragon en bouteille en passant par des larmes de sirènes au venin de croque-dame, une variété de fleur carnivore qui avait failli arracher un doigt à Prudence Larosée au cours précédent.
Des bougies à moitiés consumées recouvraient chaque recoin de la pièce dont les rideaux étaient tous tirés, de sorte de plonger la salle dans l’ombre. Une curieuse idée au vu du soleil magnifique qui brillait à l’extérieur mais qui semblait satisfaire leur professeur au moment de se présenter à eux.
Ne s’embarrassant pas de la moindre présentation, le professeur commença d’emblée sa leçon, forçant les élèves à rapidement sortir leur matériel pour ne pas être perdu. Avec ses longs vêtements noirs et l’obscurité qui régnait dans la pièce, il avait plutôt l’air d’une immense chauve-souris dans sa tanière.
— Il est de coutume pour un premier cours de potion de commencer par l’étude des remèdes, entama-t-il de sa voix glacée. Puisqu’il me semble que le professeur Blackwood vous enseigne le soin des vouivres, nous commenceront donc par l’anti-venin qu’un certain élève a récemment dû ingérer.
Edwards, le garçon qui s’était fait mordre la veille, parut rapetisser sur son siège sous le regard intimidant du professeur.
Il était troublant de voir à quel point, malgré une apparence somme toute chétive – certains l’auraient certainement comparé à une baguette pourvue de bras – le professeur Crimson parvenait à installer une ambiance tout aussi impressionnante que le professeur de magie-zoologie.
— Bien, reprit-il en balayant la salle de son regard rougeoyant. Maintenant je veux vous voir ouvrir vos livres à la page 57. Vous avez… deux heures à partir de maintenant pour concocter le meilleur anti-venin de vouivre.
Comme un seul homme, les élèves se jetèrent sur leur manuel de Potions et remèdes dont la plupart tournaient les pages avec fébrilité. En un rien de temps, des flammes commencèrent à s’allumer sous les chaudrons, des couteaux se mirent à trancher et des mixtures à être mélanger. Les étagères d’ingrédients étaient à la disposition des élèves, beaucoup se ruèrent dessus pour prendre ce qu’il leur manquait, se bousculant parfois jusqu’à l’éclat de voix.
Lyra était en train de découper en fine lamelle ses peaux de serpent-argent lorsqu’un regard sur le côté lui révéla son ami aux prises avec ses mèches. Il ne cessait de souffler dessus toutes les dix secondes tout en s’efforçant de se concentrer sur sa préparation.
Profitant que l’inattention du professeur, occupé à observer un élève du premier rang réduire son écorce de saule en poudre, elle se pencha vers lui.
— Pourquoi ne t’es-tu pas attaché les cheveux ? chuchota-t-elle.
— J’ai oublié mon ruban, répondit-il sans lever les yeux de son manuel.
Lyra jeta un regard par-dessus son chaudron, s’assurant que le professeur ne regardait toujours pas, puis, d’un geste leste retira son propre ruban. Jude la regarda faire du coin de l’œil et se crispa alors qu’elle lui intimait de se baisser.
— Lyra, qu’est-ce que tu fais ? persiffla-t-il entre ses dents.
— Je te rends service, évidemment, répondit-elle sereinement en nouant rapidement son ruban autour des cheveux de Jude.
Elle s’écarta au moment où le professeur relevait la tête. Il observa la salle un instant avant de reprendre son exploration.
— Qui est la tête de linotte maintenant ? s’amusa Lyra avec un sourire en coin.
Jude fit la moue, les joues légèrement rougies
— Et toi alors ? demanda-t-il une fois certain que le professeur Crimson ne pourrait pas l’entendre.
Sans plus d’empressement, Lyra tira sa baguette de sa poche et entreprit de relever ses cheveux en un vague chignon. Elle y piqua sa baguette, sous les yeux atterrés de Jude et le regard amusé de son voisin de gauche. Croisant son regard et la grimace consterné qu’il affichait, elle se contenta de hausser des épaules en souriant avant de revenir à sa potion.
— Mlle Oakwood, appela alors la voix du professeur Crimson à l’autre bout de la salle.
La jeune fille releva la tête en sursaut.
— J’espère que la prochaine fois vous n’oublierez pas de prendre quelque chose pour vous nouer les cheveux. Ou tout du moins, quelque chose de plus adéquat que votre baguette, précisa-t-il d’une voix trainante.
Lyra sentit ses joues s’empourprer alors qu’à travers la salle, des rires discrets s’élevèrent un peu partout. Sierra en particulier, arborait un sourire satisfait au premier rang.
Lyra tenta de les ignorer et se replongea dans la concoction de sa potion mais l’embarra persista jusqu’à ce qu’elle quitte enfin le champ de vision du professeur Crimson. Ses yeux rubis avaient l’étrange pouvoir de vous faire vous sentir plus petit qu’une fourmi et Lyra brûlait d’envie de s’en éloigner le plus vite possible.
À la fin du cours, le professeur demanda un échantillon de chacune des potions et insista pour que les élèves lisent avec attention le chapitre sur les anti-venin pour la prochaine fois. Au ton de sa voix, il était évident qu’il n’hésiterait pas à leur faire faire une évaluation surprise.
En sortant de la salle, Lyra put enfin souffler. Du moins un peu. Car tout le long du chemin jusqu’au réfectoire, Jude ne cessa de se confondre en excuses.
— Je suis vraiment désolé, Lyra, répéta-t-il pour la centième fois alors qu’ils se laissaient tomber à une table. Je ne voulais pas t’attirer d’ennuis.
— Je ne me souviens pas t’avoir reproché quoi que ce soit, soupira-t-elle en tirant sa baguette de ses cheveux.
Jude l’imita et lui rendit prestement son ruban, trop embarrassé pour seulement la regarder dans les yeux.
— J’aurais dû y penser… marmonna-t-il sombrement.
— Et tu y penseras la prochaine fois, assura-t-elle avec confiance en nouant rapidement ses cheveux en une longue tresse.
Jude lui lança un regard plein de honte et de remord qui lui serra le cœur.
— Tu sais, lança-t-elle de but en blanc pour changer de sujet, je me demande si le professeur Crimson ne serait pas un vampire.
Jude ouvrit de grands yeux avant de se fendre d’un sourire. Bon, ça n’était pas encore ce grand sourire mutin habituel, mais c’était déjà un progrès.
— Ah, tu as remarqué toi aussi ? s’amusa-t-il à moitié. Certains troisièmes années prétendent qu’il en serait vraiment un et que c’est pour ça que sa salle reste constamment dans le noir.
— Avec ses yeux rouges, on pourrait presque y croire, fit-elle distraitement en goutant le plat qui venait d’apparaitre devant elle.
— Presque ? releva malicieusement Jude mais un éclat de tristesse persistait dans son regard. Je suis prêt à parier que c’est vrai.
— Mais les vampires n’existent pas, s’amusa Lyra.
— Ça, on en sait rien, rétorqua-t-il sur le ton des confidences. Peut-être existe-t-il un monde que nous ne connaissons pas…
— Tu veux dire en dehors de celui des Ombres ? fit-elle valoir avec un sourire en coin.
Jude claqua dans ses doigts et se redressa.
— Tu tiens peut-être quelque chose ! s’exclama-t-il comme un enfant venant d’avoir une révélation. Peut-être qu’il est à demi-Ombre.
— À demi-Ombre ? se moqua gentiment Lyra, très loin d’être convaincue.
— Il y a bien des demi-fae, fit-il valoir en retour, pourquoi pas une demi-Ombre ?
— Quel être humain normalement constitué voudrait procréer avec une Ombre ? Si tant est que ce soit possible, ajouta-t-elle avec un instant de réflexion.
— Ah, ça, on ne le saura jamais. Tu sais, il existe des fous partout et de toute sorte.
— Hmhmm, fit-elle avec un sourire. Et j’en connais un qui ferait bien de dormir la nuit au lieu de lire des romans, ça commence à lui griller les neurones, ajouta-t-elle en lui tapotant le milieu du front.
— Dormir, j’aimerai bien, mais ce cher Timothy qui me serre de colocataire ronfle plus fort qu’un dragon sur son trésor.
— Ah, ça, ça m’étonnerait, répliqua Lyra en riant. La meilleure imitation de dragon se trouve dans ma chambre et s’avère être ma colocataire.
Jude mit une main scandalisée sur sa poitrine.
— Tu veux dire que nous dormons tous les deux dans la chambre d’un dragon ? demanda-t-il avec une emphase théâtrale particulièrement ridicule.
Lyra ne put retenir un rire, s’attirant quelques regards curieux de leurs voisins de tablé.
— Je crois même que ce sont les plus grands ronfleurs de cette terre.
— Qui ça ?
Lyra et Jude se retournèrent de concert pour découvrir Evanore qui venaient vers eux. Elle s’installa à leur table, l’air intrigué. Les deux amis se regardèrent et, incapable de se retenir, éclatèrent de rire.
— Ne répondez surtout pas, bougonna la sorcière en piochant dans l’assiette de Jude.
C'est marrant, Lyra commente les blessures de tout le monde mais pas les siennes, est-ce que c'est parce qu'elle n'a pas été blessée ou parce qu'elle s'en fout royalement (comme Timothy) ?
"J’en aurait presque de la peine pour lui" => aurais
"Crois-tu que nous devrions allez à l’infirmerie ?" => aller
"la gratifiant d’un sourire alors qu’elle arrangeait également le sien d’un coup de baguette" => au paragraphe précédent c'était Lyra qui réparait son uniforme, donc celui qui "arrangeait également le sien" c'est plutôt Jude non ?
J'aime beaucoup que le prof de potions soit "normal"
"des mixtures à être mélanger" => mélangées
La baguette qui tient le chignon, je reconnais encore un truc de Luna :-) par contre n'a-t-elle pas besoin de sa baguette pour préparer sa potion ? Par exemple pour régler la température du feu
J'aime beaucoup Morticia, c'est vrai qu'elle a un petit air x)
Pour les blessures de Lyra, c'est effectivement qu'elle n'en a pas grand chose à faire. Puis ce sont surtout des égratignures, elle a connu pire. Sans compter que je peux pas m'empêcher de l'imaginer très nulle pour prendre soin d'elle-même, d'où le fait que Jude la rattrape quand elle trébuche et qu'aucun des deux ne fait de commentaire parce que c'est juste "normal" dans leur monde. Timothy c'est juste qu'il est tellement fan que la joie prime sur la douleur XD
Juste pour être sûre, qu'entends-tu par " normal" pour le prof de potion ?
Pour la baguette dans les cheveux... je plaide coupable ! C'est carrément inspiré, mais comme Lyra c'est ma Luna, on va dire que ça passe ? x) En ce qui concerne la température du feu par contre, je dois avouer ne pas y avoir pensé DU TOUT o-o
On a qu'à dire qu'y a pas besoin (vite, vite, vite, sous le tapis !!)
Encore merci pour les coquilles, je corrigerai ça bientôt !
A la prochaine ! :)
Bon il a les yeux rouges et c'est peut-être un vampire, mais au moins, il ne fait pas tomber ses élèves à ses pieds, que ce soit d'admiration ou de fatigue
(ok il n'est pas le seul, y a aussi McGonagall et le prof d'alchimie qui sont à peu près normaux)