Ce que je vais décrire maintenant est une illustration de mon second conseil : ne pas se laisser impressionner, tout le monde a une faille :
Je me débattais de toutes mes forces alors que l’on me ceinturait. Dans ma tentative de me dégager j’arrachais ce qui semblait être un masque. L’homme hurla et s’effondra alors au sol en convulsant. Je regardais mes mains et elles étaient pleines d’une sorte de crème translucide gluante.
Tout à coup, j’entendis le bruit d’une voiture. Elle fonça sur nous, achevant au passage mon assaillant et déstabilisant un autre ridé. La portière s’ouvrit et une femme me cria de monter. Je ne voulais pas abandonner Mathis mais je dus me rendre à l’évidence qu’il était pris : deux ridés le tenaient fermement et l’entraînaient déjà dans la lumière. Puis, plus rien. Tout était redevenu calme.
La femme dans la voiture me répéta de monter. Je m’exécutais, sous le choc d’avoir vu Mathis disparaître. Si j’étais en vie c’était grâce à lui et là, il se faisait prendre.
— On peut dire que j’arrive à pic, tu l’as échappé belle.
Je restais muet.
— On va chez moi, on sera à l’abri pour le moment. Tu as intérêt à te reprendre, ça n’est que le début petit.
Elle devait avoir trente cinq ans ou pas loin.
— Je les avais prévenus pourtant mais personne ne m’a écoutée. Ah oui, pense à bien te laver les mains, le Respirium ça pue.
Je la regardais d’un air interloqué. Elle sourit.
— C’est comme cela que j’appelle la crème sur leur visage. Ils se l’applique et quand elle durcit, ça agit comme un masque à oxygène. Ils n’aiment pas trop votre atmosphère. En l’enlevant, tu l’as rendue molle à nouveau…Et ça pue. Je crois même que ça peut attaquer ta peau.
Elle me regarda avec un petit rictus aux lèvres alors que je fixais mes mains avec horreur.
— Mais non petit, je rigole. En tout cas maintenant tu sais comment les tuer si ça se reproduit ou plutôt…quand ça se reproduira.
J’étais abasourdis par tout ce qui se passait et par son comportement détaché, à tel point que je n’étais plus certain que cela soit réel.
Elle arrêta sa voiture dans l’allée d’une ville voisine et nous sommes entrés dans une maison moderne. Mes mains lavées, je pu découvrir son salon, rempli d’objets que je n’avais jamais vu à l’exception de l’arme en forme de ponceuse. Presque instinctivement je me jetai sur la télévision pour l’allumer et je constatai que la capitale était aussi attaquée. Des images d’hommes et de femmes courant dans tous les sens. À l’écran je vis aussi apparaître à travers ces trous de lumière des sortes de drones rectangulaires qui déversaient quelque chose dans le ciel.
«Nous sommes débordés !» fût la dernière chose que j’entendis avant que tout ne s’éteigne.
— Ils utilisent du graphite, classique mais efficace pour semer la panique. Ca créé des courts circuits. La panne ne durera pas mais la peur sera déjà installée dans la population, lança la femme, presque blasée.
— Vous êtes qui au juste ? me risquais-je. Comment savez-vous cela ?
— Moi c’est Vilak. Je le sais car je l’ai vécu dans ma dimension.
Je n’étais pas sûr d’avoir bien entendu mais vu les circonstances je n’avais pas envie de la contrarier, alors je restais silencieux. Elle reprit :
— Je me suis réfugiée ici pensant être en paix mais lorsque le dérèglement climatique s’est accru en même temps que les disparitions, j’ai compris. Ils étaient en train de passer d’une dimension à une autre.
— Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? osai-je enfin.
C’est à cet instant que j’appris l’existence d’autres dimensions et que j’entendis pour la première fois l’histoire de nos assaillants. Pendant des siècles ils avaient pollué leur environnement au point d’être quasiment tous stériles et leur population n’avait cessé de diminuer jusqu’à passer sous le million. Ils possédaient pourtant une technologie avancée mais plutôt que de s’en servir pour améliorer leur habitat, ils s’en étaient d’abord servis pour trouver un moyen d’allonger leur vie et ensuite passer d’une dimension à l’autre. Cela créa des conflits entre eux car certains souhaitaient tout de même que leurs connaissances soient utilisées pour créer de nouveaux êtres.
Après des années de combats, il fut décidé que deux cités seraient créées à l’opposé l’une de l’autre dans ce monde. Celle de ceux créant de nouvelles vies et celle des ridés qui continueraient à prolonger la leur.
Ai-je besoin de préciser comment ils font cela ?Si tu as trouvé ce texte, j’imagine que tu le sais déjà mais bon, pour être sûr : ils s’injectent du sang de jeunes. Cela régénère leurs cellules. Pour éviter une nouvelle guerre, ils ne voulaient pas prendre les enfants de l’autre cité, alors ils ont décidé d’aller dans d’autres dimensions. Vilak le savait car elle avait été enlevée enfant. Elle avait réussi à s’enfuir et emporté plusieurs objets, dont un bélier et une ponceuse. Elle savait aussi ce qui allait se produire car les ridés avaient exterminé les habitants de sa dimension pour être certains de n’avoir aucunes représailles un jour. Et puis aussi... parce qu’ils le pouvaient.
— Ils m’ont gardée en vie plus longtemps que les autres car je peux respirer dans ma dimension et la leur, ils voulaient savoir pourquoi et s’en servir ensuite, m’avait – elle expliqué.
— Ils vont tous nous détruire alors et enlever les enfants ? Mais il doit bien y avoir un moyen de les empêcher ?
— Le seul moyen serait de détruire leur source d’énergie, celle qui alimente les béliers et qui se trouve dans leur dimension. Les premières fois, ils ne peuvent rester qu’environ cinq minutes avant que leur porte ne se referme mais plus ils viennent, plus ils restent longtemps.
Pendant un temps, j'ai tenté de contacter ma famille, en vain et Vilak refusa catégoriquement de me laisser repartir. De toute façon, je l"avoue, j'avais trop peur pour partir seul.
Après trois ou peut être quatre semaines d’attaques, les armées du monde entier étaient en déroute alors que les intrusions devenaient de plus en plus longues. Des massacres, des destructions, des enlèvements tous les jours.
Puis, sans crier gare, des centaines d’enfants réapparurent à travers le globe et les attaques cessèrent.
Bien sûr tout le monde était méfiant mais la joie de retrouver un proche était si grande… Mathis faisait partie des rescapés. Il fut transporté à l’hôpital où on l’examina et surtout on l’interrogea. Il n’avait aucun souvenir du temps passé là bas et était très choqué car notre notre quartier était partiellement rasé. Enfin, c’est ce que l’on me rapporta car je ne le revis jamais.
Je ne quittais plus Vilak. C’était une femme forte, combative et qui connaissait notre ennemi. Pas besoin d’être une lumière pour comprendre qu’elle était ma meilleure chance de survie. Moi qui étais devenu une fontaine de jouvence sur patte.
Vilak n’aimait pas la réapparition des enlevés. Elle savait que des siècles de sang en intraveineuse avaient rendu les ridés particulièrement sadiques et que ce soudain retour était suspect.
Elle avait raison.
Le rythme me parait un peu trop brusque tout à coup. Vilak arrive "trop tôt", elle sait "trop de chose", il y a "trop d'info". Je ne sais pas comment être plus clair, ça fait vraiment trop trop trop de chose en même temps sans avoir de pertinence directe. Peut-être qu'allonger les découvertes et étaler sur le temps les explications de Vilak serait plus facile à digérer pour le lecteur.
Par exemple, au lieu d'avoir l'histoire des ridés d'un seul coup, on pourrait avoir la rencontre avec Vilak, puis un temps de choc de la part de Maël, et après le retour des rescapés, avoir Vilak qui "résonne" Maël en lui faisant un récap du sadisme des ridés.
Je ne sais pas comme tu le perçois de ton côté, en l'écrivant, mais j'avoue qu'à la lecture, c'était trop dense.
(Par contre, je suis obligé de dire que l'histoire des ridés est hyper intéressante, j'espère qu'on en saura davantage, et sur le peuple de Vilak aussi d'ailleurs ! )
la rapidité est à la base volontaire car j'avais vu cette nouvelle comme les prémices d'une histoire plus développée qui rejoint l"univers de ma nouvelle "La cité des vents" . C'est vrai que j'ai matière à développer davantage, je sais ce qui me reste à faire!