Chapitre 2 - Un passé effacé

Par David.J
Notes de l’auteur : Vous pensez que la mémoire est immuable ?
Qu’un souvenir ne peut pas s’effacer ?
Nina le pensait aussi… jusqu’à ce que tout bascule.
Julien n’est plus là.
Il ne s’agit pas d’une disparition ordinaire.
C’est bien pire.
Son existence elle-même semble avoir été… réécrite.
Aucun voisin ne se souvient de lui.
Aucun dossier.
Aucune photo.
Aucun passé.
Comme s’il n’avait jamais existé.
Mais Nina refuse d’y croire. Elle se souvient.
Et elle est prête à tout pour prouver que quelque chose ou quelqu’un essaie d’effacer la réalité.

Nina passa la nuit à fouiller les archives numériques, les yeux rougis par la fatigue. Une tension sourde lui pesait sur la nuque, une pression à peine perceptible, comme si un regard invisible se posait sur elle depuis l’obscurité de son appartement. Elle enchaîna les recherches, compulsant frénétiquement les registres cadastraux, les permis de construire, les plans d’urbanisme.

Tout indiquait qu’il y avait bien eu un cinquième étage, jusque dans les années 50.

Puis, brusquement, il avait disparu des documents officiels. Plus de mentions. Plus de permis. Comme si l’espace même avait été supprimé, gommé des archives.

Son regard se figea sur un détail.

Un dossier classifié portait la mention :

« Confidentiel - Transfert ministère de la Défense, 1954 »

Son écran clignota. Une fraction de seconde. Juste un flash. Un bug ?

Le document se rechargea normalement, mais une sensation glaciale glissa le long de sa colonne vertébrale.

Elle ne pouvait pas l’ouvrir. Accès restreint.

Une coïncidence ?

Impossible d’en être sûre.

Elle devrait se rendre sur place.

L’ombre de Langlois

Le lendemain matin, elle prit le premier métro pour les Archives Nationales. L’air froid lui mordait la peau, mais ce n’était pas ça qui lui serrait le ventre.

Quelque chose clochait.

Le monde lui semblait à peine décalé. Pas assez pour qu’elle puisse le pointer du doigt, mais suffisant pour que son instinct refuse de l’ignorer.

Trois fois, elle se retourna dans la rue, cherchant un suiveur.

Trois fois, il n’y avait rien.

Ou plutôt… il y avait un vide. Une absence trop marquée.

Lorsqu’elle pénétra dans la salle de consultation des archives, une odeur de papier jauni et de poussière l’accueillit. L’archiviste, un homme aux tempes grises et au regard lourd, hésita un instant avant d’aller chercher son dossier.

— Vous êtes sûre de vouloir consulter ce document ?

Elle plissa les yeux.

— Pourquoi cette question ?

Il ne répondit pas tout de suite. Son expression était indéchiffrable.

Puis il posa le dossier devant elle.

— Rien… Prenez-en soin.

Une phrase banale.

Mais son ton… sonnait comme un avertissement.

Une existence effacée

Lorsqu’elle ouvrit le dossier, une photo en noir et blanc tomba sur la table.

Son immeuble.

Avec le cinquième étage.

Nina fronça les sourcils. Derrière l’une des fenêtres, une silhouette.

Floue. Trop floue pour être un reflet. Trop nette pour être une simple tâche sur l’image.

Quelqu’un regardait.

Son estomac se noua.

Elle poursuivit sa lecture.

• 1953 : Des scientifiques du ministère de la Défense menaient une expérience top secrète dans l’immeuble.

• 1954 : Un incident inexpliqué entraîna la fermeture du cinquième étage.

• Conséquence : Les derniers habitants ont disparu. Aucun dossier, aucune trace de relogement.

Son cœur s’accéléra.

Quelque chose s’était passé ici.

Quelque chose que l’État avait tenté d’effacer.

Elle continua à parcourir les documents.

Un nom revenait sans cesse.

Édouard Langlois.

Une anomalie temporelle

Langlois était l’un des responsables du projet expérimental.

Mais en 1954, une annotation indiquait :

« A quitté le projet sans explication. A disparu. »

Disparu.

Mais…

Plus bas, une autre note manuscrite, griffonnée vingt-quatre ans plus tard :

« Contacté en 1978. Aucun retour. Dossier archivé. »

Nina plissa les yeux.

1978 ?

Quelqu’un avait tenté de le retrouver.

Pourquoi ?

Pourquoi ressortir son nom après tant d’années ?

Son regard dériva sur une photo d’identité.

Prise en 1953.

Elle sentit un frisson remonter le long de sa nuque.

Langlois avait environ cinquante ans.

Une question la heurta de plein fouet.

2025.

S’il était encore vivant… il aurait plus de cent ans.

Mais il n’y avait aucune mention de sa mort. Aucune trace après 1978.

Comme si…

Comme s’il avait cessé d’exister.

Ou plutôt…

Comme s’il existait encore, quelque part.

Une pensée froide s’insinua en elle.

Et s’il était encore là…

Piégé dans l’étage interdit ?

Ou pire.

Et s’il en était sorti ?

Un détail perturbant…

Nina relut les documents.

Quelque chose la dérangeait.

Son regard parcourut les pages.

1953… 1954… 1978…

Son souffle se coupa.

Un trou.

Un espace entre les paragraphes, comme si quelque chose avait été supprimé.

Un chapitre manquant.

Elle plissa les yeux.

Il y avait un passage censé exister, mais qu’elle ne trouvait pas.

Le chapitre 5 du dossier.

Où était-il ?

Elle tourna frénétiquement les pages.

4… puis 6.

Le 5 n’était pas là.

Pas arraché. Pas barré.

Juste absent.

Elle ferma les yeux une seconde.

Puis les rouvrit.

Une sensation d’étourdissement.

Comme si…

Comme si son esprit luttait pour combler un vide.

Un vide que quelque chose voulait lui faire oublier.

Nina inspira profondément.

Elle replia lentement le dossier, sa main légèrement tremblante.

Puis, une dernière fois, elle fixa la photo de l’immeuble.

Derrière la fenêtre du cinquième étage…

La silhouette avait disparu.

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Fidelis
Posté le 27/02/2025
Excellent, tu as bien fait de le rebosser, l'idée de la silhouette c'est top, super, là ça tient en haleine, une bonne dose de mystère de science occulte ou chaotique pour instaurer la tension du lecteur !
David.J
Posté le 27/02/2025
Merci beaucoup ! Je suis ravi que ça fonctionne et que l’atmosphère te tienne en haleine. J’avais envie d’accentuer cette tension entre mystère et chaos, alors ton retour me fait super plaisir !
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