La maman d’Ethan se précipita devant son fils, faisant barrage face à la nouvelle venue.
— Laisse-le tranquille !
L’inconnue avançait pas à pas, les obligeant tous les trois à reculer au fur et à mesure.
— Le moment est arrivé.
— Vous êtes qui bordel ? s’écria Ethan en passant devant sa mère.
Elle fixa d’abord son interlocuteur avec intérêt, puis s’en détourna pour s’adresser à la seule qui semblait la connaître.
— Tu ne lui as rien dit, grogna-t-elle.
— Il n’y a rien à dire, repars d’où tu viens !
L’inconnue l’agrippa par le cou et la plaqua sauvagement contre le mur. Tandis qu’Ethan restait paralyser, Elena attrapa une chaise et lui écrasa dessus. Elle lâcha prise, mais ne paraissait pas avoir mal, juste encore plus énervée. Ethan profita de la confusion pour se diriger vers la cuisine. L’étrangère, elle, avança vers Elena, le regard méprisant.
— Sérieusement ?
Elle pivota son corps pour envoyer son pied droit directement sur le visage d’Elena qui l’évita de justesse. À ce moment précis, elle remercia de tout son cœur ses cours de gymnastique qui l’avait rendu aussi souple.
— Intéressant, l’attaquante.
Ethan choisit ce moment pour intervenir. Couteau en main, pointé en direction de la jeune femme.
— Ne t’avise plus de toucher à un seul de leurs cheveux espèce de tarée !
Elle se rapprocha de lui petit à petit, tandis que sa lame tremblait et qu’il reculait, jusqu’à ce que le mur l’oblige à faire face.
— Arrête-toi, ou je te jure que je te le plante !
Il tendit un peu plus les bras, serrant l’arme dans ses paumes jusqu’à ce que son couteau pénètre la peau de l’inconnue qui avançait sans se soucier du sang qui coulait, la pointe dans la chair. Elle agrippa les mains d’Ethan et dirigea la lame vers son cou avant d’appuyer légèrement. Laissant ruisseler un nouveau filet cramoisi. Paniqué, il lâcha son arme qui rebondit sur le sol dans un fracas assourdissant. Elena se tenait près de la mère d’Ethan, lui étreignant la main. Elle observait la scène, serrant la mâchoire. Elle tremblait aussi. Mais ce n’était pas de la peur, c’était de la rage. On pouvait le lire dans ses yeux. Les sourcils froncés, le poing fermé. Mais c’était une fille intelligente, elle savait que quelque chose n’allait pas avec cette inconnue.
— Ça n’aurait pas dû se passer comme ça. Tu aurais dû lui dire qui il était.
— Je voulais qu’il ait une vie normale, répliqua madame Laval, avant de fondre en larme. Il n’a rien demandé de tout ça. S’il te plaît, pars, dit que tu ne l’as pas trouvé. Je t’en supplie.
Son interlocutrice se dirigea vers elle, s’agenouilla pour se mettre face à son visage.
— Ton peuple s’apprête à entrer en guerre et tu préfères rester cacher dans ce monde pourri plutôt que de l’aider alors que tu possèdes l’arme de notre salut ? Tu es une égoïste, une lâche, et une traître. Tu n’es plus que l’ombre de ce que tu étais. Tu mériterais que je te tue.
Plus que ses mots, c’était sa voix calme et posée qui la rendait effrayante. Elle se releva avant d’annoncer, plus fort.
— Caelis t’a sauvé uniquement pour veiller sur lui.
— Elle ne m’a pas sauvé. Je suis venu ici avec mes dernières forces.
— Tu crois sincèrement que tu possédais assez de flux pour un saut ? Alors tu es plus stupide que je le pensais à deux.
— Maman.. Qu’est-ce qui se passe ? Qui est-elle ?
Alors qu’Ethan fixait sa mère pour obtenir une réponse, elle détourna le regard, sanglotante. Comment est-ce qu’elle était censée lui dire ? À l’heure où elle lui expliquerait tout, sa vie ne sera plus la même. Sa vision du monde ne sera plus la même, et il apprendrait qu’elle lui a menti toute son existence. Il penserait que c’est une trahison et il la détesterait. Elle ne voulait pas que ça arrive. Et pourtant, elle savait qu’elle le méritait. Elle se sentait coupable d’avoir eu de l’espoir, persuadé d’avoir réussi à changer le destin de son fils jusqu’à ce qu’elle voit son dessin, et qu’elle se rende compte que tout allait commencer. Monsieur Laval apparut à ce moment précis, devant la porte ouverte de la maison. Il prit quelques secondes pour comprendre de la scène. Quelques secondes de trop. Lorsque son cerveau finit d’analyser la situation, lui envoyant le signal de foncer sur la femme qui semblait menacer sa famille, il était trop tard. Il ne pouvait plus bouger, comme paralysé. Il sentit quelque chose pénétrer sa chair comme une brûlure, quelque chose qui creusait en lui. Ses jambes ne répondaient plus. C’était une sensation désagréable. Il tomba à genoux. Ses mains empoignèrent la lame bleue, meurtrière qui avait traversé son corps, ressortant de son abdomen. Un voile noir obscurcit peu à peu sa vision. Tout ce qu’il eut le temps de voir avant de se faire happer par les ténèbres, c’était sa femme hurlante, son fils se ruer vers lui, retenue par son amie Elena. Et cette inconnue qui fit apparaître, comme par magie, une lame bleutée dans chacune de ses mains. Il s’écroula sur le sol, baignant dans une flaque rouge naissante qui se propageait lentement. Debout, devant le corps sans vie du père d’Ethan, l’assassin souriait. Il possédait les mêmes yeux que la femme. Leurs lames aussi se ressemblaient. Sur son poignet, on pouvait deviner une cicatrice, comme si sa peau avait été déchirée, à l’endroit même ou l’autre inconnue avec le tatouage de l’arbre.
— Le petit homme appartient à Algaesias.
— Il existe dans le but de sauver Eden, pas pour le détruire abrutis.
Les deux s’observèrent avant de se ruer l’un sur l’autre, faisant danser leurs corps et leurs lames. Chaque coup, chaque esquive paraissaient calculés, pensés, c’était presque comme une chorégraphie. Les épées s’entrechoquaient sans jamais atteindre leurs adversaires. Aucun ne semblait prendre le dessus sur l’autre. Puis ils se mirent à disparaître et réapparaître tout en luttant. Elena fixait la scène avec intérêt, subjugué, hypnotisé par leurs combats. La maman d’Ethan les rejoignit pour serrer son fils dans ses bras. Puis elle enlaça Elena, lui chuchotant quelque chose à l’oreille qu’Ethan ne put entendre.
— Je suis désolé, bégaya-t-elle à Ethan, désolé pour tous que tu es sur le point d’apprendre, mais gardes à l’esprit que je t’aime et que mon but a toujours été de te protéger.
Elle contempla les deux adolescents avec un regard timide avant de leur ordonner « Vite, partez ! ». Ethan resta figé, complètement ahuri par la situation. Elle fit un signe à Elena, qui répondit du même hochement de tête. Elle prit alors son ami par le bras, et le tira vers l’autre bout de la maison, tentant d’atteindre rapidement la porte vitrée du jardin. Lorsque le combattant se rendit compte de leurs fuites, il se débarrassa de son adversaire en la repoussant avec son pied et lança son arme vers Ethan. L’épée virevolta vers lui, la pointe meurtrière fonçait dangereusement entre ses deux yeux. Il serait mort si sa mère n’était pas apparue subitement, comme par magie, devant son fils, laissant la lame s’enfoncer dans son cœur. Elle ne vit aucun voile noir comme ce fut le cas de son mari, elle ne sentit pas la vie s’éclipser. Elle s’éteignit tout simplement, aussi rapidement qu’elle était apparue. Son corps s’écroula sur le sol, le regard vide. Et comme une seconde peau, son cadavre se métamorphosa, comme si elle était recouverte de poussière qui était en train de se dissiper. Elle semblait plus jeune, ses yeux s’étirèrent pareil aux chats, des cicatrices apparurent sur son visage, ses cheveux devinrent aussi sombres que le charbon, et son poignet révéla un tatouage, celui d’un arbre. Colère, tristesse, choc, surprise, Ethan se perdit dans ses propres sentiments. Il fit alors la seule chose qui lui parut naturelle, il hurla. Les poings serrés, les veines apparentes, il ressentait sa rage affluer, comme jamais auparavant. Il venait de voir ses deux parents se faire assassiner un par un, aussi facilement que s’il n’était que quelques bouts de papier, comme si leur vie n’avait aucune valeur. Il dirigea alors sa colère contre les coupables. Les deux combattants furent projetés en arrière, aplatis contre le mur, sans pouvoir bouger. Tentant d’éviter la table, les chaises, les meubles qui volaient dans tous les sens pour s’écraser les uns contre les autres, se brisant, laissant les morceaux s’éparpiller et blesser les deux inconnus. Elena ne se savait pas ce qui la terrifiait le plus, le meurtre des parents d’Ethan sans une once de pitié ? La transformation du corps sans vie de madame Laval ? Le fait qu’elle était apparut devant eux comme par magie, comme ses fameuses lames ? Ou alors son ami qui était entré dans une telle colère qu’il pouvait déplacer les objets comme cette putain de Carrie à son bal de promo ? Le hurlement s’estompa peu à peu, remplacé par des larmes, permettant à Elena de libérer ses mains qui protégeaient ses oreilles. Il se releva, déterminé, il récupéra la lame bleue enfoncée dans le cœur de sa mère. Il leva sa main droite, ordonna à la seconde arme, que l’assaillante tenait, de venir à lui. Elle quitta sa propriétaire et fila jusqu’à sa paume comme un aimant. Puis, aussi fort qu’il le pouvait, il lança les épées vers les deux inconnues, toujours collé au mur. La première atteignit sa cible et s’enfonça dans l’abdomen de l’homme qui, malgré son agonie, sourit en regardant Ethan, avant de s’éteindre. L’autre lame était plantée dans la paroi, ratant sa cible disparue. Avant qu’il ne pût réagir, quelqu’un tentait de l’étouffer, enlaçant son cou avec son bras, lui coupant la respiration. Il paniquait, cherchant de l’air maladroitement, tapant sur le bras constricteur, il ne trouvait pas d’oxygène et il ne pourrait pas se libérer. Alors c’est comme ça qu’il allait périr ? Étranglé par une inconnue, après avoir regardé ses deux parents mourir, sans rien avoir pu faire. Il réussit à baisser suffisamment les yeux pour voir le tatouage de la combattante, il brillait d’une vive lueur blanche qui s’estompait peu à peu. « S’il te plaît Elena, vie », pensa-t-il avant de se laisser porter par l’obscurité.
Les muscles engourdis, Ethan s’éveilla péniblement. Elena se trouvait près de lui, souriante, lui tenant la main.
— Eh bien, on dirait que la belle au bois dormant et réveillé. Ce n’est pas trop tôt.
Derrière Elena, une poutre en bois semblait soutenir ce qui s’apparentait à une immense tente belge. Une étrange mousse lui servait de lit, incroyablement agréable et douce.
— Où est-ce que l’on est ?
Elena ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit, elle ne savait pas comment annoncer ce qu’elle devait lui dire ni par où débuter.
— Tes lunettes, tu n’as plus de lunettes ?
La question parut déstabiliser son amie encore plus qu’elle ne l’était déjà.
— Elena ? Tu me files les jetons là.
— Écoute, je ne sais vraiment pas par où commencer. Il y a tellement de choses à dire. Des choses complètement démentielles et..
— Il est réveillé ?
L’inconnue qui avait débarqué chez Ethan et avait détruit sa vie se trouvait juste là, à l’entrée. Ces yeux de chat toujours aussi perturbants. Pris de stupeur, il bondit hors de son lit moelleux, prêt à se défendre.
— Tu ne lui as encore rien dit ?
— Il vient tout juste de se réveiller ..
Ethan avait l’impression d’assister à une scène complètement surréaliste : son amie qui parlait tranquillement avec ce monstre. Pourtant, elle gardait constamment ce regard méprisant, condescendant. Les images de son père qui se faisait assassiner, sa mère qui s’était sacrifiée pour leur laisser la vie sauve, défilait dans sa tête. Son cœur accélérait, il se prit le visage à deux mains, tentant d’extirper ce cauchemar. Les lames transperçant ses parents, le sang, les sanglots, les cris, son hurlement, les meubles qui virevoltent, tout, absolument tout lui revenait par à-coup. Il manquait d’oxygène, il fallait qu’il respire un grand coup, de l’air frais, maintenant, tout de suite. Il poussa son ami, trébucha sur l’inconnue aux yeux de chat et se jeta hors de la tente. À genoux, ses doigts agrippaient la terre sèche. De la terre ? Il releva la tête. Devant lui, une foule de femmes, d’hommes et d’enfants, habillés de cape, de robes, de corset et autre vêtement en tissus, habillée comme dans une convention médiévale l’observaient avec intérêt. Des centaines de tentes comme celle où il s’était réveillé étaient éparpillées. Des murmures s’élevèrent parmi le public « C’est lui » « Sapias ». L’une d’elles l’aida à se relever. Puis, d’un geste, chacun d’entre eux leva l’avant-bras, paume face au visage, yeux fermés, tête baissée, plaçant en évidence le tatouage sur le dos de leur main : un arbre, qui se mit à étinceler d’une lumière blanche. Mais quelque chose d’autre l’attirait. Le ciel bleu-turquoise sans nuages ressemblait à celui de son mauvais rêve.
— C’est quoi ce bordel ? Où est-ce que l’on est ? demanda Ethan terrorisé.
Comment pouvait-il voir exactement le même ciel ? Qui étaient ces gens ? Le paysage ne lui disait rien, il ne reconnaissait rien. Il semblait beaucoup plus léger, et même l’odeur, la sensation que l’air qu’il respirait était diffèrent. Il n’y avait aucune brise, aucun vent, juste la caresse agréable de cet air étrangère. Ces sentiments se bousculaient dans sa tête. Il se sentait bien, plein de vie, remplie d’une énergie débordante. Mais il avait également cette sensation d’insécurité, cette impression qu’il était en perpétuels dangers. Il revoyait cet arbre disparaître dans l’ombre, ce ciel devenir rouge sang, les racines le faire prisonnier, l’obligeant à subir son sort, à être happé par les ténèbres. Elena se précipita vers lui. Elle tenta de le calmer, mais il ne cessait de la repousser.
— S’il te plaît Ethan, viens, on va tout t’expliquer..
— On ? répéta Ethan.
La jeune femme aux yeux de chat entra dans la tente après avoir jeté un dernier regard vers Ethan.
— Non non non non, j’en ai marre, c’est quoi ce ciel, ces gens ? Où est-ce que l’on est ? Pourquoi cette femme est ici avec nous ? Putain c’est quoi ce bordel ! Dis-moi où l’on..
La main de son amie qui venait de s’écraser sur son visage le coupa net.
— Maintenant, tu la fermes, et tu me suis !
Elle tourna les talons et disparut dans la tente, laissant Ethan seul, penaud, caressant son visage rouge, dévoré par des fourmis imaginaires, face à la foule choquée qui s’éparpilla sous le regard méprisant d’Ethan. Il emboîta finalement le pas à son amie, respira un bon coup et entra. Il se faufila entre les deux filles pour aller s’asseoir sur le lit. Elles se tenaient toutes les deux devant lui, bras croisés. L’une avait l’air sûre d’elle, impatiente, l’autre semblait tendu. Pour preuve, ses doigts qui pinçaient ses lèvres et ses yeux fuyards.
— Désolé pour la gifle.., commença-t-elle.
Comme Ethan ne réagit pas, elle enchaîna.
— Je pense que le mieux, c’est que tu poses tes questions à Alya.
— Alya ? Ce monstre a un prénom ? rétorqua-t-il en lançant un regard dédaigneux à la fille en question.
Alya se rapprocha et colla ses lèvres près de son oreille avant de murmurer : « Appelle-moi encore une seule fois de monstre, et je t’arrache la langue ». Ethan ravala sa salive, décrochant un rictus à Alya qui recula, satisfaite.
— Garde tes questions. Je vais essayer de tout t’expliquer du mieux que je le peux. Tu ne vas sûrement pas me croire, douter, me penser folle. Mais sache avant tout que tu gisais, inconscient un bon moment et que pendant ce laps de temps, j’ai déjà raconté une partie à ton amie. Elle a eu un peu de temps pour parler aux villageois et vérifier certains de mes propos.
— Ça ne peut pas être pire que des lames qui apparaissent par magie ou des gens qui se téléportent et tuent mes parents. Vous êtes quoi au juste, des sorciers ?
— Ethan, écoute-la s’il te plaît..
Le regard soucieux d’Elena ne trompait pas. Elle était inquiète, et peu importe ce que cette Alya s’apprêtait à annoncer, c’était grave.
— Je ne suis pas apte à tout expliquer, mais je vais faire mon mieux pour que tu saches le plus essentiel.
Elle marqua une pause avant de continuer :
— Nous sommes à Eden, un monde différent du tien. Le monde où tu vivais est Ignis. Les deux sont très distincts. Tu en apprendras plus à ce sujet lorsque nous serons à Edenia. Quelqu’un t’attend là-bas et va répondre à la moindre de tes questions.
Un autre monde ? Comment pouvait-il croire quelque chose d’aussi absurde ? Cependant, quelque chose au fond de lui n’y trouvait rien d’anormal, comme si, finalement, c’était naturel pour lui. Ces sentiments se livraient un duel. Mais ce paysage, ce ciel, ces villageois, leurs tatouages, rien de ce qu’il avait vu à l’extérieur ne pouvait exister. Pourtant, la seule question qui lui vint en tête était :
— Qui m’attend ? Et pourquoi moi en particulier ?
Elena rejoignit Ethan et s’installa sur le lit à ses côtés, posa sa main sur son visage et l’observa attentivement avec un sourire au bout des lèvres avant d’avouer :
— Ethan, tu es l’héritier de ce monde. Tu es le prince d’Eden.
Il se leva précipitamment, s’écartant des deux femmes.
— Non non, ça suffit. Arrêtez de dire n’importe quoi !
— Ethan, c’est la vérité.. Tenta de le convaincre Elena.
— Je veux rentrer.. Comment on repart ?
— Petit Loup..
— Tu es Sapias, prince d’Eden et protégé de Caelis, intervint Alya. Et crois-moi : ce statut est loin d’être un cadeau.
Ethan fixait son interlocutrice, cherchant un rictus, quelque chose qui la trahirait, une faille qui lui dirait « oui, c’est un mensonge ». Mais son regard grave ne la trompait pas. Elle disait vrai, ou en tout cas, elle le pensait. Peu importe si c’était réel ou non, elle y croyait vraiment. La question était : devait-il lui faire confiance ? Mais comment pouvait-il croire qu’il était non seulement prince, mais en plus, d’un autre monde que celui qu’il a toujours connu. C’était impossible. Alors pourquoi est-ce qu’il n’était pas plus étonné que ça ? Son cœur semblait calme, sa respiration normale. Ce sentiment qui lui disait qu’il se sentait bien ici, chez lui, il ne disparaissait pas. Pire encore, il s’intensifiait. Quelque chose d’autre se passait, quelque chose qui parcourait son corps, comme des fourmis qui lui grimpaient dessus lentement, pénétrant tous ses pores pour s’étendre en lui. Mais ce n’était pas désagréable, bien au contraire, c’était une sensation appréciable. Tous ces sentiments contraires le perturbaient, il ne parvenait plus à réfléchir correctement.
— Je ne suis pas un prince, finit-il par affirmer, je suis née dans un petit village. Là où mes parents ont été tués, à cause de toi. Je ne suis qu’un étudiant parmi tant d’autres.
— Ton vrai père, le roi, s’est fait assassiner par un Yagus nommé Algaesias. Lorsqu’il a tenté de t’exécuter toi et ta mère, Caelis a donné assez d’énergie à cette dernière pour qu’elle puisse faire un saut vers Ignis. Elle devait te ramener à maturité, mais elle a décidé d’ignorer ses origines et de rester là-bas.
— Wôw wôw, ralenti. Yagus ? Caelis ? Saut vers Ignis ? demanda Ethan.
Alya soupira avant de s’apprêter à répondre, mais un inconnu s’invita dans leur tente. D’un geste de la main, il imita les précédents villageois, présentant sa marque à Ethan, les yeux vers le sol. Puis il se tourna vers Alya.
— Il est arrivé, il vous attend.
— Elena, occupe-toi de répondre à ses questions. Je reviens.
Elle s’éclipsa avec l’homme, laissant les deux amies seules. Ethan en profita pour jeter un œil à l’extérieur avant de revenir vers Elena.
— Vite, il faut en profiter pour partir. Comment vous êtes arrivé ici ? On pourra prendre le même chemin. Ça doit être un genre de secte chelou ou un truc comme ça !
Il se rua vers la sortie, vérifia si la voie était libre, puis fit signe à son amie de le rejoindre. Mais elle ne bougeait pas. Elle restait assise sur le lit, le regard grave.
— Ethan, on ne partira pas. On doit rester.
— Pourquoi tu tiens tant à rester ? Qu’est-ce qu’elle t’a promis ? s’inquiéta Ethan.
Après une légère pause pour choisir avec précautions ses prochains mots, elle se lança.
— Je ne sais pas grand-chose. Le plus essentiel nous sera raconté à Edenia. C’est un peu le capital, la cité la plus importante de ce monde. Mais je peux répondre à tes questions.
Ethan parut d’abord déstabilisé, mais il avait confiance en Elena, c’est pourquoi en guide il se posa près d’elle, prêt à écouter avec attention. Le sourire de son amie le rassura sur son choix.
— Ce n’est pas une secte. C’est réel. Ce monde est peuplé de plusieurs races. Elle ne m’a pas précisé combien ni lesquelles. Elle m’a simplement dit que l’on aurait tout le temps d’en rencontrer. Et de prier pour ne pas en croiser d’autres.. Mais je sais ce qu’est un Yagus. Ce sont en quelque sorte les humains de ce monde. Ils nous ressemblent, à la différence qu’à leurs maturités, ils acquirent une capacité, un genre de pouvoir. Ça peut aller du plus anodin comme changer la couleur de quelque chose, aux plus puissants comme soigner ou même créer.
— Alors cet Algaesias.. ?
— Elle n’a pas voulu m’en dire plus à son sujet. Ce serait un redoutable Yagus.
— Je vois..Je me demande pourquoi il voulait me tuer à ma naissance..
– Je suppose que tu auras ton explication à Edenia
Comme Ethan ne répondait pas, elle enchaîna.
— Pour ce qui est de Caelis, je suis désolé, mais elle n’a rien voulu dire. Mais ici, tout le monde en parle comme une sorte d’arbre divin.
— Leur marque sur la main.. Ça doit être lui. Devina Ethan.
— Bravo Einstein, railla Elena.
La remarque lui vola un sourire sans qu’il ne puisse le contenir. Il était heureux qu’elle soit ici avec lui.
– Oh et pour le fameux « saut ». Alya est une « Sicario », une des races qui peuple ce monde. Ce sont des combattants capables d’effectuer des espèces de téléportations. Ils ont aussi les sens plus aigus et une agilité accrue, je crois.
— Téléportation ? Comme..
— Non, pas comme Goku. T’es vraiment un enfant, tu le sais ça ?
Comme d’habitude, son amie connaissait exactement ce qu’il allait dire. Presque honteux, il baissa la tête.
— Je ne sais pas qui est ce Goku. Mais en ce qui me concerne, je ne peux utiliser le saut que vers une toute petite distance. C’est une habilité de combat, pas un déplacement. Le saut vers Ignis reste une exception. Seuls certains d’entre nous le peuvent.
Alya venait de revenir, répondant elle-même à sa question.
— Alors ma mère.. ?
— C’était une Sicario. C’est grâce à elle que je t’ai retrouvé. On peu plus ou moins se sentir entre nous. Alors oui, je suppose que si tes parents sont morts, c’est de ma faute puisque leurs assassins étaient un Sicario qui t’a repéré en me suivant.
Ethan baissa la tête. Il repensait à la dernière image qu’il avait de sa mère. Son corps changeant, lui offrant des yeux de chat, la fameuse marque blanche, ses cheveux noirs.. Elle lui avait menti toute sa vie. Elle avait supporté ce poids pendant presque dix-huit ans. Et elle s’était sacrifiée pour le protéger. Il reconsidérait les paroles d’Alya « Ton peuple s’apprête à entrer en guerre et tu préfères rester cacher dans ce monde pourri plutôt que de l’aider alors que tu possèdes l’arme de notre salut ? ». L’arme.. ? Il se revoyait, hurlant, fracassant tout le mobilier de la maison, plaquant les deux Sicario au mur avant d’en tuer un. Pendant ces quelques instants, il n’avait pas été lui-même, il le sentait. Quelque chose avait traversé son corps, le rendant vivant, c’était une sensation agréable. La même qu’il éprouvait depuis son arrivée, celle qui s’intensifiait encore et encore. Cette révélation l’effraya. Son comportement devait le trahir, car Alya lui demanda :
— Tu le ressens n’est-ce pas ? Il parcourt ton corps jusqu’à le pénétrer.
Elle sourit. Elle comprenait, elle savait.
— Qu’est-ce qui m’arrive ? Qui je suis ?
— Tu renais, tu récupères tout ton pouvoir. Tu ne le sais pas encore, mais tu es le Yagus le plus puissant qui n’est jamais existé.
Je viens de commencer à lire ton histoire et je dois dire que je suis toujours impressionnée par les personnes qui arrivent à créér un monde de fantasy dans le monde réel. Il faut toujours faire des liens entre les deux et c'est pas facile. Il y a effectivement quelques fautes de français mais j'en fais aussi, alors qui suis-je pour juger ? ^^.
Bref, je suis très intéressée par cette histoire et j'ai hâte de voir à quoi va ressembler le monde d'Eden.
Bonne continuation !
Oui c'est vrai que c'est pas facile mais le plus compliqué reste de créer le nouveau monde et lui instaurer des règles.
Pour les fautes, j'utilises un logiciel depuis peu, il peut rester quelques fautes mais je penses pas tant que ça, c'est même étonnant que certaines soient passé.
Merci de ta lecture et de ton commentaire en tout cas! Bonne continuation à toi :)