— Laissez-moi dormir… gargouilla Evanore depuis sa montagne de couvertures.
Sur son bureau, son réveil infernal s’était éveillé et produisait sa cacophonie habituelle. Elle eut à peine le temps de remuer sous sa couette qu’il sauta au sol et se mit à courir un peu partout dans la chambre. L’apprentie mécamage avait à peine entrouvert un œil avant de rabattre mollement ses couvertures sur sa tête pour se cacher de la lumière qui filtrait par la fenêtre.
Sur le lit opposé, Lyra terminait de nouer sa lavallière.
— Je crains que ce ne soit pas possible, dit-elle avec douceur en enfonçant dans son sac les manuels qu’elle avait oublié de préparer la veille.
Evanore lui répondit par des mots emmêlés plus proche du borborygme que du langage courant.
Amusée, Lyra se redressa et vint à son chevet.
— Allez, l’encouragea-t-elle en posant une main sur ce qu’elle imaginait être l’épaule de sa colocataire. C’est le dernier jour de la semaine, demain tu pourras dormir aussi longtemps que tu le voudras.
Il y eut un silence pendant lequel Lyra se demanda si elle ne s’était pas rendormie, puis des couvertures émergea un timide front suivit d’un œil tout juste ouvert.
— Promis ? bredouilla-t-elle d’une voix tout juste audible.
— Promis, assura Lyra.
Alors, avec milles plaintes et des efforts surhumains, Evanore s’exfiltra de son lit et à enfila son uniforme. Pendant qu’elle se battait avec les lacets de ses bottines puis avec sa lavallière, Lyra s’occupa de remplir son sac des manuels de la journée et d’attraper l’horripilant réveil qui avait trouvé refuge dans la salle de bain. Elle le désactiva et le replaça à sa place au moment où Evanore s’enfermait dans la salle d’eau.
Lyra entendit des bruits d’éclaboussures et de profonds soupirs avant que sa colocataire ne réapparaisse dans l’embrasure de la porte. Ses boucles d’or étaient en batail et elle ne semblait absolument pas motivée à les discipliner. Lyra secoua la tête et attrapa la brosse de son amie.
— Viens là, dit-elle en la guidant vers une chaise où elle l’assit d’autorité.
— Pas la peine, on va rater le p’tit déj’, protesta mollement Evanore mais elle était si fatiguée que la maintenir en place ne fut pas compliqué.
— Nous avons largement le temps de descendre et d’engloutir trois repas, assura-t-elle avant de lui glisser à l’oreille : avale-royaume.
Un vague sourire étira les lèvres d’Evanore qui s’abandonna aux mains bien éveillées de son amie.
Cette dernière batailla quelques instants avec les mèches de la sorcière avant de réussir à les nouer en une longue tresse qui lui arrivait un peu au-dessus des reins. Evanore prit un instant pour apprécier l’œuvre de Lyra avant de descendre avec elle au réfectoire.
— Oh fait, on a quel cours après ? bailla largement Evanore en se laissant tomber à la première table venue.
Dès que la carafe de café prit forme sous son nez, elle s’en servit une grande tasse qu’elle vida d’une traite.
— Divination, annonça calmement Lyra en beurrant une tartine.
Evanore faillit s’étouffer et recracha la moitié de sa seconde tasse sur ses vêtements.
— J’espère que ce n’est pas ma vue qui provoque une telle réaction, lâcha platement Jude en venant s’asseoir à côté de Lyra.
D’un coup de baguette, il fit disparaître la tache brune qui se rependait sur la chemise de la mécamage. Cette dernière le remercia d’un vague signe du menton avant de se tourner vers Lyra.
— Tu plaisantes ? demanda-t-elle plaintivement.
— Je crains que non, répondit Lyra en ajoutant une bonne dose de confiture d’abricot sur sa tartine.
— Divination… soupira Evanore au désespoir en se tenant le visage des deux mains. Pourquoi fallait-il que ce soit la divination ?
— Il me semblait pourtant que tout le monde savait que nous devions suivre des cours de divination, fit Jude avec légèreté en piquant un petit pain au lait dans la panière. Ta capacité à omettre ce détail pourrait presque m’impressionner.
Evanore releva aussitôt la tête, le regard meurtrier.
— Le problème n’est pas la divination – enfin si, mais…
Elle inspira profondément pour se calmer avant de se resservir une tasse de café.
— Je crois que je vais en avoir besoin… gargouilla-t-elle pour elle-même.
En la regardant faire, Jude comme Lyra se prirent à penser qu’elle ferait aussi bien de boire directement à la carafe.
Après un petit déjeuner copieux ponctué çà et là de railleries d’une Evanore agacée de devoir commencer sa journée par une « perte de temps pareille », le trio se dirigea d’un bon pas avec le reste de leur classe vers le troisième étage de l’aile ouest où se trouvait la classe de divination.
Voir ces nouvelles volées de marches interminables finit d’assombrir le morale d’Evanore qui jura de se créer un fauteuil similaire à celui du professeur Alambic pour se déplacer dans le château l’an prochain. Remarque qui intéressa autant ses camarades mécamage qu’elle amusa Lyra et Jude.
C’est sur le trajet, alors qu’elle continuait de se plaindre, que les deux duos firent vraiment connaissance. Evanore les présenta rapidement avant de s’enfoncer un peu plus dans la morosité à mesure que le souffle lui manquait.
Indifférents à ses commentaires, ses compagnons prirent grand plaisir à papoter de leur côté. Isla Wright avait le même côté un peu rêveur que Lyra mais elle possédait aussi un esprit caustique qui plut beaucoup à Jude avec qui elle avait entamé un long débat sur le bienfondé d’avoir des professeurs aussi dangereux pour les élèves que passionné par leur matière.
Lyra de son côté, s’était tourné vers Othello, un garçon qui ne parlait pas beaucoup et qui avait tendance à se cacher derrière ses grosses lunettes de travail. Il ne s’autorisa de grands discours que lorsqu’elle l’interrogea sur le gant aux phalanges mécanique qu’il portait à la main gauche.
Le jeune homme se fit une joie de lui en expliquer le fonctionnement tout comme la création. Lyra apprit qu’il s’agissait autant d’un outils multi-usage qu’une véritable prothèse lui permettant de mouvoir correctement ses doigts perpétuellement engourdis depuis un accident dans sa jeunesse. Bien que ses tendons et ses fibres musculaires aient pu être ressoudés, la main d’Othello était restée raide malgré les soins des meilleurs guérisseurs du pays, ce qui avait conduit son oncle, mécamage assermenté de son état, à lui confectionner ce gant.
— J’y ai apporté quelques modifications au fil du temps, avoua-t-il en activant quelques molettes qui firent jaillirent une petite loupe le long de son auriculaire puis une pince à épiler sur son index. Mais le mécanisme de base est de mon oncle.
— Comment t’es-tu blessé ? interrogea Lyra avec curiosité.
Othello haussa vaguement des épaules.
— Une expérience qui a mal tourner, expliqua-t-il avec une certaine désinvolture. J’ai essayé de modifier une horloge comtoise quand j’avais sept ans et il s’avère qu’y mettre un moteur vapeur était une très mauvaise idée. Les rouages ont failli m’arracher la main.
Il leva cette dernière comme illustration.
— Mais pourquoi vouloir mettre un moteur dans une horloge ? interrogea Lyra en parvenant enfin au sommet des escaliers.
— Je t’avoue que je ne m’en souviens plus très bien moi-même, répondit-t-il après un instant de réflexion. Mais je crois que l’idée générale était de créer une horloge-automate capable de circuler dans la maison pour donner l’heure. Enfin, d’après les vieux plans que j’ai retrouvés plus tard.
— Et tu as réussi ?
— Plus tard, oui, mais je l’ai vite démonté, ajouta-t-il avec une grimace. Voir cette horreur parcourir le manoir était déjà perturbant, mais en plus elle avait la salle manie de faire sonner ses cloches derrières les bonnes. L’une d’elle qui était très âgé a failli y rester tant son cœur s’est emballé. C’était soit je la démonte, soit mon frère Edmond la liquidait à coup de batte.
— Ah oui… souffla Lyra les yeux légèrement écarquillés en imaginant la scène.
Othello haussa de nouveau les épaules, un petit sourire aux lèvres.
— Les automates m’intéressent toujours, mais je ne tenterais plus un mélange pareil.
— Tu devrais voir le réveil matin d’Evanore, sourit-t-elle avec amusement, je suis sûre qu’il te plairait.
Le sorcier lui jeta un regard intrigué, l’invitant à en dire plus.
— Il pousse un cri strident pour la réveiller, expliqua Lyra avec un air malicieux, juste avant de sauter de sa table de chevet dès qu’elle essaie de l’éteindre. Il ne s’arrête de courir et de sonner que lorsqu’on l’attrape.
— Intéressant, fit Othello avec un sourire de connivence. Tu ne m’avais pas dit que tu avais inventer une chose pareille, poursuivit-il à l’adresse d’Evanore.
La mécamage serrait furieusement les dents, les joues écarlates.
— Et je ne l’avais pas fait précisément pour une raison, grinça-t-elle sans se retourner.
— Je comprends mieux pourquoi tu as toujours l’air d’un mort-vivant au petit-déjeuner, ricana-t-il derrière elle.
Cette fois, ses joues virèrent au cramoisie et lorsqu’elle se retourna, ce fut pour fusiller son ami du regard.
— Ne commence pas à me faire la leçon, tu as autant de difficulté à te lever que moi !
— Mais moi je n’ai pas besoin d’un réveil infernal pour sortir du lit, la railla-t-il, amusé.
— Non, puisque tu peux compter sur le délicat baiser de ton grand amour, le charia-t-elle en retour.
Othello, qui arborait tantôt une expression tout à fait décontractée se raidit de tous ses membres avant de piquer un phare.
Le reste du chemin, Lyra les observa se chamailler, s’envoyant pic sur pic sans que personne autour d’eux n’ose les interrompre.
— Tu crois qu’ils s’arrêteront bientôt ? demanda-t-elle finalement à Isla à ses côtés.
— Quand ils en auront marre de se sentir gênés, ils arrêteront, trancha-t-elle avec indifférence.
— Ça leur arrive souvent ? interrogea Jude que ce spectacle amusait beaucoup.
— Au moins une fois par jour, leur apprit-elle avec un sourire malicieux. Je crois qu’ils en pincent l’un pour l’autre mais n’osent pas se l’avouer.
— Ou alors ils adorent se chamailler, fit platement remarquer Jude, ce qui avait l’air un peu plus logique.
Isla fit la moue.
— Vous êtes les pires oreilles pour essayer de rependre une rumeur, ronchonna-t-elle.
— Parce que tu voulais rependre une rumeur ? s’étonna Lyra.
— Essaie quelque chose de plus convaincant, répondit Jude en même temps. Ça, ce n’est pas crédible pour un sou.
— Vraiment ? releva-t-elle avec intérêt. Pourtant ils ont l’air assez proche pour que ce le soit.
— Justement, ils sont trop proche, releva Jude avec assurance. Je t’accorde que quelques idiots pourraient adhérer à ta jolie théorie, mais il suffit de les entendre pour voir que ça n’est pas le cas.
Isla clapa de la langue avant de laisser son regard se promener entre Lyra et Jude. Un sourire mutin étira ses lèvres.
— Et donc, vous deux… commença-t-elle avec l’expression de quelqu’un qui préparait quelque chose.
— Mauvaise piste, la coupa Jude avec amusement et Isla se rembrunit. Essaye encore.
— Vous n’êtes vraiment pas drôle, ronchonna-t-elle en serrant son sac contre elle.
— Ce que je ne trouve pas drôle, c’est de lancer des rumeurs, lâcha platement Lyra.
Son ton devait être plus froid que d’ordinaire car deux paires d’yeux étonnés se posèrent sur elle. La sorcière ne leur accorda pas même un regard alors qu’elle prenait de l’avance sur eux pour rejoindre la porte de la salle où leur classe commençait à se masser. L’agacement lui avait fait croiser les bras sur sa poitrine et pour la première fois depuis longtemps, elle ne se sentit pas l’humeur d’arborer cet air détaché coutumier.
Lyra avait les rumeurs en horreur. Les entendre était déjà suffisamment avilissant pour ne pas avoir à les rependre.
Jude dût jouer des coudes pour la rejoindre au milieu du brouhaha de leurs condisciples. Il arborait l’air penaud d’un enfant prit en faute et cherchait comment s’excuser quand la porte de la salle s’ouvrit en grand sans que personne ne se présente pour les accueillir.
Les élèves se regardèrent, un peu circonspects, quand un garçon qui était le plus proche de la porte osa y passer la tête. Sur son initiative et avec une certaine curiosité face à cette mystérieuse invitation, les autres le suivirent dans un calme relatif.
Une forte odeur d’encens les cueillit à leur entrée, si forte que Jude en eut tout de suite les larmes aux yeux. Leur professeur n’était pas en vue, ce qui laissa aux étudiants tout le temps d’admirer leur environnement.
Au-delà de son parfum entêtant, la salle avait d’étrange sa forme aux murs incurvés comme celui d’une tour. Ces derniers étaient couverts de drapés aux couleurs chaudes et toutes bordées de franges dorées.
De petites tables rondes semblables à des guéridons les attentaient, recouvertes de napes violines piquetés d’argent. Ces dernières étaient entourées de tabourets au rembourrage moelleux dans les mêmes tons que la nape. Le bureau du professeur était encore plus étrange et bariolés. Plus semblable à une table basse de salon, il était environné de coussins à franges orientales et partiellement dissimulé dans l’ombre par un dais aux teintes indigos. Une boule de cristal, un jeu de tarot et quelques cristaux aux excroissances brutes le recouvraient, pareil au plus stéréotypé des bureaux de diseuse de bonne aventure.
Une pénombre intimiste surplombait le tout, seulement percée par les quelques rayons de lumières qui filtraient à travers les vitraux qui faisaient office de fenêtres.
Lyra n’attendit pas que les autres se réveille et fila se trouver une place tout au fond de la salle près des fenêtres. Jude la suivit, investissant le tabouret à côté du sien.
Peu à peu, les élèves prirent place par deux à chacune des tables. Lorsque le dernier posa ses affaires à ses pieds, la porte de la salle se referma d’un coup, faisant sursauter certains élèves. Quelque chose, alors, s’anima dans les ombres du dais. Lyra plissa les yeux jusqu’à apercevoir une silhouette se redresser.
— Chers élèves, bienvenue, prononça une voix mélodieuse.
Quelques personnes sursautèrent de nouveau et beaucoup se mirent à scruter la salle avec attention à la recherche de l’origine de cette voix. Elle était aussi douce que la soie mais possédait la profondeur des anciens.
Certaine de voir quelque chose bouger sous le dais, Lyra se pencha un peu plus sur son bureau.
Jude était sur le point de lui dire de se redresser – il l’imaginait déjà passer par-dessus bord en emportant la nape avec elle – quand un éclat doré se révéla au fond du dais. Lyra se redressa aussitôt et tous les regards convergèrent vers cet éclat.
Émergea alors de l’obscurité une femme dont le visage était partiellement dissimulé sous un voile qui lui tombait sur les épaules. Ce dernier, d’une étonnante couleur pourpre, était bordé de breloques qui cliquetaient à chacun de ses pas alors qu’elle avançait dans la salle. Entre ses mains flamboyait une bougie dont la flamme vacillante ne parvenait pas à éclairer tout à fait son visage. De ce dernier, Lyra ne perçut qu’un menton pointu, des lèvres charnues et ce qui ressemblait à des roses tatouées à l’encre noire sur ses joues basanées. Un châle tombait de ses épaules, presque aussi vaporeux que sa robe aux teintes d’aurore.
Si la jeune femme était fascinée par le mystère que cachait le voile, certaines filles de la classe, elles, n’avaient d’yeux que pour l’étrange accoutrement de leur professeur, une tenue singulière qui lui valut quelques rires narquois. Si le professeur Lavigne avait l’air d’une déesse antique dans ses drapées de nymphe, le professeur Dauclair faisait plus penser aux diseuses de bonne aventure que l’on croisait lors du festival d’été avec son châle vaporeux et sa robe aux teintes d’aurores. Le genre d’escroc qui vous arnaquait volontiers de quelques sous d’argent en échange d’une prédiction qui avait autant de chance d’arriver qu’un phénix de cesser de ressusciter.
Quelques murmures se firent entendre, moqueur, pour la plupart. Sans doute la prenaient-ils pour une affabulatrice se voulant Oracle parmi les Oracles, mais Lyra devait bien reconnaitre qu’il y avait quelque chose de captivant chez cette femme, et cela n’avait pas tant à voir avec son étrange accoutrement ou même avec les tatouages qui jalonnaient sa peau de ses joues jusqu’au bouts de ses doigts.
— Il me semble, entama-t-elle d’une voix délicate et le silence se fit instantanément, qu’il serait approprié de commencer par des présentations. Je suis le professeur Dauclair, votre professeur de divination et, je l’espère, votre guide à travers le Voile.
Lorsque de nouveaux murmures s’élevèrent, le professeur Dauclair se contenta de sourire mystérieusement.
— Mlle Patterson, appela-t-elle et l’une des filles qui ricanait un instant plus tôt se pétrifia sous l’attention de la sorcière.
Cette dernière releva juste assez la tête pour leur permettre à tous de découvrir un œil à la troublante couleur améthyste et dont l’iris était cerclé d’or. Toute la salle se tut, aussi fascinée que mortifiée, car ce cercle doré qui entourait son iris était l’un des signes qu’il s’agissait d’une véritable oracle. Et puissante. Le genre de devineresse qui n’avait cours que dans les peuplades nomades du désert d’Athann.
Le doute ne fut plus permis lorsque, de ses amples manches, elle sortit une fine baguette en galaxite. La pierre étincela comme une nuit étoilée lorsqu’elle la leva et la bougie qu’elle tenait un instant plutôt s’évapora pour réapparaître au bord de son bureau. Des sigils y avaient été gravés, faisant brûler la flamme sans jamais laisser couler de cire.
Un sourire tranquille anima les lèvres du professeur.
— Auriez-vous l’amabilité de m’assister ? demanda-t-elle doucement.
— Euh… bien sûr, répondit Anna Patterson en rougissant jusqu’à la racine.
— Très bien, approuva le professeur en agitant sa baguette.
Le geste avait relevé un bout de manche sur son avant-bras halé, révélant des bracelets d’or incrusté de pierreries mais surtout d’autres tatouages aux formes variées : un serpent, des ronces entremêlées et une nuée de papillon de nuit. Le tout donnait l’étrange impression de se mouvoir sur sa peau comme le plus troublant des tableaux.
Au même instant, un chariot chargé de boules de cristal apparut devant elles. Ces dernières étaient plus petites que celle qui trônait sur le bureau du professeur et auraient aisément pu tenir dans la paume d’une main.
— Veuillez en distribuer deux par table, je vous prie, demanda la devineresse en abaissant lentement sa baguette.
Anna opina rapidement et s’empressa d’obéir. En un rien de temps, tout le monde se retrouva pourvu d’une boule de cristal sur son petit socle de bronze. Chacun les regardait avec un scepticisme mêlé de curiosité.
— Durant ce mois de septembre, reprit le professeur Dauclair de sa voix mystique lorsque la dernière boule de cristal fut distribuée, nous étudierons l’art de détacher sa conscience du monde matériel pour plonger dans l’Entre-Deux, une capacité essentielle pour pouvoir invoquer une Ombre. Pour cela, la meilleure manière de commencer est de se plonger dans l’utilisation des boules de cristal, l’une des pratiques les plus élémentaires de la divination.
Faisant le tour de son bureau, elle prit place en tailleur sur les coussins frangés, position qui fit frémir quelques élèves de bonne famille. Sans y prêter la moindre attention, le professeur posa ses mains sur sa propre boule de cristal qui s’anima à son touché. Au cœur de la sphère dansait mollement une brume incolore dont le miroitement renvoyait des éclats argentés sur chacune des breloques qui encadraient son visage.
— L’exercice que je vous demanderai de pratiquer aujourd’hui est simple : vous devrez faire réagir la boule de cristal devant vous.
— Et comment fait-on ? demanda Sierra après avoir poliment levé la main.
Mais sa voix quelques peu sèche indiquait clairement qu’elle ne croyait pas vraiment aux paroles de leur professeur.
La devineresse, loin de s’en formaliser, lui sourit aimablement.
— Il vous suffit de laisser votre esprit s’envoler au loin, abandonner le matériel pour l’immatériel. Plongez votre regard dans votre boule de cristal et faites le vide dans votre esprit.
— Plus cryptique, tu meurs… marmonna quelqu’un derrière Lyra.
— Ça n’a pas l’air bien compliqué, murmura un autre.
Elle les ignora, plongeant son regard dans sa propre sphère.
Une heure s’écoula dans un silence relatif. Le professeur Dauclair patientait tranquillement derrière son bureau quand, dans un discret bruissement de tissu, elle finit par se lever pour parcourir les tables. Personne n’avait encore réussi à faire s’illuminer son cristal, pas même un petit éclat, et beaucoup commençaient déjà à se lasser, s’énerver. Une élève se concentra si fort qu’elle en oublia de respirer et devint successivement rouge puis bleue avant que sa camarade ne la pousse à reprendre son souffle.
Opale Dauclair les regardait faire avec intérêt. En général, le premier cours de divination n’était jamais concluant mais il permettait de déceler ceux qui avaient la meilleure affinité avec le monde occulte. Une chose assez rare depuis quelques siècles. La devineresse était certaine de ne trouver aucun suprasensible, comme les années précédentes, mais une élève la détrompa.
Assise dans un coin sous l’un des vitraux, la jeune Lyra Oakwood avait le regard braqué sur sa boule de cristal et ne bougeait pas d’un pouce contrairement à son voisin dont l’agacement et l’ennui ne faisaient que croitre à mesure que les minutes s’égrenaient.
Plongée dans la contemplation des volutes contenues dans la sphère, Lyra s’était totalement fermé à ce qui l’entourait et sentait son esprit voguer loin.
Intriguée, le professeur Dauclair s’approcha de la jeune fille. De nombreux élèves relevèrent la tête à ce mouvement et la suivirent d’un regard intrigué alors qu’elle venait se poster juste derrière Lyra.
Les volutes de la boule de cristal de cette dernière avaient commencé à s’agiter différemment des autres et luisaient à présent d’un éclat bleuté. C’était le signe d’une entrée en résonnance.
Cependant, un détail dénotait et troubla l’assemblée alors que le professeur se penchait sur la jeune fille. Jude abandonna l’étude de sa propre sphère pour observer ce qu’il se passait. Lorsqu’il découvrit le visage de Lyra, il eut un mouvement de recul et faillit glisser de son tabouret. Car, fait tout à fait étrange, les yeux de l’adolescente reflétaient l’éclat de sa boule de cristal.
Le professeur Dauclair fronça très légèrement les sourcils sous son voile. Ce changement était le signe d’une résonnance bien trop importante pour une étudiante de première année. Ce pourrait-il…
— Intéressant, marmonna-t-elle pour elle-même.
Jude était sur le point de lui demander ce qu’il se passait quand la sorcière posa des mains tatouées sur les yeux de son amie. Cette dernière ne réagit pas mais les dessins d’yeux fermés qui ornaient le dos des mains de la devineresse s’animèrent brusquement et s’ouvrirent tout grand, révélant deux iris aux pupilles en forme d’étoile à quatre branches. Un détail que Jude remarqua à peine tant la scène était déjà singulière.
Les yeux du professeur, qu’il voyait de là où il se trouvait, revêtirent alors le même éclat bleuté que le cristal et une connexion se fit entre elle et son élève.
*
La salle de classe avait disparu, de même que les élèves et les murmures qui avaient commencé à s’élever dans la pièce. Il n’y avait qu’un vaste espace couleur de brume où le professeur Dauclair retrouva Lyra.
La jeune fille flottait dans l’infini, observant avec un intérêt tout à fait singulier la brume qui l’entourait. Du moins, c’était ce que pensait la devineresse car, en s’approchant, elle remarqua qu’une silhouette s’était formé à quelques mètres de son élève. Une silhouette humanoïde que Lyra observait avec fascination.
Une silhouette qui n’aurait pas dû se trouver là.
Le professeur Dauclair s’approcha rapidement de l’adolescente et posa une main sur son épaule au moment où cette dernière s’apprêtait à suivre la chose dans la brume. Son attention détournée, la silhouette s’évapora, avalée par les volutes argentées.
Lyra se retourna, un peu confuse. Reposant son regard sur elle, la sorcière lui sourit.
— Il est temps de revenir, dit-elle doucement.
Lyra avait toujours l’impression de flotter quand, brusquement, elle sentit qu’on la tirait fermement en arrière. Elle se sentit aspiré dans un tourbillon infini avant de retrouver le monde tangible.
Derrière elle, le professeur Dauclair avait rouvert les yeux et abaissa ses mains. Le dessin des yeux au dos de ces dernières s’étaient refermés. Devant elles, la boule de cristal avait retrouvé son aspect ordinaire, ses volutes continuant de s’agiter mollement sous la surface.
Lyra cilla, l’esprit encore embrumé. Il lui fallut un instant avant de réaliser que tout le monde l’observait. Certains élèves s’étaient même levés pour mieux voir ce qu’il se passait. À côté d’elle, Jude paraissait inquiet.
— Ça va ? demanda-t-il tout bas alors que le professeur venait se placer devant eux.
— Je crois, répondit-elle, un peu incertaine.
Sa tête lui tournait et elle avait du mal à se réhabituer à avoir un corps. Elle se sentait comme engluée dans une espèce de mélasse, prisonnière d’une marionnette de glaise dont les membres étaient aussi lourds que la pierre. Son corps avait-il toujours été si pesant ? Est-ce là le poids de la matière sur l’âme ? se demanda-t-elle songeusement.
Devant eux, le professeur Dauclair souriait.
— Il semble que vous ayez l’âme vagabonde, mon enfant, dit-elle avec une douceur désarmante. Cela vous sera très utile lors de l’invocation de votre Ombre. Mais, ajouta-t-elle avec une mine nettement plus sérieuse, je dois aussi vous mettre en garde. À trop vagabonder, vous pourriez vous perdre et ne jamais pouvoir revenir.
Lyra repensa à ce qu’elle avait vu à travers le cristal, cet autre monde si étrange et cette silhouette…
— Était-ce l’Entre-Deux ? demanda-t-elle à la place. Ce que j’ai vu dans le cristal.
Le professeur Dauclair la regarda avec attention, la tête légèrement penchée sur le côté. Elle semblait l’évaluer. Jaugeait-elle sa capacité à appréhender le monde de l’invisible ?
— Pas exactement, finit-elle par répondre en passant une main distraite sur le cristal. L’entre-Deux est un royaume à part entière, leur apprit-elle. Ce que nous avons exploré à l’instant se rapprocherait davantage d’une antichambre, un endroit tout proche du Voile, mais pas encore au-delà.
Le professeur se tut et Lyra en profita pour méditer ses paroles. Si elle ne se trouvait pas dans l’Entre-Deux, que pouvait bien être cette silhouette ? Elle brûlait d’en demander plus mais, pour une raison qu’elle ignorait, elle sentait que le professeur ne répondrait jamais à la question qui lui brûlait la langue.
— Il est rare pour une élève de première année d’aller aussi loin lors du premier essai, avoua le professeur ce qui ramena Lyra au présent. Vous êtes étonnement sensible à l’appel du Voile. Vous est-il déjà arrivé de pratiquer la divination ? demanda-t-elle après un instant de silence. Même de manière inconsciente ? Pas de rêve prémonitoire ? Des intuitions ?
Lyra fit non de la tête.
Le professeur y réfléchit puis, au bout d’une petite éternité, finit par se détourner. Mais alors qu’elle repartait vers son bureau, les regards se firent d’autant plus insistants sur Lyra. Elle sentait leur attention brûlante lui piquer la nuque, certains plein d’admiration, d’autre d’une curiosité plus ou moins poli, d’autres encore d’une rancœur et d’un agacement prononcé. Ces derniers étaient étonnement nombreux et se rassemblaient autour d’un même noyau au regard meurtrier : Sierra.
— Félicitation Lyra, souffla Jude en se penchant vers elle, pour une fois que ton esprit vagabond est utile à quelque chose.
Lyra fit la moue.
— Tu veux dire à part m’attirer encore plus de haine ? demanda-t-elle avec amertume.
Jude haussa des épaules.
— Au moins tu auras moins de peine que les autres à invoquer ton Ombre.
— Je n’arrive pas à savoir si je dois m’en sentir soulagée ou pas, grommela-t-elle en rentrant légèrement la tête dans les épaules.
Quelque part, la cloche sonna la fin du cours.
— À ta place j’en serais plutôt fier, répondit sereinement Jude alors que tout le monde commençait à ranger ses affaires. Après tout, la divination est un art complexe.
— Dixit celui qui n’y croit même pas, marmonna-t-elle sans joie.
Il eut un sourire au moment de jeter son sac sur son épaule.
— Si c’est toi, je veux bien y croire.
Lyra lui répondit par un petit sourire timide avant de le suivre en dehors de la salle.
Avant de partir, le professeur Dauclair leur donna comme devoir un exercice de méditation afin de les entrainer à concentrer leur attention sur le monde immatériel. Beaucoup levèrent les yeux au ciel, mais une satisfaction générale primait sur le scepticisme : la méditation, c’était toujours des recherches et des parchemins en moins à compléter !
Après un rapide déjeuner, où beaucoup de regards ne cessaient de converger vers Lyra, les premières années se dirigèrent vers le grand observatoire d’Aubelune pour leur cours d’astronomie.
Ce dernier se déroulait dans la plus haute tour du château.
La montée fut presque aussi éprouvante que celle du cours de divination et nombreux furent les élèves à s’affaler contre les murs, à bout de souffle. Jude essuyait la sueur qui perlait à son front d’un revers de main alors qu’à côté de lui, Lyra sentait ses jambes trembler.
— Si tu viens à créer cette chaise mobile, lança-t-il à Evanore qui reprenait difficilement son souffle, affalée par terre pas loin derrière eux, jure-moi que tu nous en feras profiter aussi…
— Quand tu veux… ahana-t-elle avec d’afficher un sourire malicieux. Mais uniquement si tu participes au financement.
— Je serais prêt à vider les comptes de ma famille, répondit très sérieusement Jude en se redressant, si ça me permet de ne plus jamais devoir monter une horreur pareille.
À l’expressions de ceux qui l’entouraient, il était évident que tous partageaient son avis.
— On devrait peut-être proposer des plans pour un ascenseur, proposa Othello en se dirigeant vers les grandes portes ouvertes de l’observatoire avec les autres. Je suis sûr que le professeur Alambic nous y aiderait.
— Mouais, répondit Isla en faisant la moue. Lui, il n’en a pas vraiment besoin de cet ascenseur.
— Raison de plus, reprit très sérieusement Othello avec un large sourire. Imagine un peu la récompense si on arrive à fournir au château des ascenseur pour les élèves et les professeurs ?
À nouveau elle fit la moue.
— Vous croyez qu’ils utilisent des passages secrets ? demanda brusquement Lyra, le nez en l’air pour admirer les fresques célestes qui décoraient le plafond.
— Qui ça ? demanda Jude.
— Les professeurs, répondit-elle tranquillement. Ils arrivent toujours avant nous mais ne sont jamais essoufflés…
Un silence méditatif accueillit ses paroles.
— Tu tiens peut-être quelque chose, approuva Jude, songeur.
Un lent sourire s’épanouit sur les lèvres d’Evanore, faisant briller ses grands yeux clairs.
— N’y pense même pas, gronda aussitôt Othello.
— Trop tard, s’amusa Isla.
— Et si on se mettait à leur recherche ? proposa-t-elle en les ignorant tous les deux.
— Très peu pour moi, se renfrogna Jude. On a bien assez à penser avec les cours pour ne pas se rajouter une quête supplémentaire.
— Sans compter les activités de club, compléta Othello.
Une sueur froide coula dans le dos de Lyra. Jude et elle se lancèrent un regard. Le club ! Ils avaient complètement oublié !
— T’inquiète pas, on a encore du temps, temporisa Jude mais elle lisait tout de même une certaine appréhension dans son regard.
La salle de classe était immense, beaucoup plus haute de plafond que tout ce que Lyra avait pu voir jusqu’à maintenant. Un escalier en colimaçon tout au fond desservait une mezzanine qui s’étendait en longs balcons tout autour de la pièce. Sur cette dernière reposait le fameux télescope d’Aubelune, cent fois plus grand qu’un télescope ordinaire. De nombreux mécanismes l’entouraient, permettant autant de modifier sa position, son inclinaison que ses nombreuses lentilles.
Le professeur Shelley les attendait, perchée sur le siège attenant à l’impressionnante mécanique. L’œil vissé au télescope, elle manipulait avec une aisance envoûtante les diverses manettes, poignées et roues permettant de modifier les réglages de ce dernier. Evanore et ses amis mécamages étaient sous le charme, aussi subjugués par l’impressionnant engin que par celle qui le manipulait.
Lorsqu’elle remarqua enfin la présence de ses élèves, sagement massés à l’entrée, la sorcière se redressa et vint à leur rencontre avec un sourire confiant.
— Vous devez être les petits nouveaux, entama-t-elle d’une voix claironnante. Entrez, entrez !
Timidement, les élèves passèrent la porte. Leur propre télescope en main, ils traînaient un peu la patte, encore épuisés par la terrible ascension de la tour. Le professeur Shelley se montra indulgente et attendit que chacun s’installe à l’une des nombreuses tables qui ponctuaient le centre de la pièce.
Il y régnait un désordre particulier mais étrangement pas dérangeant où tout semblait avoir une place bien précise, des tables postés un peu partout dans la pièce aux nombreuses bibliothèques qui jalonnaient les murs et qui débordaient de parchemins roulés et de livres anciens. Un globe terrestre en cristal faisait office de grand lustre, mais au lieu d’être accroché au plafond, ce dernier flottait mollement dans les airs, à peine balloté par quelques courants d’air.
Ce ne fut qu’à cet instant que Lyra, tout comme ses camarades, remarqua que le plafond, en forme de dôme, était amovible. Chacun de ses quartiers pouvaient se glisser sous son voisin à la manière d’un immense éventail incliné pour permettre au télescope de garder une vue dégagée peu importe sa direction. Une carte du ciel y avait été peinte et montrait tout autant les principales constellations, les planètes, mais aussi les pôles, leurs axes et les lignes médianes qui traversaient le ciel. Le tout était animée, représentant en temps réel la course des astres que le ciel diurne dissimulait.
Le regard de Lyra fut happé par la lune dont le dessin glissait tout doucement d’un bord à l’autre de la carte. Son quartier était presque plein.
— Bien, lança le professeur en dévalant les escaliers pour rejoindre ses élèves qui s’installaient – ou se laissaient tomber pour certains – derrière leur pupitre. Comme vous l’avez sûrement compris, je suis le professeur Shelley, votre nouveau professeur d’astronomie. Je ne vais pas vous le cacher, ajouta-t-elle rapidement, ce premier cours, ainsi que les suivants, seront surtout dédiés à une remise à niveau en astronomie. Le plus gros de mon enseignement n’arrivera que l’an prochain, et uniquement si vous choisissez de poursuivre cette matière, précisa-t-elle avec un sourire plein d’assurance.
Une certaine perplexité envahit son auditoire, mais le professeur Shelley ne parut pas impressionnée et posa les mains sur ses hanches. Ce ne fut qu’à cet instant que Lyra remarqua enfin qu’elle ne portait pas de jupes mais un pantalon d’exploration tout à fait masculin et des bottes usées malgré un cirage soigné.
— Je ne doute pas que bon nombre d’entre vous n’y seront pas, reprit-elle calmement. L’astronomie ne passionne que peu de monde, mais j’ose tout de même espérer que vous ferez de votre mieux pendant cette année.
Elle claqua alors dans ses mains et invita ses élèves à se lever.
— À présent que les présentations son faites, veuillez vous placer par groupe de trois à chacune des fenêtres et commencer à dessiner une carte du ciel. D’après mes estimations, vous devriez avoir une vue dégagée de nos planètes pendant encore environ deux heures. Je veux voir figurer sur votre carte les principales planètes de notre système et leurs lunes. Toutes leurs lunes, précisa-t-elle avec un regard acéré sur ceux qui avaient soupiré à cette indication. Vous aurez tout le temps de soupirer l’an prochain, ajouta-t-elle ce qui fit rire quelques élèves. Et maintenant, à vos crayons !
Lyra, Jude et Evanore se dirigèrent vers la fenêtre derrière eux. En déballant leurs télescopes respectifs, quelques murmures s’élevèrent. Si beaucoup étaient aussi rutilant que neuf, celui de Lyra semblait avoir vécu plus d’une vie avec sa patine apparente, sa molette abîmée et sa tige rayée. Sans parler des nombreuses runes qui ornaient la lunette et à peu près tout l’engin.
— Joli, approuva Evanore avant de commencer les réglages du sien.
Lyra lui sourit avant de l’imiter.
Les murmures et les ricanements ne tardèrent pas à se faire plus audibles derrière elle. Jude serrait les dents en essayant de se concentrer sur son propre appareil, mais il n’était pas difficile de comprendre à qui appartenait cette voix horripilante qui murmurait des horreurs. Il était sur le point de se retourner pour lancer un sort à Théodore et Sierra lorsque le professeur Shelley se pencha sur le trio.
— Oui, je me disais bien que je reconnaissais ce télescope, approuva-t-elle avec une certaine tendresse dans la voix. C’est celui de votre père, n’est-ce pas ?
Lyra approuva, les joues légèrement rosies alors qu’un silence de plomb s’était abattu sur la pièce.
Le professeur Shelley opina, visiblement satisfaite.
— Je me souviens de votre père, dit-elle avec nostalgie. Jupiter était de loin mon meilleur élève. Vous a-t-il expliqué la signification des runes qui entourent la lentille ? demanda-t-elle à Lyra.
La jeune fille fit non de la tête.
— Il… n’en a pas eu le temps, répondit-elle, la gorge nouée.
Evanore et Jude firent mine de s’occuper de leur télescope, mais tendaient une oreille attentive.
Le professeur Shelley en parut attristée avant de se reprendre.
— Dans ce cas, je vais me permettre de le faire, décida-t-elle avec enthousiasme. Ces runes, indiqua-t-elle en pointant celles, complexes, qui entouraient la lentille, sont des runes de précision, elles augmentent autant sa portée que la netteté de l’image que la lentille renvoie. Je me souviens que votre père les a mises au point après qu’un malandrin ai abîmé son télescope, poursuivit-elle songeuse. Il était habile, très habile… et doué. L’un des meilleurs astronomes que j’ai eu le plaisir de rencontrer.
Lyra était partagée entre le chagrin que ces mots faisaient ressurgir et la fascination d’entendre parler de son père. Tout à coup, la tendresse qu’elle éprouvait pour ce vieux télescope lui parut décuplé.
— Je regrette chaque jour qu’il soit devenu chasseur d’Ombre, se désola-t-elle finalement, il aurait fait un formidable prédicateur.
— Prédicateur ? interrogea Lyra et toute la classe tendit l’oreille.
— Il s’agit d’astronomes de renom capable de lire l’avenir en calculant le mouvement des planètes et leurs influences sur le monde. Ils peuvent ainsi de prédire certains évènements, qu’ils soient d’ordre physique ou ésotérique. L’an dernier par exemple, le prédicateur de la tour d’Émeraude a annoncé la chute d’une étoile un mois avant qu’elle ne s’écrase dans le désert d’Athann. Ses calculs ont permis la récupération des débris avant l’arrivée de la tempête électrique que cela a déclenché. Les explorateurs et les habitants du secteur ont également pu se préparer à son arrivée. Grâce à lui les dégâts furent bien moindres.
Un vent d’admiration souffla dans la salle. Même Théodore et Sierra parurent sincèrement impressionnés.
— Enfin, souffla le professeur, ce qui est fait est fait. Reprenez le travail, les rappela-t-elle à l’ordre et tout le monde revint à son télescope.
Le regard que les étudiants posaient sur l’appareil de Lyra avait cependant changé et une certaine convoitise brillait dans le regard de certains. Une convoitise qui lui donnait la chair de poule.
— Qu’ils essaient de le voler, grommela Jude en observant à travers son télescope avant de prendre des notes. Je peux te garantir que si les sortilèges de ton père ne les font pas reculer, je me chargerai de le faire.
— Pas si je m’en charge avant, rétorqua tranquillement Evanore en traçant avec minutie ce qui ressemblait à la constellation de la Nymphe.
Lyra leur sourit, reconnaissante. Mais ses deux amis n’eurent jamais à défendre le vieux télescope car, un instant plus tard, toute l’attention se tourna vers une autre fenêtre où Othello révéla un télescope deux fois plus gros que la normal et savamment modifié pour l’aider à prendre des mesures encore plus précises. En le voyant, le professeur Shelley éclata de rire et vint féliciter le jeune homme pour son innovation. Ce dernier s’en rengorgea avant de s’appliquer à la tâche qui lui était demandé.
L’heure qui suivit se passa dans un calme relatif alors que tout le monde se concentrait sur son travail.
En jetant un regard à la carte de Lyra un moment plus tard, Jude sourcilla. Il lui tapota discrètement l’épaule avant de lui souffler le plus bas possible :
— Lyra, tu ne peux pas marquer ça.
La sorcière baissa les yeux sur l’annotation qu’il pointait. Elle surplombait une planète plus grosse que les autres et entouré de ses huit lunes principales. Juste au-dessus, de son écriture un peu brouillonne était inscrit : « l’autre Jupiter ».
Lyra sentit ses joues s’enflammer et se dépêcha de rectifier son erreur. Elle remercia Jude d’un sourire penaud avant qu’ils ne retournent tous deux à l’étude du ciel.
Ils eurent tout juste le temps d’apporter quelques nouvelles lunes à leur carte avant que la cloche ne sonne la fin du cours. Avant que tout le monde ne remballe ses affaires, le professeur Shelley leur demanda de finir la carte pour la semaine suivante et insista pour qu’ils dessinent également d’ici le prochain cours, la première constellation qu’ils voyaient depuis la fenêtre de leur chambre. Cette demande fit sourciller quelques élèves, les autres se contentèrent de hausser vaguement des épaules. Si ça n’était qu’une constellation, ça n’était pas trop compliqué.
En sortant de la classe, leur télescope sur l’épaule, Lyra et Jude se laissèrent rapidement distancer par le reste de leurs condisciples qui fondirent comme une vague dans les escaliers. Très peu désireux de s’enfoncer dans une cohue pareille, Jude proposa de passer par un autre chemin.
Lyra, qui n’avait pas plus envie que lui de se fondre dans la foule, accepta et tous deux s’éloignèrent dans un autre couloir où ils trouvèrent un escalier plus large menant au deuxième étage.
Ils arrivèrent bientôt dans un couloir qu’ils n’avaient encore jamais exploré et qui semblait sans fin. Un silence surnaturel y régnait, interrogeant les deux jeunes gens sur leur position dans le château.
— Je crois que nous nous sommes un plus éloigné que prévu, lâcha platement Jude en avisant les murs blancs et le parquet reluisant.
Lyra jeta un œil par l’une des fenêtres.
— Je crois que nous avons fait le tour, dit-elle en pointant l’horizon. Regarde, on ne voit pas le lac.
Jude jeta un coup d’œil avant de faire la moue.
— En revanche on voit un peu trop bien ce fichu terrain d’entrainement… grommela-t-il.
Lyra sourit mais ne releva pas. Elle parcourut le long couloir du regard, songeuse.
— Crois-tu que nous devrions continuer tout droit ? demanda-t-elle finalement.
— Maintenant que nous y sommes, autant aller jusqu’au bout, philosopha Jude. On finira bien par trouver un escalier.
Lyra se pencha sur la fenêtre, avisant une petite cour en contrebas.
— Au pire, lança-t-elle à moitié sérieuse, nous n’aurons qu’à sauter par la fenêtre. Avec un bon sortilège d’amortissage, nous en ressortirions indemne.
— Hmm, je préférerai un sortilège de lévitation, ce serait plus sûr, rétorqua Jude en suivant son regard.
Ils y réfléchirent un instant avant de se détourner de la vitre comme un seul homme.
— Continuons, reprit brusquement Jude.
— Tu as raison, approuva Lyra.
Et tous deux s’enfoncèrent dans le couloir.
Heureusement pour eux, un petit escalier de pierre les attendait au bout du chemin. Seulement drapé d’un vieux tapis aux couleurs bleues passées, il desservait l’étage inférieur où les deux étudiants pourraient enfin se repérer. Mais alors qu’ils traversaient un énième long couloir, quelque chose les fit ralentir.
Ce dernier n’avait rien à voir avec celui qu’ils venaient de parcourir. Il était plus large, moins long et surtout beaucoup plus décoré. Des dizaines de tableaux, vitrines et cadres photos recouvraient les murs, reléguant les minces fenêtres à quelques ouvertures ciselées perché tout en haut des murs.
En s’approchant, Lyra et Jude découvrirent que les vitrines débordaient de coupes et de médailles en tout genre mais aussi d’article de journaux encadrées, d’autres photos et même d’objets hétéroclites et autres œuvres d’arts. Un petit écriteau accompagnait chaque objet, bordaient chaque cadre.
— Ce sont des photos d’anciens élèves, apprit Jude en étudiant l’un des clichés encadré le plus proche.
Lorsqu’il se redressa, un éclat singulier brillait dans son regard.
— Je crois que nous avons trouvé la Galerie du Souvenir, murmura-t-il avec une certaine admiration.
— La quoi ? interrogea Lyra.
— La Galerie du Souvenir, répéta Jude en avançant avec prudence dans le couloir. C’est une pièce enchantée du château. On y entrepose toute sortes de souvenirs d’anciens élèves : des portraits, des photos, parfois même certaines inventions que les professeurs ont particulièrement appréciées. Comme… cette recette, indiqua-t-il en pointant un rouleau scellé entreposé dans une vitrine au côté d’une fiole au contenue entre la vapeur et le liquide. On dit que la pièce s’agrandit chaque année un peu plus pour permettre à de nouveaux souvenirs d’y être entreposés.
Il y eu un silence, à peine troublé par les expirations de quelques inventions à vapeur qui n’avaient cessé de fonctionner au fil du temps. Lyra balaya la pièce du regard, partagée entre la timidité de se retrouver dans un endroit aussi plein de souvenirs et la curiosité d’en découvrir chaque secret.
Brusquement, Jude lui attrapa la main. Il avait perdu son expression admirative et arborait son célèbre sourire malicieux.
— Il y a sûrement des photos de nos parents ! s’exclama-t-il avec excitation. Viens !
Contaminée par son enthousiasme, Lyra se fendit d’un sourire similaire et suivit son ami dans son exploration. Un à un ils parcoururent les différents tableaux, allant de l’œuvre sauvegardé à une représentation d’un ancien élève fortuné ou d’un professeur très populaire. L’une des peintures les salua même en ôtant son chapeau, ce qui les fit sursauter avant que le sujet ne reprenne gracieusement sa place.
Ils finirent par tomber sur une section dont les dates correspondaient avec ce qu’ils cherchaient. Ils y découvrirent une ancienne photo de classe de première année où Jude s’amusa de découvrir son père et sa mère aussi mal à l’aise dans leur uniforme.
— Content qu’ils aient abandonné les chapeaux, approuva-t-il avec des yeux rieurs. Ils ont l’air parfaitement ridicule.
— Tu trouves ? demanda sereinement Lyra. Moi j’aurais bien aimé porter leur uniforme. Leur longue veste à l’air tellement plus confortable que nos tailleurs…
Un peu plus loin, Lyra et Jude découvrir qu’une section de mur était dédiée aux Kingsford. Le jeune homme grimaça en découvrant la succession de ses frères : il y avait d’abord Jonas, représenté dans une peinture élégante où il arborait l’insigne du club des Duellistes. Puis Aristide, immortalisé dans une photo où il tenait ce qui semblait être une pousse d’une plante particulièrement repoussante. Et enfin August qui apparaissait dans un article du journal avec son équipe de cavaliers.
— Même ici je me farcie ce foutu article… maugréa Jude entre ses dents.
Lyra, qui lui tenait toujours la main, la serra un peu plus dans la sienne. Au début, aucun d’eux ne parla, jusqu’à ce que Jude s’esclaffe.
— On dirait qu’il n’y a pas Oliver.
— Peut-être parce qu’il n’a pas encore quitté l’école.
— Ou peut-être que ses faits d’armes le rapprochent plus de l’expulsion que de la renommée, hasarda Jude la tête ailleurs.
Lyra sourit. Il y avait peut-être du vrai dans cela. Oliver n’aimait rien moins que décevoir les attentes qu’on lui portait. Avoir les meilleurs notes ? Il s’arrangeait pour avoir les pires. Espérez de lui qu’il soit sage et il s’arrangeait pour mettre le souk partout sur son passage. Mais le contraire était aussi vrai. Soyez persuadé qu’il ne fera rien de sa vie et il vous prouvera indéniablement le contraire. Parce qu’Oliver adorait défier les attentes des autres, des attentes qu’il avait en horreur.
Lyra y songeait encore lorsque son regard fut attiré par un article encadré non loin de la section des Kingsford. En y reconnaissant le jeune homme souriant qui figurait sur la photo, elle pressa plus fort la main de Jude. Ce dernier se retourna, le regard plein d’interrogation. Sans un mot, elle lui pointa l’article.
Le jeune homme perdit aussitôt son air mélancolique, remplacé par une sincère surprise.
Comme un somnambule, il entraina Lyra devant l’article encadré. Dans ses prunelles givrées brillaient les larmes qu’il retenait.
Caleb Hawthorne figurait sur la photo, un sourire rieur gravé à jamais sur ses lèvres. En le regardant de plus près, Lyra ne pouvait que lui trouver des similitudes avec son ami. Caleb avait les mêmes boucles noires tombant juste un peu plus sur ses épaules, et le même éclat malicieux brillait dans ses yeux. En fait, ils se ressemblaient tant qu’ils auraient pu être frère, si on mettait de côté les yeux sombre de Caleb et sa mâchoire un peu carré.
— En fait il ressemble beaucoup à Oliver, lâcha-t-elle à voix haute.
Jude papillonna des yeux, son attention oscillant entre Lyra et la photo. Il pencha la tête de côté et finit par en rire.
— C’est vrai, s’amusa-t-il en plissant légèrement les yeux. Il faut croire qu’on a dû passer un peu trop de temps avec lui.
Puis, alors que Lyra se laissait emporter dans des pensées lointaines, Jude la secoua et pointa à son tour un autre cadre, à peine plus loin. Elle y découvrit avec autant d’admiration une photo de ses parents. Le petit écriteau au bas du cadre annonçait qu’il s’agissait de leur dernière année.
Lyra les regarda avec attention, l’émotion lui faisant monter les larmes. Un sourire douloureux lui vint.
La photo avait été prise lors du dernier bal de Noël. Jupiter y apparaissait dans un costume de seconde main aux tons pourtant chatoyant. Ses cheveux avaient été ramené en arrière bien qu’une mèche rebelle persiste à lui tomber sur les yeux. À son bras, Laurinda souriait de toute ses dents, magnifique dans sa robe de soie verte. Une robe qui, Lyra le réalisa avec émotion, avait la même teinte que les yeux de son père.
— Ils sont magnifique… murmura-t-elle comme pour elle-même.
— Regarde, pointa encore Jude dont les prunelles s’étaient véritablement illuminées.
En suivant son regard, Lyra découvrit d’autres clichés de ses parents, dont une photo de son père au milieu des membres de son club d’Astronomie. Il y apparaissait rayonnant au milieu des trois autres élèves. Dans le cadre suivant, il se dressait au côté du professeur Shelley, tous deux extrêmement fiers alors que Jupiter portait dans ses mains une coupe en argent décorée d’un croissant de lune. Cette dernière reposait dans la vitrine d’à côté et on pouvait lire au pied de cette dernière : « Prix du meilleur prédicateur de Valencia, An 53 du règne d’Astérion IV ». Lyra en eut les larmes aux yeux.
— Tu ne m’avais pas dit que ta mère montait, lâcha abruptement Jude avec une certaine révérence dans la voix.
En se tournant vers lui, Lyra découvrit une photo de sa mère, semblable à celle d’August. Laurinda y posait au milieu d’une équipe de cavaliers, entourée de vouivres au museaux curieux alors qu’ils brandissaient une coupe à l’effigie d’une vouivre en plein vol. Elle en resta bouche bée.
— Je l’ignorais… avoua-t-elle dans un souffle.
Lyra et Jude poursuivirent leur exploration jusqu’à s’arrêter devant une série de photos où les élèves des différentes promotions se mélangeaient. Parmi elles, ils découvrirent Jupiter et Caleb, bras dessus bras dessous et riant aux éclats. Ils portaient tous deux la lavallière indigo de Brillargent. À côté du cliché se trouvait un article d’où il était tiré et annonçait : « le Prix de la meilleure innovation en astronomie, remit à deux élèves de Brillargent à Aubelune pour leur recherche sur les runes de précision. »
Lyra se tourna vivement vers Jude.
— Tu savais que Caleb avait travaillé avec mon père sur les runes ? Qu’ils se connaissaient ?
— Je… Je ne savais même pas qu’il était à Brillargent, balbutia-t-il. J’ai toujours cru qu’il était à Vaillant… souffla-t-il tout bas.
Il balaya les clichés de son parrain et de Jupiter avant de poser des yeux grands ouverts sur Lyra. Tous deux se considérèrent avec un étonnement égal avant de se fendre d’un sourire qui se mua rapidement en un éclat de rire.
— Dire qu’ils étaient amis, souffla Jude en se passant une main dans les cheveux.
— J’aurais bien aimé le connaitre, avoua Lyra après s’être calmée.
— Je suis sûr que tu l’aurais adoré, affirma Jude en se tournant vers elle avec un sourire.
— J’en suis certaine, approuva-t-elle.
Ils restèrent ainsi un moment, lorsqu’un grondement sonore se fit entendre. Lyra tourna un regard étonné sur Jude dont les joues avaient viré au cramoisie.
— Je crois qu’on ferait mieux d’y aller, gargouilla-t-il en se grattant la joue avec embarras.
— Ou tu mangeras tout ce qui te tomberas sous la patte ? hasarda Lyra avec un demi-sourire alors qu’ils se dirigeaient vers le fond de la salle.
— Je ne m’appelle pas Evanore, merci ! fit mine de s’offusquer Jude.
Lyra éclata de rire et ils rejoignirent le réfectoire.
"Evanore s’exfiltra de son lit et à enfila son uniforme"
Le déroulement des actions d'Evanore est bizarre, elle s'habille, puis seulement après elle rentre dans la salle de bains ? D'ailleurs, la salle de bains et la salle d'eau, c'est la même salle qui a changé de nom, ou bien il y a deux pièces pour se laver ?
"Ses boucles d’or étaient en batail" => bataille
Avale-royaume ??
"d’avoir des professeurs aussi dangereux pour les élèves que passionné par leur matière" => passionnés (mais j'adore le débat)
"Une expérience qui a mal tourner" => tourné
"Mais pourquoi vouloir mettre un moteur dans une horloge ?" Je me pose moi aussi la question
"Tu ne m’avais pas dit que tu avais inventer une chose pareille" => inventé
"Ce que je ne trouve pas drôle, c’est de lancer des rumeurs, lâcha platement Lyra." merci Lyra <3 (bon après si c'est des rumeurs débiles auxquelles personne ne peut croire, ça peut être drôle, du style "eh tu savais que Brigitte Macron était un crapaud transformé par le baiser d'Emmanuel", mais on ne sait jamais quels imbéciles peuvent entendre ces conneries et les prendre premier degré)
"Jude dût jouer des coudes pour la rejoindre au milieu du brouhaha de leurs condisciples. Il arborait l’air penaud d’un enfant prit en faute et cherchait comment s’excuser" s'excuser de quoi ? C'est pas lui qui a sorti des conneries
"Lyra n’attendit pas que les autres se réveille" => se réveillent
Oh un copié-collé du bureau de Trelawney (dommage j'aurais bien aimé un brin de changement, genre un prof de divination en costard, après ce qui serait encore plus drôle c'est de mettre deux profs de divination, une en diseuse de bonne aventure qui pue l'arnaque à plein nez mais est une vraie voyante, et un en costard avec l'air sérieux et qui est aussi nul que Trelawney)
"Il vous suffit de laisser votre esprit s’envoler au loin" bon bah ce sera pas trop difficile pour Lyra alors
"Lyra s’était totalement fermé à ce qui l’entourait" => fermée
"qu’une silhouette s’était formé à quelques mètres de son élève" => formée
J'aime bien le côté "fais gaffe, tu vas trop loin" et le retour qui ressemble pas mal aux sorties de Pensine. Par contre je n'ai pas compris : le but de l'exercice, c'était de faire comme Lyra mais en allant encore plus loin, ou bien de ne pas faire comme Lyra et d'aller ailleurs ?
"Elle sentait leur attention brûlante lui piquer la nuque" mais elle est au fond de la classe...
Je lance une rumeur : la silhouette qu'elle a vu était celle de son père.
Je sens que je vais aimer les cours et la prof d'astronomie !
"Le tout était animée" => animé
"À présent que les présentations son faites" => sont
"veuillez vous placer par groupe de trois à chacune des fenêtres et commencer à dessiner une carte du ciel" : pourquoi se placer aux fenêtres s'il fait jour ?
"la tendresse qu’elle éprouvait pour ce vieux télescope lui parut décuplé" => décuplée
J'aime beaucoup que la "divination" réalisée grâce à l'astronomie, soit de la divination... sur les phénomènes astronomiques, les étoiles filantes et tout.
Maintenant j'imagine arriver mon escroc en costard qui prétend avec de savants calculs que la position de Saturne annonce une épidémie de grippe, et les deux profs se foutre de sa gueule parce que la position de Saturne annonce juste que Saturne suit sa course autour du soleil et que les vraies méthodes de divination ont prédit que la vague de vaccination serait efficace.
« l’autre Jupiter » oh choupette
"Ils arrivèrent bientôt dans un couloir qu’ils n’avaient encore jamais exploré" et ils tombèrent sur un chien à trois têtes, mais Lyra lui lança un triple nonosse et ils purent passer tranquilles... (pardon)
"d’article de journaux encadrées" => encadrés
"une fiole au contenue entre la vapeur et le liquide" => contenu
Par contre j'ai oublié qui est Caleb... [ah, le parrain de Jude, mais je ne sais plus quand il a été mentionné]
"un costume de seconde main aux tons pourtant chatoyant" => chatoyants
"Ses cheveux avaient été ramené en arrière" => ramenés
"Laurinda souriait de toute ses dents" => toutes
"Ils sont magnifique… murmura-t-elle comme pour elle-même." => magnifiques
"remit à deux élèves de Brillargent à Aubelune" => remis
"Lyra éclata de rire et ils rejoignirent le réfectoire." Du coup ils trouvent le chemin ?
J'adore lire tes remarques, elles me font toujours beaucoup rire ^^ bon, passons aux choses sérieuses :
- la salle d'eau et la salle de bain, c'est la même pièce, c'est juste que j'ai découvert que très récemment (genre y a deux ans mdr) que c'était différent, du coup j'ai encore tendance à substituer ces deux expressions ^^' (faut dire que j'ai passé ma vie avec une salle de bain, je savais même pas que ça existait une salle d'eau jusqu'à en avoir une !)
- pour l'exfiltration d'Evanore, c'est juste qu'elle s'habille d'abord et va se rincer la trogne pour se réveiller (normalement elle en profite pour se brosser les cheveux mais là elle était trop HS)
- si Jude s'excuse, c'est surtout de s'être prit au jeu d'Isla, mais t'as raison, je modifierai, en plus je suis pas très fan de ce passage, je pensais l'enlever, c'est quand même bizarre d'aimer les rumeurs, non ? Je sais pas...
- pour ce qui est de la classe, j'ai essayé de faire un peu différent, mais je dois dire que j'aime bien l'ambiance orientale des coussins. D'ailleurs, je les trouva pas si semblables, la classe de Trelawney elle me fait surtout penser au bureau de mamie Jeannette (désolée si tu as une mamie Jeannette), dans le livre c'est même décrit comme couvert de chintz un peu partout, ce qui donne un air assez vieillot. Quant aux deux profs... c'est une bonne idée, mais je voulais quelque chose de sérieux pour Aubelune (si on met de côté le dirlo, mais ça c'est autre chose). Il y a, par exemple, aucune chance qu'on engage un imposteur comme Lockhart, les profs d'Aubelune sont triés sur le volets, les meilleurs magiciens de leur domaine. Pour y enseigner il faut plus que de jolies livres bien écrits, il faut prouver tes compétences et être reconnu par tes aînés dans ton domaine, ce qui est le cas de tous les profs de l'Académie.
- pour le cours de divination, l'objectif était d'entrer en transe, Lyra est juste allé beaucoup plus loin que prévu lors du premier cours (d'ailleurs son esprit rêveur lui offre une prédisposition à la divination, ce qui va vraiment beaucoup l'aider pour l'invocation). En général il faut un peu plus de temps pour aller aussi loin, mais l'objectif, à therme, c'est de réussir à toucher le Voile et d'y passer la tête (grossièrement dit) pour pouvoir créer un contact avec une Ombre mineure. Quant à ton hypothèse... je ne dirais rien ;) mais il se peut que tu sois sur quelque chose
- pour "elle sentait leur attention lui piquer la nuque" c'est surtout une expression, quant à sa place, elle se trouve au fond quand tu rentre sur le côté, c'est à dire près des fenêtres mais dans les premiers rangs, un peu comme Harry et Ron dans la Coupe de Feu quand il ouvre un peu la fenêtre pour respirer avant de faire un malaise
- pour ce qui est du cours d'astronomie... t'as raison, je vais devoir modifier. Je suis une telle quiche en physique que je pensais qu'il était possible de voir les astres même en plein jour avec un télescope mais je viens de vérifier et on les voit mal, il est même conseiller de s'aider d'une carte du ciel ^^'
- pour ce qui est des prédicateurs, je dois t'avouer que le principe est encore un peu flou dans mon esprit, je ne sais même pas si je le développerait beaucoup ou non
- ta blague sur Touffu ? Un bonbon à lire, merci pour ce fou rire ! x) Lyra serait d'ailleurs bien capable de faire un truc pareil XD
- et enfin pour le chemin... bon, soyons honnêtes, j'avais la flemme de les faire encore tourner en rond, le chapitre était déjà beaucoup trop long, il fallait le terminer alors on va dire qu'ils ont finit par retrouver un couloir familier et retrouver le réfectoire ^^'
Voilà, je crois que c'est tout... Encore merci pour les coquilles, je corrigerai ça !
A bientôt ! :)
Effectivement, j'avais pas compris pour la salle de divination, je pensais que les fenêtres étaient au fond de la classe.
Pour le passage sur les rumeurs, je trouve que ça faisait un peu trop "collège" (enfin y en avait à l'uni mais c'était plutôt pour se taquiner entre amis consentants quoi)