Les affaires commençaient bien, elles aussi.
Après avoir pris quelques contacts avec les professionnels du bâtiment, Martial n’avait pas eu grand peine à décrocher sa première commande, la réalisation d’une maison de maître avec piscine, terrain de tennis et haras.
L’heureux futur propriétaire était un industriel de la région qui avait fait fortune ces dernières années dans le domaine de la fibre optique. Marié à une jeune russe, de quinze ans sa cadette, le couple n’avait de limite que son imagination dans la réalisation d’un véritable petit château, tant la fortune amassée permettait toutes les excentricités.
Martial adorait ce genre de challenge et savait qu’il serait à la hauteur des attentes de ses clients. Ces derniers ne l’avaient pas choisi par hasard ; Martial bénéficiait de la notoriété de ses réalisations Girondine.
Il savait pouvoir compter sur les compétences complémentaires de Damien ; les deux associés s’étaient certes quittés mais c’était pour maintenir leur amitié intacte et conserver le goût de travailler ensemble.
Les deux amis passaient plus d’une heure par jour au téléphone, bien plus que le temps qu’ils passaient à se voir quand ils se côtoyaient toute la journée dans leurs bureaux Bordelais.
Finalement, cette séparation serait salutaire pour relancer leurs affaires.
Avec Catherine également, les relations étaient au beau fixe. Ils avaient décidé que les enfants passeraient toutes les vacances scolaires à Marseille mais seraient chez leurs mères le reste du temps afin de ne pas perturber leur scolarité.
Martial pressentait une relation entre son ex-femme et son ami d’enfance, ce qui aurait expliqué bien des choses et notamment l’attitude de son associé lors du coup de force juridique de Catherine sur MBA.
Peu lui importait aujourd’hui, il ne fallait pas regarder en arrière. Il n’avait que faire des relations de son ex-femme ou de son ami, il avait décidé d’aller de l’avant.
Le seul bémol à cette nouvelle vie était le manque de relations personnelles. Autant, sur le plan professionnel, son carnet d’adresse et son agenda se remplissaient à vue d’œil, autant sur le plan personnel, son carnet de contacts restait désespérément vide.
Les relations professionnelles étaient enrichissantes mais n’en demeuraient pas moins que des connaissances ; le tutoiement était désormais de rigueur dans le business moderne mais l’amitié était tout autre chose.
Martial n’avait pas prévu de reprendre contact avec ses amis d’enfance ; s’il est vrai que son village natal près de Aix-en-Provence n’était pas bien loin de Marseille, il trouvait assez pathétique de rappeler des adultes qu’il avait quitté adolescents sur les bancs du Lycée.
Cela aurait pris une tournure de vieux beau sur le retour.
Il n’imaginait pas plus trouver son salut sur les réseaux sociaux ; il n’avait jamais vraiment adhéré à ce genre de communication moderne.
Lui était plutôt relation « face to face » comme disaient les anglo saxon. Il avait besoin de rencontres physiques, d’échanges et de partages.
Fréquenter les réseaux ne le tentait guère ; de nature timide et pudique il ne se voyait pas mettre à la vue de tous sa vie privée même limitée à quelques loisirs ou sorties.
Il était plutôt diesel que turbo dans ses relations intimes. Sa vie commune avec Catherine l’avait coupé des rencontres en dehors du couple ; il n’avait jamais eu d’amies femme.
En désespoir de cause, il accepta une proposition de sortie avec son dernier client et sa jolie jeune femme russe. Pourquoi pas, après tout, que pouvait il lui arriver à part passer un bon moment en bonne compagnie.